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EAN : 9782227474277
285 pages
Bayard Jeunesse (21/04/2005)
3/5   1 notes
Résumé :

La Bible raconte les origines et les tribulations du peuple d'Israël. Depuis l'Exode et la sortie d'Egypte sous la conduite de Moïse jusqu'à la conquête de la Terre promise... Certains historiens et archéologues du Proche-Orient ont mis en cause la réalité de l'Israël ancien tel que le décrit la Bible. Qui étaient les premiers Israélites ? et d'où venaient-ils ? Pour William Dever, les premiers I... >Voir plus
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« Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit Vrai » de William-G Dever (1933- ), traduit par Patrice Ghirardi (2005, Éditions Bayard, 285 p.) est un essai, et synthèse de recherche de l'auteur, pour présenter ses thèses, en opposition avec d'autres ouvrages sur le même thème, les origines du peuple d'Israël. Dont en particulier « La Bible dévoilée : Les nouvelles révélations de l'archéologie » des archéologues Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman traduit par Patrice Ghirardi (2002, Bayard, 432 p.).
Il faut reconnaitre que les premiers archéologues s'étaient donnés pour mission « d'éclairer, de comprendre [et surtout] de prouver la Bible ». En ce sens, chaque découverte se devait d'être une illustration du texte biblique. On a depuis, à partir de 1900, appelé cette façon de faire l'archéologie biblique. Parmi eux, William F. Albright (1891-1971), célèbre pour avoir authentifié les manuscrits de la Mer Morte. On lui doit « From the Stone Age to Christianity » (2003, Wipf and Stock,380 p.), ainsi que WG Dever.
Première conclusion, peut-être prématurée. Déjà le sous-titre de WG Dever « Quand la Bible dit vrai » ne me met pas en confiance. C'est poser a priori un jugement sur la réalité et la véracité des faits. Tout se passe comme si les écrits et monuments la réalité des textes dits sacrés devaient justifier les textes sacrés. Autrement dit, accepter par exemple que le monde a été créé en 6 jours.
Ce n'est qu'à partir de 1970 que les méthodes inspirées des sciences sociales et bénéficiant des techniques scientifiques, se sont peu à peu imposées aux interprétations bibliques. Ceci dit, les archéologues tombent d'accord sur le fait que nombre de légendes, de personnages et de fragments de récits de la Bible remontent fort loin dans le temps. Il reste cependant que la rédaction de la Bible s'est faite dans les circonstances politiques, sociales et spirituelles d'un État pleinement constitué, avec une alphabétisation répandue, à l'apogée du Royaume de Juda, à l'âge du Fer récent, à l'époque du roi Josias. C'est en pleine opposition à la théorie de Dever, qui voyait dans les tribus judéennes des paysans arriérés dont les prêtres ont créé les mythes pour valider l'unification d'Israël par le roi Josias.
Les divergences entre Dever et Finkelstein se situent principalement au niveau de l'interprétation, et très peu sur les données archéologiques. Les deux thèses s'opposent sur l'âge exact de la différenciation entre les populations cananéennes et les populations proto-israéliennes. Selon Dever, la différence entre ces populations est d'ordre purement sociologique, les Cananéens étant les habitants des cités, administrés par les Égyptiens, tandis que les proto-israélites sont des paysans, quasi illettrés. C'est la bonne organisation familiale des seconds, interprétée d'après les plans des habitations et vraisemblablement liée à l'alphabétisation et au respect d'interdits alimentaires (absence de porc dans les ossements animaux), et la décadence des premiers qui aurait permis l'éclosion des premiers royaumes d'Israël. Pour Dever, l'Exode est une transition culturelle et non une migration. le livre contient une bibliographie très complète, en anglais, des travaux archéologiques sur les époques couvertes par la Bible.
Cependant la critique est plus incisive chez Finkelstein. « Avant que ne prît fin le XXe siècle, l'archéologie avait amplement démontré que les concordances entre, d'un côté, les découvertes réalisées en terre d'Israël et dans l'ensemble du Proche-Orient, et, de l'autre, le monde décrit par la Bible étaient bien trop nombreuses pour laisser croire que cette oeuvre n'était qu'une fable littéraire et religieuse de composition tardive, écrite sans le moindre fondement historique. Mais, par ailleurs, les contradictions évidentes entre les découvertes archéologiques et la version biblique des événements demeuraient, elles aussi, bien trop abondantes pour affirmer que la Bible nous offre une description fiable de la manière dont ces mêmes événements se sont véritablement déroulés ».
Cependant leur opposition va plus loin que la simple analyse, soit des textes sacrés, soit des restes archéologiques. Selon Finkelstein « A travers le déroulement de l'histoire du royaume du Nord, l'historien deutéronomiste transmet au lecteur un double message, plutôt contradictoire. D'un côté, il dépeint Juda et Israël comme des États jumeaux ; de l'autre, il les décrit comme férocement antagonistes. Josias ambitionne de s'étendre au Nord et de s'approprier les territoires des hautes terres qui appartenaient jadis au royaume nordiste ».
La réponse de Dever est assez amère. « Israël Finkelstein a réalisé une première archéologique. À ma connaissance, il n'existe aucun précédent dans toute la littérature dans notre domaine pour une attaque d'une telle ampleur contre un collègue senior et l'oeuvre de sa vie ». Elle fait suite à un article de Finkelstein sur les fouilles de Tel Gezer, situé dans le centre d'Israël, à la lisière des montagnes occidentales, près du Shéphélah, à environ 10 km au sud-ouest de la ville de Ramla. La ville ne fut pas fortifiée avant l'âge du Bronze moyen, lorsque des fortifications furent construites avec des murs et des tours en pierre. Plus tard, d'autres fortifications furent construites, notamment à l'Age du Fer, entre le X et VIIIeme siècle.
Il attaque ensuite Finkelstein écrivant « que le récit historique central de la Bible hébraïque a été composé seulement à la fin du VIIeme siècle et que le résultat est plus une propagande théologique qu'un récit précis de l'histoire de l'ancien Israël ». Il faut reconnaitre que les premiers archéologues s'étaient donnés pour mission « d'éclairer, de comprendre [et surtout] de prouver la Bible ». En ce sens, chaque découverte se devait d'être une illustration du texte biblique. On a depuis, à partir de 1900, appelé cette façon de faire l'archéologie biblique.
En fait cette querelle est plus vaste, puisque la migration des patriarches, dont Abraham, Isaac et Jacob, et avec eux la sortie d'Egypte où le peuple juif avait été réduit en esclavage sont contestés. Avec eux, la conquête de Canaan, la terre promise par Dieu, a t'elle réellement existée ? C'est du moins ce qu'affirme Zeev Herzog (1941-), professeur d'archéologie à l'Université de Tel-Aviv. Il souligne que « aucune démarche scientifique ne prouve la réalité de cette sortie d'Egypte, des grandes années d'errance dans le désert et de la conquête de la Terre promise ». Voilà qui va plaire aux intégristes, pour qui la Bible et les textes priment sur les faits archéologiques.
À l'évidence, les indices sur ces textes des patriarches ne sont pas archéologiques, mais littéraires. On pourrait en dire autant de l'Exode, de la Conquête et, pour une large part, de la période des Juges. En effet, au VIIeme siècle on assiste à la destruction de tous les symboles religieux que vénéraient les patriarches. C'est à ce moment que les scribes de Josias ont composé les récits patriarcaux ! C'est déjà une anticipation du culte de Yahvé et un pas vers le monothéisme. Au passage de l'Age du Bronze Récent à l'Age de Fer, les patriarches rendent un culte au dieu de leurs pères, c'est-à-dire de leur ancêtre immédiat. Finkelstein et Silberman situent l'exode aux VII et VIeme siècles sous la XXVIeme dynastie égyptienne des pharaons Psammétique I (664-610) et de son fils Neko (610-595). C'est dans le milieu Judéen qu'aurait lieu l'écriture de l'Exode au VIeme siècle.
Le fond du problème, c'est l'émergence du royaume de Juda en tant que royaume israélite du Sud et puissance régionale au VIIeme siècle. En contraste, le royaume d'Israël en tant que royaume israélite du Nord et autrefois plus prestigieux que Juda, passe sous la coupe de l'Assyrie voisine et que ce dernier amorce son déclin. En effet, sous Josias, roi de Juda de640 à 609, les textes bibliques vont être compilés pour devenir l'instrument d'une religion nouvelle. Un seul peuple juif, un seul roi, un seul Dieu et une seule capitale Jérusalem, avec un seul Temple celui du roi Salomon. Au centre de tout cela, la nouvelle Loi consignée dans le Deutéronome.

Sous forme raccourcie, la grande histoire des patriarches, d'Abraham aux fils de Jacob, n'a aucun fondement historique. Ce récit n'est qu'une sorte de « préhistoire pieuse » du peuple juif, écrite au VIIeme siècle par des auteurs pour servir l'ambition territoriale du royaume de Juda. « Ce sont des récits qui ont été cousus ensemble à partir des souvenirs, des débris d'anciennes coutumes, de légendes sur la naissance des différents peuples de la région et de préoccupations suscitées par les conflits contemporains ».
La sortie d'Egypte serait tout aussi fictive. Il est impossible d'imaginer la fuite hors d'Egypte de 600 000 esclaves hébreux, franchissant des frontières, et traversant le désert jusqu'à Canaan malgré la présence des troupes égyptiennes. En conclusion, « les sites mentionnés dans l'Exode ont bien existé. Certains étaient connus et furent apparemment occupés, mais bien après le temps présumé de l'Exode, bien après l'émergence du royaume de Juda, quand les textes du récit biblique furent composés pour la première fois ».
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