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3,89

sur 894 notes
Novice sur ce site, j'ai commencé par m'attaquer à la critique élogieuse des chefs-d'oeuvres de mon panthéon personnel pour rétablir une sorte de justice littéraire et offrir à mes livres fétiches les étoiles d'or qu'ils méritent.

J'arrête un instant cette course aux classiques pour tresser ses lauriers à la rentrée littéraire 2021, et en particulier au roman qui devrait en recueillir toutes les louanges.

Rares sont les oeuvres qui parviennent à allier maestria du style et de la narration ; rares les histoires d'amour drôles sans mièvrerie ; rares les romans légers mais puissants.
J'ai souvent eu l'impression ces dernières années qu'à une bonne histoire il fallait sacrifier une belle plume : on remerciera Désérable de ne pas nous faire choisir entre une évasion romanesque et une leçon de style. En un mot ? Un moment de littérature.
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En 2017, François-Henri Désérable publie « Un certain M. Pikielny » et fait la démonstration brillante de ses compétences en matière d'interprétation fictionnelle de la réalité.
A travers l'improbable personnage de M. Pikielny, ce roman jubilatoire nous éclaire autrement la vie de Romain Gary et tout un pan de l'histoire européenne ; en subsidiaire, il nous dévoile un procédé précieux et attachant : le regard en biais. Parce que F.-H. Désérable a l'intelligence de faire adopter à son narrateur une posture qui lui permet d'effleurer gracieusement les choses et les réalités, qui n'exclut ni la tendresse, ni la rêvasserie, ni l'approche tâtonnante face à son sujet, une approche soucieuse des vérités possibles autant que des faits historiquement avérés. Cela compose un livre auquel on pardonne facilement les petites maladresses, et dont on garde surtout le plaisir de lecture.
Ce plaisir de lecture – un peu coupable aujourd'hui, il faut l'avouer (l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception, je le crains) – se retrouve dans « Mon maître et mon vainqueur », que François-Henri Désérable vient de sortir (aujourd'hui !) et que j'ai pu lire en avance : pour ce petit privilège estival je remercie Babelio et les Éditions Gallimard.

Qu'est-ce que c'est la passion amoureuse ? La folie des sens, l'incontinence des coeurs, la fusion des corps ? M. Désérable semble s'être posé cette question et avoir relevé le défi d'y répondre en bon élève.
Il en résulte un livre facétieux, sympa, spirituel : une Francesca da Rimini et un Paolo Malatesta de nos jours s'amourachent sur les pages des livres rares de la BNF : « Elle n'était pas du tout son genre ; il n'avait jamais été le sien. Ils n'avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s'aimèrent, souffriront de s'être aimés, se désaimèrent, souffriront de s'être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon » (p. 28).
Savoureux, piquant, drôle, invraisemblable et banal à la fois, ludique, voire divertissant (car l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception...), le plus récent livre de FHD est riche de qualités et de jeux : jeux de miroirs, jeux de mots, jeux herméneutiques, jeux intertextuels, jeux amoureux etc...
Jusqu'à ce qu'il risque de devenir, somme toute faite, un simple jeu de société. Un jeu mondain. Parce que le coeur n'y est pas : ni chez l'auteur, ni chez le lecteur. Ce dernier admire la maîtrise stylistique et savoure les références (quel beau titre, par ailleurs...!), mais constate, avec une certaine amertume, qu'il survole de loin l'histoire, sans attache(s), ni empathie.

« Mon maître et mon vainqueur » aurait fait un carton il y a 40 ans, et M. Désérable aurait pu s'expliquer joliment chez M. Pivot. Mais aujourd'hui...

François-Henri Désérable aurait peut-être eu l'envie secrète de parler de soi entre les lignes, à travers le portrait impitoyable d'un écrivain-« écrevisse » : « sa prose était vieillotte, académique, poussiéreuse, ça ne se lisait qu'à grands coups de plumeau ; c'était scolaire, appliqué comme les coloriages d'un enfant qui veille à ne jamais dépasser, en tirant la langue ; on avait envie de lui distribuer de bons points. Et puis tout cela manquait de coeur, or le bon romancier doit avoir à l'égard de ses personnages le coeur tendre et l'oeil dur ; Adrien avait le coeur sec et leur faisait les yeux doux. Je lui avais conseillé, en déployant des trésors de délicatesse, d'attendre quelques années, de travailler, puis de revenir avec un autre roman » (p. 172).

Qu'on me pardonne ce petit détournement malicieux : quand on aime, on devient exigeant : c'est pas mal, mais M. Désérable peut sans doute mieux faire.
J'attends son prochain livre. de tout mon coeur, « mon maître et mon vainqueur » dans toute lecture.
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C'est avec délectation que j'ai lu les premiers romans de F.H.Désérable et j'attendais celui ci avec impatience: Grâce aux Edts Gallimard et Babelio, c'est chose faite et je les en remercie vivement.
Tout commence dans le bureau d'un juge(amateur de poésie)et précité par T. Viel d'ailleurs.
Le titre est emprunté à Verlaine en souvenir du "pauvre Lélian". Dans ce bureau, le narrateur, en tant que témoin et ami , raconte l'histoire d'un amour fou, celui de son ami Vasco, conservateur à la BnFpour une belle Tina, déjà mère de jumeaux et qui doit se marier prochainement , avec le père de ceux ci.
Le dénommé Vasco, après amour, désamour, re-amour finit à Sainte Anne, après avoir acheté aux enchères accidentellement, il n'a pas un sou, ( 434 500) le pistolet que Verlaine avait utilisé pour tirer sur Rimbaud en 1873; A la suite de cette bévue, Vasco a essayé de se suicider " sans zèle excessif". chez lui on a trouvé un cahier où est racontée en poèmes cette histoire d'amour.
Après avoir lu ces poèmes commentés par le narrateur le juge lui dit: Vous devriez en faire un roman ... chose faite donc et avec brio, virtuosité et érudition.
Apte à la poésie, voilà une nouvelle facette de cet auteur. Peut-être, peut-être que s'il devait y avoir un bémol, serait en cause et encore , une facilité à glisser vers le burlesque, mais si F.H.Désérable se prenait trop au sérieux, il perdrait cette petite flamme qui fait sa singularité.
J'oubliais: Par amour toujours , Vasco et son ami narrateur-écrivain vont jusqu'à dérober le coeur De Voltaire sur le site Richelieu de la BnF pour l'offrir à TIna...
Un tourbillon que ce roman .
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François-Henri Désérable à l'art et la manière d'écrire des romans en partant d'un fait réel et de broder autour.

Dans mon maître et mon vainqueur, le thème récurant est l'amour et le désamour. En lisant ce récit, je me suis souvent posé la question : est-ce le procès de l'amour qui y est fait ou son éloge ?

Au fil du livre, l'amour prend différentes forme, l'amour fusionnel, l'amour passionnel, maternel et de raison. Parfois, l'amour donne du plaisir, parfois, il fait mal, mais il est toujours vrai.

Au fil des pages, on s'attache au personnage, à leur histoire. Vasco, qui au départ, me paraissait être un gros dur, se fait tendre et écrit des poèmes à sa bien-aimée. Tina l'animal sauvage tombe amoureuse et doit faire un choix. Et au milieu, nous, pauvre lecteur, suivons les épopées de ces deux indécrottables amoureux. Nous sommes les témoins de leurs frasques racontées par le narrateur.

Ce nouveau roman de François-Henri Désérable est un véritable coup de coeur. J'ai pu échanger avec lui et j'ai tenté de trouver le réel de l'imaginaire et clairement, je n'y suis pas arrivé.
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« Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre » « a aussi écrit Proust » dit le narrateur du livre « Mon Maître et Mon Vainqueur » de François-René Désérable.

Et ce vers de Verlaine « Mon Maître et Mon Vainqueur » accompagne notre lecture.
Une lecture délicate, légère, fleurant la poésie, personnage à part entière du récit.

Celui de l'amour fou, l'amour passion de Vasco et Tina.
Celui de la déchirure de la rupture.
Deux hommes, une femme.
La raison, la passion.
Jusqu'à la déraison.
Jusqu'à l'ultime possible.
Jusqu'à l'impossible…

Un juge compulse le cahier de Vasco, essaye de décoder les poèmes écrits et de comprendre ou pas l'état de l'homme en souffrance.
Le narrateur raconte sereinement, presqu'à mots feutrés, l'histoire de son ami, les actes, les lieux (une description de la BNF, des hôtels littéraires qui font rêver, des anecdotes (Hugo et son « Demain dès l'aube »…) les chemins aux noms édifiants pour les soins en psychiatrie à Sainte-Anne, etc…) et l'histoire est belle, tendre, triste comme un ciel gris où « les merveilleux nuages »…

Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Aragon, Stendhal, Apollinaire … bercent l'histoire de leurs élans, de la beauté de leurs mots.
Ah! Cette phrase de Verlaine après la mort de Rimbaud : « Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre ».

L'amour « par-dessus le toit berce sa palme » et demeure en sa puissance absolue telle que l'a vécue Vasco.

Un livre riche de références littéraires, un livre tout en sensibilité et tact, un livre que l'on repose et qui résonne.

Grand Prix de l'Académie française 2021
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Un grand merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour l'envoi de ce livre en avant-première dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.
J'avais découvert le jeune auteur François-Henri Désérable grâce à Un certain M. Piekelny, roman intriguant et avec un style d'écriture original.
C'est donc avec enthousiasme que j'ai commencé à lire Mon maître et mon vainqueur.
Et la 4ème de couverture, promesse de poésie, LE mot qui m'a définitivement convaincue.

L'auteur signe un roman entre polar, roman d'amour,
Cahier de poésie, le tout en humour.

Le procès de l'ami du narrateur, Vasco le malheureux,
Mais pas de Gama, bien qu'explorateur des sentiments amoureux,
Follement épris de Tina, passionnée de poésie, bientôt mariée à Edgar,
Un triangle des Bermudes dans lequel de nombreux coeurs vont chavirer et sombrer dans le brouillard,
Jusqu'à un point de non retour ?
Seules les lignes de Désérable nous diront si l'amour triomphe toujours.

Le juge chargé de l'affaire interroge le narrateur,
Tel est le point de vue choisi par l'auteur,
Originalité là encore indéniable,
Le lecteur se croit juge, de par sa position similaire, mais sera-t-il équitable ?
Au fur et à mesure de la narration, des digressions, de l'histoire qui nous est contée,
Le lecteur jugera-t-il Vasco coupable ou sera-t-il innocenté ?

Procès d'un homme, d'un acte, ou procès de l'amour avec une grande Arme ?
Éloge de la passion amoureuse, éloge de la poésie, ou de ce que ces deux passions dévorantes peuvent créer comme immense vacarme ?
Une chose est sûre, ce roman est une ode poétique, un exode tragico-comique,
Une fable poétique autour d'un plan machiavélique et d'une Tina, femme - involontairement - fatale (é)prise entre deux hommes à l'attitude antagonique.
Le coeur ou la raison ? Choix cornélien fatidique.

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Coup de coeur pour l'écriture, le rythme exalté qui aiguisera vos sens et la belle poésie française qu'utilise l'auteur !

"Mon maître et mon vainqueur" est le titre d'un carnet rempli de rimes, haïkus et alexandrins écrits au stylo par un certain Vasco. Or, ce carnet est actuellement entre les mains d'un juge d'instruction, accompagné d'un revolver. Convoqué dans le bureau du juge car son ami est inculpé, le narrateur doit dépeindre l'histoire passionnelle qui a unie ses meilleurs amis, Vasco et Tina et manifestement conduit au drame.

Histoire d'amour déchainée, coup de foudre, adultère et humour sont au rendez-vous.
Lien : https://www.tabous.org/post/..
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Un pur bonheur, ce roman.
Cela m'enchante qu'en cette rentrée, les auteurs osent s'attaquer au sujet le plus risqué de la littérature : l'amour passionnel.
C'était quand la dernière fois que vous avez eu du mal à lâcher un livre, pensé que l'auteur avait tout compris de la vie et que son texte était d'une grande justesse ? Si la réponse à cette question est : « il y a longtemps », lisez le roman de François-Henri Désérable.
La poésie est y omniprésente, ce n'est pas étonnant. Comme l'amour, elle obéit à ses propres lois et permet d'échapper à la brutalité du réel (p23-24, p50).
L'amour, Désérable le contemple avec indulgence, tendresse et un brin de malice. Dans la peau du narrateur, ami intime du couple, il semble dire : ils étaient fous d'amour, et alors ? Qui n'a pas rêvé d'être emporté par cette folie et d'en ignorer l'inéluctable issue ?
Pour le reste, tout est ciselé. La première phrase : « j'ai su que cette histoire allait trop loin quand je suis entré dans une armurerie » ; l'acuité avec laquelle les personnages sont dépeints (ex : p32) ; l'intensité des scènes de sexe, jamais scabreuses (p54 ; ah la baise oxymorique p102 !) ; l'humour, (« rien (…) n'est jamais vain ni dérisoire, et même Sisyphe en roulant sa pierre gardait la forme ») ; les considérations sur l'amour (« quand le désir s'émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter ») ; la jalousie (p126) ; jusqu'aux clins d'oeil à Tanguy Viel (p139) ou à Stendhal (p169) .
Je parie que François-Henri Désérable est un ami du dessinateur Voutch.
Bilan : 🌹🌹🌹
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"À quel moment peut-on déclarer qu'une vie est compliquée – après tout l'adjectif connaît tellement d'abus d'usage qu'on pourrait se prétendre en droit de poser la question ?
Probablement à partir du moment où on est sommé de bien vouloir l'expliquer, la raconter, procéder à la narration de l'enchaînement des événements qui la constitue. Plus encore sans doute lorsque pareilles explications doivent se faire à l'exigence d'un juge d'instruction, dans son cabinet, en présence d'un greffier qui, nécessairement, note tout puisqu'on ne saurait trouver aucune autre justification à semblable présence.
Et forcément, tout s'enchaînant, tout se relie, finit par procéder d'une logique, quand il ne s'agit pas d'une intention, à ce que tout finisse mal ou, dans tous les cas, dans les clous qu'on n'avait pas souhaités et ce alors même que, d'intention, il est possible qu'on n'en ait eu aucune, au moins quant à la chute.
Plus compliqué encore est de témoigner de cette chute, devant un juge d'instruction, pléonastiquement flanqué d'un greffier, quand l'histoire la précédant est celle d'un autre, dont on fut témoin, sans doute, mais témoin privilégié ; l'ami intime en somme, celui qui connaît, devine, pressent, s'inquiète. Sûrement pas le témoin oculaire de base qui cause de ce qui lui est passé sous les yeux sans ne se préoccuper ni des pourquoi ni des comment et qui réinvente, un peu, compose, suppose, cherche à se placer à la hauteur de sa fonction. (...) "
Christian Vigne pour Double Marge (extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mon-..
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Par son troisième roman, Mon maître et mon vainqueur, François Henri Désérable prouve sa capacité incontestable de sublimer la fragile condition humaine en la greffant sur cette volonté « d'échapper au réel, le piètre réel que désavoue la fiction de l'ivresse » qu'il va emprunter à Tina, son héroïne. Son livre est en effet ce mélange d'enivrement amoureux et de rêverie poétique, le tout raconté dans le cadre surprenant d'un compte-rendu formulé par le narrateur devant un juge d'instruction.

Lire l'entretien complet ici :
Lien : https://lettrescapitales.com..
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