Vite, vite, il me faut la suite ! Comment ça, il n'y a pas de suite ??
Mais c'est impossible !
Je me trouvais tellement bien aux Quatre-Epices...et j'en veux à l'auteure de cette fin bâclée qui n'est pas du tout à l'image de ce deuxième tome, ma foi, fort épicé !
Bon, d'accord, même si Jeanne est aussi égoïste et entière que Scarlett O'Hara et Vincent aussi rebelle que Rhett Butler, je comprends bien qu'un « Demain est un autre jour » n'aurait été qu'un vulgaire plagiat. Et pourtant, ces deux fortes personnalités auraient mérité une fin à la hauteur de leurs prétentions !
Ceci étant dit, j'ai adoré ce deuxième tome. Je n'y attendais plus l'histoire de Jeanne Barré (dont j'ai parlé lors de ma critique du premier tome) mais bien celle de Jeanne Beauchamps, jeune femme déterminée et pleine de vie, s'embarquant à bord de L'Etoile des Mers, accompagnant son bien-aimé, le Docteur Aubriot, botaniste du Jardin du Roi, à la conquête de terres lointaines.
Lasse du faste parisien du siècle des Lumières, je voulais de l'aventure. J'en ai eu !
Toute la première partie, relatant leur escale à Montevideo, m'a renvoyé inévitablement à cette Indomptable Angélique, sauvée par son « Rescator » de mari.
Mais au-delà de l'aventure et de la tragédie romanesque, c'est surtout cette plongée dans l'univers colonial du XVIII e siècle qui est fort bien retranscrite par
Fanny Deschamps. A la manière d'une romancière qui expose les faits sans chercher à pointer nécessairement là où ça fait mal,
Fanny Deschamps entraîne son lecteur au plein coeur du commerce triangulaire, troublé en son temps par la présence des pirates ou encore des corsaires. Ce commerce reposant sur la traite des noirs nous paraît bien cruel et inacceptable de nos jours mais il faut savoir que pour l'époque, il était considéré comme normal et même approuvé par l'Eglise qui y voyait là une manière d'évangéliser les sociétés païennes.
C'est au coeur de ce système colonial, et plus exactement sur l'Isle de France (actuellement Ile Maurice) que Jeanne, l'héroïne, achètera une plantation, détruite par un cyclone, afin d'y faire prospérer espèces tropicales et épices destinées au commerce avec la France. Et bien sûr, le lecteur, tout seul dans son coin, se révolte.
Enfin, pour ma part, je peux vous dire que je n'ai pas arrêté de pester pendant toute ma lecture. J'ai pesté contre ces ignobles colons aliénant la population noire, mais aussi contre l'inconstance et le manque d'empathie de la belle Jeanne.
Si ce beau roman, aux douceurs exotiques et aux épines insidieuses, m'a donné l'envie de relire le romantique et idyllique « Paul et Virginie », il m'a aussi donné l'envie de commencer
Grand-Port de
Daniel Vaxelaire, roman qui m'attend depuis longtemps dans ma Pal et dont j'ai découvert l'auteur à travers le passionnant roman « Chasseurs de noirs ».
Alors .. sujet à suivre !