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Critique de Ellane92


Il s'appelle Lionel Walker, mais peu de monde le sait. Noir américain dans les années cinquante, il vit avec sa mère et son beau-père, un type violent bien décidé à montrer à tout le monde que c'est lui qui commande. Train travaille comme caddie au club de golf Brookline, un green huppé pour les gens de la haute. Il connait son métier, et reste à sa place de caddie, son salaire étant limité aux pourboires qu'il reçoit pour trimballer le matériel de blancs qui ne savent souvent pas comment tenir leur club de golf. Les pourboires paient ses humiliations, au mieux sa transparence. Quant à lui, il arrive le matin à l'aurore, et s'entraine avec un club de golf abimé qu'il a trouvé. Et il est doué.
Les caddies sont gérés par un jeune noir, Sweetie, un individu pas très recommandable qui organise, avec quelques collègues du club de golf Brookline, le braquage d'un bateau. le braquage tourne mal, l'homme est tué, la femme battue et violée sauvagement, et la police débarque avant que Sweetie et ses copains n'aient pu prendre la fuite. le policier qui intervient sur le bateau est Miller Packard, l'un des joueurs du club, à peu près le seul qui n'ait jamais considéré Train comme un être humain. Il va prendre sous son aile, enfin, dans son lit, la femme blessée, tandis que Train est renvoyé, pour la bonne raison qu'il travaillait sous les ordres de Sweetie.

Archétype du roman noir, Train est un superbe roman aux personnages attachants et atypiques. Dans l'univers parfois trouble et souvent impitoyable de l'Amérique des années 50, Pete Dexter nous offre un récit où la fatalité côtoie l'espoir, sans que le lecteur sache sur quel pied danser.
Il est assez facile de s'attacher à Train, ce gamin qui n'a rien, même plus de chez lui, même plus de nom. On a parfois envie de le secouer, à le regarder subir humiliations, injustices, coups du sort. Balloté par les évènements, les gens, manipulé, on sent bien pourtant qu'il est de la bonne graine. le problème est qu'il est de celles qui ne peuvent pas pousser dans le terreau acide de cette société.
Packard est l'un des personnages les plus troublants que j'ai pu rencontrer au cours de mes lectures. Enigmatique, il m'a été impossible de prévoir ses actions ou ses pensées. Capable du pire comme du meilleur, à la fois manipulateur et naïf, utopiste et réaliste, humain et impitoyable, il reste le point d'interrogation qui traverse l'ouvrage jusqu'au drame final.
L'écriture de P. Dexter est immersive, les sujets sont traités sans concession, souvent crûment (la scène du braquage est particulièrement réussie et éprouvante) et la narration prend aux tripes dès les premières lignes. Les personnages sont souvent ambivalents, et l'on s'attache et se prend de pitié pour la majorité d'entre eux. Une vraie réussite que ce roman, je le recommande vivement !
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