AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Crossroads


Pierre Desproges disait que l'on pouvait rire de tout mais pas avec n'importe qui ! Preuve en est , s'il en était besoin , avec ce recueil de chroniques qu'il tenait , alors , quotidiennement sur France Inter ( Février – Juin 86 ) , chroniques qu'il cloturait immanquablement par un «  Quand au mois de Mars , je le dis sans arriere pensée politique , ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver «  ou bien encore par un «  Quand à ces féroces soldats , je le dis , c'est pas pour cafter , n'empeche qu'y font rien qu'à mugir dans nos campagnes «  . Qui a dit loufoque , décalé , absurde ?

C'était ça la patte Desproges . Une propension à rire de tout et de tous dans un style inimitable ! Acide , corrosif , décapant, noir...un humour immédiatement identifiable fait de phrases interminables que l'on déroule , le sourire en coin , dans l'attente du tacle malicieux et définitif de cet Auguste trop tot disparu . Provocateur patenté , cet amoureux du beau texte , cet orfevre de la langue Française était un véritable sniper qui faisait mouche plus souvent qu'à son tour ! Religion , politique , hédonisme , armée...aucun tabou , aucune limite si ce n'est celle de la flagornerie , de la facilité ou de la complaisance . La maladie fut l'un de ses sujets de prédilection , maladie face à laquelle il rendit les armes , un méchant cancer ayant eu raison de ses bouffonneries en 1988 , l'emportant à l'age précoce de 49 ans! « Noël au scanner , Pâques au cimetiere «  ! «  Plus cancéreux que moi , tumeur «  ! Se sachant condamné , il restait cependant lucide quand à ses chances d'en réchapper , n'hésitant pas à toujours user à l'envie d'une auto-dérision morbide aussi bienfaisante qu'illusoire . Il milita jusqu'au bout pour le droit à partir dans la dignité...

Desproges n'est plus . Il a tiré sa révérence sur un dernier canular , nous léguant , cependant , une oeuvre burlesque intemporelle mais surtout une immense tristesse...
Merci à Malaura pour ces inédits salvateurs au pays aseptisé du trop politiquement correct...
Commenter  J’apprécie          340



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}