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EAN : 9782742799213
146 pages
Actes Sud (01/08/2011)
3.78/5   30 notes
Résumé :

Gravement ébranlée dans sa chair par un accident de voiture peut-être suicidaire, Alice, bientôt cinquante ans, gît sur un lit d’hôpital, désamarrée du monde et de sa propre histoire mais bien loin du pays des merveilles.

Elle va, pendant deux ans, traverser l'expérience impitoyable de la cicatrisation, de la musculation, de la rééducation, de la reconstruction, luttant nuit après nuit pour reprendre possession de ce corps malmené.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Régine DETAMBEL
SON CORPS EXTREME
Ce livre relate l'expérience unique d'une réappropriation de soi à travers son corps, dans l'expérience d'un traumatisme fondateur, et d'une renaissance à soi, à travers le corps.
Un schéma simple ; une femme tente de se suicider en enroulant sa voiture autour d'un poteau, et se réveille à l'état de semi-légume dans une unité de soin pour polytraumatisés. le livre retrace sa lente émergence à la vie, et comment c'est dans le rapport au corps, à travers la douleur d'un corps réduit en miettes, à travers la douleur d'un corps que l'on rééduque, une femme s'empare à force de volonté de sa vie, non seulement de son présent, mais d'une partie de son passé dont elle revit les traumatismes originels. Puis l'amitié d'un autre malade du centre de rééducation lui permettront d'envisager la possibilité d'une autre vie, où elle cessera de subir un passé, l'héritage d'une mère suicidaire, et la souveraine indifférence d'un père, d'un mari et d'un fils.
Rien d'intellectuel cependant dans ce parcours. C'est dans l'intime de la relation au corps, non dans les mots, que ce fait cette renaissance. Pourtant, les mots sont là, ceux de l'auteur, profonds, adhérant intimement à des expériences corporelles, une densité du langage qui rend le texte très attachant.
Remarquable prologue, où tout s'enchaine comme dans un plan séquence, de la banalité d'un chantier de nuit, dans le goudron et l'effort viril, l'amitié, la solidarité des travailleurs de la nuit, une nuit traversée d'intersignes, une biche qui s'égare sur le chantier, et trois fois rien, juste une voiture surgie de nulle part et qui vient terminer sa course autour d'un lampadaire.
Une économie de moyens de l'écriture, et cependant une efficacité réelle, en quelques pages, qui réussit à dresser un décor, non seulement pour une action dramatique, mais pour un univers mental et sensible.
Bravo.
Michel le Guen
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Acte de désespoir ou simple accident, la perte du contrôle de son véhicule va coûter à Alice deux ans d'hospitalisation. Plongée, au début, dans un doux coma, coupée du monde, anesthésiée de toute douleur, Alice déambule dans les profondeurs de sa conscience. Elle se repait de cet isolement rassurant, libérée des contraintes de la vie, de la difficulté d'exister au jour le jour, de lutter. Jusqu'au jour où Alice se réveille et où le vrai combat commence. Il lui faut maintenant réapprendre à vivre.
Dès lors, tout devient plus difficile. le moindre geste est douloureux, la moindre parole est éprouvante. Répéter les mêmes mouvements au quotidien s'avère être une véritable torture. Ces gestes simples, naturels, que l'on fait sans y penser, Alice doit les réapprendre. Au début, tout se passe en elle-même, car au fond de son lit, elle a tout le temps de réfléchir à son état, à sa vie, pour mieux revenir à l'essentiel. Petit à petit, l'usage de la parole revient, puis il faut réapprendre à marcher. A partir de là, la véritable souffrance commence. Mais souffrir, c'est vivre, et Alice lutte pour cela, malgré l'indicible douleur. Chaque jour, le combat reprend, mais malgré la faiblesse qui l'a conduite dans cette chambre d'hôpital, malgré la solitude qui la ronge, Alice est forte et prête à se battre. Cette force, elle la puise dans Caire, un autre patient auquel elle s'attache sans réserve…
L'écriture de Régine Detambel est très belle, très poétique. Elle sublime la douleur et la solitude par la délicatesse de sa plume. Une performance d'autant plus louable que le sujet est difficile, presque pénible pour le lecteur, témoin impuissant de cette souffrance palpable. Et pourtant, il y a aussi du plaisir à assister au combat de cette femme, un peu perdue mais tellement courageuse.
Seul bémol : j'aurais aimé m'attacher davantage au personnage d'Alice, un peu trop froid, trop distant à mon goût.
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Une ville, la nuit. Des ouvriers travaillent sur un chantier. Au loin, un bruit, de la tôle froissée, une voiture sur le capot. A l'intérieur, la conductrice a l'air encore en vie. Elle, c'est Alice, la cinquantaine. Elle a percuté un poteau de plein fouet. Accident ? Volonté d'en finir ? On hésite, le fil de son récit nous fera peut-être choisir.
On suit cette femme blessée, au propre comme au figuré. Elle est cloitrée sur son lit d'hôpital, elle a le temps de penser, de ressasser, de se repasser le fil de sa vie. Sa mère, morte quand Alice était bébé, son frère aîné, son fils David, son mari puis son divorce. Deux ans dans un centre de rééducation. Deux ans de souffrance, réparer un corps en mille morceaux. Mais elle résiste Alice, elle est patiente. Après tout, cela peut conduire à une nouvelle vie. Autre. Meilleure peut-être. Alors elle s'accroche, guérit petit à petit, grâce à Antoine, compagnon couvreur lui aussi blessé, qui l'aide mentalement à marcher. Alice redécouvre son corps, à cinquante ans elle y porte pourtant un regard neuf. Elle a changé.
Un récit envoûtant, on suit avec plaisir Alice, on veut l'aider à s'en sortir. La vie n'est pas facile mais vaut tout de même la peine de la vivre. On peut y trouver des plaisirs à tout instant. Même quand on n'y croyait plus.
Beau roman initiatique, où la protagoniste, tel un phénix, renait de ses cendres.
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Cette Alice-là n'est pas au pays des merveilles, mais dans une contrée de souffrances... Elle vient de subir un très grave accident de voiture (elle a embouti un poteau au milieu de la nuit et a dû être désincarcérée de son véhicule) et se retrouve sur un lit d'hopital, avec de nombreuses fractures et cicatrices sur le corps. Au début, dans un coma léger, elle perçoit quelques signes de l'extérieur, mais est surtout concentrée sur ce qui se passe dans son corps, et dans sa tête. Cette période d'immobilisation forcée va en effet la pousser à penser, à retourner dans son passé, à affronter ses souvenirs et ce sont bientôt les cicatrices morales qui vont se ré-ouvrir, pendant que les cicatrices du corps lentement commencent à se refermer.



Alice revit plusieurs épisodes de son enfance, parle de ses parents et de leur vie de couple, de son mari détesté et de son fils avec lequel elle a une relation en dents de scie, qui l'ont quittée tous les deux, l'un en divorçant et l'autre en s'éloignant d'elle pas à pas. Elle confie à son nouvel ami, un homme marié qu'elle rencontre dans le centre de rétablissement, son mal être, cette impression de faire tout faux ou à coté des choses depuis des années. Elle dit tout, ses regrets, ses révoltes, jusqu'à dire un jour l'indicible...

On se demande si finalement cet accident n'était pas pour Alice l'occasion de naître à elle-même, enfin. Corps cassé, certes, qui va demander deux ans d'efforts inouïs pour se remettre en marche, pour tout réapprendre, mais coeur mis à nu lui aussi, revenu à l'essentiel, au vital, et prêt pour un nouveau départ.

J'ai absolument adoré ce roman, que j'ai dévoré du début à la fin sans pouvoir m'arrêter (vivent les voyages en train !). Et dire que je ne connaissais pas cette auteur, alors qu'elle a déjà une bibliographie impressionnante ! Je vais bien sûr lire autre chose d'elle, car j'ai été totalement sous le charme de son écriture, absolument magnifique. Cette histoire est envoûtante, bien que le sujet soit vraiment difficile et Alice m'a suivie longtemps. J'ai juste regretté de ne pas retrouver au fil du roman les personnages du début, ces travailleurs de la nuit sur les routes, qui avaient été témoins de l'accident et dont les descriptioins des pensées étaient si belles.

Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Alice, la cinquantaine, a eu un grave accident de voiture. Plongée dans le coma pendant plusieurs jours, elle va devoir ré-apprivoiser ce corps meurtri. Admise dans un centre de rééducation, elle fait la connaissance d'autres patients qui ont tous leur histoire, une équipe médicale qui oeuvre vers un seul et même but. Alice au lieu de s'enfoncer dans le drame de son accident va le considérer comme une chance de redémarrer sa vie.

L'histoire et l'écriture de ce livre sont si puissantes, si intenses que j'ai terminé ce livre le souffle coupé et les yeux embués de larmes ! Je ne pouvais que vibrer à cette lecture qui a trouvé de nombreux échos en ma personne. Suite à son accident de voiture, Alice est plongée dans le coma. Dans ce paradis artificiel de la non-douleur, elle flotte tiraillée par la tentation de rester dans ce monde indolore, de pas ne pas réincarner sa vie d'avant.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/08/regine-detambel-son-corps-extreme.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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critiques presse (2)
Actualitte
27 octobre 2011
Au fur et à mesure qu'Alice progresse dans la guérison, qu'elle se redresse et s'ouvre à la vie, le lecteur ressent comme un apaisement face au texte, il pénètre plus intimement dans le récit, ressent une émotion, de la chaleur, comme si Alice, acceptait désormais le regard qui se pose sur elle.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
18 août 2011
Ce roman, qui célèbre la volonté et la chair, est un hymne à la résistance.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[ Incipit ]

Tout au long de la nuit une terrible pluie d'étoiles et maintenant l'aurore, pourtant ça continue, brillant plus faiblement, au-dessus du boulevard partiellement fermé à la circulation en raison de travaux. Rues larges, résidentielles, quasi désertes en août. Façades lustrées par la sécheresse. Des lauriers-roses en fleur, les hautes herbes des talus brûlées par le soleil chromé qui pilonne depuis juin. Volets fermés malgré la fraîcheur, ça dort encore, ignorant peut-être que dans toute la partie noire de la nuit le feu jailli des aérolithes a sifflé et dégringolé le ciel en gémissant. La terre a rencontré un anneau de poussière plus torrentiel que jamais. Cette année, les Perséides se sont déchaînées, défoulées, ébrouées plus que jamais de mémoire d'ouvriers de chantier, de mémoire flegmatique de chef d'équipe spécialisé dans les travaux publics.
Petits braseros d'été, compacts et éruptifs, les météorites alimentent la discussion entre les hommes aux cheveux en brosse. Les plus jeunes des pelleteurs, on peut dire que l'effritement du ciel les a chahutés.
Ça tombe en morceaux, fait une voix pleine de désespoir et de reproches. Tu risques rien, va.
Quelqu'un s'occupe du réchaud à gaz. L'odeur roussie du cul de la bouilloire. L'eau clapote et passe par-dessus bord. Les brouettiers sont venus s'asseoir autour du chef d'équipe niçois avec un gobelet de thé à la menthe. Ils en offrent à la ronde. Tous se raniment à la présence aromatique pendant qu'un froissement de vent transforme les tôles ondulées en orgue de Barbarie.
Dix minutes de pause supplémentaires pour cause d'étoiles filantes.
Le chef d'équipe est un homme entre deux âges qui porte un béret informe, qui hache une peau de tomate entre ses incisives, qui l'après-midi revend des avertisseurs interdits par les flics, avec lesquels on flamboiera auprès des filles.
Le chef d'équipe est captivé par le mouvement, ce mouvement incessant, ondoyant, fluide dans le grand fourre-tout du ciel au-dessus de lui. Il jette la tête en arrière comme pour se raser sous le menton. Il tient sa nuque dans ses deux mains jointes.
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Dix étoiles filantes à la minute, ça fait tout de même une drôle de nuit. Le beau programme pour des insomniaques. Et pas besoin d'acheter de billet. Le ciel livre sans discontinuer ses paquets-cadeaux. (p. 12)
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La splendeur de la vie humaine est plus sensible à ceux que n'éblouit pas le rayonnement des biens portants, et le compagnonnage humain est plus intime et plus passionné quand on a pris conscience d'être exilé sur un rivage inhospitalier.
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On ne s'éveille pas vierge d'un coma. Même si on a l'impression, un temps, que tout est blanc, il y a eu les cauchemars. Les démons hantent le silence et s'en nourrissent, ils sont la face vénéneuse des choses dont on avait si peur dans la chambre d'enfant, ils sont l'ombre de l'armoire, ils sont la tache de moisi sur la toile de Jouy qui, dans la presque obscurité, avait l'air d'une tête de mort, ils sont des âmes en peine et des spectres condamnés à une course désordonnée et éternelle.
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Les pages moussent dans toute la pièce. Alice aime que toute sa main travaille, elle envoie chaque mot à sa besogne, pour son histoire, sa narration dépurative. Elle laboure par le feu, elle sarcle par le Bic. Et pour que les larmes ne gèlent pas, ajouter à l’encre quelques gouttes d’eau de Cologne.
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La bibliothérapie à pleine voix : les livres soignent et transforment ! Lire pour soi, lire pour l'autre. Après **Les livres prennent soin de nous** paru en 2015, Régine Detambel revient avec un ouvrage de bibliothérapie créative qui recense quelques-unes de ses sources théoriques et les grandes lignes de sa pratique.
**Lire pour relier. La bibliothérapie à pleine voix**, un essai de Régine Detambel en librairie le 6 septembre 2023.
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