J'ai bien apprécié cette lecture, proche en tout des genres que j'aime : dystopie, anticipation et catastrophe. C'est une lecture très abordable quant au style, suffisamment prenante pour lire tout du long, et qui ne néglige pas de faire réfléchir sur l'état du monde, de la nature ou de la société humaine, et les choix qui sont faits à l'heure où les choses vont mal.
Théo, jeune homme de 17 ans mordu de photo, découvre avec incrédulité que la modification qu'il a bricolée sur l'objectif de son appareil-photo lui permet de "voir" l'avenir, 21 jours plus tard. Après de multiples expériences pour vérifier les dates et comprendre ce qu'il en est, il tente de partager ses découvertes avec son meilleur ami, puis avec ses parents, mais doit battre en retraite, car leurs réactions l'excluent. Il attire même l'attention de la police lorsque, à l'aube de la catastrophe, les faits concordent avec les photos qu'il a montrées sur les réseaux sociaux : les jours passant, une canicule s'est abattue sur le pays et des faits étranges sont survenus - gigantesques incendies de forêt, crashes aériens, bouchons monstres sur les autoroutes... Pour les services publics, il n'est plus possible que de parer au plus pressé, d'autant plus que les communications se sont interrompues. Dans les rues, les quartiers, sur les routes embouteillées, la loi de la jungle prévaut, et l'on s'arrache sauvagement bouteilles d'eau et vivres.
Théo se trouve accidentellement séparé de ses parents, et doit les retrouver ultérieurement. Il fait la rencontre de Drazic, un original qui vit depuis longtemps seul dans la forêt, en mode survie, radio-amateur. Grâce à ses connaissances, ce dernier entreprend d'aider Théo à retrouver sa famille, et à se mettre en quête d'un lieu sûr...
Le roman est bien calibré pour ce genre, et se laisse lire très vite ; les personnages sont typés et sympathiques, l'intrigue fonctionne bien et comporte les rebondissements nécessaires. Il est troublant de constater que, depuis l'écriture du roman, la réalité a en partie rejoint la fiction. le style est nerveux, précis, les descriptions nous mettent bien dans l'ambiance, et personnellement, je me suis intéressée aux stratégies de survie de Drazic ; lequel avait, selon moi, bien de la patience, car Théo ne brille pas par sa rapidité à comprendre le danger et les impératifs de prudence... et de silence ! L'adolescent est certes à plaindre, mais j'avoue qu'il m'aurait passablement énervée, et j'aurais eu envie de le planter là pour de bon.
Je n'aurais qu'un bémol concernant l'écriture, mais il s'agit de détails : pour moi, trop d'analepses (passages qui prévoient ce qui va arriver ensuite) alourdissent un peu le style et rendent le récit trop directif. Peut-être l'auteur aurait-il pu moins donner son avis et déléguer davantage le point de vue à des personnages, qui par ailleurs manquaient un peu de consistance, comme les parents de Théo. J'ai toutefois reconnu avec plaisir en quelques endroits la "patte
Jean-Marc Dhainaut", à savoir de légères incursions dans des dimensions surnaturelles.