Citations sur La vie d'Andrés Mora (10)
Ce qui est commode avec les séries, c’est que ça fournit des sujets de conversation sans risques. On parle des personnages comme s’il s’agissait d’amis intimes – ce qui évite de dauber sur nos amis non virtuels. On a quand même fini par dire du mal de Fred – on le connaît depuis la fac – qui gagne trois fois plus de fric que nous deux réunis. Ça nous a revigorés. Du coup, on a commandé deux pintes.
Je consomme beaucoup de séries. En V.O. Beaucoup trop, en ce moment. Fascinantes brillantes, gore… médiocres, niaises, gavées de bons sentiments… ou glauques, retraçant des histoires de pervers psychopathes inspirées de faits divers épouvantables… Addictives séries.
Trop de bretzels et trop de séries. Ma favorite reste Breaking Bad. Je me suis attaché à Walter White.
Ferais mieux de lire.
Mon manuscrit a coulé, à pic. Si on jette une lettre, elle flotte, comme une bouteille à la mer. Un jour j’ai écrit, sur une feuille de papier blanc, quelque chose que je désirais intensément, j’ai plié la feuille en quatre,puis en huit et je l’ai jetée dans la Seine, depuis le pont Sully et je l’ai regardée flotter et dériver au gré du courant, jusqu’à ce que je perde de vue la minuscule tache blanche.
Non, pas Margot, c’est fini avec Margot. Et il me racontera Juliette. J’écouterai ses confidences d’imbécile heureux avec une pointe de jalousie. Je lui conseillerai de penser au titre la prochaine fois qu’il baisera avec Juliette. On trinquera. À nous, à nos livres, à l’amour, à la littérature,
à la vie.
J’y arrive pas. J’arrive plus à lire.
Écrire ? Inutile d’essayer.
Y a comme un grand courant d’air à l’intérieur de moi.
Un méchant vide que rien, ni personne, ne peut remplir.
Ça part du bide, remonte l’œsophage et le gosier pour envahir les combles, dans le
cerveau, et ça souffle en permanence.
Ça souffle et ça ricane, aussi.
Il ne me regardait pas mais sa présence était bienveillante, comme s’il veillait sur moi. Je n’osais pas bouger. Je l’observais, je le trouvais beau et fatigué. Vieux et beau mais pas vieux beau. Les grands écrivains sont plus beaux vieux que jeunes.
Ils sont très bien photographiés, faut dire.
Le soir, on a baisé avec beaucoup d’ardeur – ça faisait un bail… Apparemment ça l’excite,de se retrouver avec un inconnu dans son lit.
Elle était merveilleuse, Juliette, mais j’ai passé l’âge de me faire gourmander par une cheffe scoute. Je vais te dire : plus je vieillis, moins j’aime les femmes autoritaires.
C’est comme ça. Y a rien à regretter. Je ne vis pas dans le passé, moi. C’était mieux avant. Non ! Enfin si, peut-être, mais tant pis. Le monde change. C’était mieux avant. Faut pas dire ça. Faut aller de l’avant, Benoît
Cardan.
Je pense souvent à Antoine. Il me manque. Je ne le reconnais pas. Tout ce qui me troublai m’excitait, me touchait en lui… sa fragilité, son manque de confiance, sa naïveté…
Tout ça s’est évaporé.