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EAN : 9782070122523
128 pages
Gallimard (09/10/2008)
3.31/5   13 notes
Résumé :
Alarmé par la disparition de Maria, une résidente de la maison de retraite où il vit également, Taine, son vieil amant, croit savoir où elle se trouve : dans sa maison sur les flancs du mont Ventoux. Il décide de partir à sa recherche. Il ne retrouvera pas Maria, morte depuis plusieurs jours déjà dans un recoin de la résidence. Mais il découvrira, au cours de quelques jours d'échappée belle, les secrets et les replis du monde et de lui-même.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je commence le ressenti de cette lecture bouleversante par une longue citation qui formule au plus près la colère, la rage de son auteure envers les dysfonctionnements et inélégances subis par nos anciens. Parmi les divers outrages envers les "grands adultes", il y a celui qui est abordé dans l'extrait suivant: La sexualité encore taboue, décriée, ou quasiment niée pour le grand âge...

J'avais rédigé une critique, mais je recommence...car elle ne me satisfait pas du tout... et je ne sais si je parviendrai à présenter ce roman, qui m'a laissé la gorge serrée, tant Régine Detambel appuie où cela "fait mal"; Malheureusement, elle frappe trop juste, lorsqu'on écoute, observe, analyse les,nos propres impatiences envers les Anciens


"Ce fut la même paralysie des images terriennes quand l'auxiliaire de vie ricanante les surprit, Maria et lui, s'embrassant. Elle hurla après eux comme on traite deux chiens qui copulent, comme si l'amour en eux n'était qu'une sécrétion corrompue et malsaine. Ce choc vint les ébranler jusqu'à l'égarement. Jamais ils n'osèrent reparler de l'œil courroucé de la jeune femme en blouse sur leur désir insensé et dégradant. Comble de perversité, elle leur avait conseillé de mettre un terme à cette liaison, ajoutant finement "sans lendemain", puisque l'amour octogénaire n'est qu'un parasite mensonger. L'écraser sans regret pour éviter l'enlisement dans une passion sans issue, à l'évidence mortelle à court terme. pourquoi gâcher une si belle fin de vie par des débordements, quand ils feraient mieux de cultiver la sérénité, chacun de son côté ? Quel plaisir peut-on trouver à une telle peau, à jouer à la bête à deux dos avec une vieille à deux dents ? Et que diraient leurs familles, si elles les voyaient ainsi se conduire en vieux cochons ?

Certains souvenirs auxquels des voix criardes sont attachées ont la force de faire taire les oiseaux "(p. 74)


Cette fiction empruntée tout récemment à ma médiathèque , je l'ai redécouverte... avec grande émotion. Régine Detambel est une auteure que j'ai découverte il y a un ou deux ans, avec une autre romancière, Jeanne Benameur; cette dernière enseignante , la seconde kinésithérapeute de formation, développent dans des styles différents des préoccupations et questionnements voisins: la différence trop souvent accompagnée de rejet, la vieillesse , la fin de vie ["Profanes" ], l'empathie envers les êtres plus fragiles, etc.

Je reviens à ces "Noces de chêne" où Régine Detambel déploie un grand nombre des sujets qui lui sont éminemment chers: La vie et le traitement de nos Anciens, , le quotidien d'une maison de retraite, les relations amoureuses non admises pour ces résidents âgés...

C'est l'histoire d'amour intense entre Taine et Maria, qu'une aide-soignante dévalorise et décourage avec la conviction effrayante d'avoir bien sûr raison vis à vis de ces "grands enfants non raisonnables" !!!! Maria disparaît, et Taine est désespéré, cherche cette femme qu'il adore, imagine qu'elle s'est enfuie pour repartir dans sa maison près du Mont Ventoux; Taine décide de partir à sa recherche pour la retrouver... cette marche qu'il entreprend pour rejoindre Maria, va lui donner l'occasion unique de retrouver la nature, les sensations intenses , immédiates de se sentir en vie...Je n'en dirai pas plus...


Le style de Régine Detambel est précieusement en fusion avec son sujet: de la poésie intense, à une certaine crudité et âpreté des mots, pour dire, redire que notre appréhension et traitement de nos aînés dans notre pays, laissent franchement à désirer. Nos maisons de retraite (autrefois appelées "hospices") sont bien souvent des lieux dégradants, infantilisants.

On associe trop souvent "vieillesse " et "Maladie". Disons -nous une bonne fois pour toutes: les Vieux ne sont pas des malades !!

Un texte bouleversant qui reste une "gifle mémorable", qui pointe les dysfonctionnements trop fréquents quant à nos manières de considérer et traiter "nos vieux"...[ que nous serons un jour !, ne l'oublions pas !!]

[***** en m'informant plus avant sur le site de Régine Detambel, j'apprends qu'en sus de ses formations en "Bibliothérapie", l'auteure est chargée de cours à la Faculté de médecine de Montpellier, dans le cadre du D.U Ethique du vieillissement et Maladie d'Alzheimer.]

Ces "Noces de chêne" est un roman bénéfique, "coup de poing" nécessaire pour repenser, élargir positivement la vieillesse.

Ne pas cantonner les "vieux" dans des placards sinistres et inutiles. Il en est de notre humanité et d'une vision générale constructive de tous les âges, et des bienfaits, richesses intergénérationnelles; De quels droits serions-nous les censeurs de nos aînés ? ...Que ceux-ci inventent, espèrent... continuent à faire des projets, et à vivre librement, pleinement l'Amour, lorsqu'ils le rencontrent à nouveau....



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Maria et Taine sont résidents d'une maison de retraite à Carpentras. ils sont amoureux, surtout Taine. Lorsque Maria disparait, le vieil amant est complètement désemparé et part à a recherche de sa bien-aimée. Il fait une fugue, prend la fuite avec pour seul équipement : un pot de confiture et un livre d'Apollinaire. Il veut retrouver sa belle dans sa demeure au pied du Mont Ventoux, persuadé qu'elle se trouve là-bas, alors qu'il lui est arrivé un stupide accident. Sur sa route, il va rencontrer quelques personnes mais surtout une autre femme, Vitalie...
Ce roman est un hommage à l'amour des seniors qui sont souvent infantilisés dès qu'ils accèdent à un certain âge. Ils n'ont plus le droit de manger dignement, on leur parle comme à des enfants, on leur interdit de s'aimer trouvant cela sale et anormal.
L'écriture de l'auteure est plein de poésie, très lyrique, peut être un peu trop pour moi ce qui m'a donné du mal à pour m'investir pleinement dans cette lecture.

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Livre qui m'a été conseillé par Fanfanouche24 et l'en remercie.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ce fut la même paralysie des images terriennes quand l'auxiliaire de vie ricanante les surprit, Maria et lui, s'embrassant. Elle hurla après eux comme on traite deux chiens qui copulent, comme si l'amour en eux n'était qu'une sécrétion corrompue et malsaine. Ce choc vint les ébranler jusqu'à l'égarement. Jamais ils n'osèrent reparler de l'œil courroucé de la jeune femme en blouse sur leur désir insensé et dégradant. Comble de perversité, elle leur avait conseillé de mettre un terme à cette liaison, ajoutant finement "sans lendemain", puisque l'amour octogénaire n'est qu'un parasite mensonger. L'écraser sans regret pour éviter l'enlisement dans une passion sans issue, à l'évidence mortelle à court terme. pourquoi gâcher une si belle fin de vie par des débordements, quand ils feraient mieux de cultiver la sérénité, chacun de son côté ? Quel plaisir peut-on trouver à une telle peau, à jouer à la bête à deux dos avec une vieille à deux dents ? Et que diraient leurs familles, si elles les voyaient ainsi se conduire en vieux cochons ?

Certains souvenirs auxquels des voix criardes sont attachées ont la force de faire taire les oiseaux (p. 74)
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Maison de retraite: le sacre de l'hiver. Sacré veut dire séparé. Ces gens séparés du reste de la population vivante, désormais immiscibles, à la fois vénérables et épouvantables, on les appelle des résidents. (p. 51)
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Il y a des êtres à qui la vieillesse a donné, non pas une éternelle jeunesse, mais plutôt une souveraine liberté, un éclat de sentiment pur, fait pour jouir d'un moment de grâce entre la vie et la mort. Chez Taine, toutes les pièces de la machine se sont combinés en vue de l'amour et pour envoyer dans l'avenir un trait qui traverse les âges: Maria; (p.15)
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Ensuite, pris de nausée, il a besoin de Maria. Révolté par sa perte, il s'agrippe à son prénom. Il se dit que, s'il passe la main sur les pages du livre, il y touchera le souvenir de la main de Maria. Alors il avance, le livre ouvert, au pas de lecture. Il caresse. Il ne lit pas. Plus exactement il lit seulement la peau du livre. Il touche. Il remonte. Il s'approche de Maria dans le livre, de la peau de ses doigts humains. Il est évident que ce volume est toujours finement tremblant de la dernière lecture de Maria. Il reste forcément, dans ce papier, du caressé, du touché, de l'odeur. Taine palpe. Il parvient plus loin que la peau, plus loin que la pensée, dans cet espace où ils sont arrivés déjà quand ils ont fait l'amour. Là, il touche Maria, sa forme, son autoportrait de lectrice appuyée à ses oreillers. Des centaines de fois, il la touche. Les mains sur les empreintes de ses mains. Et soudain cela ne suffit plus. Il voudrait la respirer encore un peu. Il l'appelle "Maria". C'est une sorte de prière qui est dans l'instant exaucée. Un coup de vent tourne la page. Et c'est comme si Maria avait voulu souffler, dans le corps exténué de Taine, un supplément de tendresse absolument indispensable. Une minuscule minute de béatitude. (p.63)
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Ton corps se meut en vertu d'un désir. Avec Maria, Taine n'attend rien, n'a besoin de rien et ne croit à rien. Il vit, tout simplement. Chaque seconde, chaque respiration, est une source d'euphorie constante. Avec Maria, Taine veut aller vers le meilleur. (p. 18)
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La bibliothérapie à pleine voix : les livres soignent et transforment ! Lire pour soi, lire pour l'autre. Après **Les livres prennent soin de nous** paru en 2015, Régine Detambel revient avec un ouvrage de bibliothérapie créative qui recense quelques-unes de ses sources théoriques et les grandes lignes de sa pratique.
**Lire pour relier. La bibliothérapie à pleine voix**, un essai de Régine Detambel en librairie le 6 septembre 2023.
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