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3,48

sur 1452 notes
Bouleversée, révoltée mais surtout choquée ; c'est ainsi que je ferme le livre tant attendu : Baise-moi.

Son sujet. Les femmes. Souvent considérées comme des êtres chétifs, fragiles et naïfs ; la littérature les a souvent peint de la sorte en oubliant que sommeille en elle une incroyable force. Virginie Despentes s'est chargée de mettre en lumière cette force à la fois brutale et poignante par sa fiction mais également et surtout par son style littéraire atypique. Moi-même étant une femme, je me suis jetée à coeur perdue dans ce roman qui nous bouscule, nous chahute et nous empêche parfois de refermer le livre.

Je me souviens encore avoir frissonné en parcourant certaines lignes notamment cet acte – le viol physique ou moral – tournant fatal dans la vie des deux jeunes femmes prénommées Nadine et Manu. Un acte brutal qui vient heurter toute la grandeur, la féminité de l'être. Nous entrons dans le corps de ces jeunes femmes, nous vivons cet acte en leur compagnie. Gênée, je me souviens avoir essayé de sauter quelques lignes mais quelque chose nous en empêche. Quelque chose nous empêche de tourner la page, de passer cette avalanche de violence physique, verbale et littéraire. Qu'est ce donc ? La plume de Virginie Despentes nous retient. Elle fait de nous sa marionnette, s'amusant à nous faire sourire puis soudainement nous chutons.

Habituée à la défense de toute la féminité par des propos aseptisés, nous sommes confrontés à une terrible vérité qui s'échappe des lèvres de Manu. Une vérité qui m'a choqué par tant de véracité. « Ma chatte, je peux empêcher personne d'y entrer, alors je mets rien de précieux à l'intérieur ». C'est cette phrase qui résonne encore aujourd'hui dans ma tête.

Un nouveau féminisme. Celui de la révolte, de la vengeresse assoiffée de sang. Ces deux femmes deviennent sous la plume de Virginie deux figures emblématiques du féminisme moderne. Elles saluent Simone d'un geste de la main pour se hisser à la première place. Les femmes doivent se battre non plus avec des pancartes et des slogans. Non, elles doivent se battre chaque jour contre ceux qui les épient, qui les jugent dès qu'ils voient une paire de jambes … Elles luttent jusqu'à sombrer dans une violence sans nom.

La vie a détruit ce qu'elles avaient de plus beau en elles : l'espoir. Les hommes ont détruit leur idéalisme plus ou moins assumé. Alors, elles décident de reprendre les rennes et nous les suivons. Compagnon de route de ces criminelles, nous les accompagnons dans leur égarement, durant leurs crimes sanglants. Nous ne sommes que témoins. Nous ne pouvons les empêcher, les raisonner … En avons-nous seulement envie ? Là est la question ! Leurs crimes ne sont-ils pas compréhensibles ? Avoir vécu de telles horreurs peut-il « justifier » leur transformation en meurtrières ?

Perdue dans mes valeurs, perdue dans mes pensées, je suis en train de me surprendre à m'attacher à deux criminelles. Je me surprends à accélérer ma lecture pour connaître leur fin, la fin.

J'ai sombré dans l'obscurité, je me suis laissée enlacer par leurs Ténèbres. J'ai assisté à un déferlement de cruauté et pourtant … je suis prête à y retourner.

Virginie Despentes nous a peint l'humanité dans son côté le plus sombre. Certains diront que le langage châtier, les personnages avides de plaisir sous toutes ces formes sont caricaturés … je leur répondrais que Virginie Despentes ne fait que peindre son siècle, notre siècle. Elle pointe du doigt ce que nous ne voulons pas voir, elle pointe du doigt ce qui nous fait peur, ce qui se cache dans l'ombre : la noirceur de l'Homme.

Un livre que je recommande aux femmes qui en ont marre des clichés de la femme parfaite, douce, sensible. Je le recommande à toutes celles qui ont eu, une fois dans leur vie, envie de se lever et de crier « STOP ». Je le recommande à ceux qui aiment se laisser porter par une plume acerbe, sarcastique et pourtant poétique.


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Lu ce livre dès sa sortie, j'ai été témoin du lent processus de reconnaissance par ses pairs de cette auteure atypique s'il en est qu'est Virginie Despentes.
On a le même âge... On a des atomes crochus.... J'ai toujours aimé les couilles de cette fille...
Et en 97 quand ce bouquin est sorti, j'ai cru avoir rencontré mon alter-ego psychique... Elle, elle osait publier les trucs cheloux qui trainaient dans sa tête... Comme un Bukowski mixé avec du Djian mixé avec du Vernon Sullivan, mixé sur une bande son hard-core punk... Blam ! J'avais trouvé ma déesse littéraire punk... J'étais in love direct avec cette Viriginie déjantée...
Maintenant que dire sur l'histoire qui n'ait pas été déjà dit...?
Le résumé : deux filles qui n'en peuvent plus de leur vie de merde, qui n'en peuvent plus de subir le joug du mâle dominant, de la société dominante et répressive, ces deux filles sans foi ni loi partent pour un road-trip sanglant qui les mènera jusqu'à leur fin...
Rien de nouveau sous le soleil, comme un air de déjà-vu - Thelma et Louise était dans l'air du temps...- mais là, la Louise et la Thelma, elles prennent un sacré coup de chaud ! Fini les bons sentiments ! Fini les bizounours ! Faut qu'ça saigne, bien fort.
Un livre punk par excellence, no future, no way, for no good reason, personne ne sortira d'ici vivant ! Un livre d'une grande violence défoulatoire.
Adapté au cinéma (le film a fait grande polémique, et continue à ce jour d'avoir des problèmes de diffusion) par Coralie Trinh Thi et Virginie Despentes, le film reflète assez bien l'ambiance du livre, très dur. J'ai personnellement préféré le livre, car entre voir et imaginer, je préfère toujours le travail de mon esprit, très bon metteur en scène...
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Baise-moi est le premier livre que je lis de Virginie Despentes. Comme l'indique le titre, je ne m'attendais pas à un livre qui parle de Bisounours et d'une histoire belle et rose. En effet, ce récit ce veut choquant, dérangeant ... Ceci est l'histoire de deux filles complètement paumées dans leur vie qui se rencontrent et décident ensemble de pimenter leur vie en tuant tout les gens qu'elles ne peuvent pas supporter et parfois même juste par plaisir de tuer en mélangeant avec cela beaucoup de sexe car pour elles, le sexe c'est le plus important. Et on sait déjà dés le début du roman que tout cela va mal finir mais on ne sait juste pas comment.
Mon avis sur ce livre est mitigé, il n'est ni bon ni mauvais, l'écriture de Virginie Despentes est simple et direct , ce qui fait que ce roman se laisse facilement lire et ne traîne pas en longueur. Ma curiosité me pousse à lire d'autres livres de cette auteure...Affaire à suivre.
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Clap de début.
Prendre la route, un mot de Dostoïevski en tête, la première phrase, « Et parce que tu es tiède, et que tu n'es ni chaud ni froid, je te vomirais par ma bouche ».
De bon augure.
Manu et Nadine. Une tuerie, l'équipée sauvage.
Violente.
Ça va saigner, ça va gerber.
Une balle dans la tête.
Urgence des maux.

Urgence du sexe.
De ma queue dans ta bouche, de mon foutre dans ton sourire.
Sauvage, sexe dure. Violence des mots.
Les yeux fermés, une claque dans la gueule.
Wake up.
Sombre histoire.
Prends ce flingue, le sang coule sur la poussière du tapis
D'un hôtel miteux de bord de mer hors-saison.
Une balle dans la tête, tu lui as mis.
Avec envie.
Avec plaisir.
Avec jubilation.
L'urgence, malsaine.

Lèche-moi. Suce-moi. Mords-moi. Baise-moi. Sans concession.
Retourne-toi et regarde ces cadavres qui parcourent cette vie de merde.
Aucun espoir. le noir total, le rouge sang, le blanc foutre.
Les couleurs se déchaînent, se déversent sur le bitume, le sang coule, corps qui tombent, sourire éteint des uns, sourire malin des unes. Fout le camp avec ton beau sourire de Play-boy, déchire cette page de ta vie. Sous l'oeil du réverbère ou de la lune, une détonation, fulgurance de l'instant, la rage, une balle dans la tête. Putain, il s'est chié dessus. Putain, je me retourne et je gerbe dans le pot de fleur. Mon âme poétique.

Que dire de plus d'un tel univers, apologie de la violence et du sperme qui s'écoule de ta bouche. Les bas déchirés, tu navigues, erres comme une errante sans but, juste la brutalité des rapports humains. Rape me, Virginie, je crie huit fois. Baise-moi, je hurle sept fois. Une claque dans la gueule, comme on reçoit un coup de poing dans les tripes, un coup de pied dans les couilles, une balle dans la tête.
Clap de fin.
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Quand ce livre est sorti, le titre m'a autant attirée pour son côté subversif et que rebutée pour sa facilité. C'est donc très curieuse que j'ai ouvert ce roman qui nous entraîne dans les vicissitudes de deux jeunes paumées. Prostitution, films X, petits casses, représailles sanglantes, elles traversent une vie dénuée de tout futur.
Je voulais voir, j'ai vu... Ce roman, qui a au moins l'avantage de se lire facilement, est une succession de clichés neo punk sans réel propos, de la provocation gratuite. Comme dit très justement l'un des personnages : "Nous on est plus dans le mauvais goût pour le mauvais goût , tu vois...". Tout est dit. J'ai eu beaucoup de mal avec cette lecture sans but. Alcool, sexe, drogue, meurtre, d'accord, mais pourquoi ? Si l'intention était que ce livre soit le reflet parfait de la vacuité de la vie de ces personnages, alors c'est réussi.
Un dernier mot sur un détail qui m'a agacée dès que j'ai ouvert le roman : la citation en tête du premier chapitre signée Fedor Mikhaïlovitch D. Euh... écrire Dostoïevski en entier, c'était trop long ?
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Beaucoup ont apprécié ce livre de Virginie Despentes.

Moi, je fais partie des autres .

Pas bégueule, non !

Ne suis pas sortie, non plus, "de la cuisine à Jupiter" comme disait Coluche.

Mais là, vraiment, en matière de vulgarité - de grossièretés - de violences - viols - meurtres gratuits en cascade - alcool - sexe - drogue ; tout y passe.

Ce livre (si c'était un journal je dirais : ce torchon) !

Un trou à rats, sordide, sale, dégoulinant de stupre où l'autrice se complaît à nous entraîner et à nous rouler dans la fange.

Comme a dit dans sa chronique "valeriemafrica" : ce livre est à chier !

Je dirais même à vomir !
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Lecture dans le cadre du challenge plumes féminines 2018, j'ai choisi ce roman pour cocher l'item « un livre qui a fait scandale ou qui a interpellé l'opinion publique ».
Paru en 93, je pensais que le côté subversif du roman aurait sans doute souffert du passage des années. Il n'en est rien.
Narration détachée de la rencontre de deux victimes, Manu et Nadine, qui décident un jour de passer du côté des bourreaux, ce récit est un concentré de scènes glauques, choquantes, perturbantes.
Je saisis bien la rage, la fêlure, ce point de non-retour atteint par les deux héroïnes de ce road trip sanguinaire et sans issue mais en choisissant la provocation toujours plus forte, en décidant de franchir allègrement toutes les limites, Virginie Despentes a fini par me dégoûter de ce que je lisais.
Peut-être que c'était le but, à vrai dire je n'en sais rien et je n'ai même pas envie de me poser la question.
La seule chose dont je suis certaine c'est que ce livre n'était pas pour moi.

Challenge Plumes féminines 2018
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Même si je ne suis pas fan des livres audio, j'essaie de temps en temps de me laisser tenter. Ce titre me faisait de l'oeil depuis un moment mais je n'avais pas spécialement envie de le lire, le truc carrément paradoxal ! du coup, la version audio était parfaite.

Ne voulant pas reproduire cette sensation de passivité que j'avais vécu avec d'autres livres audio, cette fois j'ai décidé d'accompagner mon écoute de la couverture au tricot que je suis en train de confectionner ! Et là, l'expérience a vraiment été beaucoup plus agréable.

Lorsque je lis, je suis complètement dans ma lecture, je feuillette le livre et je m'immerge plus facilement. Ici, j'ai besoin de faire des pauses régulièrement, pour ne pas décrocher. Maximum 1h d'écoute et la pause s'impose.

La voix de Rébecca Chaillon se prête bien à l'intrigue, légèrement rauque, j'ai trouvé qu'elle avait la voix idéal pour lire ce livre. Une voix atypique pour un livre tout aussi atypique.

Despentes signe avec « Baise moi » son premier livre, paru en 1993 et disponible chez Audible et c'est déroutant, trash, terrible et malgré le nombre d'années, terriblement moderne et d'actualité.

C'est drôle d'entendre évoquer le RMI, les francs et la prise du téléphone, le walk man… Pourtant ce livre reste très moderne aux accents très actuels.

Première écoute de livre où j'accroche vraiment, j'ai tout aimé, le livre, la voix, l'intrigue.

En bref, c'est un roman à découvrir, car sous couvert d'une plume trash sans concession, l'auteure ne se met aucune limite, ses personnages sont des héroïnes sous le vernis de la fragilité, elles font face à la violence et vont rendre coup pour coup et dent pour dent, ce qui leur a été fait.

Un livre écrit par une femme qui, si elle était un homme, on dirait d'elle qu'elle a une sacrée paire de couilles ! Il faut remettre dans le contexte des années 90 ce livre, et il fallait oser !
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Une belle histoire aussi bien que le film, mais dommage qu'il y est trop de descriptions sur les meurtres et pas assez sur les scènes de sexe. Un bon mélange de genre
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J'ai emprunté ce livre sans regarder de quoi il en retournait : j'avais déjà lu Virginie Despentes il y a de cela plusieurs années et j'avais envie de découvrir un autre roman. Je l'ai écouté en livre audio, un aspect plutôt intéressant pour ce récit.

Dans cette histoire, nous allons suivre deux femmes cabossées par la vie, qui ont décidé de ne plus se laisser faire et de faire ce qu'elles souhaitent. Lorsqu'elles se rencontrent, Manu et Nadine décident de commettre des braquages, des vols et des meurtres. Armées, elles vont s'amuser à effrayer les gens et à les tuer sans état d'âme, continuant de rouler et de s'enfuir à travers le pays.

Je sais que Virginie Despentes a la réputation d'être "vulgaire" : elle ne mâche pas ses mots et ses romans ne font pas dans la dentelle. C'est bel et bien le cas de Baise-moi, qui parle de prostitution, de films pornos, de masturbation, mais aussi de ces deux jeunes femmes qui explosent la gueule de quelqu'un juste parce que cette personne se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est une écriture sans concession, qui secoue les lecteur•rices, et qui, en effet, m'a un peu remuée.

Je n'ai pas bien su quoi penser de Manu et de Nadine. J'éprouvais de la compassion pour elles et ce qu'elles avaient vécu, mais je n'ai pas réussi à vraiment m'attacher aux personnages. J'ai été vite gonflée par la vulgarité de Manu et je ne comprenais pas la plupart de leurs actes de violence qui étaient totalement gratuits.

En revanche, j'ai adoré suivre ce road trip sanglant pour l'amitié fusionnelle entre Nadine et Manu. C'était assez fascinant de voir l'évolution de ces femmes. Si j'ai eu beaucoup de mal avec le style d'écriture, j'ai quand même trouvé ce récit assez intéressant parce qu'il est audacieux et original.
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