Les enfants perdus de Saint-Félix

Je dois la découverte de cet auteur à la « masse critique » de Babélio et je remercie l'éditeur pour sa participation à cette opération.
Le sujet est sensible et certes, il a déjà été traité, mais il reste cependant toujours douloureux pour le peuple espagnol. En effet il s'agit des agissements des catholiques pendant la dictature franquiste, qui enlevaient les nouveau-nés des républicains pour les « vendre » à de « bons » espagnols, partisans du caudillo. Cette pratique a malheureusement continué au-delà de la dictature et laisse aux familles qui ont eu un enfant déclaré mort-né pendant cette période, un traumatisme indélébile et pour certains d'entre-elles le souci de la vérité.
Le thème de ce roman est traité sur deux plans et sur deux époques. L'un pendant la sainte inquisition qui relate des disparitions au bénéfice de la noblesse en mal d'enfants mâles et donc d'héritiers, l'autre à l'époque actuelle. Les deux intrigues se rejoignent autour de la victime d'aujourd'hui. Les deux intrigues sont relatées de façon alternative mais aucune confusion néanmoins ni entre les personnages, ni entre les époques, tout ceci est clairement délimité dans la narration. Ce qui m'a dérangée quelque peu c'est paradoxalement le trop grand souci de précision de l'auteur. En effet, tant pendant l'inquisition de que nos jours, la méticulosité du romancier, ancien policier et la profusion de détails s'apparentent d'avantage à du journalisme d'investigation qu'à un roman policier et des descriptions superflues écartent le lecteur du fil conducteur et de l'essentiel. C'est sans doute pourquoi la copine de policier qui l'accompagne dans son enquête est journaliste. Dès lors le récit est moins percutant, moins intense et quelque fois on peut s'ennuyer.
L'environnement religieux du personnage du policier, prêtre défroqué mais néanmoins encore grand serviteur de l'église m'a semblé aussi un peu superflu. Ô lecteur de cette chronique n'en tirez pas de jugements trop hâtifs, il s'agit bien de mon avis et de ma sensibilité très peu religieuse pour ma part.
En conclusion un sujet sensible encore de nos jours, hyper-documenté, traité en référence à des pratiques historiques déjà connues au moyen-âge, par un duo où le policier est encore imprégné de son rôle religieux et qui découvre ses origines au cours de l'enquête, avec sa copine qui nous fait découvrir la grande hypocrisie qui entoure cette actualité, où l'on ne frémit pas du tout avec les protagonistes et où l'on comprend très vite la vérité sur les origines biologiques de Kévin.

Merci à Babelio et aux Éditions TDO qui m'ont permis de recevoir ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.

L'histoire se passe dans deux époques à la fois, de nos jours et en 1332. Ma préférence va clairement à celle de 1332. le lien entre les deux est très très indirect, ne vous attendez pas à ce que les actions des acteur.trice.s de jadis influent sur celles de celleux d'aujourd'hui.
D'ailleurs, les transitions entre les deux époques ne sont pas toujours faites au bon moment, le fait de nous laisser sur un suspense, même petit, à presque chaque transition devient rapidement assez lourd. C'est certes une façon de faire assez habituelle mais je l'ai ressentie trop maladroite.

Les personnages sont bourrés de défauts mais au lieu de les rendre plus humain et accessible ça aurait plutôt tendance à en faire des êtres insupportables.
Le chanoine Firmin Baldit a relativement raison sur bien des points mais sa misogynie et son arrogance lui font perdre beaucoup de points de sympathie. Presque à chaque fois qu'on arrive enfin a oublier qu'au fond c'est loin d'être un type cool et qu'on se met à espérer qu'il puisse mener à bien sa mission il sort une nouvelle réplique désobligeante à souhait.
Kévin Normand, le flic chargé de l'affaire se déroulant à notre époque, a une personnalité qui m'a assez vite gonflée aussi, ses petits secrets, son refus systématique de se livrer, il y a un moment où ça lasse. On a l'impression qu'il ne fait pas confiance à sa copine alors qu'il a quand même quitté sa vie d'ecclésiastique pour elle. On pourrait s'imaginer qu'elle est la personne sur qui il sait qu'il peut compter, non? Et encore que si ça évoluait au fil des pages je pense que ça passerait plutôt bien mais il ne semble pas avoir changé d'un pouce à ce sujet entre la première et la dernière page, et rien ne laisse supposer que ce changement est ou sera bientôt en cours.

L'histoire en elle même est en revanche très réaliste dans le sens où il n'y a pas de gentil, pas de héros, même pas de bien en fait. le problème c'est qu'il est du coup assez difficile de se ranger du coté de quelqu'un. Illes ont tou.te.s leur torts et leurs raisons, ce qui en règle générale est plutôt une chose que j'apprécie mais là, et je ne sais pas pourquoi, la balance a plutôt eu tendance à pencher majoritairement du coté des défauts pour tout le monde.
La chose que, d'après moi, cette lecture tente de nous inculquer c'est qu'il ne faut être ni trop innocent ni trop gentil, au risque de se faire bien baiser. Ce n'est pas franchement une morale hyper joyeuse. Bon, c'était peut-être le but de l'auteur, hein, mais c'est un peu frustrant et surtout je n'ai malgré tout pas l'impression que ce soit la morale qu'il ait voulu donner.

D'ailleurs ça m'amène à un autre point, la fin.
Sans vraiment la spoiler (mais un peu quand même, donc ne lisez pas si vous pensez lire ce livre un jour) je pourrais simplement dire que je ne l'ai pas aimée mais je vais aller un peu plus loin.
L'auteur est un ancien flic, et si j'en crois ce roman, être flic c'est frustrant. L'enquête n'est nullement terminée à la fin du roman. Alors oui le méchant est mis hors d'état de nuire dans une des époques, mais ses complices et surtout sa hiérarchie n'ont absolument pas à s'en faire. Des informations importantes ont été révélées mais, comme dans le vrai monde, les hauts placés ne risquent strictement rien.
Avoir travaillé dans la police peut-être un avantage pour un auteur, pour aider les lecteurs à comprendre comment une enquête se passe réellement ou encore pour apporter un cachet plus réaliste à l'histoire mais ici je dirais qu'il s'agit du plus gros défaut de cet écrivain. A vouloir être trop réaliste on en oublie qu'une bonne histoire à souvent besoin de se nourrir d'un peu d'imaginaire.
Vouloir nous montrer que le monde est injuste est une ligne éditoriale comme une autre mais je trouve que ça se marie assez mal avec une enquête policière. Quand je lis un thriller j'espère avoir droit à une fin, elle peut être bonne ou mauvaise, ça n'est pas le plus important, mais elle doit être là. Si je veux voir la justice faire n'importe quoi, les méchants s'en sortir et les flics faire une dépression j'ouvre un journal, pas un roman.

Je ne peux pas classer ce roman dans les flops complet parce qu'il n'est pas non plus désagréable à lire, mais il a, à mon avis, de trop gros défauts pour me laisser un souvenir sympathique.

Lien : http://www.kobaitchi.com/arc..

Une belle découverte

Lu dans le cadre du challenge " masse critique", j'ai été agréablement surprise par ce roman policier sur fond de drame.
Tout d'abord, l'intrigue en elle même est prenante, de plus étant de Montpellier j'ai apprécié toutes les références à cette ville et aux environs.
Ensuite, les personnages sont originaux, le héros mi policier mi diacre est atypique, on sait qu'on va aller dans la confrontation entre la conscience morale et religieuse et son travail de flic.
Petit bémol, j'ai moins apprécié le personnage de Charlotte, qui pour moi n'apporte rien à l'histoire.
J'ai adoré que l'auteur nous tiennent en haleine à chaque fin de chapitre, il nous oblige à continuer la lecture, il faudrait être maso pour s'arrêter en plein milieu.
Mais ce qui m'a plus plu dans ce livre, ce sont les chapitres dont l'histoire se déroule pendant le moyen-âge. J'ai tout simplement adoré et j'attendais ces chapitres avec impatience. Les personnages sont fascinants et on sent bien que l'auteur a fait un énorme travail de recherches historiques. On apprend, on tremble, on rigole, ces chapitres sont pour moi, la réussite du livre. Quel brio d'avoir fait planer sur ces pages le spectre de l'Inquisition: On tremble pour le héros à chaque page.au delà des nombreuses connaissances historiques que nous apporte ce roman, il y a aussi énormément de références dans les scènes qui se déroulent dans le présent et ça aussi j'ai apprécié: Comme par exemple les références à l'affaire du juge Garzon.

En bref, une très bonne lecture, efficace et ludique, le petit bémol pour moi, c'est que l'histoire du héros est assez vite décelable, on devine assez rapidement dans le bouquin, ce qu'il en est.
Mais je conseille vivement ce livre très bien écrit, qui se lit très facilement et qui est très bien rythmé.