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Citations sur La fabrique du crétin digital (135)

D'un point de vue strictement épidémiologique, la conclusion à tirer de ces données se révèle assez simple : les écrans sont un désastre. Toute maladie qui afficherait le même pedigree (obésité, troubles du sommeil, tabagisme, difficultés attentionnelles, retards de langage, dépression, etc.) verrait une armée de chercheurs se lever sur sa route. Rien de tel concernant nos lucratifs joujoux digitaux. Juste, de-ci de-là, quelques timides mises en garde et appels à une « vigilance raisonnée ».
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Bref, le cerveau humain s'avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu'à une présence humaine effective. C'est pour cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d'un être de chair et d'os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine.
(page 258)
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Dans un superbe ouvrage, ce professeur de lettres (Jean-Paul Brighelli), normalien et agrégé, montre avec brio que le système pédagogique a récemment été réorganisé pour produire "une main- d'oeuvre bon marché, mise en concurrence avec un sous-prolétariat exotique, (...) formée à une tâche précise, et surtout débarrassée de la culture globale qui lui permettait, jadis, d'analyser le système, de se représenter dans ce système - et, in fine, de le critiquer. (...) Notre société a compris qu'il était de toute première importance de fabriquer les personnels acculturés dont le marché avait besoin. (...) Le rêve de l'industriel, c'est l'ilote, l'esclave sans conscience des sociétés antiques, le Crétin des sociétés modernes.
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Toujours aux États-Unis, nombre de cadres dirigeants des industries digitales font d’ailleurs très attention à protéger leurs enfants des divers « outils numériques » qu’ils vendent et développent. Ces geeks sont également nombreux à inscrire leur descendance dans de coûteuses écoles privées dépourvues d’écrans. Comme l’explique l’un de ces visionnaires de la Silicon Valley, « mes enfants [6 et 17 ans] nous accusent ma femme et moi d’être des fascistes et d’être outrageusement préoccupés par la technologie, et ils disent qu’aucun de leurs amis n’a les mêmes règles. C’est parce que nous avons vu de première main les dangers de la technologie [...]. Je ne veux pas que cela arrive à mes enfants ». Conclusion du journaliste, docteur en sociologie, Guillaume Erner dans le Huffington Post : «  La morale de l’histoire, la voilà.
Livrez vos enfants aux écrans, les fabricants d’écrans continueront de livrer leurs enfants aux livres. »
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L'atteinte faite au langage dépasse largement le cadre des évaluations académiques formelles. Elle s'incarne aussi dans la « vraie vie ».

En ce domaine il apparaît ainsi, par exemple, que les enfants d'aujourd'hui sont incapables d'absorber les ouvrages de la « Bibliothèque rose » que lisaient aisément leurs ascendants dans les années 1960-1970.

Pour ne pas condamner Fantômette et Le Club des Cinq aux oubliettes, nos amis éditeurs ont dû se lancer dans une vaste opération de réécriture.

Ainsi, entre l'édition originale du " Club des Cinq et le trésor de l'île" de 1962 et celle de 2006, la longueur du texte a été réduite de 45 % et le nombre de mots uniques de 42 % !

Tout est désormais court et concis. On ne précise plus « le pique-nique marqua une halte agréable, dans un cadre champêtre à souhait » ; on écrit « la famille s'arrête pique-niquer en haut d'une colline ».

Fini le passé simple, les mots sortant de l'ordinaire, les formes irrégulières, les descriptions fécondes : trop compliqués...
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.. après quelques bla-bla d'usage sur les bienfaits du numériques, la discussion (avec une personnalité politique française porteuse de plusieurs mandats nationaux) s'est à peu près passée de la façon suivante :
Moi : Toutes les études montrent un affaissement majeur des compétences cognitives de ces jeunes, depuis le langage jusqu'aux capacités attentionnelles en passant par les savoirs culturels et fondamentaux les plus basiques. ...
Lui : On parle d'économie de la connaissance, mais c'est minoritaire. Plus de 90% des emplois de demain seront peu qualifiés, dans l'aide à la personne, les services, le transport, le ménage. Il ne faut pas pour ces emplois des gens trop éduqués.
Moi : Alors pourquoi les emmener tous à Bac+5 si c'est pour qu'ils finissent vendeurs chez Décathlon ?
Lui : Parce ce qu'un étudiant ça coûte moins cher qu'un chômeur et c'est socialement plus acceptable. On connaît tous le niveau de ces diplômes. C'est pour amuser la galerie. Il ne faut pas être naïf; et puis, plus on les garde longtemps à l'Université et plus on économise sur les retraites.
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La pratique d'un jeu vidéo d'action après les devoirs scolaires altère le processus de mémorisation au même titre que l'exposition répétée aux radiofréquences émises par le téléphone portable.
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Conclusion du journaliste, docteur en sociologie, Guillaume Erner dans le Huffington Post:" La morale de l'histoire, la voilà. Livrez vos enfants aux écrans, les fabricants d'écrans continueront de livrer leurs enfants aux livres"
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Le bon sens souffre des mêmes infirmités chroniques que l'opinion. C'est sur ses cendres que s'est constituée la science.
Le bon sens, c'est ce qui nous dit que la Terre est plate et immobile. Il est l'intelligence de l'ignorant; une intelligence de première intention, forcément trompeuse et mutilée.

Affirmer le contraire, c'est omettre tant la complexité du monde que la grossière partialité des perceptions individuelles.

Ce qui est inacceptable, c'est de confondre opinion, bon sens et expertise. L'expert, n'en déplaise aux démagogues et pourfendeurs de l'élitisme, c'est celui qui maîtrise les savoirs fondamentaux de son champ d'intérêt.

Il faut « penser soi-même » nous dit-on. Qui en doute ? Toutefois, pour livrer ne serait-ce qu'un embryon de pensée pertinente, encore faut-il avoir des connaissances précises sur lesquelles s'appuyer. Penser dans le vide, ce n'est pas penser, c'est divaguer.

Comment quelqu'un pourrait-il, par exemple, parler avec intelligence du réchauffement climatique s'il ne sait rien des sciences du climat ? L'idée même est absurde.

Avant de révolutionner leur domaine, Picasso, Einstein, Kepler, Darwin ou Wegener ont passé des décennies à digérer les travaux de leurs prédécesseurs.
C'est ce patient labeur, et lui seul, qui leur a permis tout d'abord de penser, ensuite de penser par eux-mêmes et enfin de penser autrement.

Alors oui, j'en ai assez de ces spécialistes autoproclamés qui saturent l'espace médiatique de leur verbiage inepte. J'en ai assez de ces lobbyistes abjects, déguisés en experts, qui nieraient jusqu'à la sphéricité de la Terre si cela pouvait servir leur carrière et engraisser leurs intérêts.
J'en ai assez de ces journalistes inconséquents qui tendent plumes et micros vers le premier hâbleur venu, sans se demander si ce dernier connaît effectivement le sujet dont il parle.
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Dans un monde idéal, les journalistes s'assureraient avant de tendre plumes et micros, de la compétence, de l'indépendance et de l'intégrité intellectuelle des spécialistes qu'ils interrogent. Dans un monde idéal, les journalistes cesseraient d'offrir tribune ouverte aux experts dont l'impéritie est par trop évidente. Dans un monde idéal, enfin, les journalistes auraient le temps, en amont, de travailler vraiment leurs sujets afin de pouvoir ensuite repérer les intoxications les plus flagrantes et contredire l'ardeur retorse des lobbyistes déloyaux. Mais le monde n'est en rien idéal. Toujours le temps presse, un sujet chasse l'autre, les émissions se multiplient, les pigistes essorés enchaînent les engagements, les intérêts économiques s'agitent dans les coulisses, les réseaux s'organisent... et au bout du compte les bons petits soldats du numérique continuent, sous couvert d'expertise, à remplir l'espace collectif de leur affligeante propagande.
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