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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le jour ne pointe pas encore, un fin crachin humidifie l'air pourtant encore doux en cette fin d'automne. Le père et le fils quittent le cabanon. Sans un mot. Presque sans un regard l'un pour l'autre. Ils marchent en file indienne, le père devant, d'un pas pressé, le fils traînant sur ses talons. Il leur faut plus d'une heure pour rejoindre le mouillage. Au loin, le village commence peu à peu à s'éveiller. Aux abords de la dernière dune, les vagues ronflent. La marée montante, peu à peu, ballotte la Gueuse, reposant jusqu'ici sur son flanc. Avant que la marée ne monte, le père et le fils grimpent à bord. le père à l'abri de la timonerie, le fils à la proue. Pêcheurs malgré les maigres prises et les terribles efforts...

Quel singulier roman que nous offre à nouveau Patrick Dewdney... En pleine mer, nous suivons le père et le fils, dépourvus de prénoms, qui pourtant pêcheurs dans l'âme, en viendront à pratiquer une toute autre activité, celle de passeurs. L'auteur dépeint avec noirceur et profondeur un monde naviguant entre mer hostile et terre abandonnée ainsi que la relation mutique entre le père et le fils, et les tensions sous-jacentes. Un récit qui s'appréhende et s'apprivoise tant l'auteur s'attarde sur le déroulé des événements, les descriptions du paysage mais aussi du ressenti des personnages. Écume s'imprègne de la rugosité de la vie, exalte un parfum d'iode, de poissons morts et de sueur, regorge de haine, de rancoeur, de fureur et de désespoir. Un huis-clos au coeur des tempêtes. Un récit profondément noir, tendu, âpre et une écriture riche et imagée.
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Après "mauvaise graisse" je continue ma découverte de Patrick K Dewdney avec "écume" Je suis vraiment séduite par son écriture qui est bien particulière, belle, tranchante, dure et hypnotique. Les descriptions sont extrêmement bien travaillées, elles le sont à tel point que l'on ressent presque la gêne de la mer qui se déchaîne, que l'on sent l'odeur du poisson ou encore le vent marin qui apporte ce parfum si particulier et enfin que l'on ressent la tension qui règne sur ce bateau "la gueuse",
tension qui ne cesse de s'amplifier au cours des pages.
le fils et le père sont tous deux emprisonnés dans un silence pesant étouffant.
Afin de survivre, ils vont devenir passeurs.
Le huis-clos dans lequel nous embarque Patrick K Dewdney est noir, très noir et met en exergue les violences et l'absurdité de l'homme.
C'est un livre engagé qui aborde les thèmes des migrants mais aussi de la responsabilité de l'être humain quant à la disparition des ressources naturelles.
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Quelque part sur la côte nord de la Bretagne. Marins tous deux, le père et son fils sont soudés par une même destinée à bord de la Gueuse, ce bateau qui s'appelait auparavant la Princesse. Car avant la Gueuse, la mère était en vie et même si l'existence était rude, des mots pouvaient circuler entre eux. Avec l'avènement de la Gueuse, la folie du père a pris une forme bien plus tangible et il entraîne son fils de plus en plus loin au coeur des tempêtes où il envoie à la face de la mer démontée des hurlements nés des tréfonds de son âme. Père et fils pêchent le jour et la nuit s'adonnent à une autre activité : ils font passer des migrants vers les côtes anglaises. Lors d'une de ces traversées, un événement fortuit va faire dérailler la mécanique bien rôdée. Et c'est le début d'une implacable spirale qui conduit père et fils en enfer…

« Ecume » est un splendide roman noir écrit par Patrick K. Dewdney. C'est un roman sombre qui explore l'envers de la souffrance humaine, son incapacité à verbaliser les peurs, les désirs, à lui donner forme et contours dans des mots, ce qui ouvre le champ à la violence.

L'intrigue est bâtie en 3 parties aux titres suggestifs : dérive, écueil et naufrage. L'auteur s'est solidement documenté sur l'univers maritime, celui de la navigation, de la pêche hauturière et les termes employés dans les premiers chapitres peuvent paraître techniques, voire abscons pour le béotien. Pour autant, ce procédé stylistique permet de camper un univers bien particulier, reclus sur lui-même, et les protagonistes qui l'habitent. Et l'auteur décrit à merveille le poids des silences qui tissent une toile dense entre père et fils, rendant la relation impossible, électrique même.

De ces mots, de son écriture soignée à l'extrême, naît une atmosphère lourde, poisseuse, dangereuse. Car le danger ne vient pas que de la mer démontée, des abysses qu'elle promet en creux de ses tempêtes. Elle vient aussi, en écho à cette nature hostile, des hommes qui en pillent les ressources, des hommes qui exploitent la détresse de leurs pairs, des hommes qui s'affrontent en dépit ou à cause des liens qui les unissent. L'écriture de Patrick K. Dewdney magnifie l'univers de la mer, la décrit jusque dans ses tourments intimes, peignant le contraste du clair et du sombre, l'union du ciel et de la mer, les déferlantes suivies des calmes troubles, nimbés de brumes.

« Ecume » est un roman sombre qui distille ses parts de lumière et n'oublie pas au coeur des souffrances, l'inamovible instinct de vivre, survivre, l'espérance chevillée au corps.
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Dans la dédicace que l'auteur m'a griffonnée avec application, de cette écriture métissée de minuscules et de majuscules, tout est dit : Ecume est une histoire d'eau, Ecume est surtout une histoire de fureur, qui dit la mise à mort d'un monde. »

L'histoire : La Gueuse est un vieux navire de pêche rebaptisé par un drame. Dessus, un père et son fils labourent l'océan pour en tirer leur subsistance. Avec l'horizon d'un côté, les réfugiés à passer en douce, la démence qui erre et la folie des hommes. Sur les flots dézingués, leur destin, maudit par le passé, s'apprête à basculer.

Au début, j'ai été décontenancé. Parce que j'étais encore bien installé dans les godasses âpres et magnifiques de Crocs, le précédent roman que j'avais lu de Patrick Dewdney. J'ai été perturbé parce que ce récit prend le contre-pied du précédent. Dans Ecume, on a l'impression d'évoluer en permanence sous un ciel sombre, qu'il pleut sans cesse, que le monde essore ses paupières de larmes et que la fin est proche. La narration lancinante corrode nos nerfs, mange notre moral comme si la lumière baissait au fur et à mesure de la lecture. le père et le fils, les deux personnages, presque les seuls, évoluent sur l'océan indifférent comme deux puces sur le dos d'un chien. Ils traînent chacun leurs turpitudes, leurs tourments, des tonnes de regrets et des peines pour un continent tout entier. Sans parler de la cargaison de folie du père.

Au contraire de l'excellent Crocs, Ecume est une lente agonie sublimée par des mots tantôt tranchants, tantôt effleurant. À l'opposé de Crocs, Ecume ne s'agite pas dans la frénésie de la fuite, dans le sillage de laquelle se dépose la haine, la colère, la radicalité. Dans Ecume, on sillonne, on tourne et on vire, le narrateur tient la barre avec fermeté et poésie, et les mots qu'il remonte dans ses filets sont autant de poissons rares qui zèbrent la nuit de leur éclat éphémère. Dans Crocs le personnage nous contait sa vie, ses pensées et son parcours, avec une grande urgence. Dans Ecume le narrateur tient les deux personnages dans sa paume humide et salée, et il nous les montre de son doigt gracile, il prend tout son temps et puis il nous signale les étoiles toujours en veille, toujours prêtes à nous rappeler notre insignifiance.
Cette histoire est capable de vous emmener par le fond, par ses colliers de mots magnifiques, par ses incantations sublimes, ces fugacités qui entretiennent le feu de la littérature. Cette histoire sinue entre le ciel infini et l'océan mystérieux, entre les hauteurs célestes et les abysses terrifiants, nous sandwichant entre les sentiments rêches et des espoirs décousus, où le sel attaque les vieilles blessures et ravive les cicatrices sans cesse rouvertes par la terrible volonté du regret amer, des journées interminables et semblables, où les gestes répétitifs sèment la mort dans un flot de sang noir.
Ecume vous mettra des bijoux dans les yeux et du charbon dans le coeur, parce que c'est beau et parce que c'est d'une noirceur insoutenable, parce que ce père et ce fils nous émeuvent, nous terrifient.
Ce roman est une épreuve de force, celle des éléments insoumis, des êtres blessés à mort, des silences plus vastes que les mers. C'est l'agonie d'une nature qui se bat, malgré tout, en dépit de la débilité atavique des humains, c'est deux mondes qui se télescopent et se fracassent dans un feu d'artifice lyrique dont les feux brillent encore, bien après avoir tourné l'ultime page.
Avec Ecume j'ai trouvé ce que je cherche quand j'ouvre un livre : une langue sans pareille, un voyage, des émotions au travers de personnages façonnés, la critique vigoureuse de quelque chose qui rend le mal visible. C'est déjà beaucoup non ?

J'aurais pu citer une vingtaine d'extraits, je vous laisse avec celui-ci.
« La tempête en déflagrations mouillées, gronde et harangue l'océan de vagues grises. Cherche à peler les côtes jusqu'à leurs ossements de schiste. En-dessous du sable grignoté, les montagnes anciennes se terrent et planquent leurs pics rongés. Trois chaines de roche enfouie, tassées les unes sur les autres, et toutes ont déjà connu l'usure terrible du monde. »

Lien : https://sebastienvidal.cente..
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Un roman qui me laisse perplexe. Pourquoi ? Avant tout parce qu'il est bien écrit. Que sur le fond j'ai aimé les messages que l'auteur veut y faire passer. Mais j'ai trouvé ca un peu long, pas assez exploité ou pas comme je l'aurais voulu peut-être.
L'histoire se passe principalement en mer. La relation entre un père et son fils est omniprésente. Ils sont tous les deux chauffeurs mais ils sont aussi passeurs. La question de l'immigration est donc abordé dans ce recit. de manière forte. Cruelle quelques fois. On voit toutes les difficultés que rencontrent les familles de migrants pour pouvoir rejoindre une terre qui veulent bien d'eux.
Le personnage principal "Le Fils" est attachant, profond, sensible et on a de la peine pour lui car il ne vit pas. Il subit.
Un beau roman qui m'a laissé sur ma faim peut-etre et qui avait un grand potentiel au vu de la belle écriture de l'auteur.
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