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EAN : 9782844183514
248 pages
La Part Commune (17/02/2018)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Est-ce que le monde s'est tellement obscurci en un demi-siècle ? Est-ce la conjonction toujours plus fracassante des drames intimes et de l'universelle tragédie jusqu'à la déflagration ultime ?


Un soir à 20 h en 2015. Dans une grande tour, une femme regarde les informations. Elle pense à son voisin, un vieil homme qui vient d'être hospitalisé. Sur l'écran, des hommes dans un lointain désert jouent au football avec des ballons étran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En regardant la télévision un soir, une femme apprend à la fin du journal télévisé la mort de Jérémy Kettle, un écrivain qu'elle a connu vingt-cinq ans plus tôt.
Désenchantée par la vie, cette nouvelle la replonge dans son passé, son adolescence, un grand amour avorté.
Elle revit des tranches de vie, entre la Lorraine et la Bretagne (mes deux lieux de prédilection, ce qui ne rajoute au charme du livre. J'ai aimé reconnaître tous ces endroits de Nancy)
Cette remontée dans le temps ouvre des vents de jeunesse, de bonheur, d'amour, d'amitiés, teintés de nostalgie.
L'écriture est subtile et délicate, la construction du roman efficace.
Un très bon morceau de vie partagé avec Muriel, son voisin Jean-Philippe, le chat Gandhi et tout un passé révolu.
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À partir de quel événement, de quel état d'âme la vie bascule-t-elle ? Pour quelles raisons le chemin s'incurve-t-il tout à coup ? Qu'est-ce qui fait par exemple que l'on peut renoncer à un amour miraculeux, « fulgurant et sérieux » (on est très sérieux quand on a 17 ans, n'en déplaise à Rimbaud), fort comme une évidence, et grever durablement sa vie ? Pourquoi est-on si lâche, si prêt à sacrifier son désir pour obéir à « l'Ordre » et vivre ensuite « sur le mode du souci et de l'ennui », tel un fantôme désenchanté par « l'angoissant découpage du temps » ?
Mérédith le Dez signe, sous ce beau titre de Coeur mendiant qui fait écho à une oeuvre du peintre lorrain Émile Friant, une histoire de vie écrite à la première personne où s'entremêlent la mort, l'amour, le sentiment d'inachèvement, la nostalgie, l'amertume, la tristesse, tout cela dans une sorte de parenthèse à double effet retard, le récit s'articulant autour d'événements datant de 1990, 2005 et 2015. La narratrice, Muriel Jourdren, vingt-cinq ans plus tard, revit douloureusement un amour de jeunesse, foudroyé dans son envol. L'élément déclencheur : la mort de l'écrivain Jérémy Kettle, apprise aux informations télévisées parmi le cortège de morts et de souffrances qui dévastent l'époque. C'est le moment pour Muriel d'ouvrir la boîte au trésor qui, tel un ludion, libère les souvenirs de ce jour où elle rencontra le traducteur de Kettle, André Rouvre, dans un parc, à Nancy, un « samedi riant de septembre » par « un temps idéal pour les fruits à mûrir et les intrigues ». La jeune fille, coquelicot solitaire passionnée de littérature, sent que sa vie commence ce jour-là, que le bonheur l'attend avec « son tremblement de flamme, celle du désir et de l'euphorie mêlés ». Journée-fruit que ce 22 septembre, posée « à l'ouverture de l'automne », ronde et douce comme une promesse à tenir. Place d'Alliance, existe-t-il un nom de lieu plus ouvert à la rencontre, la vraie, si éphémère soit-elle, qui bouleverse le cours des choses ?
Seulement la vie hors des livres ne décide pas toujours ce qui est mieux pour elle, malgré le souci d'émancipation, la volonté de saisir le bonheur entraperçu. le temps qui passe est synonyme de trahison, d'assujettissement. Sa « cloche noire » emporte tout : projets, rêves, désirs, amours, amitiés, jusqu'à l'absence définitive qui laisse « le coeur mendiant » face à lui-même et à ses choix, dans un jeu de glace où on se demande avec effroi qui on est.
On appréciera, dans ce nouvel opus de Mérédith le Dez, une oeuvre sensible, poétique dans son écriture, à la narration complexe distribuée en trois parties encadrées d'un prologue et d'un épilogue, l'auteur usant de différents procédés romanesques pour créer un effet de profondeur temporelle : intégration de lettres, de carnets intimes, variation des points de vue, mises en abyme, superpositions d'images, échos divers… le mélange habile des époques et des sentiments ajoute ainsi au trouble ressenti. le roman, qui ne cache pas son inspiration autobiographique, sait garder le mystère de chaque protagoniste. La narratrice ne cherche pas à l'élucider, préférant écrire elle-même son histoire, à sa façon, dans un « travail de reconstitution », qui après « la chirurgie réparatrice » lui permettra « de continuer de vivre, tout simplement ». À cet égard, l'un des sujets du livre, via le personnage de l'écrivain à succès Jérémy Kettle, est la relation dans l'oeuvre romanesque du duo réalité/fiction.
La leçon à en tirer : « il est toujours trop tard pour le mirage du passé », le temps nous condamne à vivre au présent. La douceur de Gandhi, l'homme de paix, qui fait écho au chat éponyme du voisin hospitalisé, est un utile antidote à la douleur paralysante. Ou alors est-ce soudain un désir d'arbre qui fait que l'on se redresse, ouvert à la souffrance « intime et universelle », à la compassion, à l'action généreuse ?
De ce livre délicat, qui sait mêler drames personnels et collectifs, on ressort touché comme par une musique de Satie, les doigts en suspens sur les touches du piano.
Marilyse Leroux, 26 février 2018.
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Marie-Hélène Prouteau. le choix de Mérédith le Dez est celui d'une écriture dense qui se déploie selon une triple direction : un roman polyphonique à deux voix, la narratrice qui revient sur cet amour qui a marqué sa jeunesse et sa vie et la voix off de l'amant, mystérieusement sortie de nulle part. le brouillage ensuite entre trois temporalités sur une longue durée de vingt-cinq années de vie, le présent, le passé d'il y a quinze ans (la mort de l'homme aimé) et le passé plus lointain du coup de foudre de jeunesse. Enfin, un jeu sur les espaces, les rues et places de la vieille Europe à Nancy, les collines de Lozère et la Bretagne, arpentés jadis ensemble et toujours teintés de lueurs poétiques.

Tout au long du livre, à fleur de plume, on est frappé par la sensibilité du personnage féminin, inquiète de la marche du monde, comme le montre son effroi devant la barbarie des têtes coupées. La musique de Satie, la puissance de la littérature font un contrepoint capable de sauver et consoler. Juvénilité de cette soif d'infini, du chant simple du bonheur. Les personnages secondaires, le groupe des copains de lycée, le voisin de la narratrice, le vieux monsieur malade sont campés avec soin. Habités par la gaieté, ils nous font entrer dans un film de Claude Sautet.



Lien : http://pierre.campion2.free...
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Désolé de ne pas pouvoir rentrer dans ce monde-là.
Trop riche pour moi, ce mélange à plusieurs niveaux de lecture tente de cerner les jeux de miroir que nous renvoient l'existence.
A vouloir trop en dire, elle perd en clarté.
Embrasser le monde en un seul ouvrage est une ambition que peu réussissent.
La poésie est une suite de fulgurances, le roman, non. Mais qui suis-je pour donner une définition ?
Je reprendrai la lecture de ce livre plus tard, peut-être, selon l'humeur.
A plus tard
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Un sujet mille fois traité mais bien écrit
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