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EAN : 9782246826514
352 pages
Grasset (17/08/2022)
  Existe en édition audio
3.29/5   2623 notes
Résumé :
C'est une suite de lettres entre amis qui se sauvent la vie. Dans ce roman épistolaire, Virginie Despentes revient sur le thème qui unit tous ses livres - comment l'amitié peut naître entre personnes qui n'ont à priori rien à faire ensemble.
Rebecca a dépassé la cinquantaine, elle est actrice, elle est toujours aussi séduisante. Oscar a quarante-trois ans, il est un auteur un peu connu, il écoute du rap en essayant d'écrire un nouveau livre. Ils sont des tran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (372) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 2623 notes
Rentrée littéraire 2022 # 12 °°°

Ça démarre par un post instagram injurieux. Oscar, écrivain qui a eu son heure de gloire, dézingue le physique de Rebecca, actrice culte quinqua dont le physique de bombe sexuelle a très mal vieilli selon lui. La réponse de Rebecca est cinglante : « Cher connard (...) j'espère que tes enfants crèveront écrasés sous un camion et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que leurs yeux gicleront de leurs orbites. » S'ensuit un surprenant – presque utopique - échange épistolaire qui prend de l'ampleur lorsqu'Oscar se fait metooïser ( pour harcèlement sexuel ) par son ancienne attachée presse, Zoé Katana, désormais à la tête d'un blog féministe très suivi sur les réseaux sociaux.

Virginie Despentes a le sens des formules et sent incontestablement l'époque. le personnage de Rebecca, flamboyant mauvais sujet, jubilatoire avec son humour trash et cash qui ne s'excuse de rien ( difficile de ne pas penser à Béatrice Dalle ) offre les meilleurs passages, c'est elle dont on attend la voix et l'entend le mieux, c'est avec elle que le fun arrive et qu'on se marre.

Après un démarrage drôle et punchy, j'ai cependant trouvé que le récit s'amollissait jusqu'à un certain assoupissement, comme si la forme épistolaire, telle qu'elle est utilisée par l'autrice, était responsable de cette mollesse. Les lettres que s'envoient Oscar et Rebecca sont très longues et tournent vite aux monologues statiques qui auraient plus leur place dans un essai. Il manque de la vivacité à leurs échanges, ainsi que des volte-face toniques.

Clairement, ça ne décoiffe pas assez. Les thématiques abordées sont très nombreuses ( les divisions du féminisme, MeToo et harcèlement sur les réseaux sociaux, patriarcat et capitalisme, les transfuges de classe, addictions à la drogue dure et à l'alcool, Narcotiques anonymes, COVID et confinement ). Leur traitement en saillies fourre-tout laisse malheureusement peu de place à autre chose que du survol déjà-lu même s'il y a d'excellents paragraphes.

En fait, la radicalité de Despentes ne réside pas là où on l'attendait. Sa radicalité naît dans la façon dont elle conduit le dialogue entre Oscar et Rebecca, puis avec Zoé. Dans Cher Connard, on ne se lève plus et on ne se casse plus, on se parle, on discute et on concilie. Rebecca et Oscar vont devenir amis.

A une époque usée et irrémédiablement divisée par l'hystérie de débats sans fin où chacun milite fanatiquement pour sa propre parole, où chacun est convaincu d'être du bon côté de la morale, aveugle et sourd à la parole de l'autre, ça fait un bien fou de voir un homme et une femme a priori irréconciliables s'accompagner pour évoluer, grandir, apprendre à comprendre l'autre en osant tomber le masque. Ça fait du bien de voir un personnage masculin s'interroger sur sa masculinité au point d'être désormais capable de changer de perspective et de se mettre à la place de la femme qu'il a harcelée.

C'est peut-être cela qui est le plus subversif venant de quelqu'un comme Despentes : que le salut des personnages féminins ne viennent pas d'un refuge dans la sororité ou dans un féminisme consolateur, ici présenté comme éclatée en chapelles rivales se taclant les unes les autres. On devine qu'elle a mis beaucoup d'elle dans ces personnages, féminins comme masculin, bien loin d'une guerre des sexes stérile. Loin d'être fadement consensuel, c'est l'ode à l'amitié homme-femme qui m'a semblé le propos le plus intéressant, surprenant et radical de ce roman parlant avec justesse des paradoxes de notre époque.
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Chronique https://www.youtube.com/watch?v=gaQQSGMfNa0&t=331s

Avant de commencer, j'avais plutôt des a priori négatifs, le battage médiatique des parutions très attendues a tendance a me mettre dans des dispositions méfiantes. Mais j'ai lu aussi un édito vite fait de Transfuge qui a remis la balle au centre :

« Despentes, c'est Sandrine Rousseau, Mathilde P[a]not, Alexis Corbière et Raquel Garrido réunis. La belle équipe. le bel esprit de notre époque. Elle les a écoutés attentivement le soir à la télé, sur les chaînes d'info, a récupéré toutes leurs idées, et en a fait un livre. […] Elle récupère toutes les idées de notre époque, tendance gauchiste, les broie dans sa langue parlée, leur donne du rythme, du punch, les fait prononcer par trois pantins»

Je trouve que transparait dans cette article une haine de la personne de gauche assez palpable et hors de propos, (surtout que ce sont des sujets médiatiques dont se gargarisent les émissions type Quotidien, Konbini, Brut et que ne renierait pas Macron, du moins en apparence, avec des grenelles qui n'avancent pas le schmilblick). On ajoute une pointe de misogynie, et juste quelques citations sorties du contexte pour prouver que c'est nul (comment ça je fais ça moi aussi ?). Donc bon, mon contexte de lecture était en terrain neutre, une petite voix me disait « ça va être nul », une autre lui disait « ta gueule », dans un équilibre fragile mais a peu près stable.

J'ai jamais lu Virginie Despentes, mais dès les premières pages, j'ai peur.
Parce que, bon, je sais qu'elle est vue comme une écrivaine punk, mais ses premiers paragraphes sont d'un conventionnel autant dans le style (qui me rappelle les chroniques pseudo-humoristiques des magazines féminins, avec un ton qui se veut cru, mais qui sonne faux) que par le fond (qui ressemble là à un article de société d'un magazine féminin, invisibilisation des actrices passé 50 ans, conflit homme/Femme, metoo, etc,..).

Je trouve que le dialogue au début est pas très cohérent, mais je veux bien laisser le doute à Despentes, ça peut-être du fait de son personnage Oscar : on voit bien comment sa manière de parler évolue entre le moment où il insulte Rebecca et quand elle lui répond, y a forcément de la gêne et de l'obséquiosité dans ce cas-là. Mais pourquoi déballer sa vie comme ça ? Je sais pas. Et je trouve la manière d'écrire de Rebecca assez peu naturelle, y a quelque chose d'affecté, oui, une vulgarité affectée qui sonne faux. (je suis pas contre la vulgarité, mais là, ça fait enfantin, crotte de bique tu vas te faire écraser par un camion et tes yeux vont sortir hihi).

Je trouve que la forme épistolaire est bien pratique pour un relâchement de la langue, certaines phrases sonnent vraiment mal à l'oreille « la première fois qu'on l'a laissée seule quelques jours là-bas, lorsqu'on s'est éloignés en voiture j'étais convaincu qu'on allait faire demi-tour au bout de l'allée pour la récupérer. Mais Léonore n'a pas exigé qu'on annule le week-end qu'on avait prévu. » Il y a 6 fois la répétition du son « qu'on/kon », ce qui manque de fluidité et de variation.

Ce que je remarque aussi, c'est que les mots, les phrases veulent dire uniquement ce qu'ils veulent dire, y a pas de sous-texte, y a pas un motif qui se tisse et qu'on se dit, tiens, là elle parle d'un manteau sur une chaise et ça peut symboliser la peur de la mort ou que sais-je, non, si elle veut parler de la peur de la mort, elle va faire dire à son perso « j'ai peur de la mort », et c'est la différence que je trouve avec un Houellebecq par exemple, qui a aussi une écriture assez plate, mais dont on s'aperçoit qu'il y a comme un arrière-plan qui se construit, je sais pas si on peut parler d'ambiance, ou d'unité, je vois ça comme le tissu romanesque. Qui est pas vraiment tissé ici, y a pas de scènes, c'est juste des gens qui parlent de leur vie, mais ils pourraient ralentir à un moment donné, faire ressentir quelque chose, non, on survole on survole.

Puis le point sur lequel je suis d'accord avec Transfuge, c'est l'accumulation de phrases clichées : « la honte doit changer de côté » (petite variation du canon traditionnel « changer de camps » « je suis allée travailler chaque jour avec le ventre noué » (PPDA represents)
Ce que je veux dire, c'est pas qu'il ne faut pas parler de ces sujets (je dirais si je voulais faire dans le cliché moi aussi que c'est vital, nécessaire et essentiel), mais qu'il faut se les approprier véritablement, ne pas en faire des poncifs génériques et impersonnels. J'ai eu vraiment l'impression de lire un long article de Marie-Claire ou d'Elle, repasse pour l'inspiration punk. Oui, ces histoires sont malheureusement banales, mais c'est pas une raison pour les raconter de manière banale. Et quand elle sort du cliché, c'est pour dire des trucs bancals « L'auteur bourré macho fils de chômeur des aciéries de l'Est, l'enfant prodige qui se comportait exactement comme on l'attendait d'un putain de prolo de son acabit ». Une oeuvre gauchiste, Transfuge, n'est-ce pas…

Et je trouve que la forme épistolaire est assez mal exploitée : c'est très rigide, très statique, y a pas de virevoltement et de manigances comme dans les Liaisons dangereuses par exemple. Non, ici c'est comme si deux murs se parlaient, à aucun moment y a un impact dans ce qu'ils se disent, y a pas de réponse, on rebondit pas sur ce que l'interlocuteur a dit, on balance juste son histoire tout d'un bloc, et parfois sans aucun rapport avec ce qu'on vient de lire.

« [Fin du mail d'OSCAR]
Si j'avais été l'un d'eux — ils auraient fait taire Zoé avec cette efficacité redoutable dont ils sont capables. Mais personne n'a pris son téléphone pour me protéger.

[début mail de ] REBECCA

J'héberge une amie quelques jours. Je n'aime pas que quelqu'un soit chez moi. Elle s'impose et je laisse faire […] »

Paie ta conversation.

Un moment, un peu plus loin, Rebecca écrit « Elle a tendance à parler sans se soucier de la personne à qui elle s'adresse ».

Elle parle de quelqu'un d'autre, hein, pas d'elle ni d'Oscar.

Et de même pour l'oralité : d'un côté, ça joue sur le relâchement, et d'un autre côté les monologues sont pas très crédibles, j'écris pas des mails de cette manière et j'en reçois pas. Si ça avait été sous la forme de journal intime, ça aurait passé beaucoup mieux. Mais non, il fallait un dialogue entre les sexes et les générations (et peut-être que leur incommunicabilité était intentionnelle, hein, mais c'est pas l'impression que ça m'a donné).

L'autre chose que je trouve dommage, et avec laquelle je suis d'accord avec Transfuge, c'est que je trouve qu'elle prend un sujet de société et qu'elle y greffe une intrigue de manière artificielle, ce qui rend un résultat qui manque de consistance. On a vraiment l'impression qu'elle voulait mettre sa pierre à l'édifice Metoo, éventuellement clarifier son positionnement, mais que pour ça, pas la peine de faire un roman, ça le rend juste pénible et long à lire. Surtout, encore une fois, si ce n'est pas pour se décaler des clichés : la féministe ancienne génération, actrice à la Béatrice Dalle, mon poing dans ta gueule, l'auteur metooisé assez réac mais quand même un peu touchant (dans le même registre Abel Quentin avait beaucoup mieux réussi et crée un vrai personnage, qui dit des vraies choses tangibles, et pas des titres d'articles en ligne de Médiapart (j'aime bien Mediapart, mais quand je lis un bouquin, je veux lire une histoire, tout simplement). Bref, ils mangent pas ses personnages ? Ils s'habillent pas ? Ils ont pas des tics (de langage, gestuels) On peut pas les caractériser d'une autre manière que par la parole ? (oui, oui, je sais roman épistolaire, mais on peut faire dans le non-dit : je trouve qu'ils se livrent tous bien trop vite, c'est un des gros hics, et donc pour revenir à ce que je dis, elle privilégie le discours (politique ou féministe) au réalisme romanesque (ce qui en fait un livre aussi raté que Les enfants sont rois de de vigan par exemple). Merde, arrêtez avec vos romans à thèse et faites des essais dans ce cas-là !

Ce qui peut-être un peu intéressant, c'est quand elle parle de l'entourage des victimes, par exemple de Weinstein qui sont carrément complices, et dont on n'entend plus parler. Mais à côté d'une ou deux pensées inédites, on doit manger du lieux-communs et presque j'ai envie de dire, des éléments de langage — et donc Transfuge a un peu raison, sauf que c'est pas relégué aux partis de gauche, j'ai parfois l'impression d'entendre parlerMarlene Schiappa. « Pour que d'autres puissent répondre « moi aussi » et « je t'entends ». Et pour la drogue, c'est pareil, elle aurait pu décrire les effets de manière plus personnelle, dire des trucs que comme la vie « c'est pas marrant sans la came », ça apporte rien de pertinent sur le sujet. Les alternances entre les sujets sont plutôt mauvaises, y a aucune transition, et pourtant c'est vachement visible parce qu'à aucun moment ça va parler de deux sujets ou essayer de faire des associations, non, c'est paragraphe 1 : le féminisme d'aujourd'hui, paragraphe 2 : la drogues, paragraphes 3 : les réseaux sociaux puis on recommence depuis le début (pas forcément dans cet ordre, mais c'est aussi schématique).

Bon, et vers la moitié, quand Oscar parle de Céline, j'ai laissé tomber, eh oui, j'abandonne pas souvent un livre mais là je me suis dit, je souffre, je souffre trop « Je n'aime pas Céline. Sa prose est beauf, poussive, cabotine, épate-bourgeois au possible […] Pour être un grand auteur, il suffit que trois fils à papa se pâment en hurlant au génie. Et je méprise les céliniens. Quand ils évoquent son style inégalable, c'est toujours la soumission au pouvoir qu'ils célèbrent — quand ce pouvoir est d'extrême-droite. le goût de la soumission, c'est un truc de facho. Céline singeait le langage prolétaire en vue d'obtenir un Goncourt, c'est-à-dire qu'il offrait aux salonard le prolo tel qu'ils l'imaginent. Veule, épais, incontinent, antisémite, incapable de bien baiser ».


Voilà, donc un livre que j'ai trouvé assez mauvais et pour lequel je n'ai pas pris beaucoup de plaisir (il offre même pas le plaisir d'être ridicule et de tendre la joue aux moqueries).


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Il faut que l'auteur ait de l'esprit pour que l'oeuvre en ait ! (William Shakespeare)


« Cher Connard » (Virginie Despentes)(1), Grasset, 2022, est à l'auteur ce que le titre est à la langue française : vulgarité, muflerie et imposture.


Pour apprécier, à sa juste précision, l'écrit d'un auteur dit engagé, faut-il encore connaître la réalité de cet engagement. Pas seulement une réalité entourée de bienséance ou, à l'opposé, de prétendues dissidences et contestations, mais la réalité toute nue.


La réaction de Virginie Despentes - le lendemain des attentats du 7 janvier 2015, ayant décimé la rédaction de Charlie-Hebdo et des assassinats de quatre juifs dans une supérette casher - fut de prononcer les propos islamo-gauchistes selon lesquels : [elle] « aime tout le monde sans distinction, même ceux qui n'étaient pas Charlie ». Depuis, elle milite en faveur d'Adama Traoré et ne dissimule plus ses opinions racialistes.


Les ouvrages et prises de positions de l'auteur au moyen de ceux-ci - le dernier n'y échappe pas – sont des impostures.


La première imposture, celle d'une factieuse de carnaval, qui signe toutes les cases de l'élitisme : ancienne jurée du prix Femina, du prix Goncourt, lauréat du prix Renaudot, auteur représentée par le plus puissant agent du milieu artistique, romancière adaptée par Canal +, réalisatrice de films pitoyables nonobstant soutenus par la commission d'avance sur recettes du CNC dont elle devint membre en suivant et autre sinécure.


La factieuse est en réalité un nabab qui mange sa soupe à toutes les bonnes tables.


La deuxième imposture est l'arnaque intellectuelle de l'islamo-gauchisme dont l'une des obsessions idéologiques et ses propos que lui inspirèrent les frères Kouachi après l'attentat contre la rédaction de Charlie, comme déjà indiqué (les propos précités n'en sont pas moins"éloquents") :


« Et j'ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s'acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J'ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. (…) Je les ai aimés dans leur maladresse – quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant "on a vengé le Prophète" et ne pas trouver le ton juste pour le dire. »


Dans le coup de coeur des libraires, Gérard Collard exprime avec justesse sa pensée (cf. la vidéo à la rubrique de l'auteur) :


« Pour moi, elle (Despentes), est le portait de l'ignominie. Il y a des gens qui ont de l'indignation sélective (à propos du "nouveau" Céline)... par contre pour le nouveau Despentes, pour moi, c'est absolument impossible, Charb et Cabu c'étaient des amis... Quand je lis d'elle :


" j'ai aimé ce qui ont fait lever leur victime avant de leur demander de décliner leur identité avant de viser leur visage".


Comment peut-on dire des choses comme ça ? ».


Le pire, c'est :


" je les aimais dans leur maladresse quand je les ai vus armes à la main semer la terreur en hurlant".

c'est absolument abominable ».


Quelle "belle" définition conviendrait mieux à l'apologie du terrorisme ?


Je ne comprends pas comment on peut oublier ça, on invite cette..., ça me choque qu'elle soit... Polanski et des éditeurs ont fait tout un truc en disant, on ne va pas l'éditer, on ne va pas en parler, mais quand on voit ça, j'en ai encore des frissons, et j'en veux beaucoup à tout ce milieu qui est très sélectif, qui oublie tout, j'aurais été chez Grasset, je ne suis pas sûr que j'aurais édité ce livre  ».


Et Valérie Expert de préciser : « je connais des gens qui l'on lu et qui se demandent si Despentes a pu écrire ses précédents livres tellement celui-ci est mauvais ».


Non, définitivement, non, madame ! Cher connard, autant que vos propos et vos écrits sont à vomir.


Michel BLAISE


1 (Source : Sujet JT LCI) :

"Cher Connard" de Virginie Despentes ne figure pas sur la liste des 15 romans pré-sélectionnés pour le Goncourt 2022, (ni sur aucun autre).

Le président de l'Académie Didier Decoin avance une question éthique.



Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Oscar Jayack, un écrivain à la renommée vacillante, publie sur les réseaux sociaux un texte injurieux s'attaquant avec une grande bassesse à la célèbre actrice Rébecca Latté, notamment à son physique de femme vieillissante. Or, dans leur jeunesse, ils se sont connus. Rébecca lui répond de façon cinglante, ce qui n'empêche pas une correspondance de commencer puis de s'épanouir entre les deux personnages, très tendue au début, puis de plus en plus apaisée. Ils se racontent leur vie, et notamment leur dépendance à la drogue et à l'alcool. Mais Oscar est également aux prises avec le combat que lui livre son ancienne attachée de presse, Zoé Katana. Celle-ci lui reproche son harcèlement lorsqu'ils travaillaient ensemble, et l'engloutit dans la vague « #MeToo ». ● C'est le premier roman de Virginie Despentes que je termine, il est donc moins mauvais que ce à quoi je m'attendais. Au moins, il me paraît lisible. ● Je reprocherais plusieurs choses à ce roman : il n'y a aucune différence de ton entre les interlocuteurs. Despentes n'a pas fait l'effort de faire varier son style en fonction de celui ou de celle qui parle. Ils ont tous le style Despentes. Or dans un roman épistolaire, on s'attend à ce que chaque interlocuteur ait un langage spécifique. ● Dans ce genre de roman, c'est la lettre qui fait avancer l'action. Ici, il n'y a quasiment pas d'action. Les protagonistes alignent les poncifs du prêchi-prêcha moralisateur insoumis du moment. C'est très long, très ennuyeux et sans surprise. Il faut attendre la page 157 pour qu'il y ait une vraie interaction entre les personnages. En cela, on est aux antipodes des Liaisons dangereuses, livre auquel on a bien abusivement comparé Cher Connard, car dans l'oeuvre De Laclos les lettres sont vecteurs de l'action, induisant une réelle dynamique narrative, et les personnages ne font pas que raconter leur vie en rabâchant sans arrêt les mêmes réflexions. ● le genre du roman épistolaire permet surtout à l'autrice de nous balancer sans aucun effort de structuration et de mise en forme sa pensée conformiste et moralisatrice (même si elle la croit être le contraire). C'est une excuse facile au manque de travail, à la logorrhée qui coule au fil de la plume et qu'on balance à la tête du lecteur. Comme l'écrit Despentes : « C'est trop difficile, imaginer une histoire qui n'a pas existé. » ● Les personnages sont horripilants, Rébecca surtout, dans son autoglorification, dans son mépris des autres, dans cette beauté qu'elle porte au pinacle tout en bataillant contre l'injustice ; or il n'y a pas plus injuste que la distribution de cette beauté physique dont elle fait l'alpha et l'oméga de la vie. ● J'ai trouvé dommage qu'on ne voie pas concrètement le harcèlement dont est victime Oscar, notamment avec les posts de Zoé et leurs commentaires sur les réseaux. On n'en a que des résumés dans les quelques pages de son blog qui nous sont livrées. Dans le Voyant d'Etampes d'Abel Quentin par exemple, on sentait bien ce que cela pouvait être de se retrouver au milieu d'une guerre sur les réseaux, ce que Despentes appelle un « shitstorm », anglicisme tellement plus chic que « tempête de merde ». Ici, pas du tout. ● Une grande partie du roman concerne le Covid et le confinement : pour ma part j'en ai un peu marre qu'on me parle de ça… ● du côté du style, il y a certes des formules qui frappent, des phrases qui retiennent l'attention : « Ce truc de MeToo, c'était la vengeance des pétasses. […] Je lance une pierre avec la foule lors de la cérémonie de lapidation et j'appelle ça « partager ». […] Écrivain, c'est difficile à concilier avec une masculinité un tant soit peu dynamique. C'est tellement proche de la broderie, votre truc. […] Les gens aiment qu'on se détruise, c'est un spectacle intéressant. […] C'est horrible quand tu réalises que des mecs pas terribles commencent à penser qu'ils sont en droit de tenter leur chance. […] Les small talks, tous ces trucs de sociabilité courante – je m'ennuie. […] J'ai toujours été triste d'être moi. » ● Mais dans l'ensemble le style est relâché et vulgaire. ● En conclusion, un roman qui bénéficie d'un battage bien peu mérité. Comme l'écrit l'autrice : « La plupart des artistes ont trois choses à dire, une fois que c'est fait ils feraient mieux de changer d'activité. »
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Cher Connard, ça commence fort, sans filtre, comme ces échanges sur les réseaux sociaux, sans nuance, l'insulte brandie comme une arme dans une altercation visant à détruire l'interlocuteur par la violence des propos. La surenchère est à peine probable, on atteint d'emblée un sommet.

La première lettre, Oscar Jakack, l'écrivain a succès se la prend en pleine face, et elle n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des réactions qui ont fait suite aux accusations de harcèlement dont il a fait l'objet. Il a été un peu trop insistant auprès de son attachée de presse, elle en a souffert à plus d'un titre, et il se trouve qu'elle a une notoriété non négligeable sur le net, où elle défend la cause des femmes.

Cette première lettre d'insulte est écrite par une actrice célèbre. Plutôt que d'ignorer le message, l'écrivain lui répond et tente d'amorcer le dialogue. Il en suivra de nombreux échanges, entrecoupés par les interventions de Zoé, la victime.

Le début tonitruant laisse la place à un apaisement progressif des interlocuteurs et à un vrai débat, autour de la question du féminisme, des féminismes, du patriarcat de l'impact de la célébrité sur le comportement, de la drogue (beaucoup) et des difficultés pour en sortir, des dangers des réseaux sociaux, de leur fonctionnement, de tous nos moyens de communication modernes pas toujours très bien maitrisés ou au contraire parfaitement manipulés par des blackblocks du net.

Bien argumentés, bien développés, les thèmes bénéficient de la plume acérée de Virginie Despentes. La forme est bien adaptée au débat, puisque chaque personnage peut librement s'exprimer dans ses messages. On perçoit l'installation d'une écoute et d'un dialogue sincère entre l'actrice et l'écrivain. C'est plus compliqué pour Zoé, qui malgré les excuses réitérées d'Oscar, ne parvient pas à tourner la page.

Sans oublier, et c'est une chance pour Oscar, les médias ayant un nouvel os à ronger, l'arrivée inopinée de la pandémie...

Beaucoup d'humour, de nombreux clins d'oeil (évocation de personnalités connues), Cher Connard se lit avec plaisir, tout en proposant une réflexion sur le statut des femmes et l'évolution des relations entre les sexes. Avec une note désespérée sur l'agonie de notre société.

Roman phare de la rentrée, qui mérite son succès médiatique.

352 pages 17 Août Grasset
#cherconnarddespentes #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (31)
Telerama
28 août 2023
Un roman indigné, doublé d’un essai pénétrant sur notre temps.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
05 janvier 2023
Cher connard est aussi une forme d'état des lieux à mi-parcours, une réflexion un brin mélancolique mais apaisée sur le virage de la maturité, que même les plus flamboyants rebelles sont contraints de négocier.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Telerama
04 janvier 2023
Un roman indigné, doublé d’un essai pénétrant sur notre temps.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
21 décembre 2022
Une manière époustouflante pour l’écrivaine de visiter l’addiction, le vieillissement, les pièges de la célébrité, l’amitié, la pandémie, et bien sûr MeToo. Avec son style qui cogne franc, va vite, se fait tendre, n’en rate pas une et est aussi drôle.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LaCroix
19 octobre 2022
L’autrice accomplit avec finesse un saisissant portrait d’époque, interrogeant notre adaptabilité. Sa langue est l’une des grandes réussites de ce livre, irriguant sa littérature d’un parler actuel très naturel, créant là un moteur supplémentaire, et l’addiction du lecteur…
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
28 septembre 2022
Roman de rage et de consolation, de colère et d'acceptation, Cher connard présente une galerie de portraits d'êtres humains condamnés à bricoler comme ils peuvent avec leurs angoisses, leurs névroses, leurs addictions, leurs complexes, leurs hontes comme leurs peurs les plus intimes.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Marianne_
26 septembre 2022
Peu d’écrivains savent transformer leur colère. Peu d’écrivains réussissent ce tour de force de jeter des êtres les uns contre les autres, des hommes et des femmes que rien ne pourrait réunir, et page après page de les faire se rapprocher, s’estimer, puis devenir des amis. Oui, c’est bel et bien un roman de l’apaisement, mais qui n’a rien de tiède, estime Vladimir de Gmeline.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeDevoir
19 septembre 2022
C’est parfois drôle, souvent irrévérencieux, que l’écrivaine recycle l’air du temps ou qu’elle crache au visage de l’époque. Mais au fil du temps et de lettre en lettre, chacun des correspondants finira par être perméable aux idées de l’autre. Peut-être est-ce le plus grand mérite de ce roman un peu difforme, plein de protubérances, et qui le rend plus riche que la somme de ses parties.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
MadmoizellePresse
12 septembre 2022
Cher Connard se boit comme du petit lait. Grâce à l’écriture de Virginie Despentes, incisive. Des passages bien punchy sur les féminicides, l’addiction ou le cinéma. Elle est forte, mais on passe trop de temps dans la tête d’Oscar. Le monde a besoin d’apprendre à être plus en empathie envers les dominés.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Culturebox
08 septembre 2022
Virginie Despentes scanne la société française et interroge dans un roman épistolaire post #MeToo ce qui reste du féminisme et plus largement de la rébellion, mais aussi de la fête, de l'amour, de la vie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
06 septembre 2022
Ce livre est un florilège de nos préoccupations dans la France post-covid.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeSoir
05 septembre 2022
Ce « Cher connard » était sans doute le roman le plus attendu de la rentrée littéraire. Avec raison. Le dernier Virginie Despentes nous régale. On y parle féminisme, #MeToo, réseaux sociaux, controverses. Et amitié.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Bibliobs
01 septembre 2022
Cette figure de proue du renouveau féministe démontre pourtant avec « Cher connard » qu’elle sait être à la fois radicale et consensuelle, en appelant au dépassement de la guerre des sexes après #MeToo.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
01 septembre 2022
Avec « Cher connard », la romancière, qui s’est imposée en trente ans comme une icône du renouveau féministe dans ce qu’il a de plus combatif, joue avec le cliché de la grande émasculatrice misandre que certains aiment lui coller sur le dos.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
01 septembre 2022
Ecrit sous forme de lettres, mais avec le langage oral et puissant de l’écrivaine, il prône le dialogue des contraires.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LePoint
25 août 2022
Virginie Despentes signe le clash le plus classe de la rentrée littéraire.
Lire la critique sur le site : LePoint
Elle
25 août 2022
Virginie Despentes pose son regard aussi affûté que tendre sur notre époque.
Lire la critique sur le site : Elle
MadmoizellePresse
24 août 2022
On retrouve son style percutant, abrupt, parfois trash, qui pulse d’une rage communicative et met à nu les maux et ressorts de notre époque par la voix de trois écorchés. Rebecca, ancienne éternelle amoureuse, sublime star de cinéma.
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Telerama
22 août 2022
L’écrivaine s’empare brillamment du genre prisé par les moralistes du XVIIIe siècle pour évoquer questions saillantes du monde contemporain et thématiques plus intimes, avec justesse et empathie. Un roman indigné, doublé d’un essai pénétrant sur notre temps.
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Marianne_
22 août 2022
Le plus déplaisant de l’affaire tient moins à un roman désincarné, plus proche de l’exposé théorique que de l’œuvre d’imagination [...] qu’à une habileté qui consiste à malaxer tous les thèmes du moment pour en faire une bouillie textuelle de grande consommation.
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LePoint
18 août 2022
L’autrice de « Vernon Subutex » fait dialoguer un écrivain toxique et une actrice féministe. Et remet un peu de douceur dans ce monde de brutes.
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LeParisienPresse
18 août 2022
L’autrice de «Vernon Subutex» livre un roman épistolaire dans son style cash et sans détours, qui démarre comme un combat de boxe évoluant vers une ode à la vulnérabilité, balayant sujets d’actualité et réflexions universelles. Beau, mais dense.
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Bibliobs
17 août 2022
Despentes revient avec un roman épistolaire sur les addictions et la rédemption. Un grand shoot d’humanité.
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Telerama
17 août 2022
Les féminismes, l’addiction, le vieillissement… Dans son nouveau roman, “Cher connard”, événement attendu de la rentrée littéraire, la romancière creuse les sujets qui la portent. Avec acuité et empathie.
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LesInrocks
17 août 2022
Virginie Despentes signe un roman épistolaire hyper brillant et généreux : un anti “Liaisons dangereuses”, qui rétablit le dialogue et l’amitié dans un monde de crispations.
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LeMonde
16 août 2022
Voix féministe très écoutée en France depuis son manifeste « King Kong Théorie », l’autrice publie un récit post-#metoo, hymne à l’amitié, empreint d’une grande douceur.
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RevueTransfuge
16 août 2022
Ça cogne, ça grommelle, ça grogne, ça éructe, ça invective, ça grimace, ça agace, ça irrite, ça ennuie : la sieste nous a sauvé d’un long cauchemar.
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Lexpress
16 août 2022
La romancière de 53 ans fait montre d'un talent et d'un flair aiguisés pour capter les blessures de la société contemporaine et brosser une vaste comédie humaine.
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Lexpress
16 août 2022
En fine observatrice des maux, des addictions et des débats de notre société, l'auteure de King Kong Théorie et d'Apocalypse Bébé multiplie les fronts et les perles.
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Marianne_
16 août 2022
Une correspondance fictive entre une actrice sur le déclin et un écrivain frappé par #Metoo. Un roman plus nuancé que ne laissaient augurer ses positions politiques.
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LesInrocks
09 août 2022
Un roman épistolaire où l’écrivaine aborde, à travers la voix et les portraits de plusieurs personnages, les questions intimes et sociétales qui marquent tous ses livres précédents.
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Citations et extraits (470) Voir plus Ajouter une citation
On supporte très bien l’idée que les femmes soient tuées par les hommes, au seul motif qu’elles sont des femmes. […] La société comprend l’assassin. Elle le condamne, évidemment. Mais avant tout, elle le comprend. C’est plus fort que lui. Que ce soit sa femme ou une inconnue.
Imagine qu’à la place des femmes qui sont tuées par les hommes, il s’agisse d’employés tués par leurs patrons. L’opinion publique se raidirait davantage. Tous les deux jours, la nouvelle d’un patron qui aurait tué son employé. On se dirait, ça va trop loin. On doit pouvoir aller pointer sans risquer d’être étranglé ou criblé de coups ou abattu par balles. Si tous les deux jours, un employé tuait un patron, ce serait un scandale national. Pense à la gueule des gros titres : le patron avait déposé trois plaintes et obtenu un ordre d’éloignement mais l’employé l’a attendu devant chez lui et l’a abattu à bout portant. C’est quand tu le transposes que tu réalises à quel point le féminicide est bien toléré. (p.73)
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Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, n'importe quel téléphone est plus intelligent que le plus intelligent de tous les hommes. N'importe quel téléphone de merde a plus de mémoire, de savoir, est plus rapide, calcule mieux, parle plus de langues - est plus intelligent que le plus intelligent de nous tous. Ou plutôt d'une intelligence différente. Qui rend la nôtre obsolète. Nous n'avons plus aucune légitimité pour régner sur ce monde - et c'est peut-être une bonne chose.
Ne nous reste, effectivement, que le bruit qu'on émet sur les réseaux, et ce faisant nous consentons à ce que l'important, dans ce bruit, ce soit l'application grâce à laquelle on s'exprime. Nos émissions sémantiques sont parfaitement secondaires. Nos humanités, jusqu'alors, étaient réduites à leur valeur économique - comment créer des besoin, comment écouler des stocks de marchandise inutiles, comment sacrifier tout notre temps à cette spirale de profit. L'humiliation de l'humain devant la machine, c'est l'étape suivante. Celle que les économistes ne risquent pas d'expliquer car ils ne sont les penseurs de rien. Nous faisons davantage d'efforts pour apprendre à fonctionner avec la machine que nous n'en avons fait pour aucun langage.
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REBECCA
Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve, je t’écris. Je suis sûre que tu as des enfants. Un mec comme toi ça se reproduit, imagine que la lignée s’arrête. Les gens, j’ai remarqué, plus vous êtes cons et sinistrement inutiles plus vous vous sentez obligés de continuer la lignée. Donc j’espère que tes enfants crèveront écrasés sous un camion et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que leurs yeux gicleront de leurs orbites et que leurs cris de douleur te hanteront chaque soir. Ça, c’est tout le bien que je te souhaite. Et laisse Biggie tranquille, bouffon. "

...
...
...

" J’ai appelé Corinne. Elle va bien. Elle m’a draguée, tranquille, direct. Elle a le sens de la formule, elle me fait de jolis compliments. Je laisse faire. Depuis des semaines, elle me signale qu’elle est en couple « ouvert ». Ouvert à toutes les conneries, j’ai pensé. J’ai proposé de passer la voir à l’hôpital et elle a répondu « carrément, ça me ferait plaisir ». Et trois jours après j’étais dans ce bled, à une heure de Paris. C’est loin. Il y avait sa copine, Marcelle. C’est quoi cette bombe ? Je l’ai vue et avant même qu’on se parle j’avais compris que j’avais cessé d’être hétérosexuelle. À ce stade de sexytude, il n’y a ni hétéro ni gay ni rien qui tienne : elle est au-delà des catégories. Corinne trônait comme une reine dans son fauteuil, elle rayonnait. On m’a souvent dit que les gouines vieillissaient mieux que les hétéros, parce qu’elles sont moins malheureuses. Et elle vieillit bien. Bon, Marcelle on ne va pas se mentir, on en reparlera. Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour taxer sa meuf à ta sœur, mais j’y songe.
Zoé ne me parle plus de toi. Je crois qu’elle va mieux. Elle monte un journal en ligne avec des filles de son âge et elles parlent de s’installer en province. Elle m’écrit moins souvent et ne va plus voir ta sœur. Très bien. On lui rappelle de mauvaises choses. "
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Fourmilière scintillante. Revenir sur Paris à l'heure de pointe - la nuit tombe en plein jour. Sur le périphérique, guirlande ininterrompue de lumières blanches sur ma gauche, et devant moi, flot de lumières rouges dont je ne vois pas la fin - j'écoute Prince Rakeem. Chacun son habitacle, cramponné au volant et je rêve d'entendre voiture par voiture ce qui se joue à l'intérieur, quelle station de radio, commentaire de foot, conversation téléphonique, information en continu, opéra, vieux tube, silence angoissé, cours du Collège de France, discussion de travail, la "Recherche du temps perdu" en audio livre, engueulades sur le pass vaccinal. Mosaïque de nos diversités dans notre uniformité rendue visuelle - ce flot de lumières. Tous, à la même heure - regagnant nos foyers. Ce que nous pensions être nos vies pour toujours étouffées, sans même un gémissement. Nous obtempérons. Il n'est pas difficile de nous convaincre que nous n'avons pas le choix.
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Je ne sacralise pas la parole de la victime. Évidemment, parfois les femmes mentent. Soit qu’elles n’ont aucun scrupule, soit qu’elles pensent que c’est légitime. Mais le pourcentage d’affabulatrices reste infime, parmi les victimes, tandis que le pourcentage de violeurs parmi la population masculine devrait vous alerter sur le délabrement de vos sexualités. Et pourtant, je vous vois bien plus scandalisés à l’idée de la possibilité d’une accusation injustifiée que vous ne l’êtes de savoir qu’il y a des violeurs parmi vos amis.
(Page 95)
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Vidéo de Virginie Despentes
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • Testosterror de Luz aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/testosterror.html • Vernon Subutex - Seconde partie de Virginie Despentes et Luz aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/vernon-subutex-t.2.html
Catharsis de Luz aux éditions Futuropolis https://www.lagriffenoire.com/catharsis.html • Indélébiles de Luz aux éditions Futuropolis 9782754823982 • L'Histoire des 3 Adolf - Édition prestige T01 de Osamu Tezuka aux éditions Delcourt https://www.lagriffenoire.com/l-histoire-des-3-adolf-edition-prestige-t-01.html • Ping pong - Édition prestige T01 de Taiyou Matsumoto aux éditions Delcourt https://www.lagriffenoire.com/ping-pong-edition-prestige-t01.html • Ashita no Joe - Tome 01 de Asao Takamori et Tetsuya Chiba aux éditions Glénat https://www.lagriffenoire.com/ashita-no-joe-tome-01.html • Real, tome 1 de Takehiko Inoue aux éditions Kana 9782871297093 • Stop !! Hibari Kun ! 1 de Hisachi Eguchi aux éditions le Lézar Noir 9https://www.lagriffenoire.com/stop-hibari-kun-1.html • Bonne Nuit Punpun - Tome 1 de Inio Asano aux éditions Kana https://www.lagriffenoire.com/bonne-nuit-punpun-tome-1.html • Vinland Saga - tome 01 de Makoto Yukimura et Xavière Daumarie aux éditions Kurokawa https://www.lagriffenoire.com/vinland-saga-tome-1-vol01.html • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #editionsalbinmichel #editionsfuturopolis #editionsdecourt #editionsglenat #editionslelezarnoir #editionskurokawa
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