Les hommes sont courageux

On peut quitter un homme que l’on aime, il demeure une sorte d’amour, que l’on refuse dès lors de gâcher de toutes les façons, car l’amour se gâche de toutes les façons.

Si deux personnes de sexes opposés se rencontrent, si elles souffrent toutes les deux de solitude et si certains paramètres sont réunis, il y aura forcément une accroche, l’apparition d’un désir, mais est-ce que ça fera de l’amour, au bout du compte ? On construit sur de la solitude, de la douleur, du dépit ? Je veux dire, on peut construire quelque chose de valable, de durable, dans ces conditions ? À moins de se mentir ?

Tu te donnes l’illusion que tu as une prise sur les choses alors qu’on te tient en laisse. Tu craches au bassinet comme tout le monde, on a inventé toutes les façons. Tu poses tes congés comme tu mendierais. Tu bois parce que tu penses que tu l’as bien gagné. On t’a mis dans la tête que la joie vient après l’effort, que l’effort est nécessaire, c’est un peu comme une croix que tu portes tous les jours. Tu produis plus d’effort qu’on ne te procure de joie. Ça tombe tous les mois et ça te paraît une juste récompense. Tu es toujours en laisse. Bon chien…

J’ai perdu un pote d’un cancer, ça a duré de longs mois, et je me suis toujours demandé s’il n’aurait pas été souhaitable qu’il meure d’une balle dans la nuque, ousans aller jusque-là, sur le coup dans un accident de voiture… Quand un mec disparaît de cette façon, c’est triste, bien sûr, mais les gens ne se rendent pas compte qu’il est peut-être passé ainsi à côté des pires tourments…

Je m’y étais rendu une nuit avec une nana, pour y écouter les chouettes, elle aimait écouter les chouettes, elle disait que leur chant était l’écho d’une douleur profonde en nous, une douleur que nous ignorions peut-être.

Le fleuve était là, si près, il grondait, menace incessante. Dans la nuit même, je n’aurais pu l’ignorer. Qu’il s’élève et il nous noierait. Qu’on en ait ras le cul et on s’y précipiterait. Ça ferait quelle différence ? La mort au bout. Dans un cas comme dans l’autre, la vie ne nous aurait pas épargnés, elle ne nous épargnait pas.

D’accord, le gosse a fait une connerie mais c’était pas une raison pour le descendre, faudrait juger les empaffés qui sont à l’origine de ce merdier, ceux qui ont fait construire ces tours pour commencer, et puis il faudrait songer à rebaptiser toutes les stations, parce qu’il ne faut pas se foutre de la gueule du monde, parce que si c’est de l’humour, moi, je suis curé !

Et puis l’âge, le cancer, les maladies cardiovasculaires, ça se met à rôder autour de toi, ce sont des bêtes plus ou moins patientes, ça dépend de ta chance, tu ne sais pas si tu en auras longtemps, de la chance…

Les femmes avaient de ces idées, qu’il n’était pas dans l’intérêt des hommes de se soustraire à leurs désirs, que les femmes avaient besoin que les hommes les éblouissent et que, en plus du plaisir sournois qu’elles pouvaient prendre en de telles circonstances, il s’agissait pour elles d’une manière de les tester, et gare à ceux qui les décevaient !

La vie, c’est rien qu’un jeu de merde pour te mettre à genoux… à genoux…