J'éprouve un attachement très particulier pour
Robert Desnos et son oeuvre poétique, un attachement assez indéfinissable, très singulier.
"
Destinée arbitraire" regroupe des textes édités à petit tirage, aujourd'hui épuisés mais aussi des
poèmes inédits publiés dans des revues à différentes périodes de la vie de
Desnos.
Dans la variété des textes rassemblés ici, j'ai retrouvé cette part belle, généreuse et fraternelle de l'écriture du poète. Une poésie enchantée, insolite, toujours engagée, une écriture marquée par la culture populaire, qui sait s'affranchir des genres, un style qui déplace les lignes, expérimente les possibles pour faire naître un imaginaire vif et débordant.
Dans la poésie de
Robert Desnos, c'est comme si le rêve, l'imaginaire étaient les conditions de la réalité, une réalité toujours en mouvement, toujours à (ré)inventer, une réalité dans laquelle le poète doit trouver les conditions de sa liberté.
La légèreté n'empêche cependant pas la gravité, l'inquiétude. L'évocation dans plusieurs de ses textes de la montée du fascisme, de la Guerre d'Espagne, de l'Occupation et de la Résistance ("Ce coeur qui haïssait la guerre") révèle un homme en prise totale avec son temps.
" Pierre à pierre et pied à pied
Et coeur à coeur et tête à tête
les beaux jours sont passés
Fil à fil et feuille à feuille
Et un à un et seul à seul
Les jours sont beaux et ne passent pas
Grain à grain corps à corps
et côte à côte et main à main
Bien malin qui gagnera la bataille
Pierre à grain et seule à un
Et main à coeur et tête à coeur
L'amour est vaste comme le monde " *
L'homme était fidèle à lui-même, entier dans son écriture, dans ses engagements, dans sa manière de penser, d'être présent au monde. C'est ce qui rend sa poésie si attachante, si précieuse encore aujourd'hui.
(*) Pierre à pierre, extrait de " Youki 1930 poésie ".