L'identification, c'est vous prendre pour quelque chose que vous n'êtes pas vraiment. Mais ce que vous êtes absolument, vous ne pouvez pas ne pas l'être, vous ne pouvez pas ne plus l'être. " Je suis" (aham brahmasmi, shivoham) est éternel. Seul ce qui se surajoute à "je suis" est périssable. Je vous en prie, ne remettez pas à plus tard la recherche fondamentale. Le But suprême n'est pas une chasse gardée des grands yogis de l'Himalaya ou des mystiques justement célèbres comme Thérèse d'Avila et saint Jean de la Croix. Ne remettez pas toujours à demain la Quête ultime. Et c'est cette Réalité Ultime de l'être et de la conscience que désigne, depuis des millénaires et dans des langues différentes, un vocabulaire riche et , à l'origine (sanscrit, hébreu, arabe, grec ancien, chinois) extrêmement précis. C'est avec l'aléatoire des traductions (conscience, âme, esprit, raison, mental, psyché, etc) que naissent les incompréhensions. Cependant, pour évoquer le vécu intime du sage ou du saint, une grande unité de termes apparaît : il s'agit toujours de paix, de joie et d'amour - ou de leurs synonymes. Un état heureux non dépendant des circonstances extérieures, libre des opposés joie-peine, paix-trouble, amour-haine. Cette constance transcende les approches distinctes, théologique ou métaphysique, dualiste ou non dualiste.
Qu'est-ce qui, aujourd'hui, vous exile de, ou vous arrache à, la plénitude infinie et immuable à laquelle, en vérité, au plus profond de vos coeurs, malgré les désirs et les peurs de la surface, vous aspirez tous?
On nous demande d’économiser l’énergie grossière, d’économiser l’eau quand nous nous lavons les dents, de ne pas laisser les lampes inutilement allumées et d’utiliser une voiture qui consomme moins. Mais la plus terrible dilapidation d’énergie à la surface de la planète s’accomplit sous forme de ruminations mentales, de cogitations stériles, de pensées et d’émotions ! Cela fait aussi partie du « calcul ». Et vous allez découvrir qu’il y a en nous un très mauvais comptable.
Le Bouddha a dit : « Je n’enseigne que deux choses, ô disciples, la souffrance et la cessation de la souffrance. » On a abondamment accusé le bouddhisme de pessimisme. J’ai lu autrefois des pages et des pages d’auteurs chrétiens opposant ce pessimisme bouddhiste à la joie promise par le Christ. En vérité, j’ai remarqué plus de joie chez les Tibétains bouddhistes, même réfugiés dans des conditions bien pitoyables en Inde, que chez beaucoup de chrétiens
français.
La voie, les pratiques, les efforts « héroïques », les progrès ne sont […] que des aspects du rêve dont il s'agit de s'éveiller [… :] l'illusion d'un ego cherchant à rejoindre ce qu'il est déjà.
Mais ce dérisoire s'appliquerait aussi à l'asthanga marga (le célèbre « octuple chemin ») proposé par le Bouddha. Cet ensemble de pratiques persévérantes devient dans cette optique aussi étrange qu'un manuel enseignant à la vague comment rejoindre l'océan alors qu'elle est l'océan, qu'elle demeure en lui et qu'il demeure en elle dans la perfection de la non-séparation.
En vérité, pour qu'un ego (même « illusoire » ou « irréel ») puisse tourner toute son attention, toute son énergie psychique vers sa source, vers le Soi (adhyatma), il faut que cette énergie soit puissante et unifiée, libre des pensées, émotions, désirs et peurs habituels (vasana et sankalpa).
L’éveil du Bouddha est, pour une grande part de l’Asie, aussi important que la résurrection de Jésus au matin de Pâques l’est pour les chrétiens. C’est
donc un événement qui intéresse l’univers entier et, à en croire la légende bouddhiste, les dieux eux mêmes, dans tous les royaumes subtils, sont émerveillés.
Marc de Smedt - Oui, chacun de nous peut se transformer
Marc de Smedt nous parle du livre d'Arnaud Desjardins : "Oui, chacun de nous peut se transformer", paru aux éditions Clés / Albin Michel.