Tante Henriette ou l'éloge de l'avarice

Toujours dans la même veine qu'Ingrid, ce récit biographique de la tante Henriette n'en demeure pas moins intéressant.

Je sais que cela se veut drôle et caustique et qu'au final, on se dit que c'était une personnalité excentrique avec un bon fond. Mais je n'arrive pas à ressentir cela pour une raison bien simple: je considère que l'avarice est bien le pire défaut surtout quand on a les moyens. Il n'y a rien de pire que de jouer les misérables quand on pourrait tout se payer dans la vie. L'avarice comme un art de vivre est malheureusement bien répandu...

Alors, je ne juge pas la qualité de l'oeuvre mais je déteste tante Henriette pour ce qu'elle est. Je n'arrive pas à lui pardonner tout ces défauts car j'estime qu'avec l'âge, on acquiert normalement la sagesse. Au moins, cela ne m'a pas laissé indifférent!

Isabelle Dethan retrace l'histoire d'une tante qui a tant impressionné son enfance. Personnage d'un autre temps, Henriette se présente à la petite fille, corsetée dans une longue jupe et dans un chemisier à lavallière, le chiffon enserré dans un filet, le bras armé d'une canne. Pas de quoi rigoler pour la dessinatrice et sa soeur, d'autant que cette tante sent un peu le moisi. Par ailleurs elle a une sacrée tendance à offrir des chocolats datés de l'année passée ou à faire la vaisselle trois fois par semaine, histoire de ne pas gâcher l'eau…. Quelques brides du passé vont permettre aux deux fillettes, devenues jeunes femmes à la fin du livre, de comprendre l'attitude rapiat de la vieille dame. Joli graphisme en noir et blanc comme hommage délicat à une parente éloignée, pas forcément aimée de son vivant, mais dont le souvenir persiste après son décès. Isabelle Dethan partage aussi quelques pages de ses albums photos de famille en écho à ses dessins.

Tante Henriette est un portrait à la fois romancé et autobiographique de l'auteur Isabelle Dethan. Plongeant dans ses propres souvenirs, elle nous emmène dans les années 70 où Isabelle, alors petite fille, passe des vacances dans le Périgord en compagnie de cette vieille tante.

Son arrivée ne provoque pas l'enthousiasme : cette grand-tante issue de la haute bourgeoisie est un peu spéciale. Henriette a gardé ses habitudes d'autrefois et, malgré sa richesse, a érigé l'économie et l'avarice en vertu. Ses cadeaux proviennent de vente de charité, des élastiques lui servent de lacets, les chocolats qu'elle propose sont coupés en deux pour les faire durer plus longtemps, et la vieille femme n'hésite pas à demander au restaurant les restes du repas pour les emporter chez elle.

Les anecdoctes, non dénuées d'humour, se succèdent et loin de dresser un portrait amer et méchant sur cette femme, elles la rendent plutôt attachantes.
Car Isabelle Dethan va peu à peu remonter la vie de cette femme, son histoire, son parcours de vie et nous expliquer comment et pourquoi elle en est arrivée à ce souci extrême de l'économie et du non gaspillage : de son mariage de raison qui lui a apporté la fortune à la guerre qui imposa une certaine austérité.
Alternant les époques, on découvrira que les évolutions ont été, ô combien importantes, et que Henriette est le résultat de cette société en pleine transformation.
Enfin, cette vieille dame économe se révélera être la seule qui accueillera avec chaleur la jeune allemande, future mère de l'auteur, plutôt mal considéré chez les autres membres de la famille qu'elle n'hésitera pas à critiquer plus loin pour leur appât du gain !

Ce portrait doux et tendre est d'autant plus mis en valeur par le beau lavis sépia qu'Isabelle Dethan utilise pour cet album et qui renforce l'impression surannée et sans âge de cette tante Henriette qui n'a pas tout à fait su évoluer avec son temps.

A découvrir !
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je suis fan, j'adore le dessin subtil d'Isabelle Dethan, qu'elle fasse appel au réel ou à des mondes imaginaires