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EAN : 9782757810965
352 pages
Points (20/11/2008)
3.87/5   120 notes
Résumé :
Dans la société raciste de Los Angeles en 1953, Lionel Walk, dit Train, est un caddie noir de 18 ans. Ses dons pour le golf le font repérer par l'inspecteur Miller Packard. Mais les Noirs n'ont pas de place sur le green. Lorsque, au cours du cambriolage d'un yacht, le propriétaire est tué et sa femme violée par deux caddies, Train est renvoyé. Une longue période d'errance commence.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lionel Walk , dit Train , 18 ans , est un jeune noir travaillant comme caddie dans un golf chicos de Los Angeles . Habitué , dès son plus jeune âge , à essuyer les quolibets quotidiens de tous ses adhérents majoritairement blancs aussi huppés que notoirement racistes , Train est ce qu'on peut appeler , dans le jargon poissard , un aimant à emmerdes !
Après moultes péripéties , toutes aussi vachardes que subies , ce p'tit bonhomme plutôt sympathique viendra à croiser la route du névrotique inspecteur Packard , homme au regard néanmoins avisé ayant immédiatement perçu le potentiel de golfeur du gamin et l'oseille qui pourrait , dès lors , en découler dans le milieu des paris .

Dexter , égal à lui-même , décortique et dézingue les rapports sociétaux alors en vigueur en une Amérique des années 50 toujours peu disposée à la mixité ethnique .
D'un oeil toujours aussi aiguisé , il décrit les affres et les turpitudes inhérents à une condition noire encore bien peu encline à susciter l'empathie et l'acceptation .
Un petit bémol concernant un récit qui , pour le coup , se perd parfois en des circonvolutions inutiles n'ayant d'autre impact qu'engendrer un léger décrochage de la part d'un lecteur ayant déjà , pourtant , pris fait et cause pour ce duo aussi atypique qu'attachant ainsi que leurs tribulations échevelées !
Noir , cruel , mordant et incisif , du grand Dexter dans le texte !

Train , un polar 1ère classe !
http://www.youtube.com/watch?v=omo-fwok15E
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Il s'appelle Lionel Walker, mais peu de monde le sait. Noir américain dans les années cinquante, il vit avec sa mère et son beau-père, un type violent bien décidé à montrer à tout le monde que c'est lui qui commande. Train travaille comme caddie au club de golf Brookline, un green huppé pour les gens de la haute. Il connait son métier, et reste à sa place de caddie, son salaire étant limité aux pourboires qu'il reçoit pour trimballer le matériel de blancs qui ne savent souvent pas comment tenir leur club de golf. Les pourboires paient ses humiliations, au mieux sa transparence. Quant à lui, il arrive le matin à l'aurore, et s'entraine avec un club de golf abimé qu'il a trouvé. Et il est doué.
Les caddies sont gérés par un jeune noir, Sweetie, un individu pas très recommandable qui organise, avec quelques collègues du club de golf Brookline, le braquage d'un bateau. le braquage tourne mal, l'homme est tué, la femme battue et violée sauvagement, et la police débarque avant que Sweetie et ses copains n'aient pu prendre la fuite. le policier qui intervient sur le bateau est Miller Packard, l'un des joueurs du club, à peu près le seul qui n'ait jamais considéré Train comme un être humain. Il va prendre sous son aile, enfin, dans son lit, la femme blessée, tandis que Train est renvoyé, pour la bonne raison qu'il travaillait sous les ordres de Sweetie.

Archétype du roman noir, Train est un superbe roman aux personnages attachants et atypiques. Dans l'univers parfois trouble et souvent impitoyable de l'Amérique des années 50, Pete Dexter nous offre un récit où la fatalité côtoie l'espoir, sans que le lecteur sache sur quel pied danser.
Il est assez facile de s'attacher à Train, ce gamin qui n'a rien, même plus de chez lui, même plus de nom. On a parfois envie de le secouer, à le regarder subir humiliations, injustices, coups du sort. Balloté par les évènements, les gens, manipulé, on sent bien pourtant qu'il est de la bonne graine. le problème est qu'il est de celles qui ne peuvent pas pousser dans le terreau acide de cette société.
Packard est l'un des personnages les plus troublants que j'ai pu rencontrer au cours de mes lectures. Enigmatique, il m'a été impossible de prévoir ses actions ou ses pensées. Capable du pire comme du meilleur, à la fois manipulateur et naïf, utopiste et réaliste, humain et impitoyable, il reste le point d'interrogation qui traverse l'ouvrage jusqu'au drame final.
L'écriture de P. Dexter est immersive, les sujets sont traités sans concession, souvent crûment (la scène du braquage est particulièrement réussie et éprouvante) et la narration prend aux tripes dès les premières lignes. Les personnages sont souvent ambivalents, et l'on s'attache et se prend de pitié pour la majorité d'entre eux. Une vraie réussite que ce roman, je le recommande vivement !
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C'est l'histoire d'un Tiger Woods avant l'heure, celle pas si lointaine depuis laquelle des noirs peuvent s'afficher au plus au niveau dans des disciplines réservées jusque là à une élite à la peau plus claire. Il s'appelle Lionel Walk, et on l'appelle Train. On est dans la banlieue de LA en 1953. A 18 ans, Train est caddie dans un golf fréquenté par la haute, c'est-à-dire qu'il trimballe les clubs de joueurs plus ou moins doués qui le considèrent la plupart du temps avec un mépris souverain.
C'est aussi l'histoire d'un drôle de gus nommé Miller Packard, un inspecteur de police à la morale très particulière mais aussi un accro à l'adrénaline qui semble jouir de sa propre mise en danger, capable d'une violence extrême au mépris de la loi qu'il prétend servir.

Les deux personnages se croisent et finissent pas faire un bout de chemin ensemble. Miller détecte très vite les extraordinaires capacités du jeune homme et l'entraîne dans des rencontres mouvementées avec de riches joueurs qui n'acceptent pas toujours spontanément de se confronter à un gamin noir. Il y a aussi la cohorte naturelle des personnages secondaires, toujours traités avec la plus grande vérité psychologique. La femme de Miller, rencontrée dans des circonstances vraiment extrêmes ; Plural, un boxer vieillissant, progressivement aveugle, aussi costaud qu'imprévisible, que train a pris sous son aile ; Cooper, le propriétaire d'un golf minable pétri d'idées progressiste, et sa très jeune épouse, une artiste déjantée salement perverse, etc.

Le grand retour de Pete Dexter annonce la 4e de couverture. Pour une fois, le message publicitaire dit juste. On retrouve dans Train toutes les grandes qualités de cet écrivain de plus en plus rare, dont tous les romans – sauf le 1er, God's Pocket, sorti en 1984 – ont été traduits en français. Six romans au total espacés de 2, puis 3, puis 4, puis 8 ans. Train apporte cependant un ton nouveau dans l'oeuvre de son auteur ; au pessimisme parfois étouffant qui imprègne toute sa production est superposé ici, pour la première fois ou presque, un humour qui surgit de façon inattendue au travers de métaphores originales et très imagées. Extrait, dans la bouche d'un vieux tenancier de salle d'entraînement au noble art :

" Y a une fille qui a créché à la salle y a quelques années de ça, une fille légère, une fille des rues. Elle sentait le jus de fruit et elle inventait des mots quand elle s'envoyait en l'air. Mais pour la virer, ç'a été pareil que de faire partir un matou par le trou des chiottes. J'ai encore les marques. (...)"

Et puis le personnage de Miller Packard n'aurait pas dépareillé chez Elmore Leonard. Mais sous les parenthèses désinvoltes, la gravité des faits et l'injustice criante qui accable les plus démunis l'emportent pour donner le ton. Train est finalement un roman saisissant, pourvoyeur d'une émotion intense et d'une saine indignation devant les situations sociales intolérables. Un très grand Dexter, peut-être son meilleur titre à ce jour.
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Au coeur de l'Amérique raciste, Train est caddie de golf et se révèle rapidement être un golfeur talentueux.

Un seul problème, sa peau est noire.

Dans ce roman noir, Pete Dexter est sans concession pour la société qu'il décrit et pour les nerfs de son lecteur.

Accrochez-vous.

Axel Roques



Lien : http://axel-roques.iggybook...
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Je vais annoncer la couleur d'emblée. Ce roman noir et intense est tout simplement époustouflant.

L'auteur a crée ces personnages mais il a le talent de les laisser vivre. Je suis persuadé qu'ils lui ont échappé plus d'une fois
et qu'il a décidé de les suivre sans savoir où cela allait l'emmener, à l'instar d'un de ses antihéros : Miller Packard.
Je cite Miller mais Lionel/Train , Norah ,Plural etc… sont magistralement campés . Maltraités par la vie, écrasés par le climat social, ils sont pour la plupart déjantés et fragiles
mais avant tout pathétiquement humains.
C'est, en plus tout sauf empreint de cette hypocrisie protestante culpabilisante et moralisatrice à bon compte. Il faut être courageux pour écrire comme ça à notre époque aux Etats-Unis.
Bien sûr , le décor californien te la période des année cinquante s'est prêté à nombre de grands romans noirs . On peut ajouter sans souci celui-ci sur la pile.

L'auteur passe outre au comportement « attendu » de ses personnages. Ils ne sont jamais là où on les attend et nous on en redemande. Il nous montre beaucoup mais ne démontre rien de cette époque . Il est fataliste. Il a suivi ses personnages et sait bien qu'il ne peut rien sur le chemin suivi par son lectorat.

Allez, une petite faiblesse . Marin médiocre certes mais marin quand même, j'ai noté que certains détails techniques sur les scènes de bateau ne sont pas crédibles mais Dexter a toujours eu des problèmes avec les bateaux ( clin d'oeil à la série) .

Enfin, c'est invraisemblable mais le golf en tant que jeu et décor fait partie intégrante de l'histoire et le livre continue à rester passionnant.
Bref, C'est un HOLE IN ONE.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je sais pas comment te dire ça, oncle Tom, rétorque-t-il, mais ta tronche est déjà tellement ravagée qu'on peut faire tout ce qu'on veut, personne n'y verra rien.
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Il n'y avait personne dans la chapelle. Le père Duncan avait parlé du mort avec tendresse, comme s'il le connaissait personnellement, évoquait son amour pour la mer et sa loyauté envers Alec Rose et son épouse - le tableau le plus idyllique qu'il avait pu brosser.
Après avoir pleuré en pensant aux bébés, elle était restée sur des mots prononcés par le prêtre, des mots faciles et creux sur un homme simple et la mer. Elle n'aurait pas trouvé mieux pour définir les limites du prêtre.
Ça ne l'avait pas empêchée, plus tard, devant la tombe, de lui laisser tenir la main quelques instants de plus que nécessaire, et dans la voiture qui les emmenait au deuxième enterrement, il lui avait soudain reprise pour la serrer entre les deux siennes.
- Si vous avez besoin d'un ami, lui avait-il dit, nous sommes là pour ça. Vous savez où me trouver.
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Et donc, pour passer le temps, Packard s'était mis à la course à pied.
Voici en quoi consistait son entraînement : à minuit, il se pointait dans un quartier où il n'était pas le bienvenu, disons à Kensington ou dans le Devil's Picket. Il entrait dans un bar, commandait une bière et insultait un autochtone. Pour ça, le meilleur moyen était de sortir un mot inconnu de l'intéressé. Avunculaire, bulbeux, crescendo. Un simple avunculaire, et en moins de deux vous aviez quinze types qui vous couraient au cul avec des battes de base-ball, en criant : " On va te crever, pédé!"
Et le plus beau, c'est qu'ils ne plaisantaient pas. S'ils vous chopaient, vous étiez mort. Mais Packard, en parfaite condition physique, demeurait invaincu, et il allait devoir se mettre en quête d'adversaires plus coriaces.
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- À quoi tu penses pendant le swing ? demande Mr Packard derrière lui. Qu'est-ce que tu te dis avant de frapper la balle?
- Rien, dit Train. Je me mets entre parenthèse et je frappe.
L'air amusé par cette réponse, Mr Packard se renverse sur les coudes et il continue à regarder en silence. Ce qui faisait bien jouer, de toute façon, c'était pas une pensée plutôt qu'une autre. Ce qui les faisait circuler, les pensées, c'était le petit vent qui faisait que les choses entraient et sortaient de la tête à la bonne vitesse, sans se précipiter ni s'attarder assez longtemps pour qu'on les remarque. C'est tout ce dont on avait besoin pour frapper une balle de golf, un petit vent pour s'aérer la tête.
On n'était pas obligé d'être idiot pour jouer à ce jeu, mais c'était pas plus mal.
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Y a une fille qui a créché à la salle y a quelques années de ça, une fille légère, une fille des rues. Elle sentait le jus de fruit et elle inventait des mots quand elle s'envoyait en l'air. Mais pour la virer, ç'a été pareil que de faire partir un matou par le trou des chiottes. J'ai encore les marques.
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