Métronome : Le coffret

Vingt chapitres, vingt stations de métro, vingt siècles d'Histoire de Paris (et non une Histoire de France, comme il est faussement indiqué dans le sous-titre). Une Histoire qui s'adresse à un très large public, et qui sacrifie volontiers la précision à l'action romanesque. A partir de là, inutile de s'éterniser sur les raccourcis, les affirmations qui n'auraient dû être que des suppositions et les pures inventions qu'implique un tel exercice. Lorànt Deutsch ne s'adresse pas aux professionnels, même pas aux amateurs, mais au plus grand nombre. Et s'il a réussi à accrocher une poignée de lecteurs qui auront eux-mêmes pris la peine de faire des recherches pour vérifier ou approfondir les informations qu'il dissémine avec générosité au milieu d'une abondante fiction, alors je crois qu'il aura gagné son pari.
Juste un bout de citation : « Au fond, l'an 1000 n'a pas été une période enflammée digne des Ecritures et du Jugement dernier. le mythe de l'an 1000 a été popularisé en France au XIXème siècle par les romantiques et des historiens comme Jules Michelet … » C'est avec ce genre de phrase qu'on se rend compte que la passion pour l'Histoire de Lorànt Deutsch n'est pas feinte et qu'il a l'habitude de lire des livres d'Histoire ; à tel point qu'il a même pris les tics des historiens et leur tendance à se poser comme les pourfendeurs des mythes créés par leurs prédécesseurs. Mais dans le cas de Lorànt Deutsch, c'est l'hôpital qui se moque de la charité, car au niveau de la mythification il n'a rien à envier à Jules Michelet. Et on pourrait même parler de mystification, parfois.
Par contre, ce qu'il perd en précision, il le gagne en rythme. Ce Metronome va prestissimo. C'est dans les grandes lignes qu'on survole cette Histoire parisienne bien documentée et très dense (tellement dense que certains choix, certains « oublis », sont très discutables). En ce qui concerne le côté romanesque, j'ai trouvé que Lorànt Deutsch se débrouillait à peu près bien, c'est assez agréable à lire et on n'a pas le temps de s'ennuyer. La plupart des chapitres contiennent également des indications sur les vestiges de cette Histoire dans les rues parisiennes, hors des musées, et qui peuvent être l'occasion de ballades originales. Et il y a aussi beaucoup d'anecdotes méconnues, parfois étonnantes ; elles aussi, toujours affirmées mais pas toujours incontestables, en tout cas utiles pour les dîners entre amis où l'on n'a plus rien à se dire.
Je sais qu'il existe, en plus de l'édition simple de Metronome, une version illustrée. Moi, j'ai eu droit (noël…) au coffret avec les DVD contenant le documentaire télévisé qui a été tiré du livre. Il ne manque plus que le jeu vidéo et je pense que Lorànt Deutsch aura exploité le filon jusqu'au bout. Les DVD n'apportent rien de plus dans le fond, à part nous montrer deux ou trois endroits qui sont difficilement accessibles et quelques reconstitutions de bâtiments en 3D. Tout va encore plus vite que dans le livre, presque aussi vite que le débit de parole de Lorànt Deutsch. de toute façon, résumer 2000 ans d'Histoire en 200 minutes ou même 370 pages, ça relève de l'utopie.