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EAN : 9782072913013
560 pages
Gallimard (04/06/2020)
4.5/5   7 notes
Résumé :
Les "Tracts de crise" ont paru en édition numérique durant le confinement, tous liés à la circonstance de la crise épidémique. Leur recueil ne prétend rien résumer ; mais il dit beaucoup sur notre temps, sorti de ses gonds pendant des mois. L'événement a agi comme un "grand révélateur", individuel et collectif, dont ces "Tracts" seront la trace durable. Chacun pourra comprendre que seuls entre quatre murs, nous n'étions pas seuls au monde. C'est une bonne nouvelle, ... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pierre Bergounioux : Globalisation

Les trois générations de vivants qui sont “l’éternité ici-bas” selon le mot de Keynes, avaient été exemptées, dans les pays développés, des sept fléaux dont l’humanité a été battue aussi loin que la mémoire remonte et au-delà - la guerre, du moins sur le territoire métropolitain, la tyrannie, la faim, le froid, les épidémies, les souffrances physiques intolérables - on opère sous anesthésie -, l’illettrisme. Le philosophe-poète Sloterdijk a rassemblé ces avancées politiques, matérielles, culturelles de la civilisation sous le nom de la “gâterie”.
Il n’y a plus grand monde pour se rappeler la grippe espagnole de 1918.
Les gens de mon âge se souviennent, confusément, de la poliomyélite des années cinquante, leurs cadets des sixties des ravages que le sida a perpétré dans leurs rangs, vingt ans plus tard. La polio s’en prenait de préférence aux enfants, le sida aux jeunes gens.
Le coronavirus est surtout funeste aux personnes âgées, d’ores et déjà sujettes à une ou plusieurs pathologies, diminuées, vulnérables.
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Erri de Luca : Le samedi de la Terre

La pneumonie meurtrière qui étouffe la respiration est un effet miroir de l’expansion humaine qui étouffe le milieu ambiant. Le malade demande de l’air et de l’aide en son nom et au nom de la planète toute entière.

Celui qui lit beaucoup reconnaît, ou croit reconnaître des symboles et des paradigmes dans les événements. Le monothéisme a institué le Samedi qui littéralement n’ pas un jour de fête mais de cessation. La divinité a prescrit l’interruption de toute sorte de travail, écriture comprise.
Et elle a imposé des limites aux distances qui pouvaient être parcourues à pied ce jour-là. Le Samedi, est-il écrit, n’appartient pas à l’Adam : le Samedi appartient à la terre.

Cette injonction à la laisser respirer en s’imposant un arrêt a été ignoré. Je ne crois pas que la terre puisse récupérer ses Samedis dont elle a été privée. Je crois en revanche que piétiner les Samedis produit les brutales suspensions de notre occupation de la planète. C’est une trêve pour la terre.

Pour la première fois de ma vie, j’assiste à ce renversement : l’économie, l’obsession de la croissance, a sauté de son piédestal, elle n’est plus la mesure des rapports ni l’autorité suprême. Brusquement, la santé publique, la sécurité des citoyens, un droit égal pour tous, est l’unique et impératif mot d’ordre.
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Cynthia Fleury : Répétition générale

Impossible d’anticiper cela sauf en imaginant le pire, la peur véritable, la haine pour ce monde. Là, nous avons une forme de chance au sens où si nous acceptons la responsabilité collective et la discipline, si nous produisons un comportement collectif coordonné et stratégique, nous réduirons considérablement son impact délétère. Telle est notre chance: avoir encore un peu de maîtrise. S’offrir une occasion à moindre coût de redécouvrir les bienfaits de la solidarité, des services publics, de l’Etat de droit et social combinés, articulés, alliés de toujours, qui ne sont rien l’un sans l’autre. Extrême chance malgré l’ingratitude souvent témoignée ces derniers temps, la bêtise, la vue courte des stratégies néolibérales qui fantasment la toute-puissance illusoire de l’homo economicus dans sa version la plus radicale. C’est une répétition générale pour autre chose et cela me glace déjà le sang.
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Tract de Régis Debray : Quitte ou Double

On comprend moins le double blind, les injonctions contradictoires du type : « Ne sortez pas et allez voter », mais après tout, il y a un délai d’apprentissage et un civil ne s’improvise pas général cinq étoiles en un tour de main. On ne passe pas d’une culture de paix à une culture de guerre - toutes proportions gardées bien sûr (au cours de la bataille de la Marne, rappelons-le, 26000 soldats ont été tués en une seule journée, 1000 morts par jour représentant, en 1914-1918, une bonne journée).
Plus incompréhensible le fait qu’une start-up nation, à la pointe de la technologie, ait eu autant de mal à se procurer et à distribuer aussi peu high-tech qu’un masque de protection - ce qui revenait à envoyer au front des soldats en les privant de fusil.
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Tract de Régis Debray : Quitte ou double

Convenons néanmoins que c’est une drôle de guerre, celle où le commandant en chef a pour mot d’ordre :  « planquez-vous »; où une mobilisation générale met à l’arrêt; où on appelle à ne plus faire société pour faire nation, à s’isoler pour se serrer les coudes et à s’écarter les uns des autres pour se rapprocher d’eux en esprit.
Mais l’histoire n’est jamais avare de paradoxes. Et quand « l’ennemi » n’est pas seulement un virus omniprésent et invisible, mais le voisin de palier, voire la grand-mère, et le passant en général - on peut comprendre l’inversion des paramètres.
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