NOUS ÉTIONS SEULS, DE TROP, DANS NOS MIROIRS…
À Mathieu Hilfiger
Nous étions seuls, de trop, dans nos miroirs : le visage,
nous l’offrons à l’inconnu qui nous précède
par vagues infaillibles, la nuit a libéré l’espace
où se multiplient les oiseaux, tous portent
des noms de vents. Tenir parole, ce que cela veut dire,
nous le devinerons en évitant de les effaroucher,
en permettant aux pas sur le sable intact
de ne pas savoir quel horizon les recevra,
quelle mémoire en gardera la trace, comme nous y invite
la voix donnée par l’aube, juste le temps
que nous n’ayons plus peur, que s’avance en la nôtre
une autre haleine.
PASSAGE PAR LE CHOEUR
Mais la morsure plus aiguë, la poitrine soumise
à la poussée de glace, les noms s'éteignent
qui furent un secours : toute la hiérarchie des proies,
demain sera plus que demain, nous l'aurons
descendue.
Le sens se borne-t-il à cette servitude,
la nuit complète ou la pleine insomnie ?
Un mot que tu dirais seulement pour lui-même,
si bref le nombre de syllabes, que tu écouterais
entre les draps comme entre les sillons
des champs sous les étoiles, clairvoyant le murmure,
nous n'aurions pas à attendre le jour,
nous y serions un visage de l'air.
À l'occasion de l'édition 2021 (Auteur/lecteur) du Festival Résonances, les rencontres du patrimoine littéraire et de la création, nous vous proposons ici "Trajectoires d’écoute", une série d'entretiens avec Pierre Dhainaut, par Thomas Demoulin.
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