Le titre interpelle. "17 pour toujours" ? 17/20 ? 17 ans ?
Comme la plupart des adolescent(e)s, Stella et Adèle sont désabusées et particulièrement dégoûtées par le mode de vie des adultes, celui de leurs parents notamment (pauvres losers) et celui des couples. Jamais, au grand jamais, elles ne finiront comme ça. No future, le salut est dans la fuite, etc.
Je découvre avec ce texte brillant la collection 'Théâtre' de L'Ecole des Loisirs, ma curiosité est piquée. le catalogue est disponible ici (http://www.ecoledesloisirs.fr/collections.php), avec une information précieuse sur chaque ouvrage : l'âge de lecture conseillé. Ici toutefois, cette pièce cynique et sombre me semble plus adaptée aux lycéens qu'aux 12-16 ans.
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[Adèle, 17 ans]
Qu'est-ce qu'on va faire de toi ? [Ma mère] a répété ça en me giflant une dernière fois. Ne t'inquiète pas. Ne t'inquiète surtout pas maman. Dans 15 ans je serai comme toi vieille et laide maman. Et je vivrai seule comme une conne avec mes cinq enfants. Ne t'inquiète pas. Oui seule parce que le père lui il se sera cassé sans prévenir avec une autre. Un dimanche de Fête des Mères. Et je ne pourrai jamais joindre les deux bouts parce que je trouverai jamais de travail vu que je ne saurai rien faire comme tu me le dis si souvent maman et que les allocs ça suffira pas. Alors je croulerai sous les dettes et ma vie sera un enfer et je vieillirai prématurément et à 35 ans j'en ferai putain au moins 60 maman. Voilà ce que je ferai de moi de ma vie maman. Alors tu vois faut pas s'inquiéter. Surtout pas pour moi. Hein maman ? Tu es contente ? Dis tu es contente de moi ? Maman ?
(p. 36)
STELLA : Mais comme à chaque fois tu as quand même attendu un moment, un long moment, une réponse, espéré un signe, une main sur l'épaule, une ampoule qui claque, un craquement dans le plancher, un souffle dans le cou, des mots chuchotés. Mais rien. Rien que le ronronnement du frigidaire. Rien que ça. Alors tu t'es assise sur une chaise, tu as joint les deux mains entre tes jambes bien serrées, tu t'es penchée en avant, tu as regardé le sol un moment, et toujours rien, un bruit d'eau dans l'évier de la cuisine peut-être c'est tout. Rien que ça. Ensuite tu as croisé les bras, serré fort le ventre, la bouche grande ouverte. Et tu es restée comme ça un moment, un long moment, sans bouger. (p.49)
STELLA : J'ai 17. J'ai 17 ans. Du toit-terrasse de mon immeuble je regarde le monde. Je surplombe le monde et le monde est à mes pieds. Le monde est à moi. La nuit le monde se fait docile se laisse compter parce qu'il est fatigué le monde. Le monde s'endort doucement. Bientôt le monde sera accrochée à la fenêtre que je cherche quelque part en face. Et je sens déjà que le monde s'oublie. Le monde est ailleurs. (p.39)