Entre roman policier et essai historique, Mort d’une garce (The wench is dead, publié en 1989) s’inspire d’une affaire criminelle de la moitié du 19e siècle : Colin Dexter fait enquêter Morse sur la mort d'une jeune femme dont le corps a été retrouvé jadis dans le canal d'Oxford. Pourquoi remonter si loin ? Tout simplement parce que l'inspecteur, hospitalisé à l'hôpital John Radcliffe d'Oxford pour un ulcère à l’estomac, tombe sur un petit livre – Meurtre sur le canal d’Oxford – qui relate le viol et le meurtre de Joanna Franks en 1859, le procès des prétendus coupables et leur exécution. Rapidement convaincu que la sentence était loin d'être équitable et que les deux hommes pendus étaient innocents, Morse se plonge dans le passé (avec l'aide du fidèle Lewis et d'une jeune et sémillante bibliothécaire) et rétablit la vérité depuis son lit de douleur.
La résolution d'une enquête par un policier cloué au lit n'est pas inhabituelle. Simenon a utilisé le procédé dans Le fou de Bergerac. L'originalité de Mort d'une garce tient dans l’utilisation d’un fait-divers épouvantable d’une autre époque, banal en apparence, derrière lequel se cache une histoire sournoise d'intrigues, de convoitises et de tromperies d’une grande complexité. Morse doit donc faire appel à son très grand talent et à sa persévérance obstinée pour trouver la vérité.
Au-delà de la résolution de l'énigme (dans la logique du « whodunni t » et d’Agatha Christie), l'espace clos de l’hôpital dans lequel se déroule les trois-quarts du roman est l'occasion pour Morse de se pencher sur son sort, sur sa vie sentimentale et surtout sur les problèmes de santé dus à son âge (et à ses excès). Un des meilleurs romans de Colin Dexter, récompensé en 1989 par le Gold Dagger Award.
Lien :
http://www.polarsurbains.com..