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EAN : 9782072900945
192 pages
Gallimard (19/08/2021)
3.89/5   886 notes
Résumé :
« Le cahier, c’était la première chose que m’avait montrée le juge, quand tout à l’heure j’étais entré dans son bureau. Sous la couverture souple et transparente, on pouvait lire au feutre noir : MON MAÎTRE ET MON VAINQUEUR.
Sur les pages suivantes, il y avait des poèmes. Voilà ce qu’on avait retrouvé sur Vasco : le revolver, un cahier noirci d’une vingtaine de poèmes et, plus tard, après expertise balistique, des résidus de poudre sur ses mains.
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Critiques, Analyses et Avis (194) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 886 notes
En 2017, François-Henri Désérable publie « Un certain M. Pikielny » et fait la démonstration brillante de ses compétences en matière d'interprétation fictionnelle de la réalité.
A travers l'improbable personnage de M. Pikielny, ce roman jubilatoire nous éclaire autrement la vie de Romain Gary et tout un pan de l'histoire européenne ; en subsidiaire, il nous dévoile un procédé précieux et attachant : le regard en biais. Parce que F.-H. Désérable a l'intelligence de faire adopter à son narrateur une posture qui lui permet d'effleurer gracieusement les choses et les réalités, qui n'exclut ni la tendresse, ni la rêvasserie, ni l'approche tâtonnante face à son sujet, une approche soucieuse des vérités possibles autant que des faits historiquement avérés. Cela compose un livre auquel on pardonne facilement les petites maladresses, et dont on garde surtout le plaisir de lecture.
Ce plaisir de lecture – un peu coupable aujourd'hui, il faut l'avouer (l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception, je le crains) – se retrouve dans « Mon maître et mon vainqueur », que François-Henri Désérable vient de sortir (aujourd'hui !) et que j'ai pu lire en avance : pour ce petit privilège estival je remercie Babelio et les Éditions Gallimard.

Qu'est-ce que c'est la passion amoureuse ? La folie des sens, l'incontinence des coeurs, la fusion des corps ? M. Désérable semble s'être posé cette question et avoir relevé le défi d'y répondre en bon élève.
Il en résulte un livre facétieux, sympa, spirituel : une Francesca da Rimini et un Paolo Malatesta de nos jours s'amourachent sur les pages des livres rares de la BNF : « Elle n'était pas du tout son genre ; il n'avait jamais été le sien. Ils n'avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s'aimèrent, souffriront de s'être aimés, se désaimèrent, souffriront de s'être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon » (p. 28).
Savoureux, piquant, drôle, invraisemblable et banal à la fois, ludique, voire divertissant (car l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception...), le plus récent livre de FHD est riche de qualités et de jeux : jeux de miroirs, jeux de mots, jeux herméneutiques, jeux intertextuels, jeux amoureux etc...
Jusqu'à ce qu'il risque de devenir, somme toute faite, un simple jeu de société. Un jeu mondain. Parce que le coeur n'y est pas : ni chez l'auteur, ni chez le lecteur. Ce dernier admire la maîtrise stylistique et savoure les références (quel beau titre, par ailleurs...!), mais constate, avec une certaine amertume, qu'il survole de loin l'histoire, sans attache(s), ni empathie.

« Mon maître et mon vainqueur » aurait fait un carton il y a 40 ans, et M. Désérable aurait pu s'expliquer joliment chez M. Pivot. Mais aujourd'hui...

François-Henri Désérable aurait peut-être eu l'envie secrète de parler de soi entre les lignes, à travers le portrait impitoyable d'un écrivain-« écrevisse » : « sa prose était vieillotte, académique, poussiéreuse, ça ne se lisait qu'à grands coups de plumeau ; c'était scolaire, appliqué comme les coloriages d'un enfant qui veille à ne jamais dépasser, en tirant la langue ; on avait envie de lui distribuer de bons points. Et puis tout cela manquait de coeur, or le bon romancier doit avoir à l'égard de ses personnages le coeur tendre et l'oeil dur ; Adrien avait le coeur sec et leur faisait les yeux doux. Je lui avais conseillé, en déployant des trésors de délicatesse, d'attendre quelques années, de travailler, puis de revenir avec un autre roman » (p. 172).

Qu'on me pardonne ce petit détournement malicieux : quand on aime, on devient exigeant : c'est pas mal, mais M. Désérable peut sans doute mieux faire.
J'attends son prochain livre. de tout mon coeur, « mon maître et mon vainqueur » dans toute lecture.
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Novice sur ce site, j'ai commencé par m'attaquer à la critique élogieuse des chefs-d'oeuvres de mon panthéon personnel pour rétablir une sorte de justice littéraire et offrir à mes livres fétiches les étoiles d'or qu'ils méritent.

J'arrête un instant cette course aux classiques pour tresser ses lauriers à la rentrée littéraire 2021, et en particulier au roman qui devrait en recueillir toutes les louanges.

Rares sont les oeuvres qui parviennent à allier maestria du style et de la narration ; rares les histoires d'amour drôles sans mièvrerie ; rares les romans légers mais puissants.
J'ai souvent eu l'impression ces dernières années qu'à une bonne histoire il fallait sacrifier une belle plume : on remerciera Désérable de ne pas nous faire choisir entre une évasion romanesque et une leçon de style. En un mot ? Un moment de littérature.
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C'est avec délectation que j'ai lu les premiers romans de F.H.Désérable et j'attendais celui ci avec impatience: Grâce aux Edts Gallimard et Babelio, c'est chose faite et je les en remercie vivement.
Tout commence dans le bureau d'un juge(amateur de poésie)et précité par T. Viel d'ailleurs.
Le titre est emprunté à Verlaine en souvenir du "pauvre Lélian". Dans ce bureau, le narrateur, en tant que témoin et ami , raconte l'histoire d'un amour fou, celui de son ami Vasco, conservateur à la BnFpour une belle Tina, déjà mère de jumeaux et qui doit se marier prochainement , avec le père de ceux ci.
Le dénommé Vasco, après amour, désamour, re-amour finit à Sainte Anne, après avoir acheté aux enchères accidentellement, il n'a pas un sou, ( 434 500) le pistolet que Verlaine avait utilisé pour tirer sur Rimbaud en 1873; A la suite de cette bévue, Vasco a essayé de se suicider " sans zèle excessif". chez lui on a trouvé un cahier où est racontée en poèmes cette histoire d'amour.
Après avoir lu ces poèmes commentés par le narrateur le juge lui dit: Vous devriez en faire un roman ... chose faite donc et avec brio, virtuosité et érudition.
Apte à la poésie, voilà une nouvelle facette de cet auteur. Peut-être, peut-être que s'il devait y avoir un bémol, serait en cause et encore , une facilité à glisser vers le burlesque, mais si F.H.Désérable se prenait trop au sérieux, il perdrait cette petite flamme qui fait sa singularité.
J'oubliais: Par amour toujours , Vasco et son ami narrateur-écrivain vont jusqu'à dérober le coeur De Voltaire sur le site Richelieu de la BnF pour l'offrir à TIna...
Un tourbillon que ce roman .
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François-Henri Désérable à l'art et la manière d'écrire des romans en partant d'un fait réel et de broder autour.

Dans mon maître et mon vainqueur, le thème récurant est l'amour et le désamour. En lisant ce récit, je me suis souvent posé la question : est-ce le procès de l'amour qui y est fait ou son éloge ?

Au fil du livre, l'amour prend différentes forme, l'amour fusionnel, l'amour passionnel, maternel et de raison. Parfois, l'amour donne du plaisir, parfois, il fait mal, mais il est toujours vrai.

Au fil des pages, on s'attache au personnage, à leur histoire. Vasco, qui au départ, me paraissait être un gros dur, se fait tendre et écrit des poèmes à sa bien-aimée. Tina l'animal sauvage tombe amoureuse et doit faire un choix. Et au milieu, nous, pauvre lecteur, suivons les épopées de ces deux indécrottables amoureux. Nous sommes les témoins de leurs frasques racontées par le narrateur.

Ce nouveau roman de François-Henri Désérable est un véritable coup de coeur. J'ai pu échanger avec lui et j'ai tenté de trouver le réel de l'imaginaire et clairement, je n'y suis pas arrivé.
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« Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre » « a aussi écrit Proust » dit le narrateur du livre « Mon Maître et Mon Vainqueur » de François-René Désérable.

Et ce vers de Verlaine « Mon Maître et Mon Vainqueur » accompagne notre lecture.
Une lecture délicate, légère, fleurant la poésie, personnage à part entière du récit.

Celui de l'amour fou, l'amour passion de Vasco et Tina.
Celui de la déchirure de la rupture.
Deux hommes, une femme.
La raison, la passion.
Jusqu'à la déraison.
Jusqu'à l'ultime possible.
Jusqu'à l'impossible…

Un juge compulse le cahier de Vasco, essaye de décoder les poèmes écrits et de comprendre ou pas l'état de l'homme en souffrance.
Le narrateur raconte sereinement, presqu'à mots feutrés, l'histoire de son ami, les actes, les lieux (une description de la BNF, des hôtels littéraires qui font rêver, des anecdotes (Hugo et son « Demain dès l'aube »…) les chemins aux noms édifiants pour les soins en psychiatrie à Sainte-Anne, etc…) et l'histoire est belle, tendre, triste comme un ciel gris où « les merveilleux nuages »…

Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Aragon, Stendhal, Apollinaire … bercent l'histoire de leurs élans, de la beauté de leurs mots.
Ah! Cette phrase de Verlaine après la mort de Rimbaud : « Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre ».

L'amour « par-dessus le toit berce sa palme » et demeure en sa puissance absolue telle que l'a vécue Vasco.

Un livre riche de références littéraires, un livre tout en sensibilité et tact, un livre que l'on repose et qui résonne.

Grand Prix de l'Académie française 2021
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critiques presse (2)
Culturebox
10 juillet 2023
Un livre truffé de références littéraires, de poésie, plein d'élégance et d'humour.
Lire la critique sur le site : Culturebox
NonFiction
18 octobre 2021
L’auteur reprend avec virtuosité le triangle amoureux (la femme, son futur mari, son amant) et joue avec les références littéraires de la passion.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (178) Voir plus Ajouter une citation
Le sonnet, c'est un peu comme l'amour conjugal : sa beauté naît des contraintes qui lui sont inhérentes. Pour le sonnet : nombre invariable de vers, invariablement répartis en deux quatrains suivis de deux tercets, nombre équivalent de syllabes pour chaque vers, alternance des rimes féminines et masculines, etc. Pour l'amour conjugal : pesanteur du tête-à-tête quotidien, inévitable effet de routine, inopportune irruption du trivial, etc. Et c'est en dépit de cela qu'il faut tirer du beau, voire du sublime - et c'est, inversement, ce qu'il y a de si grisant mais aussi d'un peu facile dans le vers libre et l'adultère, où l'abolition des contraintes donne le sentiment d'une liberté suprême, absolue, ivre d'elle-même, or que vaut la liberté, j'ai demandé, dépourvue des contraintes qui la bornent ? Vous avez trois heures (p. 86).
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L'ARCHE DE LA COLOMBE

Maudite
soit l'arrière-grand-mère
de l'épouse du père
de celui qui fit l'encoche dans l'écorce du tronc
de l'hévéa géant d'où commença l'extraction
du latex qui devait donner le caoutchouc
à partir duquel furent produites les roues
de la bétonnière grâce à quoi l'on put
faire le ciment du trottoir de la rue
dans laquelle ton père
a rencontré ta mère (p. 155).
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Tu verras, mon amour, viendra le jour funeste
Où l'amour, mon amour, cet amour un peu fou,
Qui mérite à lui seul une chanson de fête,
Laissera, mon amour, un grand vide entre nous.

Et nous qui nous aimons d'amour comme l'atteste
Tes lèvres à présent dans le creux de mon cou,
Nous nous fuirons l'un l'autre comme on fuit la peste,
Nous qui l'un pour l'autre avions une faim de loup.

Tu feras à mon nom une moue manifeste,
J'aurai dans la bouche comme un arrière-goût,
En prononçant le tien amer et indigeste,
Et serai parcouru d'un frisson de dégoût.


Qu' y peut-on, mon amour, si l'esprit se déleste
Des plus beaux souvenirs quand l'amour se dissout ?
Car l'amour, mon amour, est comme un plimpeste,
On écrit là-dessus, puis on efface tout.
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Ils étaient là depuis une bonne demi-heure, quand le directeur a pris congé en leur offrant un coupon de réduction - soixante-dix pour cent sur une chambre, à utiliser dans les six mois, car il en va des coupons de réduction comme de l'amour : ils portent en eux un terme, une échéance, le désamour est immanent à l'amour comme la date d'expiration l'est au coupon de réduction, à la différence que sur le coupon tout est clair, tout est écrit noir sur blanc, on sait au jour près quand il sera périmé, ce qui n'est jamais le cas de l'amour (pp. 100-101).
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C'était passé minuit dans un café bobo
Tu venais d'en pousser la porte entrebâillée
Aux tables de bougies aux murs blancs des flambeaux
Que venait d'allumer la fille ensommeillée

Tu portais des bottes une jupe un blouson
Le blouson était beige et la jupe était bleue
Les bottes rouges et noires comme un tison
- Une Parisienne en bottes de sept lieues

Ardente et enjouée tu m'as donné alors
Un baiser plein de fougue en disant : que calor !
Ton blouson prenait feu au feu de la bougie

Ce qui advint dis-tu se devait d'advenir
Et me voila au moins avec un souvenir
De nos amours : une marche à moitié rougie
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Vidéo de François-Henri Désérable
"Tous les voyages sont toujours dans un but littéraire, en quelque sorte. Soit j'en tire un récit de voyage, soit un article, ou alors c'est pour me documenter pour un roman, mais c'est rarement pour m'allonger sur le sable, sur une plage."
Amélie le Berre et Félix Ferreira Da Silva sont allés à la rencontre de François-Henri Désérable, auteur de "L'usure d'un monde" (2023) et de "Mon maître et mon vainqueur" (Grand prix du roman de l'Académie française, 2022).
Ce film a été réalisé en partenariat avec le Master Scénario, Réalisation, Production de l'École des Arts de la Sorbonne Université Paris 1.
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