Les jours de sable

Partis pour visiter une grotte rupestre, dans le Hoggar, un couple de Français et leur guide touareg se trouvent coincés par la panne de voiture et sans téléphone. Septembre, période chaude, est déconseillé aux touristes. Ils sont à 100 km de Tamanrasset et savent que le piège est mortel. Pour enfoncer le clou du sort, une violente tempête de sable efface leurs dernières traces. Les jours défilent vides de tout sens. A quoi bon économiser eau et nourriture ? Gagner trois jours avant l'arrivée de la Camarde ?? Mais Amastane, rôdé à toute épreuve sait imposer la discipline en les aidant à garder une dignité irréprochable, et en répétant que personne ne va les secourir.
Et pour garder sa force mentale, la narratrice écrit son journal intime. Raconter, c'est faire exister. Elle refuse même de le faire lire à son amant. La violence de la situation les éloigne, comme la violence du temps qui passe. le fait d'écrire donne une emprise sur le temps, comme un artiste qui crée, comme un habitant du Néolithique qui grave un mur.
Le silence quotidien est presque mystique, comme ces murs gravés, devenus leur Chapelle Sixtine, et comme l'heure du thé, trois fois par jour qui ressemble à un rite religieux. Vide le désert ? Surtout pas. A chaque jour sa nouvelle surprise, ou sa nouvelle rencontre avec une faune particulièrement adaptée à la rudesse du climat. La beauté du site et les couleurs changeantes sont partout. Et si l'ennui et le silence vous pèsent, le vent et les djinns sont là pour vous rendre vivant. Les questions philosophiques fusent, comme les réflexions sur l'existence ou le temps qu'on ne peut arrêter. Les éléments règnent en majesté. La méditation et la contemplation se confondent. le touareg croyant est en paix avec lui-même, quel que soit son destin. La force de ce roman vient de la richesse des détails futiles, des bribes de vie qui vaut la peine d'être vécue. La poésie apporte de la douceur, alors qu'un dénouement tragique est tant attendu. Chapeau l'artiste !

Trois voyageurs - un couple et leur guide touareg - se perdent dans le désert du Sahara. Seuls et condamnés, ils se trouvent confrontés à la peur, la solitude, la mort certaine. Chaque rituel et notamment la cérémonie du thé, va les réunir. Nous les suivons dans les carnets minutieusement tenus par la femme qui décrit chaque évènement pour survivre dans ce lieu à la fois magique et inhospitalier. Elle interroge le présent mais aussi son passé afin de comprendre pourquoi et comment l'écriture peut arrêter le temps. Au-delà de la fascination que peut exercer le désert, c'est la puissance de l'écriture face à la mort et au silence qui est au centre de ce très beau roman.

Le roman des jours de sable retrace l'histoire d'une révolte, d'une femme qui relève la tête. Ce n'est pas vers cette voie que se sent emmené le lecteur dans les premiers chapitres de l'ouvrage. Un couple se trouve coincé près d'une grotte au beau milieu du Sahara, par une panne toute bête. L'eau, les vivres sont comptés. Il n'y a pas d'espoir d'être secouru. Alors on s'astreint à apprivoiser l'idée de la mort. Mais on ne s'y fait pas, c'est alors que s'amorce la révolte de cette femme, non contre la mort, mais à l'encontre des mensonges de sa vie.
La narratrice parsème son récit de réflexions sur le temps, sur l'écriture, sur la figure fragile du transfuge de classe avec habileté, sans que cela prenne le tour d'une surcharge docte ou larmoyante, ces fils qu'elle tire subtilement sont parfaitement naturels et énoncés simplement, de manière lumineuse, dans l'urgence de la situation. C'est un beau roman.

C'est toujours très ennuyeux lorsqu'un grain de sable vient contrarier une randonnée en amoureux.
Surtout au fin fond du désert !

C'est ce qui arrive à la narratrice dans les années 1980. Avec Pierre son compagnon plus vieux d'une vingtaine d'année, et Amastan leur guide marocain quand ils décident de randonner « hors piste » dans le Sahara. Une stupide panne de voiture les immobilise près d'une grotte connue pour ses peintures rupestres située à l'écart des routes ordinairement usitées.
Elle pense alors mourir.

Pour tromper son ennui, occulter l'idée de la mort, elle décide de noter sur des carnets, ce qu'elle voit, ses souvenirs d'enfance et surtout, les tenants et aboutissants de sa relation avec Pierre, tout en faisant un parallèle avec le roman « Lord Jim de Joseph Conrad ».
C'est la première fois qu'elle se retrouve face à la mort : « Mais la mort n'a pas traversé ma route : personne autour de moi n'a disparu, aucun de mes proches. Aujourd'hui, je me dis qu'au moins j'aurai eu la chance de n'avoir pas enduré cette douleur-là, puisqu'il est pratiquement certain que je serai moi-même la première morte de ma vie. »
Mais faire le point sur une relation amoureuse dont les règles n'ont été établies que par une seule des deux personnes, peut vite déboucher sur une impasse, sur un désert sentimental.

Ce roman souhaite nous emmener dans le désert, sa chaleur, ses rites, sa faune, avec un bon nombre de références (Théodore Monod, Henri Lhote). Il foisonne de termes touaregs avec un index lexical à la fin de l'ouvrage.

D'une écriture fluide, il se lit facilement mais a du mal à faire entrer le lecteur dans ce silence, cette lenteur, ces moments d'immobilisme thermique comme seul le désert peut nous offrir, pour les personnes qui ont eu la chance de pouvoir faire un séjour dans les sables du Sahara.

En résumé, un bon livre de découverte pour avoir une première approche du désert.

Chronique établie par Gérard G
Livre lu dans le cadre du prix Orange 2023


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