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Critique de VincentGloeckler


Enfin, a-t-on envie de dire, un discours qui ne nous prend pas pour des imbéciles, démonte les mauvais arguties des charlatans du numérique, pseudo-scientifiques ou journalistes peu scrupuleux sur la valeur des preuves, ou des vendeurs de jeux vidéo, et démontre les considérables méfaits de l'extension de l'empire (récent, mais si puissant déjà !) des écrans sur nos cerveaux, le développement et la survie de l'intelligence, notre santé, et, en conséquence, à demi-mots, notre esprit critique, notre culture, notre capacité à vivre ensemble ! Après avoir déjà, magistralement, révélé le désastre causé aussi bien dans les têtes que dans les corps par la télévision, dans « TV Lobotomie », Michel Desmurget fait ici oeuvre de salut public, en avertissant des dangers que font peser les instruments et les contenus numériques sur nos esprits, et, en particulier, ceux de nos enfants. Une démonstration claire, appuyée sur ses propres recherches en neurosciences et sur une connaissance approfondie de la littérature scientifique dans le domaine, accompagnée, dans une première partie, d'un très appréciable travail de démystification à l'encontre de la litanie démagogique et commerciale des apologistes du digital. Et comme notre chercheur n'a pas sa langue dans sa poche, mais possède un vrai sens de la formule, comme il sait, oui, écrire, on dévore cette étude, de plus en plus accablé, au fil des pages, par l'effarant pouvoir de ces écrans, dans leurs usages de distraction, de plus en plus découragé face à la tâche difficile qui s'annonce pour essayer d'en limiter les effets néfastes pour les générations à venir. A l'heure où l'on remplace des heures de français, d'histoire-géographie ou de sciences exactes par un « apprentissage » des « sciences numériques » dans les programmes du lycée, on mesure le boulot de résistance à mener… Et comme Michel Desmurget montre que les principales victimes de la séduction numérique sont les classes défavorisées – rappelant, et c'est bien utile, que les grands industriels et propagandistes du numérique inscrivent, eux, leurs enfants dans des établissements d'élite, censurant les écrans, gardant vivant l'enseignement des sciences classiques et des humanités, sinon du latin et du grec…- , applaudissons aussi la parution d' « Enfances de classe », un ensemble d'études sociologiques, publiées sous la direction de Bernard Lahire (Seuil), montrant que l'école continue à reproduire les inégalités.


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