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sur 503 notes
"La Promesse de l'aube", contre-enquête.
Désérable s'empare d'un personnage secondaire du chef-d'oeuvre de Gary et tente à travers lui de percer le mystère de la construction romanesque. Qui est M. Piekielny? Fut-il vraiment le voisin de Roman Kacew, à Vilnius ? Ou a-t-il été créé de toutes pièces ? À moins qu'il ne s'agisse d'une lointaine réminiscence culturelle ?
À ce mystère s'en superpose un second : pourquoi Désérable s'est-il si facilement souvenu de ce personnage, justement ? Pourquoi les êtres de papier nous émeuvent-ils parfois plus qu'un voisin ou un collègue ?
S'entremêlent donc dans ce récit trois vies plus ou moins rêvées ou plus ou moins authentiques : celle de Piekielny, de Gary et de Désérable lui-même, dans un hommage appuyé à son devancier.
Appuyé et même relou.
Puisqu'enquête il y a, le minimum syndical quand on écrit un roman policier, c'est de prendre son lecteur par surprise : Quoi? Comment ? C'était lui, l'assassin ? Plaisir de la sidération.
Avec Désérable, au bout de l'enquête... Ben il n'y a rien.
P. 24: " Je crois savoir ce qu'est l'exigence d'une mère, j'avais une Mina Kacew, moi aussi. "
P. 237: " C'est en écrivant ce livre que j'ai compris pourquoi "La Promesse " [...] m'avait à ce point fasciné : ma mère était de la dynastie des Mina. "
C'est vous dire si on avance.
P. 243, deux révélations d'un coup:
"Qu'est-ce qu'un mensonge, sinon une variation subjective de la vérité ?"
Et aussi,
"Et si ce M. Piekielny incarnait les Juifs de Wilmo, massacrés pendant la guerre ?"
Ben oui, cher François-Henri, il n'était peut-être pas utile d'aller jusqu'à Vilnius pour barboter à ce point dans le lieu commun.
Livre vain, donc, mais joliment vain, et après tout, un lecteur ne saurait raisonnablement attendre de chaque auteur qu'il réinvente la littérature tous les jours.
Sauf que Désérable ment beaucoup plus et moins bien que Gary. Car, contrairement à ce qu'il nous affirme, il n'a rien à dire de Piekielny. Il en ignore tout et se bat vainement les flancs pour lui créer une individualité. Il l'imagine jouant du violon (bien sûr...), il en fait un barbier (tous les Juifs sont barbiers, on le sait depuis "Le Dictateur"), il est digne (forcément), célibataire (l'auteur a déjà assez de mal avec cet unique personnage sans s'ajouter des problèmes supplémentaires), bref Piekielny est un cliché, un fantoche, un prétexte, l'allégorie du Juif Sacrifié Par La Barbarie Nazie.
Incertain M.Piekielny.
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La libraire qui a choisi le roman pour nous a eu le nez creux, on a ainsi pu découvrir un roman dont on a beaucoup entendu parler sans l'avoir encore lu.Un certain Mr Pielkieny, de l'ancien hockeyeur François-Henri Désérable, nous plonge dans l'univers de Romain Gary et plus particulièrement La promesse de l'Aube .

Dans cette sorte d'enquête littéraire qui flirte avec l'auto fiction, le narrateur- François-Henri Désérable en personne- se lance à la recherche du M.Piekielny, voisin de Gary à Vilnius, sur lequel on trouve 3 lignes dans « La promesse de l'aube » suite sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre que j'ai reçu en cadeau par deux fois ( !) et que je m'étais promis de lire durant les vacances d'été. Voilà qui est fait et je regrette d'avoir tant différé cette lecture. Je ne sais trop comment qualifier ce livre - roman, autobiographie – car sa forme, son déroulement, l'enchevêtrement des épisodes qui concernent la vie de Romain Gary mais aussi celle de l'auteur, ses recherches autour de M. Piekelny, sont vraiment très originales et mettent le lecteur en situation de suspens permanent.
François-Henri Désérable est « coincé » en Lituanie et ses pas le mènent devant la demeure de Romain Gary enfant ; un passage de la promesse de l'aube se rappelle à lui, dans lequel l'auteur fait référence à un certain M. Piekelny. Il n'en faut pas plus au jeune romancier pour commencer une enquête sur ce mystérieux voisin de Gary, « gentille souris de Wilno » à laquelle ce dernier avait promis, si un jour il devenait aussi célèbre que Mina en faisait la prophétie, d'évoquer son existence aux grands de ce monde.
Entre réelles recherches concernant le n°16 de la rue Grande-Pohulanka, la guerre et les exactions nazies, les faits d'armes de Gary et son destin hors du commun, et pures extrapolations, Désérable nous entraîne dans sa quête et ne ménage pas sa peine pour retrouver la trace de Piekelny, qui bien souvent se dérobe à lui.
Piekelny a-t-il vraiment existé ? N'est-il qu'un personnage de fiction ? Une métaphore géniale de Gary ? Cet argument permet au narrateur de construire une biographie passionnante de Roman Kacew et d'élaborer une réflexion qui l'est tout autant sur le thème de la création littéraire.
C'est intelligent, superbement écrit et souvent très drôle. de Gary, je n'ai lu que La vie devant soi. J'ai vu également la version cinématographie de la promesse de l'aube cet hiver et j'avais mis le roman dans ma PAL tant j'avais été sensible à la relation mère-fils que décrivait le film. Ce livre prolonge ce plaisir et renforce mon envie de découvrir La promesse de l'aube.

Ceci est ma 300ème critique !
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Ce livre m'est tombé dessus comme ça, sans prévenir. Déjà, j'avais eu envie de lire Evariste (singulier personnage de mon siècle de prédilection) et Tu montreras ma tête au peuple (rapport à la Révolution). Et puis... Et puis, on en est tous là, on n'arrive pas à tout lire...
Et voilà que François-Henri Désérable est passé à La Grande Librairie, que je regarde de plus en plus souvent, avec mon fils aîné (même si je ne suis pas fan de Busnel, on adore écouter les écrivains, pelotonnés l'un contre l'autre sur le canapé). Bref ! On a tous les deux craqué sur ce jeune auteur.

Pourtant, cette fois, le sujet ne m'attirait pas plus que cela. J'avoue n'avoir jamais lu Romain Gary. Mais l'écriture de Désérable m'a tout de suite enchantée. A la fois légère et pleine de profondeur, aux allures de conversation amicale et pourtant très littéraire. Il m'a embarquée avec grâce dans sa drôle d'histoire...
Mais l'histoire de qui, au fait ? La sienne ou celle de Gary ? L'histoire d'un lecteur ou celle d'un auteur ? Une histoire inventée ou une histoire réelle ? Il faut dire qu'avec la littérature, on ne sait pas toujours exactement où on est... surtout quand on croise la route de Romain Gary !

Lorsqu'il débarque à Vilnius, un jour de mai 2014, François-Henri Désérable, auteur et narrateur du livre - si l'on peut pour une fois se risquer à les confondre, c'est bien ici -, tombe à la suite d'un enchaînement de circonstances pour le moins romanesque sur un immeuble portant une plaque commémorative qui le frappe de stupeur : le voici devant l'immeuble où vécut Romain Gary enfant, celui qu'il évoque dans La promesse de l'aube. Aussitôt, une phrase surgit du fond de sa mémoire : «Au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny
C'est que ce roman est l'un de ceux qui firent du jeune homme un lecteur. Vous voyez ce que je veux dire ? le livre qui le fit irrévocablement tomber dans les filets de la lecture. le livre qui lui révéla l'existence d'un monde d'une infinie liberté. Ce livre, il l'a lu et relu, en diverses circonstances de sa vie. Il est son ancre, celle qui lui permet peut-être de ne jamais se perdre, où qu'il se trouve et quoi qu'il vive...
Alors il décide de mener l'enquête, de retrouver la trace de ce M. Piekielny, à qui Romain Gary, qui n'était encore que Roman Kacew, avait promis un jour qu'il témoignerait de son existence auprès des grands de ce monde lorsqu'il les rencontrerait. On suit alors toutes les péripéties de cette patiente recherche, qui va avant tout le mener à s'interroger sur ce qu'est la littérature, sur le rapport que Gary entretenait avec elle et sur son propre rapport à elle.

Tout ce que nous raconte Désérable est-il vrai ? Sa mère ressemble-t-elle tant à celle de Romain Gary ? La promesse de l'aube était-elle la seule oeuvre qu'il avait lue pour l'épreuve du bac français et fut-il réellement interrogé dessus, lui évitant ainsi le naufrage annoncé ? A-t-il vraiment rencontré une vieille Lituanienne qui lui assura avoir connu M. Piekielny, elle qui avait lu aussi les livres de Romain Gary ? Crut-il réellement avoir vu au Louvre le tableau fictif dépeint par Pierre Michon dans Les Onze ? Et certains de ses propres lecteurs lui affirmèrent-ils qu'ils se souvenaient du fameux numéro d'Apostrophe qu'il relate dans son livre, ainsi qu'il le raconta chez Busnel ? Tout cela est-il vrai ? Ou bien le personnage de Gary l'influença-t-il au point de se jouer de nous à son tour, comme Gary mystifia en son temps ses lecteurs ?
A vrai dire, je n'en sais rien, et peu importe. Une chose est sûre, c'est que j'ai eu envie de le croire, que je l'ai cru, et seul compte le plaisir que j'ai eu à le suivre. Comme je le disais à mon fils cadet qui voulait que je lui raconte de quoi il était question dans ce livre, les écrivains s'emparent du monde pour le transformer et nous inviter à le regarder différemment. "Mais ce sont des magiciens !", me répondit-il! Oui, et c'est pour ça qu'on les aime !
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Comme tout le monde ou presque, vous avez dans votre bibliothèque "La promesse de l'aube" de Romain Gary.
Allez chercher le volume, ouvrez-le au chapitre 7 (Dans la collection Folio c'est page 57). Vous ferez la connaissance d'un certain M. Piekielny, cette petite "souris triste", apparition fugace, dont nul ne connaît le destin et que Gary a cependant fait passer à la postérité, par le miracle de la littérature.
François-Henri Désérable part à la recherche de M. Piekielny, en compagnie de Romain Gary, et nous donne à lire ce livre étonnant, presque irracontable, un roman-enquête, où l'imagination tient autant de place que la réalité, usant d'un français superbe, parfois drôle, le plus souvent empreint d'un désespoir léger et pudique, avec ses clins d'oeils, ses coups de blues, ses plongées dans l'horreur du 20e siècle.
Au bout du compte nous saurons tout ou presque de la "souris triste", tout ce qui lui est arrivé, ou qui aurait pu lui arriver, qu'importe si ce n'est lui, c'est arrivé à une autre "souris triste", le livre leur est dédié. A toutes.
Signe qui ne trompe pas : arrivé au milieu du livre j'ai ralenti mon rythme de lecture pour que le plaisir dure plus longtemps.
Un livre magnifique. Il figurait dans la sélection finale de la plupart des prix littéraires de l'automne dernier. Si, bizarrement, il ne fut le lauréat d'aucun, il les méritait tous.
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Présenté comme un roman, il s'agit du récit d'enquête sur l'existence de M. Piekielny, un voisin de Roman Kacew.
Le seul voisin qui s'est laissé impressionné par les révélations divinatoires de Mina, la mère de celui qui n'était pas encore Romain Gary.
Au chapitre VII de l‘autobiographie romancée La promesse de l'aube, Romain Gary évoque « M. Piekielny (qui) ressemblait à une souris triste, (…) avait l'air aussi discret, effacé, et pour tout dire absent, (…). Vint la pathétique requête (…)
- Eh bien ! quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire…
(…)
- Promets-moi de leur dire : au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… »
Dans les suites du roman, Romain Gary assurera qu'il a tenu sa promesse et qu'il parlera de M. Piekielny à de « grands personnages » tels que la Reine d'Angleterre ou le Général de Gaulle.
F.H. Désérable va faire une enquête auprès des archives de Vilnius, va se rendre sur place plusieurs fois et arpenter la ville à la recherche de M. Piekielny à travers l'Histoire de ce pays.
« Des milliers de documents furent soustraits aux pillards, disséminés dans des caves et dans des combles et retrouvés après la guerre puis à nouveau dissimulés : le moustachu de Moscou ayant décidé de parachever le travail de son homologue berlinois… »
Il va aussi émettre des hypothèses, créer des scènes fictionnelles sur des sujets plus vastes : de l'extermination des Juifs, à la mise en scène des dialogues entre Romain Gary et les grands de ce monde. Car, je ne vous le cache pas plus longtemps, le vrai sujet de ce livre est Romain Gary, la part qu'il a prise dans l'initiation littéraire de l'auteur, l'admiration pour l'écrivain, le Résistant mais aussi le falsificateur qui a créé de toutes pièces certaines parties de sa vie et qui sous pseudonyme s'est permis d'obtenir un second prix Goncourt.
Le style est savoureux. Beaucoup d'humour, beaucoup de dérision mais aussi une réflexion intéressante sur ce que signifie être écrivain, sur ce qu'est la littérature, passages qui transforment par moments ce récit en essai moderne et passionnant.
« …c'est peut-être cela et rien de plus être écrivain : fermer les yeux pour les garder grands ouverts, n'avoir ni Dieu ni maître ni nulle autre servitude que la page à écrire, se soustraire au monde pour lui imposer sa propre illusion. »
L'auteur a 30 ans et beaucoup de talent. Il parle de lui pour contextualiser sa quête et sa passion pour l'homme Roman Kacew et l'écrivain, Résistant, ambassadeur, etc. Romain Gary. Ce jeune écrivain partage avec son lecteur ses questionnements, son ironie, son admiration.
J'ai pris un plaisir inouï à lire ce texte, très documenté, bourré de références mais sans prétention, bien au contraire, aurais-je presque envie d'écrire.
Je ne sais quel sera le parcours de ce roman publié il y a 3 jours dans le cadre de la rentrée littéraire 2017 et donc de l'ouverture de la chasse aux prix. Mais il en mériterait bien un, une sorte de 3ème Goncourt pour M. Gary car lorsque l'on a refermé la dernière page du récit de F.H. Désérable, on n'a qu'un seul désir : relire La promesse de l'aube.
Voilà un roman que je vais offrir autour de moi, il est d'une rare qualité littéraire car il allie le fond à la forme, sa plume virtuose mais simple et moderne montre que la littérature a la vie devant elle.
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Bien qu'il me reste encore 12 jours pour m'acquitter de mes devoirs de vacances, j'ai décidé de vous parler sans plus tarder de M. Piekielny. Cet individu mystérieux ne vous est pas totalement inconnu, vous l'avez croisé dans l'escalier et il vous a salué sans vous regarder en s'effaçant poliment.
Vous l'avez déjà oublié.

Il figure pourtant, comme tant d'autres personnages à peine esquissés, indistincts, furtifs, dans un chapitre de roman. L'auteur le compare à une souris: craintive, discrète, grise, avec de longues moustaches et de petits yeux noirs, vivant cachée et loin des chats.
Gary, dans La Promesse de l'aube, lui aurait promis à l'âge de huit ans de ne jamais l'oublier. Et même de parler de lui, de lui offrir le luxe d'être célèbre quelques instants.
Une jolie anecdote, piquante, insolite, révélant un caractère original. Ah, ces écrivains, ils peuvent tout se permettre, même des choses extravagantes.
En ressuscitant cette ombre du passée, Gary réveille les fantômes du peuple des ghettos; par une simple évocation, la silhouette pathétique d'un Juif de Vilnius, à laquelle il donne un nom, une identité, un visage, il ajoute sa pierre au Mémorial du génocide.
Mais voilà que François-Henri ne l'entend pas de cette oreille: M. Piekielny est sommé de se présenter devant lui avec armes et bagages. Tel Rouletabille, il se lance à la poursuite des indices lui faisant retrouver la trace de Piekielny, 75 ans après l'invasion de la Lituanie par les Nazis. Mais voilà, la souris Piekielny est devenue une anguille: il la voit, la devine, la reconnait, et croyant enfin la saisir, elle lui échappe et disparait dans les profondeurs du passé. Il s'acharne, compulse les archives, interroge les voisins, rencontre des témoins, étudie la littérature et l'histoire de Vilnius. Relit cent fois les pages de Gary, sa biographie, ses interviews, essaie de démêler le vrai du faux. En vain. Ou presque.
Car ce n'est pas Piekielny qui l'intéresse, mais Roman Kacew qui le fascine. La vie d'un obscur immigré sans le sou, propulsé au sommet de la gloire, héros incontestable, couronné de lauriers, béni des Dieux, le glaive de Mars et la lyre d'Apollon, les sourires d'Eros et les trompettes de la Renommée.
François-Henri est ébloui par tant de dons, jaloux du talent, agacé par la vanité, ému par la détresse de l'enfant, son désir de revanche, son ardente volonté d'accéder au Panthéon que sa mère imagine pour lui. Il est surtout bluffé par la personnalité de Gary, celui qui est passé maitre dans l'art de la mystification. Mentir lui a servi à se tirer d'affaire au cours de ses tribulations; mentir lui a sauvé la vie; mentir est un atout pour écrire des romans; mentir est tellement plus amusant, c'est un jeu pour égarer ceux qui ont besoin de certitudes. Pour François-Henri, qui invente l'histoire de son personnage pour mieux nous le décrire, c'est une façon de renoncer aux certitudes pour mieux aller vers la vérité.
Gary était un grand joueur de poker, et il a souvent ramassé la mise. Tellement souvent que pour changer, il s'est mis à la roulette russe. Et là, il a perdu.
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La promesse de l'autre
Devant la maison natale de Romain Gary à Vilnius, un jeune écrivain va tenter de retrouver la trace d'un certain M. Piekielny, voisin mystérieux de l'auteur de la promesse de l'aube.

«En mai 2014, des hasards me jetèrent rue Jono Basanavičiaus, à Vilnius, en Lituanie.» La première ligne de ce délicieux roman sert de fil rouge à l'histoire que François-henri Désérable va dérouler comme une pelote de laine dans laquelle on va adorer s'emmitoufler. Car l'auteur d'Évariste fait une fois de plus la démonstration de son talent à tricoter – et à détricoter – les histoires les fabuleuses.
Si je vous dis d'emblée que le narrateur n'en apprendra guère plus sur ce voisin de Romain Gary qui lui fait promettre de dire à toutes les célébrités qu'il rencontrera qu'«au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Vilno, habitait M. Piekielny» ne soyez pas déçu. Car l'enquête est en elle-même un passionnant chassé-croisé entre le vécu du narrateur, le fruit de ses lectures, les quelques rares documents et témoignages qu'il peut recueillir et une imagination fertile. Cette joyeuse exploration historico-littéraire est un petit bijou fantaisiste tout autant qu'un brillant hommage à la littérature et à l'un de ses représentants les plus doués dans l'art du camouflage : Romain Gary / Émile Ajar. En prenant le pas de son illustre aîné et en faisant rebondir les repères biographiques avec sa propre histoire, celle d'un hockeyeur pris par une soif de littérature sous le regard ébahi de sa mère, l'auteur fait exploser les codes de la biographie et de l'autofiction pour un feu d'artifice que n'aurait sans doute pas renié Roger Grenier, qui est aussi célébré ici (le hasard voudra que les belles lignes sur l'auteur et éditeur chez Gallimard parurent quelques jours avant sa mort).
En revisitant La promesse de l'aube dont, par parenthèse, l'adaptation cinématographique proposée par Eric Barbier vaut le détour, il se permet toutes les audaces et roule en permanence son lecteur dans la farine. Qui en redemande! Après tout, peu importe si ce monsieur Piekielny n'a existé que dans l'imagination de Romain Gary – à moins que ce ne soit dans celle de François-Henri Désérable : « Ce qui existe, ce qui commencera à exister peut-être un jour, si j'ai beaucoup de chance, ce sont mes livres, quelques romans, une oeuvre, si j'ose employer ce mot. Tout le reste n'est que littérature. »
L'essentiel est ici, par la magie du roman, de faire revivre un épisode historique dramatique, celui qui a vu disparaître quelques millions de Juifs d'Europe, dont le voisin de Romain Gary et d'offrir la plus belle des tribunes à notre devoir de mémoire.
S'il est passé fort injustement à côté des Prix littéraires de l'automne, il serait regrettable que vous passiez à côté de cette petite merveille!
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ou comment la force d'une phrase, au départ anodine, nous plonge avec une force incroyable dans tout ce qu'a été Romain Gary !

Si au départ cet étrange et mystérieux Monsieur Piekielny m'a décontenancée, il s'est bonifié au fur et à mesure des pages et j'ai pris un malin plaisir à savoir lire entre les lignes.

Des rencontres imaginaires, un ton ironique et humoristique totalement irrésistible, mais aussi un sublime éloge des mères…

En littérature, j'aime être surprise, bousculée et lire des livres qui sortent des sentiers battus.
Désérable devient donc mon héros avec cette enquête « littéraire », cette quête identitaire des plus minutieuses, méticuleuses.
C'est une délicieuse balade, certes cousue de fil blanc au final mais rondement menée que je vous recommande vivement !
Lien : https://arthemiss.com/un-cer..
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Après avoir découvert ce jeune auteur (il a quatre ans de moins que moi, donc il est jeune, et je suis jalouse de son talent !) avec Evariste, le sujet du nouveau roman de François-Henri Désérable m'a interpellé. Voilà qu'il s'intéresse à un personnage que Romain Gary évoque dans on autobiographie romancée, La promesse de l'aube. Seul roman de Romain Gary que j'ai lu à ce jour, La promesse de l'aube m'avait bouleversée, et je constate à travers Un certain M. Piekielny que je ne suis pas la seule à garder ce texte en mémoire.

A toi, futur lecteur de ce roman, songe d'abord à (re)lire le chapitre sept de la promesse. François-Henri Désérable n'est pas méchant, il te donnera toutes les clés pour comprendre son livre, et n'hésitera pas à citer les passages clés de ce chapitre essentiel pour la compréhension du roman. Ceci fait, il suffit de se laisser porter. Car François-Henri Désérable est un formidable raconteur d'histoire. de la sienne, de cette de monsieur Piekielny, de celle de Gary, et même de celle de Nicolas Gogol. Car à travers cette recherche, cette enquête sur les traces du voisin de celui qui s'appelait encore à l'époque Roman Kacew, François-Henri Désérable se raconte, évoque son rapport à l'écriture, à la littérature, le parcours qui l'a amené à devenir écrivain quand sa mère le voyait déjà docteur en droit... Et pour trouver et comprendre ce fameux monsieur Piekielny, le voilà également lancé sur les traces de Gary, de Vilnius à Paris, récit de l'homme entre faits avérés et fiction.

Peu à peu, se dessine un ouvrage où tout le talent de l'écrivain apparaît, qu'il s'agisse de l'écrivain nommé François-Henri Désérable, mais, aussi de manière générique, de l'ensemble de ces auteurs qui manient les mots pour se raconter entre fiction et réalité. Gary, on le sait, n'hésita pas à se créer une filiation avec un acteur russe, filiation plus glorieuse que ce père qui abandonna épouse et fils pour une jeunette. Il n'hésita pas non plus à relancer son souffle d'écrivain à travers son alter ego également lauréat du Goncourt, Emile Ajar. Alors on en vient à s'interroger : qu'est-ce qui relève du réel et qu'est-ce qui est fiction dans tout ce que Désérable nous raconte... de là à supposer que François-Henri Désérable aurait lui-même pu imaginer certains événements de sa vie ?...

Au final, il reste un roman extrêmement bien écrit qui interroge le pouvoir des mots et le pouvoir de l'écrivain, et met en valeur deux grands auteurs : Romain Gary, évidemment, mais également François-Henri Désérable lui-même qui confirme ici un réel talent littéraire.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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