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Critique de ATOS


Voltaire : « ce monde est un grand Bedlam, où des fous enchaînent d'autres fous».
La robe bleue c'est le récit d'une mise au secret, d'une mise au tombeau.
Fous, folles, folie. Combien de mots tissent le linceul du génie.
Évidement hors norme. Évidement étrange. Évidement abondant.
Dépasser par la puissance qu'il contient. Submerger du dedans.
Un chagrin, une ombre, une parole, une absence suffit à fêler le plus pur cristal.
Nous n'étendons pas toujours ce vibrato qui provoque la fêlure.
Nous en sommes presque toujours tous ensemble les instrumentistes de cette fêlure.
Comment en songeant à cette femme assise devant le porche de cette maison, ne pas penser au coeur des agates ? Ces pierres que Roger Caillois nous a conté.
Ce coeur enfermé dans une gangue de pierre, là depuis la nuit des temps, et qui pour peu qu'il retrouve une chaleur extrême se remet à battre.
Un coeur pétrifié dans une gangue de pierre.
Elle aura eu le malheur de naître à une époque qui n'était pas la sienne.
Dans un monde qui n'était pas le sien.
Prisonnière d'un temps qui ne la reconnaissait pas, ne voulait pas la savoir.
Différents, ainsi nomme-t-on les fous.
Douce folie, folie furieuse.
La musique du fou répond le plus souvent à la violence des mains qui frappent contre sa porte.

Fille, soeur, voilà le malheur. Maîtresse, voilà le marteau qui portait ses coups contre son coeur.
Le bon ton, la bonne mesure, cela ne convient pas à ces âmes là. Étroitesse d'un homme qui cache sa défigure sous l'étiquette du maître, étroitesse d'une famille, d'une mère, d'une soeur, d'un frère.
Déniant qui elle était pour sauvegarder ce qu'ils espéraient pouvoir atteindre.
Étroitesse d'un siècle, d'une société. Qui ne voit en la femme qu'un ventre et qui lui refuse l'outil de sa main.
La mise au tombeau au nom d'une paix sociale, au nom de l'équilibre d'un monde qui allait basculer sa « bien- disante » saine raison dans deux guerres mondiale apocalyptiques.
Un mondé choqué par le corps, les bouches et les baisers d'un femme. Un monde choqué par la beauté d'un nu entre les mains d'une femme mais qui acceptera au son des ses tambours de produire des millions de corps mutilés, estropiés, démembrés, brûlés, pulvérisés.
La petite robe bleue a comme un parfum de fin du monde.
Un texte terrible comme leurs actes, un texte magnifique comme ce qu'elle sera toujours.

Astrid Shriqui Garain.
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