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EAN : 9782896941995
221 pages
Alto (22/03/2016)
3.65/5   48 notes
Résumé :
Toute maison a ses secrets, mais aucune ne les protège plus jalousement que l'auguste demeure de la famille Delorme. Avec ses soixante-sept serrures et sa chambre forte où gisent les restes momifiés d'une femme serrant une brique entre ses dents, cette véritable banque privée a toujours tenu à l'abri des regards indiscrets son lot de bien mal acquis, de vices cachés, de rite cruel et de substances illicites. Jusqu'au jour où elle ouvre sa porte à Penny Sterling, un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Séraphin Poudrier, figure de proue de l'avarice et de la cupidité, peut bien aller se rhabiller. À côté de la famille Delorme, il est relégué au statut de piètre amateur. Car, pour ce clan, l'argent est une religion avec ses dogmes, ses rituels et même ses prières. La grande prêtresse en est Estelle Delorme, belle-fille de Prosper, le fondateur, dont l'intransigeance règle chaque geste de cette secte familiale. Tous les membres sont écrasés sous la botte despotique de cette mégère, sauf Vincent, son fils unique qui osera confronter la folie familiale. Et, bien sûr, les agissements criminels de la tribu engendreront des désirs de vengeance . . .

L'auteure nous entraîne dans un monde délirant où chaque nouveau geste d'économie, de rognage sur l'essentiel, de négation du bon sens le plus élémentaire, suscite étonnement, déni et dégoût. Ici c'est l'argent pour l'argent, la thésaurisation comme obsession, l'idée de la dépense comme péché impardonnable, un culte exclusif, démesuré, aliénant. La petite intrigue en filigrane n'a presque pas d'importance tellement l'univers dément dans laquelle elle se déroule a déjà monopolisé toute notre attention, rempli notre soif de découvertes et fourni son lot d'étonnements au-delà de toutes attentes. Une sorte de folie est poussée dans son extrême limite dans ce roman, et j'en redemande.
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Bonjour!
Ce récit raconte l'histoire de la famille Delorme durant 3 générations. le thème principal de ce roman, c'est l'argent. Chaque personnage a un rapport très particulier avec les sous. Les noms des personnages sont des signifiants illustrant l'aspect financier. Ainsi, le patriarche, Prosper, fait construire une chambre dans le sous-sol de la maison pour stocker l'argent familial. À sa mort, son fils, Louis-Dollard, hérite d'une belle somme. Ce dernier voue aussi un culte à l'argent, tout comme son épouse, Estelle, qui épargne sur tout. Elle se confectionne même une étole en fourrure à partir de souris qu'elle a piégées au fil du temps. Louis-Dollard réussit ensuite dans l'immobilier. Un jour, une jeune femme, Penny Sterling, cogne à la porte du domicile familial pour louer un appartement. En guise de preuve qu'elle peut se permettre les paiements du loyer, elle révèle à Louis-Dollard qu'elle a créé un jeu qui lui a permis d'amasser une belle somme. Les Delorme décident de la marier à leur fils Vincent. Toutefois, Vincent et Penny leur réserveront de belles surprises!

J'ai bien aimé ce roman humoristique. J'ai apprécié m'évader dans un univers qui n'était pas tragique. J'ai trouvé certains passages très drôles, comme ce penchant d'Estelle pour le sucre à la crème. Cette femme vaut le détour en matière d'avarice! Elle pourrait bien s'entendre avec notre Séraphin national…

Aussi, les dix commandements de la famille Delorme sont assez spéciaux et comiques.

1.Tu n'auras d'autre dieu que sa majesté.
2 La Pièce Mère et toutes les autres espèces tu honoreras et jamais ne détruiras.
3. Tu te souviendras que l'argent ne pousse point aux arbres.
4. Tu ne garderas aucune menue monnaie sur toi.
5. Tu ne dépenseras point en vain.
6. Tu ne donneras point aux pauvres.
7. Tu ne prêteras point, ni sur gage ni à usure.
8. Tu ne joueras point.
9. Tu n'accepteras point de fausse monnaie.
10. Tu ne convoiteras point les biens vendus en magasin. (p. 165)
De plus, les Delorme ont leur propre prière.

Notre Dollar qui êtes précieux,
Que votre fonds soit crédité,
Que votre épargne arrive,
Que votre versement soit fait
Au Trésor comme aux livres.
Donnez-nous aujourd'hui notre intérêt quotidien,
Et pardonnez-nous nos dépenses
Comme nous profitons des sous
qui nous sont avancés.
Ne nous laissez pas succomber à la spéculation,
Mais préservez notre capital.
Nanti soit-il.
Comme vous pouvez le remarquer, l'écrivaine joue avec des éléments de la religion pour présenter le culte que voue la famille Delorme à l'argent. D'ailleurs, la chambre verte peut faire référence à une chapelle.

J'ai passé un bon moment de lecture et j'ai bien rigolé avec les vieilles filles Delorme (les soeurs de Louis-Dollard) qui se saoulent à l'essence de vanille. L'essence de vanille, dans le bouquin, est composée de 35% d'alcool blanc, un « produit de la distillation »! Comme quoi, il faut profiter de la vie avec ce qui nous tombe entre les mains.

De plus, la narratrice du roman, n'est nulle autre que la maison. Elle nous parle de son sort, des événements qui se déroulent en ses lieux, de la chambre verte, du butin, etc. C'est assez original aussi. Comme elle le soulève :

Sous mon toit, personne ne prononce le mot «Trésor» sans avoir l'impression de violer un tabou. Ce secret est si bien gardé que j'oublie moi-même parfois que j'en suis la dépositaire attitrée. le Trésor est tapi depuis toujours au plus profond de moi, dans un trou où jamais ne l'atteint la lumière qui révélerait sa véritable nature, et j'en suis venue à penser, au fil des ans, que quand il émet dans le noir ses sourds reflets, c'est mon propre coeur qui palpite. Un coeur d'or, il va sans dire, comme l'est le silence. Un coeur fermé, engourdi dans l'oubli, usé par des années de négligence, qui doit sans cesse contenir ses débordements. Car je suis riche des désillusions et des désappointements que j'ai encaissés, j'ai de la rancune envers ces Delorme qui me laissent vêtue de haillons alors qu'une infime parcelle de ce Trésor suffirait à me renipper… (p. 36)

De surcroit, elle apparaît bien capable de se faire entendre et de se mêler à l'histoire des siens!

Bien à vous!
Lien : https://madamelit.wordpress...
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Nous avons tous connu dans notre vie des gens qui vouent un culte de l'argent. La Chambre Verte de Martine Desjardins décrit une famille pour qui l'argent est égal à Dieu, j'ai pensé à une citation du gangster Lucky Luciano ¨ En Amérique Dieu c'est le Dollar Américain¨. Dans ce conte les Delorme vont jusqu'au boutisme pour amasser le plus d'argent ou chaque sou a valeur de vie. La lecture de ce roman qui page après page nous amène dans les fondations d'une famille ou la tentation et le plaisir est vu comme un gaspillage qui s'approche du Mal. Bravo un roman comme on en voit rarement.
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Le récit s'ouvre sur une introduction fort intrigante : des huissiers découvrent un cadavre momifié dans le coffre-fort souterrain d'une maison qui s'avère être la narratrice...

Nous sommes à l'Enclave (au Québec), labyrinthe d'impasses et de ronds-points, banlieue d'une ville modelée par un urbaniste monarchiste sur les lignes entrecroisées formant le drapeau du Royaume-Uni. La maison est celle de la famille Delorme, dont elle (la maison, donc, si vous avez bien suivi) va nous conter la chute... Bâtie par le patriarche Prosper, modeste paysan qui fit fortune grâce à son entêtement à conserver des terrains guignés par une compagnie de chemins de fer alors en pleine expansion -quand tous ses voisins se sont empressés de vendre à la première offre, dérisoire-, elle est ensuite occupée par son fils Louis-Dollard et sa bru Estelle, ainsi que par ses trois filles, aux prénoms et aux marottes plus excentriques les uns que les autres, affectées, sous l'intraitable férule de leur belle-soeur, aux tâches ménagères et à la cuisine.

La particularité des Delorme est d'avoir érigé la pingrerie au rang de religion, le souci de la moindre économie déterminant chaque geste, chaque décision. le sous-sol où sera trouvé le cadavre évoqué ci-dessus est d'ailleurs la chapelle, aménagée par Prosper, où la famille rend hommage au Dieu Argent, et où s'entasse la fortune qu'elle est trop méfiante pour laisser à la banque.

L'arrivée de Pénélope Sterling, nouvelle locataire de l'immeuble dont sont propriétaires Louis-Dollard et Estelle, va sonner le glas de cette stérile opulence. Obsédés par la richesse que la jeune femme doit à l'invention d'un jeu de société, ils n'ont plus qu'une idée en tête : la marier à Xavier, leur fils unique. Bientôt rentré du camp de scouts où il a passé l'été, ce dernier est embarrassé par les peu subtiles manigances parentales. Il faut dire que Xavier n'est pas comme les autres Delorme : c'est un jeune homme simple et ouvert qui montre aussi peu d'intérêt pour l'argent que pour l'épargne. C'est la raison pour laquelle la maison, qui chaque jour se désole de sa décrépitude, est décidée à tout mettre en oeuvre pour qu'il soit son futur propriétaire, car il est le seul susceptible d'engager enfin des frais pour la "renipper".

Je me suis installée dans ce roman pleine de la confiance que me donnaient le plaisir de la lecture de deux autres titres de Martine Desjardins, son ton drôle et sarcastique, et les situations cocasses et caricaturales, évoquant les obsessions secrètes des membres détestables et ridicules de la famille Delorme, ou leurs manoeuvres inventives pour économiser le moindre sou ou le moindre grain de sucre. Mon enthousiasme est malheureusement retombé assez vite, face aux ficelles grossières tissant une intrigue sans réelle surprise, dont on prévoit les rebondissements, il est vrai sans doute intentionnellement annoncés par l'auteur, dans sa volonté de jouer sur le registre d'une horreur à la fois baroque et comique.

Portée par le souvenir de l'envoûtement provoqué par l'originalité troublante de "Maleficium" et de "L'alliance de sel", de cette même auteure, j'avoue avoir eu du mal à y trouver mon compte...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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C'est l'histoire un peu loufoque de la montée puis de la déchéance d'une famille bourgeoise montréalaise qui vénère (littéralement!) l'argent! Une première génération d'entrepreneurs partis de rien travaillent toute leur vie pour créer un empire; une deuxième, bande de séraphins profiteurs, voleurs et égoïstes, se déchire pour l'héritage; et la troisième, composée de jeunes désabusés et vengeurs qui détestent leur famille malsaine, flambe (littéralement!) le magot!

La narration est particulière et originale, car c'est la maison familiale elle-même qui raconte l'histoire de ses occupants. Elle joue même un rôle actif dans les intrigues se déroulant entre ses murs! Les personnages sont exagérés, un peu comme dans un conte, et tous plus détestables les uns que les autres. C'est humoristique et fantaisiste sans être trop léger. J'ai trouvé cette lecture plutôt divertissante!
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critiques presse (2)
LaPresse
04 avril 2016
Un roman glauque qui manie la désinvolture avec brio, aussi léger que sombre.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
30 mars 2016
La chambre verte oscille entre le burlesque un peu caricatural et le fantastique inquiétant. Grossissant les traits de chacun, Martine Desjardins compose une « séraphinade » qui tient plus de la farce que du thriller.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
1.Tu n’auras d’autre dieu que sa majesté.
2 La Pièce Mère et toutes les autres espèces tu honoreras et jamais ne détruiras.
3. Tu te souviendras que l’argent ne pousse point aux arbres.
4. Tu ne garderas aucune menue monnaie sur toi.
5. Tu ne dépenseras point en vain.
6. Tu ne donneras point aux pauvres.
7. Tu ne prêteras point, ni sur gage ni à usure.
8. Tu ne joueras point.
9. Tu n’accepteras point de fausse monnaie.
10. Tu ne convoiteras point les biens vendus en magasin.
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Sous mon toit, personne ne prononce le mot «Trésor» sans avoir l’impression de violer un tabou. Ce secret est si bien gardé que j’oublie moi-même parfois que j’en suis la dépositaire attitrée. Le Trésor est tapi depuis toujours au plus profond de moi, dans un trou où jamais ne l’atteint la lumière qui révélerait sa véritable nature, et j’en suis venue à penser, au fil des ans, que quand il émet dans le noir ses sourds reflets, c’est mon propre cœur qui palpite. Un cœur d’or, il va sans dire, comme l’est le silence. Un cœur fermé, engourdi dans l’oubli, usé par des années de négligence, qui doit sans cesse contenir ses débordements. Car je suis riche des désillusions et des désappointements que j’ai encaissés, j’ai de la rancune envers ces Delorme qui me laissent vêtue de haillons alors qu’une infime parcelle de ce Trésor suffirait à me renipper…
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Notre Dollar qui êtes précieux,
Que votre fonds soit crédité,
Que votre épargne arrive,
Que votre versement soit fait
Au Trésor comme aux livres.
Donnez-nous aujourd’hui notre intérêt quotidien,
Et pardonnez-nous nos dépenses
Comme nous profitons des sous
qui nous sont avancés.
Ne nous laissez pas succomber à la spéculation,
Mais préservez notre capital.
Nanti soit-il.
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Peut-être qu'en d'autres circonstances et en d'autres lieux, les billets de banque sont des papiers inoffensifs, une simple monnaie d'échange entre les deux parties d'une honnête transaction. Pas ceux-ci. Ils croupissent depuis si longtemps dans cette pièce qu'ils ont absorbé le sens perverti de l'économie des Delorme, leur avarice, leur goût du lucre, leur cupidité. Par leur immobilité, ils ont acquis une telle force d'inertie qu'ils résistent à toute tentative d'être dépensés et à leur contact, on se sent pris d'un besoin irrationnel d'accumuler et de thésauriser.
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— Je ne connais pas meilleur usage aux dollars que l’accumulation.
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