Plus le temps passe, plus je réalise combien je suis malheureux dans ma vie sentimentale. Son essence, sa source , me son t confisquées depuis si longtemps ! Cette souffrance de presque chaque instant, nourrie par de faux bonheurs, ne fait qu'augmenter ma détresse . La solitude pour seule compagne, la censure permanente de mes faits, gestes, pensées. Un bonheur bien pauvre. Je suis obligé de vivre dans une prison construite avec mes mains. Comment ne suis-je pas encore devenu fou ? J'ai peur de vieillir non pas à causez du ravage des années, mais parce que cela m'éloigne de mon enfance. Je repense souvent à cette phrase de Freud :"Etre un peu maître de soi".
J'ai peur de vieillir, non pas à cause du ravage des années, mais parce que cela m'éloigne de ma jeunesse.
Ce n'est pas du sentimentalisme déplacé mais je ne peux pas supporter d'entendre la voix de Sébastien et la mienne, deux voix mortes.
La présence de son fils à l'hôpital m'a donné l'envie de le voir. [...]
Malgré la force de mon désir, je résiste à la tentation car le temps, l'âge, les blessures de la vie me mettront en présence d'un homme méconnaissable. Bien pire qu'un étranger. Ayant quitté un adolescent, je me trouverai en face d'un inconnu, une sorte de traitre.
Hugues et Sébastien s'ignorèrent... Les mères ne paraissaient pas s'inquiéter de la séparation des enfants. Il n'y avait pas de haine entre eux. Même pas de l'indifférence. Ils n'avaient plus besoin l'un de l'autre.
Et puis il décide de sortir de la maison et de charger sa solitude sur le porte-bagages de sa bicyclette.
... pour la première fois son sourire lui est offert, ce sourire un rien endeuillé par une petite cicatrice.
Le garçon passe son temps à éteindre le feu qui couve en lui, croyant naïvement que pour conserver l'amour de ses parents , il doit s'étouffer, se transformer en un être pâle ete sans relief.
Sébastien devine pourtant la pauvreté des mélodies à succès, à partir du moment où une émotion vient lui surprendre les sens.
Une lutte sans merci se livre contre ses sentiments : il tente de les détruire, aboutissant au résultat inverse qui exaspère ce qu'il voudrait voir disparaître. Plus il voudrait étouffer, plus il renforce Et malgré que tout semble glisser sur lui, l'humiliation le torture sans arrêt. La forteresse d'apparence solide dissimule des failles par lesquelles des brises blessantes pénètrent facilement. Ce que certains prennent pour du mépris voire de la froideur n'est en fait que la peur qui paralyse Sébastien et l'oblige à se taire souvent malgré des opinions précises sur bien des choses.