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Critique de dourvach


"L'azur" est l'aventure du temps qui passe, soit le brillant 30ème des 49 "romans et récits" dus à l'étonnante prodigalité de l'étonnant (et bien sûr toujours largement méconnu) romancier-conteur oriental que restera André DHÔTEL [1900-1991].

"Conteur oriental", oui ! Rappelons que l'Ardennes et la Champagne demeurent "ses" Chasses domaniales (universelles) les plus familières...

Bien sûr retrouvées ici - d'un roman à l'autre - cette clarté absolue, cette prodigieuse richesse et cette si curieuse "fausse simplicité" de la langue dhôtélienne. Matériau noble que certains apôtres du "parler Cash" despentien - habituels lecteurs de prose-magazine suffisamment surlignée - pourront juger "désuète"... (Je rigole). Bref, vertus vraies devenues "exotiques" à pas mal de lecteurs : c'est ainsi ! Donc, vive l'exotisme (sincère) et la caducité des camaïeux, émaux ou autres yeux et mots bleus (Cf. "La tribu Bécaille"[1963])...

Ne nous emballons pas.

Car - selon notre goût personnel - "L'azur", publié en 1968 est loin d'être une oeuvre sans défauts. Peut-être parce qu'il se situe dans le sillage d'un chef d'oeuvre : son "Pays natal" [1966] (qui sera suivi d'un roman que nous jugeons beaucoup moins inspiré : "Lumineux rentre chez lui" [1967]) et qu'il précédera 3 nouveaux chefs d'oeuvre : le célèbre conte "L'enfant qui disait n'importe quoi" [1968] puis deux romans d'une maîtrise sans égale : l'épais "Un jour viendra" [1970] puis "La maison du bout du monde" [1970], sorte de cristal romanesque quasi-parfaitement épuré de toutes scories...

Quelques petits nuages passent dans "l'Azur" et s'y étirent, ma foi, parfois un peu inutilement : tel cet épisode bien longuet des taureaux échappés de l'enclos des Desterne, avec sa profusion des demoiselles rencontrées et des amourettes dévoilées [pages 69 à 91 de l'édition "folio" de poche]... ou ce dénouement volontairement "saboté" en 3 pages finales [329 à 331] : dame ! on sent ben que le p'tit père Dhôtel était pressé de passer à autre chose, crebleu, et donc de se débarrasser le plancher à ces coeurs envahissants d'Emilien et Fabienne !

Profusion supra-balzacienne des personnages (mais on finit par s'y retrouver et le chat-conteur ardennais retombe toujours sur ses quatre pattes !).

Nul n'est parfait, Dhôtel se flattait d'être un "romancier mineur" (une conviction délirante parmi d'autres), involontairement "produisait beaucoup"... et nous devons partir à l'assaut de son Continent pour y trouver NOS chefs d'oeuvre... Je rappelle tout cela puisque l'étiquetage ou le tri subtil entre "textes romanesques parfaitement maîtrisés" et "les autres" n'a toujours pas été produit à ce jour, ni donc subjectivement "assumé" par tel ou tel fin connaisseur-explorateur de l'Oeuvre généreuse d'André DHÔTEL : ce qui est fort dommageable à l'Oeuvre d'A.D. puisqu'entretemps, l'amnésie du lectorat "de masse" poursuit sa carrière... [Mon propos actuel ne se veut point "élitiste" mais plutôt réaliste.. et la belle énergie collective, grandement convaincante et enthousiasmante des débuts de notre chère association "La Route Inconnue" me semble devenue aujourd'hui assez globalement roupillante... Bref, dommage !]

Dans l'un de ses entretiens, Dhôtel semble se rire du côté parfois redondant, grandiloquent et parfois assez artificiel de ce qu'on nomme "LA" poésie - tout comme de la langue "calibrée" et si peu inventive de pas mal de "poètes" autoproclamés (bien qu'ayant commis 3 essais sur son compatriote Rimbaud)

Je rejoindrais l'avis de notre amie babéliote Eleonora, parlant de sa découverte du style de l'un des "nos" romanciers favoris et (bien sûr) méconnus, A.D. : "émerveillée par son écriture, sa simplicité miraculeuse, ces merveilles cachées au sein du quotidien, la réalité et le divin qui cohabitent à chaque ligne".

Mais je n'en dirai pas plus et vous laisse découvrir TOUT l'univers champêtre (avec ses fantastiques clairières parisiennes) d'Emilien Dombe, Fabienne, Jenny Janret, son "visage de chat" et son frère Edouard, son père Hector et Mme si effacée, de Blanche et Alcide Desterne, d'Aurore (la fille chapardeuse de Ralph), de Prabit l'usurier avare et son frère Amédée disparu à la poursuite d'une inconnue, de la dynastie ruinée des Comtois (le fils Léon fait l'horloger rural), des gamins du charpentier chercheurs d'un trésor envasé dans la rivière, de Chimard le botaniste (l'âme cachée et la mémoire du hameau sauvage), d'Edmée Biermes et sa famille si "BCBG", des Seurdon, du hameau des Rieux, de Dongy, de Reims, de Gibraltar...de la fille-fantôme au grand chapeau de paille et au sourcil légèrement fendu...

Amitiés !
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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