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EAN : 9782020975803
660 pages
Seuil (03/06/2010)
4.12/5   39 notes
Résumé :

En 1770, Marie-Antoinette devient dauphine de France. De Versailles, elle écrit régulièrement à sasoeur Marie-Caroline, reine des Deux-Siciles. Les deux soeurs se lancent un défi : « Ma porcelainesera plus délicate que la vôtre ! » Marie-Antoinette tente alors de voler le savoir italien à sa soeurpar l’intermédiaire d’un homme de la manufacture de Sèvres tandis que Charles III, le beau-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Difficile de croire aujourd'hui que la porcelaine constitua un enjeu politique et commercial au XVIIIe siècle. C'est cependant ce que démontre avec panache et beaucoup d'érudition Jean-Paul Desprat dans cette évocation passionnante de la France des Lumières.

Car s'il est bien question de prestige, de concurrence, de finesse et de luminosité de la porcelaine à kaolin, il est tout autant question des premières années de règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Et il s'en passe des choses dans le chaudron européen en ébullition entre 1770 et 1781.

Charles III d'Espagne exige du Vatican l'éradication des jésuites, l'Italie est en proie au morcellement de son territoire, l'Autriche lutte contre la Pologne pour l'annexion de la Bavière, l'Angleterre intrigue à tout va, alors qu'en France, Louis XV est en bout de course.

La manufacture de Sèvres, sponsorisée par la raffinée marquise de Pompadour, finit par trouver le secret de l'adjonction du kaolin à la pâte de porcelaine jalousement gardé par Meissen (Saxe). La jeune Marie-Antoinette prend la relève quelques années après la mort de la favorite de Louis XV et n'a de cesse de rivaliser avec ce qui se fait de plus beau en Europe. Elle envoie son premier chimiste, Anselme Masson, à Naples, à la cour de sa soeur Marie-Caroline reine des Deux-Siciles, qui veut, malgré l'interdiction de son beau-père Charles III, remettre sur pied la fabrique de Capodimonte qu'il a démolie avant de s'expatrier en Espagne avec dessins, secrets et artisans.

Malgré sa promesse de libérer Masson de ses obligations dès que son savoir-faire et l'apprentissage de nouveaux ouvriers auraient fait leurs preuves, la reine des Deux-Siciles envoie l'artiste à Rome où il se met sous la protection du cardinal ambassadeur de Bernis. Tant à Naples qu'à Rome, les péripéties s'additionnent, les tentations sont nombreuses, les poisons redoutables et les morts parfois encombrantes. Notamment celle du pape Clément XIV, contraint de signer l'abolition de la Compagnie de Jésus, suivie par les manoeuvres tortueuses et vipérines liées à sa succession.

Toutes ces joyeusetés ainsi que la vie quotidienne, colorée et bruyante, des villes italiennes et le tourbillon des intrigues et roueries de la cour et de ses courtisans, fournissent des pages jubilatoires dans ce décor historique habillé de velours et de sang.

Anselme Masson finit par rentrer en France après quatre années de séjour imposé, riche des influences artistiques, techniques et paysagères dont il s'est empli les sens. Devenue reine, Marie-Antoinette, qui tente de se distraire d'un mariage non encore consommé, se rend définitivement impopulaire, accablée quotidiennement dans les libelles et pamphlets dénonçant sa frivolité, ses amis dangereux et futiles ainsi que son incapacité à être épouse et mère.

Anselme Masson, « comme tous les hommes de son siècle dont les vertus essentielles sont l'indulgence et l'optimisme, restait persuadé de la perfectibilité de la reine qu'il regardait avant tout comme une victime, une femme malheureuse tiraillée par les maléfices de la courtisanerie et la chape de plomb de l'apparat ».

Réservée aux commandes royales, à la noblesse de robe et aux hauts dignitaires ecclésiastiques, la porcelaine continue à développer ses
« molécules passionnelles » et il n'est pas rare que les princes et les prélats commandent chaque année six à sept cents pièces de vaisselle ! Les mauvais payeurs existaient déjà et la manufacture de Sèvres connut des problèmes de trésorerie. Parallèlement, les classes bourgeoises aspirent à accéder à certains luxes de la cour et peu à peu, la porcelaine à kaolin se rend plus accessible, moins chargée en décors et en dorures.

L'intérêt de ce livre ne se limite pas à la fabrication de vaisselle ni aux monopoles des riches, il aborde les nouvelles façons d'administrer la médecine (moins de saignées et de drogues), la création de la société des Neuf Soeurs (maçonnerie des dames), l'arrivée de Benjamin Franklin venu défendre les intérêts des Insurgents en lutte avec l'Angleterre , la révocation des ministres Turgot et Malesherbes dont les mesures pour réduire la dette publique et rendre justice au peuple ne plaisent pas au roi. Sans oublier les détails de la mode et de la coiffure de l'époque, les remontrances de Joseph II à sa soeur Marie-Antoinette et quantité d'autres implications dans l'esprit et la mentalité du XVIIIe siècle.

Jaune de Naples est un nom de couleur. Il apparaît sous forme de tessons dans les ruines d'Herculanum et réserve quelques surprises.

Lire ce livre passionnant n'entraîne aucune addiction à la porcelaine alambiquée et tape-à-l'oeil de Sèvres, de Saxe ou d'ailleurs !

Je reprendrais bien un peu de thé et de friandises…



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Deuxième volet de la trilogie sur la manufacture de Sèvres, qui s'étend de 1770 à fin 1781. Comme le titre le laisse supposer une partie de l'intrigue se situe à Naples. Nous retrouvons Anselme Masson le chimiste qui a participé à la mise au point de la formule de la porcelaine dure et son entourage.
Madame de Pompadour est décédée depuis 6 ans et la manufacture n'a plus d'inspiratrice.
Au printemps 1770 la jeune princesse autrichienne Marie Antoinette arrive en France pour épouser l'héritier du trône, le futur Louis XVI. Vive, charmante, elle plait beaucoup mais elle est encore bien jeune pour assumer le rôle d'égérie. Sa soeur, Marie Caroline règne sur le royaume des Deux Siciles avec son époux, le fâlot Ferdinand. Elle désire relancer la manufacture de porcelaine tendre de Portici malgré l'interdiction de son beau père Charles II devenu roi d'Espagne. Celui-ci a en effet emmené avec lui matériaux, savoirs et ouvriers. Ceux qui sont restés, ont disparu ou sont très âgés, il n'y a pas de notes. Il paraît donc très difficile de remettre sur pied les ateliers. Cependant la rusée Marie Caroline propose à sa soeur une saine concurrence qui nécessite l'envoi des spécialistes dans son royaume. Ce sera Anselme accompagné du troisième frère, Eustache et d'un jeune apprenti.
Anselme qui vient de retrouver son amour de jeunesse et qui est père de famille aimerait mieux rester à Paris mais on ne refuse rien à la future reine. Eustache lui est très enthousiaste .
Ce séjour ne sera pas toujours facile pour les deux frères bien que le plus jeune s'acclimate très bien à ce nouvel environnement. Ce passage à Naples est l'occasion pour l'auteur de nous décrire de façon très vivante la ville et ses habitants.
Après les Deux Siciles, Jean Paul Desprat nous mène à Rome, où nous côtoyons le délicieux cardinal de Bernis, ambassadeur de France avant de revenir à Paris.
Il est moins question dans ce tome de la porcelaine que de l'Italie d'une part et de la famille et des amis d'Anselme d'autre part. Mais on apprend encore beaucoup et les personnages restent très attachants.
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Je continue ma découverte de l'histoire de la porcelaine avec Jaune de Naples, qui fait directement suite à Bleu de Sèvres.

Pour situer le contexte historique, nous sommes au XVIIIe siècle, Marie-Antoinette a tout juste 15 ans et commence déjà à ravir le coeur des Français. Elle décide de s'intéresser à la célèbre porcelaine de Sèvres, fière de la renommée que cet art a su acquérir ces dernières années. C'est ainsi que la dauphine et sa soeur, Marie-Caroline, reine des Deux-Siciles, se lancent un défi : ce sera à celle qui aura la plus belle porcelaine. Mais le cas des Deux-Siciles est un peu compliqué : le beau-père de Marie-Caroline, actuel roi d'Espagne, a fermé la manufacture de Capodimonte il y a quelques années, et en a expressément interdit la réouverture. Marie-Antoinette envoie tout de même le chimiste du roi, Anselme Masson, à Naples, afin d'aider à la réouverture de cette manufacture. Mais c'est là un affront au roi d'Espagne qui tentera par tous les moyens de faire échouer l'entreprise, menace à laquelle s'ajoute celle des Anglais, qui voient d'un mauvais oeil cette intrusion des Français dans leurs manigances politiques. Anselme et Eustache Masson vont ainsi se retrouver bien malgré eux les jouets des plus puissants...

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé dans ce tome, aux chaudes couleurs de Naples, Anselme et son plus jeune frère, Eustache. Leur génie, leur passion pour les recherches sur les minéraux, sur la chimie, se transmettent encore plus aisément au lecteur. Et puis, il faut bien l'avouer, ceux qui complotent contre les envoyés de la France et leur barrent constamment la route sont bien là pour pimenter un peu cette histoire, lui donner un peu de relief et de suspense. Dans Jaune de Naples, on est plus dans l'historique que dans la fiction, avec ce Siècle des Lumières parfaitement décrit aussi bien au niveau de la pensée que des événements... Un second tome aussi passionnant et prenant, si ce n'est plus, que Bleu de Sèvres. J'ai hâte à présent de me lancer dans le dernier tome de cette trilogie : Rouge de Paris !
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Le premier tome, "Bleu de Sèvres", s'était attaché à montrer quelle aventure avait été l'évolution technique des porcelaines tendres, et surtout dures, sous le règne de Louis XV. Ce second tome, "Jaune de Naples", s'attarde maintenant sur l'enjeu diplomatique qu'a représenté la porcelaine au XVIIIe siècle. Pour cela, Jean-Paul Desprat va mêler l'existence de son prodigieux chimiste Anselme Masson aux secrets des Grands.

Tout d'abord, nous tremblons avec lui au rythme des colères de la tyrannique Marie-Caroline de Naples qui, souhaitant reconstruire la manufacture de Capodimonte, fait appel à sa soeur Marie-Antoinette, tout nouvellement arrivée en France, pour qu'elle obtienne le détachement à Naples de praticiens de Sèvres. Ces menées ne plaisent pas du tout à l'Espagne de Charles III, beau-père de Marie-Caroline, qui de son côté ne veut pas d'une concurrence napolitaine en terme de porcelaine. Si on ne le voit jamais, son ombre menace toujours les frères Masson. Pour ne rien arranger, se mêle à l'affaire l'Angleterre, qui espère bien tirer de cette rivalité quelques marrons du feu.

Une fois sa mission napolitaine achevée, Anselme Masson n'est pas au bout de ses peines. À Rome, il se retrouve mêlé à la mort suspecte du pape Clément XIV. À Versailles, il subit les inconséquences de Marie-Antoinette. Drames professionnels, drames personnels, dans cette adversité il peut toujours compter sur ses amis, au premier rang desquels Blanchot et Hannong, ainsi que sur sa famille, Adèle, Lucile et Matthieu.

Un second tome qui se termine d'une façon surprenante, promettant une suite captivante !
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Avis et commentaires :

Je ne connaissais pas du tout cet auteur sous cet aspect car je n'en ai lu que les biographies historiques "Le Cardinal de Bernis" et "Le Secret des Bourbons", d'excellente facture tous les deux.
J'avais donc hâte de lire cet auteur sous l'aspect mi roman mi policier avec ce livre. Je le dis tout net, il est également excellent dans ce genre mais par contre enchaîne parfois les longs descritprifs qui m'ont un peu inquiété.

On s'attache très vite à Anselme, Eustache son frère et aux tribulations qu'ils connaissent, au milieu d'une rivalité assassine entre Espagnols et Français et jouets qu'ils sont de la dauphine Marie Antoinette et de sa soeur Marie Caroline. Enchaînant la narration de cette épopée durant laquelle Anselme quitte la France et sa chère Manufacture de Sèvres pour relancer à Naples l'équivalent. à Capodimonte, l'histoire d'amour avec Lucile, les techniques de porcelaine (le plus pénible à lire), les meurtres et nombreux pièges auxquels ils doivent faire face pour tenter de réussir sa mission.

Mélange d'une épopée familialle, celles des Masson, de la Manufacture de Sévres, de la qualité de la porcelaine française et du savoir faire de Limoges avec la grande histoire et d'un des vieux conflits entre France , l'Italie, l'Autriche et l'Espagne, on ne se lasse pas tant le cadre historique est juste.
Un certain sens du suspense, des intrigues et un brin de violence, tout cela, avec l'étude de moeurs de l'époque est rendu fidèlement et réjouit le lecteur.

Mélange de fiction, sens de la saga, du suspense et des rebondissements, le tout sur un fond particulièrement érudit, il faut parfois s'accrocher mais cela en vaut la peine.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Vous pourriez m'objecter qu'un gros plat de terre ou de faïence peut aussi bien suggérer l'idée de la simplicité du bonheur, dit Diderot,... Mais je tiendrai malgré tout pour la porcelaine parce qu'à la perfection elle ajoute la rareté, et que le bonheur est la chose la plus rare au monde.

pp. 475-76
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Ne vaut-il pas mieux des concurrents qui s'estiment que des rivaux qui se déchirent ? Entre amis concurrents, il y aura toujours l'aiguillon de l'ambition et de l'émulation qui les fera avancer mais, comme il resteront unis, il y aura aussi, chaque fois que nécessaire, le sursaut de l'entraide.
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- C'est toujours ainsi, dit Anselme, lorsque quelqu'un vous a trop fermement tenu la main, on le fuit et puis, ensuite, quand il n'est plus là, on le regrette et on se sent désemparé. L'affection étouffe parfois, mais lorsqu'elle s'évanouit on ressent un grand froid.
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La chimie est une science exacte ponctuée de hasards heureux.
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Il n'y a pas de limites au perfectionnement des choses.....Cela veut dire aussi que demain il pourrait tout aussi bien n'y avoir plus ni guerre, ni famine,ni prison, parce que l'homme serait devenu vertueux. Peut-etre qu'un jour aussi, il n'y aura plus de frontières,lorsque la liberté la plus absolue d'aller et de venir sera étendue à l'ensemble du monde
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Video de Jean-Paul Desprat (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Paul Desprat
A l'occasion des Rendez-vous de l'histoire 2018 à Blois, Jean-Paul Desprat vous présente son ouvrage "Henri IV : roi de coeur" aux éditions Tallandier.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2250961/jean-paul-desprat-henri-iv-roi-de-coeur Note de musique : Free Music Archive
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