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Critique de dourvach


C'était en 1953... "Les Premiers temps" (et ce beau mystère d'un titre, se condamnant à rester mystérieux... ). Roman méconnu "à découvrir d'urgence" [comme on dit, en un monstrueux & splendide cliché !] ... et honneur insigne d'en produire ici la première critique sur Babelio...
Le "problème" des personnages de DHÔTEL (André, né en 1900 à Attigny - Ardennes, physiquement disparu - hélas ! -
en 1991), c'est qu'à l'instar de leur auteur on ne parvienne pas à les quitter... Ils nous "attachent"... On s'attache - oui, vraiment affectivement - à eux...

Peu d'auteurs parviennent à cet incroyable résultat ! Oui, même dans les "zones de mou" du récit, quand "l'intrigue" se ralentit jusqu'à l'immobilité d'un après-midi dans les avancées de la forêt... Comme les lieux qu'ils traversent, ces personnages nous hantent... La lointaine vallée des Bonances, Romeux, "le magasin d'antiquités à l'angle de la rue aux Aulx et de la rue Neuve", la forêt de Launois, le bourg de Brisac, Sainte Soline et Saint Eucher, la rue des Fripiers, la ferme de Beauregard, l'église St-Jean, le village de Bart, Mourcelles, Bleuse et sa forêt... et ce hameau perdu de Creuil où les quelques protagonistes échouent [page 152 de la belle réédition "Phébus libretto" à 8,90 euros : somptueuse et à ce prix-là, presque "donnée" pour une oeuvre émouvante de 258 pages, traversée de mille éblouissements ...]

Ah, on se souviendra de Syvestre Baurand ("actuellement ébéniste", ex-taulard, généreux comme un Jean Valjean maladroit), de Julien Baurand (son frère antiquaire, commerçant respectable à Romeux), d'Armand le fiston de Sylvestre (et qui "porte des cravates impossibles", dixit Thérèse, son amoureuse de bonne famille qui tourne mal, genre apprentie-délinquante...), de Thérèse Pardier, donc (ex-fiancée d'Armand), de Louise Baurand (digne épouse de Julien), de "Monsieur Pardier père" (notaire), de Méquenot (le copain de galères de Sylvestre : ex-taulard aussi : ça crée des liens...), de la vieille Julie Ribanet (qui perd la tête mais dont le perroquet, qui peut vivre cent cinquante ans, lui sert sans doute de "pense-bête"... ), Célestin le gamin des taudis, Auguste et Gustave les deux comparses...

Oui, curieux pacte passé avec les livres de Dhôtel par ses lecteurs (restant aujourd'hui trop rares ou clairsemés, hélàs...) : leur lecteur y cherche des émerveillements"... Des éblouissements, et bien sûr, les y trouve... tapis au fil des pages... Ils vous sautent au visage, à l'âme, et vous ravissent le coeur pour toujours...

"Les Premiers temps" (ceux de la perte de l'Innocence, peut-être) se hisse donc en 1953 au rang des chefs d'oeuvre que seront "Le Pays où l'on n'arrive jamais" (1955), "Ma chère âme" (1961), "Pays natal" (1966) ou "La maison du bout du monde" (1970) [pour ne citer que quelques-uns des romans dhôtéliens que je connaisse et m'ayant durablement "ébloui"...]

Bien sûr, peut-être certains des plus zélés z-adulateurs des bouquins de Virginie Despentes - ou telle autre gloire de la Nouvelle Norme Trashy-Branchouille [NNTB], passant inlassablement sous les feux concentrés de la rampe médiatique... - n'entendront jamais parler de cette défunte "Littérature de ploucs"...

Amitié à tous les actuels et futurs lecteurs des livres d'André DHÔTEL... Je milite pour ma part patiemment (au sein de notre assoc. de lecteurs "La Route Inconnue" : s'il vous plaît, rejoignez-nous !!) pour la future parution en "Pléiade" de l'Intégrale de ses romans, contes et nouvelles !!! On verra bien si l'avenir rendra justice - ou non - à son Oeuvre modeste, éblouissante et esthétiquement durable...
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