AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 30 notes
5
9 avis
4
8 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aujourd'hui, la température flirte avec 0°...
Peu de monde sur le marché, il fait trop froid et les conditions sanitaires n'encouragent pas à se risquer dehors pour quelques légumes frais que l'on se procurera plus confortablement dans une grande surface.
J'y tiens moi, à mon marché hebdomadaire !
J'aime aller à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui se lèvent à 4h du matin par n'importe quel temps pour vendre leur production.
La leur acheter, c'est respecter leur travail, tout simplement.

Entre deux étals, par ce froid de canard, un homme est assis par terre, emmitouflé et encapuchonné dans une vieille parka, masqué comme il se doit, un gobelet entre les jambes.
Impossible de l'ignorer après ce que je viens de lire...c'est comme si j'avais reçu une gifle.

Ce livre est la confession d'une femme comme les autres, l'aveu d'une culpabilité, celle de l'indifférence humaine face à la misère.
Un livre "coup de poing" qui nous oblige à écarquiller les yeux et à voir.
Voir ce qu'on ne voit plus, ce que nous avons fondu au décors par tranquillité d'esprit, ces pauvres hères qui feraient presque partie du patrimoine de la ville.
Une misère à l'exacte hauteure de nos enfants, qui rase les trottoirs, rampe dans les caniveaux, humains dans leur inhumanité.
Comment dire la misère à l'enfant qui vous tire par la main parce qu'il ne comprend pas, ne conçoit pas ce qu'il voit ?
Vous avez facilement passé votre chemin, pas lui, il n'en est pas encore là...
Mais c'est trop tard pour vous, il a déclenché la prise de conscience, le malaise, la culpabilité et ça vous accompagnera longtemps, même au coeur de la beauté.

Isabelle Desesquelles a mis dans le mille avec ce récit qui ne se raconte pas d'histoires.
Il est le miroir de l'humanité entière, celui dont le reflet coince, gêne, celui qu'on préfère ignorer.
Il fallait nous prendre par la peau du cou et nous forcer à ouvrir les yeux, elle l'a fait sans concession, sans hypocrisie afin de nous mettre face à la nôtre.
En une centaine de pages, elle nous secoue plus sûrement qu'un long discours moralisateur.
Commenter  J’apprécie          348
La pauvreté à hauteur des yeux, le quotidien de nos enfants

Quand Isabelle Desesquelles parle des mendiants, des pauvres qui errent dans les rues à quémander pièces, nourriture ou même un regard, c'est avec une totale franchise et un regard plutôt objectif qu'elle analyse cette triste situation en parlant de ces gens, qui hantent les trottoirs des villes, se déplaçant uniquement pour tendre une main aux passants ou pour changer de trottoir après avoir reçu l'ordre de ne pas rester là. Ces gens, qui attendent assis sur le sol qu'on daigne leur donner de quoi survivre, ces gens qui crient leur pauvreté à hauteur de figure de nos enfants. Ces gens, au parcours chaotique, ces gens à qui la chance n'a pas souri, ces gens que l'on fait mine d'ignorer, car donner à tous serait difficile, donner à un seul serait injuste, ces gens qui nous hantent car la honte nous submerge lorsque nos enfants nous demandent pourquoi le Monsieur est sale, pourquoi il tend la main, pourquoi il se précipite aux vitres des voitures à l'arrêt, pourquoi on presse le pas et pourquoi on fait semblant de ne rien voir.

Un roman qui crie à l'injustice et à l'impuissance

"Les âmes et les enfants d'abord" c'est un récit sur cette injustice que l'on ressent face à de telles conditions de vie mais aussi sur la colère qui nous habite car cette pauvreté, nous ne voulons pas la voir et pourtant elle s'impose à nous. Dans ce roman, elle s'impose à la narratrice à travers la silhouette sale et pustulante d'une dame sans âge devant la basilique Saint Marc. D'elle, on ne voit qu'une main tendue sous un tas de chiffon. Pourquoi, alors qu'elle s'apprêtait à passer un moment avec son fils, cette femme ose t-elle imposer l'image de sa déchéance à hauteur des yeux du petit garçon. Pourquoi, à l'âge de l'insouciance, le malheur lui saute t-il à la figure, comme s'il était pressé de se faire connaître. Comment expliquer à son enfant que oui c'est triste mais que non, on ne fera rien, ou si peu. Isabelle Desesquelles aborde sans tabou, le cas des sans-abris, les bandes organisées, l'enrôlement des enfants dès leur plus jeune âge, la médisance des gens, l'injustice quand "Liberté, égalité, fraternité", ne s'applique pas à tous.

"Les âmes et les enfants d'abord", un roman osé mais d'une triste réalité

C'est un court roman poignant, écrit avec beaucoup de délicatesse malgré cette lucidité qui agresse à la manière d'une lumière trop vive. J'ai beaucoup aimé la façon dont la narratrice s'adresse à cette pauvre femme de Venise. En la nommant "Madame", elle la fait vivre, lui donne une âme, la considère. C'est à une personne qu'elle s'adresse et non pas à une image souillée recroquevillée sous un parvis. En la nommant "Madame", c'est à tous ces exclus de la société qu'elle parle, ceux que nous croisons au quotidien avant de passer notre chemin et de passer à autre chose.

Un roman très bien écrit que je trouve assez osé, courageux, mais tellement vrai.

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          240
C'est un court récit poignant que nous offre Isabelle Desesquelles, après un voyage à Venise avec son jeune fils, ils font une rencontre avec une mendiante qui n'a de cesse de la hanter. Comme une porte qui s'ouvre sur une évidence malheureusement de plus en plus sur notre chemin, la pauvreté avec son lot d'inhumanité.
Une prise de conscience peut être plus prononcée car dans sa main celle de son fils qui s'interroge vers ces mains tendues. Comment faire face à cette misère étalée sur nos trottoirs, on ne peut pas toujours fermer les yeux, mais à la fois on ne peut pas donner à tous. Alors on tente d'offrir des sourires, un peu de chaleur humaine avec un petit bonjour et quelques pièces à l'occasion histoire de remplir son devoir de charité. Tout se bouscule dans les esprits, tant de questions du jeune garçon bien souvent sans réponses. Apprendre à grandir avec la misère sous yeux puis finir par ne plus la regarder ni la voir.
Un récit tout en franchise, où tout à chacun s'y retrouvera. Combien de fois a t on déploré le gâchis et l.outrance de l'argent alors que des gens avec bien moins pourrait avoir un toit et une assiette remplie. Mais aussi combien on fuit les mains tendues, excédés par ce harcèlement permanent de mendicité.
Qu'est ce que l'humanité au final ?
Beaucoup de réflexions et interrogations dans ce court récit sur notre monde d'aujourd'hui et demain quand sera t il.
La misère est depuis des lustres, elle sera certainement la dernière à disparaître de la société.
En filigrane du récit , l'auteur s'appuie sur les misérables de Victor Hugo, pas si loin de nous comme la petite fille aux allumettes citée également dans le texte. Où est donc l'évolution de l'humanité hormis que nous tentons de faire de l'humanitaire ?
Commenter  J’apprécie          70
J'ai lu ce livre, parce que je l'ai confondu avec un autre roman que je voulais lire et dans lequel il y a le mot "enfants" !

Au final, quelle claque que ce très court texte. Je ne sais même pas si je peux le qualifier de roman ! C'est autre chose ! C'est violent, brut et il frappe au coeur.
L'écriture est abrupte, courte, percutante et le sujet ne peut nous laisser indifférent.

Ce court texte nous parle d'une femme en vacance à Venise avec son fils. Elle se trouve brusquement confrontée à la misère à l'état brute, en découvrant, sur le sol de l'entrée de la basilique Saint-Marc, un tas de haillons duquel n'émerge qu'une main. En temps normal, elle n'y aurait pas prêté attention, l'ignorance ordinaire de cette misère que l'on ne voit plus. Mais, ce qui change cette fois, c'est la présence de son fils. de cette "rencontre", la narratrice éprouve le besoin de s'adresser à celle qu'elle appellera Madame.

C'est l'occasion de parler de son (notre) rapport à la pauvreté, au mendiant. Cette Madame est universelle, elle est le mendiant du métro, du coin de la rue, celui qui a froid, faim, celui qui est agressif, et celui qui ne demande plus rien etc...
Elle est indifférente (parfois), gênée (souvent), généreuse (rarement), épuisée par toute cette misère qui ne semble pas diminuer, bien au contraire et son fils, qui pose sur tout cela le regard encore innocent de l'enfance.
L'incompréhension devant le prix de certains articles de luxe aussi cher qu'un mois de loyer...etc... Ce fossé infranchissable entre les très très riche et les pauvres.

Ce texte, ne donne pas de solution, pas de conseils. Ce sont simplement les pensées de la narratrice face à cette rencontre.
Et j'ai refermé ce livre en me demandant comment réagir lorsque ma route croisera à nouveau la détresse humaine... Et je n'ai pas de bonne solution...
Commenter  J’apprécie          60
Quelle belle lucidité nous offre Isabelle Desesquelles avec ce texte ! Misère, individualisme et culpabilité se côtoient, dépeints avec justesse dans une société où rien ne prédispose à l'abnégation.
Mme Desesquelles fait preuve d'une honnêteté intellectuelle qui force l'admiration.
Commenter  J’apprécie          30
Venise. Place Saint Marc. Une forme à terre ou plutôt un amas de guenilles qui couvre une femme. Elle tend sa paume "ouverte vers un ciel aveugle" au passage de la narratrice accompagné de son fils. Cette femme qu'Isabelle Desesquelles appelle Madame est une mendiante ( et il ne faut pas voir de l'ironie dans cette dénomination de la part de l'auteure).

Nous croisons forcément dans des différents lieux ces mains ou ces verres en plastique en guise de sébile. Quel est est notre regard, notre pensée ? Que fait-on ?
Sujet tabou, délicat même difficile. On peut se chercher des excuses, se donner bonne conscience et puis on oublie jusqu'à la prochaine personne qui elle-aussi demandera quelques pièces.

Ce court texte nous questionne, nous renvoie à nous-mêmes. Il n' a y aucun jugement de porté. Non, juste ces situations et les constats d'un monde fracturé. Il n'y a pas non plus de solution miracle ou utopiste d'apportée ou de préconisée.
Que dit-on à nos enfants comme la narratrice devant la pauvreté? Qu'on n'y peut rien, que ce n'est pas de notre ressort? Crier ou chuchoter honteusement notre impuissance ?

Après un début où l'auteur cherche un peu son style, viennent l'humilité, le respect et des phrases qui sont des uppercuts, et au fil des pages on ressent toute l'humanité de l'auteure.
Plus que marquante, cette lecture est nécessaire.
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
Commenter  J’apprécie          10
Un soir d'hiver à Venise, devant la basilique de la Place Saint Marc, la romancière se trouve face à un tas de chiffons qui gêne l'entrée. L'effroi la gagne quand elle réalise qu'il s'agit d'un être humain. "A moins de vingt mètres de votre main, on protège les mosaïques avec des tapis, pendant que vous restez à même le sol par moins cinq degrés".
Ce genre d'effroi, nous l'avons tous eu. Notre conscience nous a titillés un moment mais nous avons continué notre chemin, impuissants et honteux. Au mieux, nous avons donné quelques pièces avant de tourner la tête dans une autre direction.
Je ne vis pas dans un lieu ou je suis confrontée au quotidien à cette misère. Mes enfants n'ont pas côtoyé des "pauvres" en allant à l'école chaque matin. La narratrice, en revanche, doit passer devant des mendiants chaque jour. Elle tremble à l'idée que bientôt, il s'habituera comme nous tous à ce triste spectacle.
"Le chemin de l'école redevient une cour des miracles que pas un enfant ne devrait traverser. Pour grandir, il lui faudra d'abord regarder le malheur dans les yeux. Tout comme ses parents, il s'y habituera vite, et arrivera le moment où la misère le dépassera.
Elle est où l'humanité ?"
Pour la dame de Venise, pour son enfant, pour nous tous, Isabelle Desesquelle a rédigé ce petit texte poétique, comme une bouteille à la mer. Cette bouteille je l'ai ouverte mais que vais-je faire du message que j'y ai trouvé ? le faire suivre, le coeur lourd, en vous encourageant à faire de même. Ce n'est que par une prise de conscience collective qu'un jour, peut-être, les choses bougeront.
Une centaine de pages qui en disent long sur l'inhumanité de notre monde. Un récit lucide mais non moralisateur, à mettre dans toutes les mains.
Lien : http://www.sylire.com/2016/0..
Commenter  J’apprécie          10
Un court récit qui nous fait réfléchir sur notre habitude de croiser la misère sans plus nous apercevoir. La narratrice en comme hantée, non pas par la première personne sans-abri qu'elle a croisée, mais par cette femme croisée sur le parvis d'une église lors d'un séjour touristique à Venise. Notre vision de ces personnes dans le besoin, mais aussi ce qu'en comprennent les enfants fait réfléchir...
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (89) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3651 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}