J'ai choisi ce livre dans le cadre d'une opération masse critique jeunesse uniquement sur le nom de l'auteure
Marie Desplechin que j'apprécie.
J'ai découvert le sujet en recevant le livre. Il est forcément intéressant puisqu'il retrace une période de dictature qui a entrainé un génocide des cambodgiens. Et il me semble important de ne pas oublier ce que "
Sothik" a vécu durant le règne de l'Angkar dans le pays qui s'est appelé le Kampouchéa démocratique entre 1975 et 1979.
Je connaissais déjà les horreurs durant la domination des khmers rouges mais je ne pensais pas que la terreur avait régné à ce point.
C'est terrifiant et ça l'est surtout parce qu'il s'agit du témoignage d'un enfant.
Marie Desplechin à rencontrer
Sothik Hok en 2014 au cours d'un voyage à Phnom Penh afin d'aider la Sipar, une association française qui aide au développement de la lecture dans le pays. Il lui a raconté ce qu'il a vécu enfant et elle s'est proposé de prendre la plume.
Sothik est le narrateur de cette histoire difficile à imaginer.
Les khmers rouges ont pris le pouvoir dans un contexte particulier. Pays indépendant en 1953, il est gouverné par Norodom Sihanouk puis par le maréchal Lon Nol soutenu par les américains. La guerre civile va permettre aux Khmers rouges d'imposer une dictature dont le pays ne sera libéré qu'avec l'intervention des vietnamiens.
En 1975, khmers rouges vont imposer l'uniforme, vêtement noir avec au cou le krama, écharpe à damier rouge et blanc qui va servir à beaucoup de choses.
Sothik raconte comment son village se transforme en camp de travail, où tout le monde va devoir travailler dans les rizières ou être affecté à des brigades comme celle des tueurs de rats.
Les cambodgiens deviennent des esclaves et le petit garçon raconte son conditionnement dont il a sans doute pris conscience après les évènements.
La capitale, Phnom Penh, va être vidée de l'ensemble de sa population pour le travail forcé dans les campagnes.
Il n'y a plus de repères dans le temps car les calendriers, les montres et les horloges vont être supprimés. le modèle devient l'«ancien peuple», celui des paysans serviles, un retour en arrière pour mieux dominer.
Sothik va avoir faim. Mais ce qui est terrifiant c'est l'interdiction de manger. Cet asservissement par la faim ressemble à ce que les chinois ont vécu avec le « grand bond en avant » 15 ans auparavant.
Les familles sont séparées et
Sothik raconte comment il reporte son affection sur la cause, cherchant à être exemplaire alors que les cadres n'appliquent jamais les lois qu'ils imposent aux autres.
J'en ai fait des cauchemars et je me suis demandé à qui s'adressait ce livre d'histoire et de mémoire, c'est-à-dire aux enfants de quel âge ? Rien n'est indiqué et ça m'a gênée même si je trouve ce témoignage important. Cette question est d'ailleurs évoquée par
Sothik mais « enfant » ne donne pas un âge.
Je dois ajouter que ce livre a aussi le mérite de permettre aux adultes de réfléchir sur ce qu'est un modèle de société. Alors merci aux éditions de l'Ecole des loisirs qui m'a offert ce livre lu dans le cadre d'une opération masse critique jeunesse.