Voilà un livre qui m'a totalement bouleversée. J'ai visité à plusieurs reprises le saisissant site de la Bataille de Waterloo et tous les souvenirs qu'il renferme.
Si j'avais été frappée depuis toujours par le nombre de morts que fit cette atroce bataille, je n'avais jamais rien lu concernant les innombrables blessés.
Ces malheureux furent ramenés à Bruxelles, la seule ville toute proche, mais qui n'était à l'époque qu'une « petite » ville, au centre assez réduit, enfermé dans ses murs. Les 19 communes actuelles n'étaient, il y a deux cents ans, que des villages éloignés les uns des autres, séparés du centre-ville et dépourvus d'hôpitaux.
Bruxelles devint donc un vaste hôpital : églises, hôtels, bâtiments publics et immeubles privés se retrouvèrent en peu de temps bondés de blessés, à l'agonie pour nombre d'entre eux. Toute la population se porta volontaire : les Bruxellois, ouvrant généreusement leurs maisons, s'improvisèrent aides-soignants au service des chirurgiens et de leurs « patients ».
Ce roman retrace, d'une manière magnifique, le combat de ce médecin anglais, Charles BELL - qui a réellement existé - et de ses confrères, pour arracher à la mort le plus d'hommes possible. le seul remède était presque toujours l'amputation, pratiquée avec les moyens de l'époque et surtout dans la situation d'urgence dans laquelle se trouvaient blessés et soignants.
BELL a pratiqué, en 15 jours de ce début d'été effroyable, 360 amputations ! Surmené, exténué, sa seule détente consistait, pendant ses insomnies, à dessiner certains de ces hommes qu'il avait soignés et leurs blessures. Ces dessins, hallucinants - dont certains sont reproduits dans le livre -, sont conservés comme les oeuvres d'art qu'ils sont aussi.
L'auteure a beaucoup de talent et un style irréprochable. Elle parvient à nous mettre en réelle immersion d'un – ô combien douloureux – épisode si méconnu.
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