XVII
Extrait 1
Front collé à la vitre de février, une nostalgie
de Baltique s’épand à l’horizon. Sous le paquet
anthracite des nuages s’étrécit une zone claire
que l’on dirait sableuse, où le souvenir arpente
comme un marcheur regrette une négligence.
…
Ombre penchée
IV
Une fois
louve encore
avec la nuit pour manteau
confondue au mur
du même silence que le lit clos
elle fend de sa silhouette oblique
les songes
Ta présence
figure de proue échouée
aux blanches grèves
du dormeur
Ta présence
veilleuse aux maigres épaules
aux mains de plomb
sur la bouche
Ta présence
statue multiple
aux yeux brillants d’oiseau de proie
lapant d’autres yeux pour quel régal
Et parfois
venue du couloir comme du fond des âges
avec ce pas léger qui rend confiant
elle approche son visage de nourrice
Ton visage d’ombre
rencontre implacable
troué de vide
si près penché
Ombre penchée
I
Entre dans la nuit des chambres mauves
à pas de louve l’ombre penchée
son écharpe froide
en écharpe glissée
au cou des gisants
bat le rappel
penche à pas de louve entrée
l’ombre blanche
des nuits mauves
sa main
flottée en bandeau de rien
au front intranquille
signe encore
Ouvre une bouche lente
à mots de louve
la mauve entrée
sa voix
rêvée en somme
au cœur étranglé
pince la corde
- Dans la nuit blanche des sombres passes
mauve à pas de louve entrée aux chambres
que veux-tu ?
Ombre penchée
III
L’ombre a ramené dans sa cape
le grand panier de nuit
doublé de blanc songe
et penchée aux anses des lits
compte les yeux clos
Quelle araignée jaillies des pupilles
quelles ramures aux tempes fêlées
de quel frisson de cape l’échine parcourue
devant l’horizon du mur
L’ombre est venue aux mille mains
aux pas de corde
coite dans la ruelle
le souffle de sa bouche comme vent de sable
ou geste de mer
- Que viens-tu faire aux inquiets ?
Ombre penchée
II
Au chevet des vivants
l’ombre qui vient et part
comme elle veut
avec sa cape têtue qui frôle
En suspens rien qu’un souffle
Quelle main de neige imprime
sur la joue sa fleur maligne
qui va courant à demi-nue
semer la question
- Que veux-tu
ombre penchée
que viens-tu boire
aux yeux des endormis ?