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EAN : 9782021506594
240 pages
Seuil (23/09/2022)
4.1/5   132 notes
Résumé :
Comme moi, plusieurs dizaines de femmes ont cru que l’époque rendait caduque notre condamnation au silence et possible celle de notre agresseur, l’un des hommes les plus connus de France.

Ça n’est pas ce qui s’est passé. On a été classées sans suite. Mais nos bulles de solitude ont éclaté. On s’est rencontrées, racontées, soutenues. On s’est fait la courte échelle pour surmonter les murs de découragement.

On a parlé plus haut, plus nomb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce roman d'Hélène Devynck, il est question d'impunité. La journaliste a beau y raconter son histoire et celle de dizaines d'autres plaignantes ayant accusé Patrick Poivre d'Arvor de viols, d'agressions sexuelles et/ou de harcèlement sexuel, l'ex-présentateur vedette de TF1 ne sera pas condamné… par la justice.

Les faits étant prescrits, Hélène Devynck ne peut plus rien prouver légalement et n'a personnellement plus rien à gagner en partageant ce témoignage, même probablement beaucoup à perdre. Cet ouvrage est pourtant plus que nécessaire afin de continuer à dénoncer la misogynie du monde de l'audiovisuel à coups de hashtags MeToo, afin de briser cette culture du silence qui a multiplié les victimes au fil des ans alors que « tout le monde savait », mais surtout afin de rendre hommage à toutes ces femmes qui ont finalement osé porter plainte, pas pour elles, mais pour qu'il n'y en ai surtout plus d'autres, plus jamais…

En donnant la voix à de nombreuses victimes de PPDA, Hélène Devynck parle certes d'impunité, mais vous invite également à tirer vos propres conclusions, quitté à éclabousser solidement le beau costume de ce gendre idéal qui s'invitait volontiers dans votre living à l'heure du journal télévisé. Face au nombre de faits concordants, au modus operandi similaire, à l'absence évidente de consentement et en tenant compte que le lecteur lui, s'en tape un peu que les crimes soient prescrits, il ne faut que quelques pages pour que les marteaux se lèvent en scandant haut et fort « coupable votre honneur ! ».

Certaines scènes laisseront d'ailleurs le jury populaire sans voix, comme celle de cette collaboratrice anorexique qui se fait violer sous le portrait de la fille décédée de PPDA, semblant inviter le présentateur vedette à se regarder dans le miroir à travers le regard suppliant de sa chère Solenn, renvoyant une image abjecte et totalement nauséabonde de l'homme qu'il n'est visiblement pas, mais également du père qu'il n'est malheureusement plus. Aux yeux d'une justice, certes non-saisie dans les temps, dans ce temps pourtant demeuré suspendu, cette scène n'existe donc pas…abandonnant le lecteur, tout comme cette omerta écoeurante, sans voix, enveloppé dans un silence on ne peut plus coupable. Révoltant !

Je ne sais plus qui a dit « Si vous voulez vraiment connaître quelqu'un, donnez-lui du pouvoir », mais cette phrase explique parfaitement pourquoi après lecture de cet ouvrage aussi courageux que nécessaire, j'ai le sentiment d'avoir enfin entrevu le véritable PPDA, un prédateur sexuel abusant de sa notoriété, qui fait dorénavant honte à tous les hommes qui savent se comporter avec les femmes, mais qui peut encore compter sur la présomption d'innocence d'un droit français manifestement impuissant…

Ce témoignage, lui, est heureusement puissant !

Lisez également « le Consentement » de Vanessa Springora.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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De l'affaire dite de PPDA, les informations nous sont parvenues au compte à goutte. Dans impunité, Hélène Devynck résume les faits, rassemble les témoignages (vingt trois femmes qui ont déposé devant la police !), explique le déroulement de l'instruction jusqu'au classement sans suite. Elle nous livre une analyse fine et si juste de l'impunité qui entoure l'agresseur dans notre société actuelle que on ne pourra plus dire qu'on ne savait pas !

Hélène Devynck, et ses soeurs d'infortune, sont des classées sans suite ! Classées sans suite, les exactions du violeur en série que fut le journaliste adulé des téléspectateurs, représentant le gendre idéal lors du début de sa carrière, le père attentif et attentionné pour sa fille anorexique et même, le grand-père tranquille qui continuait à faire sa nage matinale dans sa Bretagne d'adoption.

Classées sans suite, ce prédateur sexuel qui sautait sur tout ce qui était sexuellement identifiée comme une femme jeune et admirative. le journaliste a bénéficié d'un système qui l'a protégé, encouragé et même s'est rendu complice de ses viols en séries. Même si ils se défendent en répétant la litanie du "On les croyait consentantes !".

Car, ces "promotions-canapé" comme son cercle devait les qualifier, de ce droit de cuissage qu'il s'octroyait, de ces agressions dont il était coutumier, personne dans son entreprise ne les a révélé ni dénoncé ! Personne pour les faire arrêter, les faire cesser ! Personne pour protéger les jeunes femmes. Personne !  Quelle entreprise pourrait encore se permettre cette amnésie !

Mais, notre responsabilité collective est là aussi ! Dans le silence, dans le détournement des regards, dans les chuchotements échangés qui se taisent, dans le "Il s'amuse ! " ou dans "Les hommes sont tous pareils !" ou encore dans "Elles l'ont bien cherché" ;;;ce "coup du plateau" comme le qualifie Hélène Devynck.

Mais que dire du classement sans suite, du point de vue judiciaire. Hélène Devynck raconte comment l'écoute attentive du policier qui a pris, comme pour les autres, sa déposition, avait pleinement identifié le crime en qualifiant de "viol vaginal pénien" la situation décrite.

Seulement, en droit français, c'est la victime qui doit prouver le crime sexuel.

Lorsque salie, honteuse, la jeune femme sidérée s'échappe, elle doit penser à rassembler les traces, les preuves pour une future instruction...Les traces du sperme dans la bouche, du doigt dans le vagin, de la brusquerie qui sidère et du pouvoir qui inhibe.

Hélène Devynck demande à ce que la loi soit changée pour que la charge de la preuve du consentement soit de la responsabilité de l'agresseur présumé. Que ce ne soit plus à la victime de prouver qu'il n'y a pas eu négation de son choix.

Devant le nombre de faits, comme on dit dans la police, "concordants", est-ce que pour les affaires de viol par influence, par domination, devraientt éviter le classement sans suite et renvoyés les victimes au silence de leur traumatisme et les agresseurs à leur toute puissante impunité.

Avec, ce que Hélène Devynck appelle "le papier peint de contes de fées" qui recouvre les situations racontées par l'agresseur, le recours à la diffamation est une autre arme pour museler les victimes, et la justice devient complice.

Au delà de l'affaire, son déroulement, le ressentis des victimes, etc., Hélène Devynck, professionnelle du journaliste, livre une analyse fine et éclairée du rôle des médias dans cette affaire où un journaliste agresse d'autres journalistes, mais surtout, le pouvoir médiatique positif qui comme Libération choisit de consacrer leur Une à ces femmes et leurs vécus et peut aider à faire prendre conscience la société.

Elle analyse aussi nos biais de langage ou de compréhension, comme "ne t'enferme pas dans le statut de victime ! " et " victime autoproclamée" ou "Patrick est balourd". Dépiauter ce que ces phrases que l'on répète sans même y penser permet d'en comprendre la portée cachée et les représentations qu'elles véhiculent.

Le journaliste adulé par les médias, des puissants et de tant d'autres est descendu de son piédestal en 2008. Avant, il y avait eu des accusations d'abus de biens sociaux, de plagiat et d'interviews truqués. Mais, rien n'y avait fait. Rien n'avait écorné la belle image médiatique qu'il s'était construite.

Florence Porcel en 2021, puis toutes les autres après qui ont osé parler, n'ont pas réussi à faire condamner le violeur en série qu'elles avaient rencontré. Mais, ensemble, elles ont osé parler, s'exposer et se montrer.

Il y aura un avant et un après cet essai impunité. L'affaire PPDA révèle que l'abus de faiblesse par position dominante ne doit plus être excusé.

Que tous les chefs qui utilisent leur position pour avilir, pour agresser, pour violer sachent que des femmes se sont révoltés et qu'elles ont réussi à faire changer la honte de camp !

Hélène Devynck redonne l'individualité à chacune de ses consoeurs en rapportant leur témoignage dans cet essai, sans aucune révélation. Elle rend compte de l'abus d'une classe supérieure qui se croit au dessus des lois. Elle interroge aussi avec brio notre société sur ce concept d'impunité dans les affaires de crimes sexuels.

Mais surtout il ne faut plus qu'on accepte qu'on traite de folle, de prostituée ou d'ignare une femme agressée sexuellement !

Bien sûr, il reste encore, et encore, des prises de conscience de notre société pour faire avancer le droit, pour ne plus regarder ailleurs, pour tendre la main et pour considérer une femme égale de l'homme, être humain à part entière !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Je n'écrirais pas le nom de celui qui s'est invité dans nos salons tous les soirs des années durant pour un JT aux allures de grande messe, quand bien même on soit plus France 2 que TF1.
Je n'écrirais pas le nom de ce journaliste aux allures d'écrivain romantique dont on disait pudiquement qu'il était un séducteur, un Dom Juan, un homme à femmes.
Je n'écrirais pas le nom de cet homme qui traitait ses serpillères sans doute mieux que ses collaborateurs.
Je ne l'écrirais pas, parce que ce nom, outre qu'il brise à jamais mon amour pour son homonyme des Guignols de l'Info que j'adorais, m'écoeure et me fait vomir, me mets en rage et dans une colère si noire que j'ai l'impression qu'elle m'étouffe et m'engloutit.

En revanche, j'écrirais les noms d'Hélène Devynck, de Florence Porcel, d'Emmanuelle, de Muriel, de Stéphanie, d'Aude, de Clémence, de Cécile, de Chloé, de Margot, de Justine, de Marie-Laure; les prénoms de ces femmes victimes mais tellement courageuses, résilientes et inspirantes. de ces femmes qui ont osé brisé la loi du silence et le tabou, qui ont osé parlé avec tout ce que cela suppose de sacrifice, de peur, d'humiliations et de risques.

"impunité", c'est l'histoire de ces femmes exceptionnelles classées sans suite parce que portant plainte contre l'un des hommes les plus connus de France. Ce sont ces femmes agressées, parfois (souvent) violées, bousillées qui ont cru en la justice de ce pays mais qui ont été classées "sans suite".
C'est l'histoire d'un long combat, solitaire d'abord, collectif ensuite pour faire éclater au grand jour le vrai visage du journaliste préféré des français, pour faire changer la honte de camp, pour qu'enfin justice soit faite.

Au-delà d'un récit de vie particulièrement prenant mais tout aussi douloureux (j'ai scindé ma lecture en deux fois tant le propos de Devynck me glaçait d'effroi quand il ne me faisait pas brûler de rage), l'ouvrage explique et déconstruit à merveille le mécanisme d'impunité qu'il dissèque et met en lumière avec une lucidité crue, sans fard et d'autant plus violente.
C'est pertinent, réflexif et un contrepoint on ne peut plus nécessaire et intelligent aux différents témoignages qui émaillent le livre. Ainsi l'auteure prend le temps de décrypter tous les mécanismes sociétaux et judiciaires qui immanquablement ont amené ici à l'invisibilisation des victimes voire à leur lynchage et surtout à l'hégémonie révoltante de leur agresseur qui s'étend -comme il se doit- aux hommes célèbres et célébrés.
La construction du texte est d'une grande intelligence tout comme l'argumentation qui y est menée, sans pour autant désincarner les actrices de cette affaire, un tour de force!

Oui, c'est clairvoyant, courageux, intelligent, puissant.
Mais c'est aussi terriblement douloureux, révoltant.
Alarmant.

Parce que tout le monde savait.
Tout le monde, de la directrice de cette école de journalisme qui n'envoyait jamais aucune élève faire de stage à TF1 aux collaborateurs qui riaient en voyant entrer dans l'ascenseur "le bigmac de PPD", des secrétaires qui faisaient entrer les proies aux grands pontes de la chaîne.
Tout le monde. Et rien, pas de procès, pas de sanction...
Mais est-ce si étonnant au royaume des Darmanin, des Louvin, des Duhamel?

J'espère que ce livre saura faire avancer les choses; et qu'il payera.
J'espère que Hélène Devynck et toutes les femmes admirables dont elle parle trouveront la paix un jour et surtout que justice leur soit faite.
Pour elles bien sûr, pour nous toutes. Pour celles qui nous ont précédé, pour celles qui nous suivront.



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A partir d'un certain niveau de célébrité, aucun français n'a jamais été condamné pour des faits de délinquance sexuelle.
Jamais.
Aucun.

Voilà qui résume bien la situation vis à vis des violences sexuelles et le long chemin qui reste à faire.
C'est un homme à femmes. C'est un séducteur. Oui il est un peu lourd dans la drague, mais il est sûr de son charme, les femmes sont attirées par le pouvoir. Elles ne demandaient que ça.

Voilà ce que nous avons encore comme qualificatifs pour exempter un violeur de sa responsabilité. Les femmes s'offrent à lui.
Venir pour un entretien d'embauche et se retrouver en moins de 10 secondes avec un pénis dans sa bouche est effectivement un critère attendu par toutes les femmes pour ledit entretien.

On vient encore de le voir avec le PDG d'ASSU2000, qui pratiquait des relations professionnelles particulières avec ses collaboratrices femmes, un seigneur usant du droit de cuissage et avait même des esclaves sexuelles.

PPDA, roi de l'audimat et du 20h, qui insultait ses collaborateurs entre chaque reportage pendant le journal, qui contre la promesse d'un conseil professionnel, vous enfermait dans son bureau et vous agressait et/ou vous violait. Était moqué par son entourage pour ses questions récurrentes envers les jeunes femmes qu'il croisait « vous êtes célibataire ? »

Des entreprises qui n'envoient pas les stagiaires femmes à TF1 car elles savent ce qui risque de se passer. Combien de carrières gâchées.

Des femmes qui quittent très vite les réunions de rédaction pour ne pas se trouver face à lui et l'évitent dans les lieux où le pouvoir décide et où il faut être pour avancer dans son métier. Combien de carrières gâchées.

Le rituel était bien rodé. Une des secrétaires prend rendez-vous. Vous vous retrouvez sur le plateau du JT, devant la vedette que toute la France regarde. Vous êtes dans les bureaux d'une grande entreprise française qui peut faire un gros coup de pouce à votre carrière débutante. Vous avez votre book pro sur les genoux. Il vous accompagne dans son bureau. le seul bureau qui a une porte. Il la verrouille. Il vous viole. Ça dure 2 minutes. Il vous chasse.

Pour d'autres qui avaient réussi à biaiser et qu'il n'arrivait pas à faire tomber dans ses filets, il cassait les carrières à coup de « elle n'est pas pro, pourquoi vous l'avez embauchée ».

Rien ne l'arrête, puisqu'il le fait même avec une femme puissante, Muriel Reus, directrice adjointe d'une filiale de TF1. le pantalon sur les chevilles face à elle, après avoir une nouvelle fois verrouillé la porte de son bureau, elle a la présence d'esprit de lui dire : « j'en parlerai à Patrick le Lay ». Dire à l'agresseur qu'il va avoir affaire à un homme plus puissant que lui, est visiblement la seule stratégie pour l'arrêter. Il sait ce qu'il fait. Il a remonté son pantalon.

Elle en parlera à Patrick le Lay, qui lui répondra « non il n'a pas osé aussi avec toi ».

Ils savaient tous.

Hélène Devynck indique dans son entretien au journal le Monde avant la sortie du livre qu'on arrive au nombre faramineux de 90 témoignages de femmes contre PPDA.

90 femmes courageuses.
90 témoignages qui relatent les mêmes faits, le même rituel.
90 !

Et il ne se passe RIEN.

A partir d'un certain niveau de célébrité, aucun français n'a jamais été condamné pour des faits de délinquance sexuelle.
Jamais.
Aucun.







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Mes yeux sautent de ligne en ligne, je souligne au minima une phrase par page avec mon Stabilo violet, je parcours ce texte et il suscite en moi un sentiment d'indignation. Je comprends ce qu'au fond je savais déjà, en France les hommes puissants peuvent violer et agresser dans l'impunité.
Au travers les témoignages des différentes femmes victimes de PPDA, (en tout cas de celles qui ont accepté de témoigner) Hélène Devynck analyse et décrypte. le raisonnement sait où il va et le lecteur ne peux nier l'immensité de l'injustice subie.
Tous les mécanismes judiciaires et sociétaux sont décryptés et on comprend comment ils amènent à la silenciation des victimes et à l'impunité totale qui profite aux hommes célèbres. « Au-dessus d'un certain niveau de célébrité aucun homme n'a jamais été condamné par la justice en France pour des faits de violence sexuelle ».
Le système de la loi du silence est bien rodé, personne ne veut parler du viol. Les témoins préfèrent ne pas voir, ne pas savoir, les victimes préfèrent se taire que de subir l'humiliation d'être traitée d'allumeuse ou d'éconduite amère.
Puis il y a ce besoin collectif de respecter stricto-sensu la présomption d'innocence sans laisser aucun « crédit de véracité » aux plaignantes, on les présume menteuses.
C'est extrêmement bien écrit, intelligemment construit, il développe une argumentation en béton et le constat absolument alarmant !
Le genre de texte qui devrait être lu par le plus grand nombre même si, malheureusement, le sujet est de niche et je crains qu'il n'intéresse qu'un lectorat déjà averti.
Bravo et merci à Hélène Devynck et toutes les autres d'avoir eu le courage de parler. J'espère sincèrement que les choses changent doucement grâce à elles.

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critiques presse (2)
Telerama
02 janvier 2023
Un récit qui ausculte les mécanismes de libération de la parole et met en question le système judiciaire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
28 septembre 2022
271 pages sobres où l'autrice donne voix au chapitre à ses "soeurs de misère".
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Pour rendre le viol visible socialement, un des révélateurs consiste à séparer le sexe de la violence. La frontière passerait par une ligne floue : la tracé de la zone grise, là où le manichéisme ne s'applique plus, où le trouble s'installe. Là où on n'est pas tout à fait sûr d'avoir été d'accord.
Les pratiques sexuelles les plus aimables sont faites d'abandon, de déprise, de désinhibition, de vulnérabilité, d'effraction consentie, de pénétrations désirées. Eles ne sont pas sans force.
Dans un imaginaire érotique labouré par les thèmes de la domination et de la soumission, les jeux plaisants des amants peuvent singer la violence, en faire une représentation délestée de son pouvoir de nuire à un des partenaires.
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Comme journaliste, j'ai raconté pendant plus de vingt ans tous les scandales de la Ve République sans jamais voir poindre l'ombre du nez d'un avocat. Depuis que je parle publiquement de ma propre vie, de mon intimité, tout ce que j'écris est relu et amendé par des spécialistes aguerris du droit, y compris ce livre.
Les avocats sont entrés dans ma vie quand j'ai commencé à la raconter moi-même. Et à dire la part que la violence masculine s'est permis d'y prendre.
Cette violence et la dissimulation qui l'autorise bénéficient d'une protection étonnante et réelle. L'intime est politique, son expression est politiquement encadrée par des textes et des pratiques qui ne bénéficient qu'au dominant et agresseur.
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Confondre le viol avec l'amour, c'est ce que font presque tous les enfants abusés. Il ya une logique interne puissante à ça. Vous êtes attaqué là où se situe la source du désir. Pour ne pas affronter le réel de la domination qui écrabouille, on se dit qu'on aime ça, que c'est ça quon désire, être écrabouillé, surtout quand on ne connaît rien d'autre. C'est une façon de trouver du sens à la souffrance.
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Un gibier farouche, c'est celui qui ne se laisse pas apercevoir, celui qui fuit au moindre signe de danger. Pour ne pas être violées, les femmes devraient avoir peur, détaler devant les hommes ? Et vivre dans la mâchoire bien serrée de la domination masculine triomphante ? Se défendre d'une accusation de viol en remettant en cause la vertu de la victime est un poncif éculé. La vertu des femmes est l'éternel sujet, l'angle d'attaque ordinaire et toujours payant pour les disqualifier. Certains pays, comme l'Australie, ont pris des mesures juridiques pour éviter ça. Dans les procès de viol, il est interdit d'évoquer le passé de la victime. C'est hors sujet, tout simplement. Ce qu'on juge, c'est l'acte, pas la femme.
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Parler reste un combat. On pare les mauvais coups comme on peut. On se bat contre des procédures-bâillons et des mythes vivaces qui nous accablent.
On a encaissé. On a nagé dans les eaux glacées du calcul égoïste et de la résistance patriarcale. On s'est serré les coudes. On s'est défendues.
On a parlé plus haut, plus fort, plus nombreuses.
On a appris.
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Videos de Hélène Devynck (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Devynck
Elle a ajouté sa voix au concert de témoignages impliqués dans l'affaire dite "PPDA", pour Patrick Poivre d'Arvor. La journaliste Hélène Devynck, auteure d'"impunité" (Seuil, septembre 2022), est notre invitée.
Là où, dit-elle, l'agresseur est toujours central dans le récit, elle souhaite retourner la caméra et proposer "un récit à l'envers", qui mette celles qu'il agresse au centre.
#bookclubculture #affairePPDA #violencessexuelles _________________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture
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