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EAN : 9782956798040
432 pages
Sous le Sceau du Tabellion (07/10/2020)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Petit extrait d'un échange radiophonique entre André Dhôtel, Germaine Beaumont et Patrick Reumaux, pour une série de cinq émissions réalisées pour les auditeurs de France-Culture en 1975 :

[Patrick Reumaux ] : – Germaine Beaumont, je sais qu’il y a des années que vous êtes passionnée par l’œuvre d’André Dhôtel et particulièrement par ses personnages.

[Germaine Beaumont ] : – Oui. Le premier qui m’a passionnée, c’est ce personnage des "R... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Retrouvez bien vite la formidable critique de Delphine CRAHAY en date du 23 novembre 2020 réservée à la toute récente (oct. 2020) et magnifique réédition du quatrième roman d'André DHÔTEL, "Les rues dans l'aurore ou les aventures de Georges Leban" (éd. Gallimard, 1945) aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire) [prix de vente public : 19 €] ... à lire sur le passionnant site collectif "La Cause Littéraire. Servir la littérature" (Lien : https://www.lacauselitteraire.fr/les-rues-dans-l-aurore-andre-dhotel-par-delphine-crahay).

EXTRAIT : " [...] dhôtellien, le romanesque : tout est raconté avec force détails et détours, sans souci de sobriété ou d'efficacité. Maille après maille, Dhôtel tricote, avec des aiguilles torses et lentes qui dilatent le temps – ou l'évacuent d'une ellipse – une écharpe qui pourrait bien ne jamais finir – et c'est cela aussi qui nous happe et nous tient dans ce roman : un geste de rhapsode, qui fascine. Cette lenteur vagabonde et foisonnante exige du lecteur qu'il adopte une allure qui n'est plus familière aux hommes pressés de ce siècle, et invite, au-delà de la lecture, à habiter le temps et la vie d'une autre façon : une façon qui « n'empêche pas de travailler, de rire, de patiner sur les mares gelées, de mépriser l'avenir, de connaître d'indépendantes sensualités », qui sache que « tout ce qui va de travers vous emporte aussi dans la beauté de l'inconnu » et qu' « il n'y a dans le monde que des choses gâchées au milieu d'une magnificence impossible à saisir ». "
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Critique parue "Les Lettres françaises" de Jean Pauhlan
ami d'André Dhotel qui fut gérant de la Nouvelle Revue Française (NRF)
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S'il est un livre qu'il faut recommander aux amateurs de vrais romans* d'aventures — et par aventures on doit entendre ici le déroulement des mille anecdotes banales et uniques dont est faite la vie de tous les jours — c'est bien le roman d'André Dhotel,"Les Rues dans l'aurore" qui est un ouvrage dont l'audience ira sans cesse croissant.
Cette sorte de livres n'a nullement besoin de recommandations officielles; chacun de ses lecteurs le conseillera, j'en suis sûr, à ses proches et les « Aventures de Georges Laban » — c'est le sous-titre du volume — risquent d'être bientôt populaires. Car ce sont bel et bien des aventures, déconcertantes, inattendues et contées avec une souriante douceur, sur un ton de confidence attendri et matois, que ces Rues dans l'aurore nous rapportent et qui ne demandent qu'à être connues de tous.

Je présume qu'André Dhotel portait en lui ce livre depuis le temps, déjà lointain, où il nous donnait son premier livre, Campements.
Les Rues dans l'aurore s'échelonnent sur toute une vie et si les souvenirs de jeunesse y tiennent une grande part, toutes les expériences de la maturité y sont également utilisées. Un auteur ne réussit qu'une fois un livre et il serait très beau si André Dhotel nous en donnait encore un de cette qualité. Ce que nous ne pouvons que lui souhaiter.

C est à Verziers, une petite ville perdue quelque part dans l'Est, avec une grande forêt où se déroulent maintes péripéties, un quartier ouvrier comme on n'en voit plus, si ce n'est dans les films où l'on évoque le charme un peu vieillot de la province, que vit la famille Laban.
Les Laban ont un fils qui, tout jeune, est un mélange de bon petit diable et d'enfant terrible; c'est un mauvais caractère, un garçon orgueilleux dont de continuelles humiliations ne feront que rendre plus implacable la ténacité. On ne pourra jamais rien faire de bon de lui; il est insociable; il amasse sur lui-même les pires mécomptes. On le redoutera car il se complaît dans les mensonges. Il causera ainsi maintes perturbations dans la petite ville et dans le quartier ouvrier où il fait finalement figure d'agitateur, bien qu'il s'en défende : car Laban ne court après aucune occasion de sortit du chemin médiocre où il semble engagé, Et son histoire est d'une simplicité dont les épisodes, aussi variés et compliqués qu'ils soient, ne serviraient qu'à nous dépeindre là triste vie d'un raté si nous ce soupçonnions, dissimulée sous chaque page, la présence d'un élément mystérieux qui donne au roman une substance chaude et pathétique.
C'est ce mystère, dont André Dhotel ,a dosé très heureusement la participation à la vie de Georges Laban, qui donne tout son prix à ce livre et qui en illumine les passages les plus sombres. Les anecdotes sans relief de cette carrière manquée constituent les « Aventures mystérieuses de Georges Laban ».

A Verziers, des hommes d'affaires se disputent avec une âpreté qu'un demi-siècle de calculs et d'attentes ne désarme pas les terrains du quartier ouvrier où vit une population fort sympathique.
C'est la première trame du roman et elle excite fort notre intérêt. Tout au long du livre, ces affaires seront disputées entre les principaux personnages de l'histoire et Laban sera mêlé à cette rivalité.
Il y sera doublement mêlé, puisqu'il est amoureux d'une jeune fille, la gracieuse et énigmatique Anne-Marie, qui est l'enfant naturelle de l'un des partenaires du récit. Et le visage d'Anne-Marie, dont on ignore presque jusqu'à la fin quel a été le destin, accompagnera Laban tout au long de ses aventures. Ce sera la deuxième trame du livre, une trame plus fine, brillante comme le givre de la forêt enchantée de Verziers et qui se, mêle très habilement à la première. Enfin une autre trame sur laquelle sont inscrites les silhouettes du pittoresque Grovey, le camarade d'enfance, de Léon, le domestique irascible, du père d'Anne-Marie et surtout d'Antoine, le simple d'esprit, se superpose aux précédentes. le livre se déroule donc sur plusieurs plans qui s'enchevêtrent avec un art achevé et font sans cesse rebondir l'intérêt de l'histoire.
J'ajouterai que ce livre, qu'appréciera le très vaste public des calmes romans-fleuves que nous donnait, avant guerre, la littérature anglo-américaine — mais qui ne leur doit rien — nous procure une vive impression de fraîcheur, de délassement. On y voit le temps couler avec lenteur, les événements modifier la vie de la petite ville qui se transforme insensiblement, comme celle des personnages que l'on voit vieillir de page en page.
Et mêlées à ce récit qu'André Dhotel a écrit avec amour, avec une gentillesse qui lui fait excuser tous ses amis, même lorsqu'ils ne se conduisent pas très bien, il y a de très belles descriptions de la forêt dans laquelle le lecteur ne se perd jamais et qui constituent le plus souriant des décors dont puisse rêver le héros d'un roman d'aventures.
Lien : https://gallica.bnf.fr/ark:/..
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[ http://www.laprecaritedusage.blog.lemonde.fr/.../les-livres-de-mes-annees-90-1-andre-dhotel/ ]

[EXTRAIT d'un article daté du 5 janvier 2010 paru sur le site "La précarité du sage" concernant le roman d'André DHÔTEL "Les rues dans l'aurore, ou les aventures de Georges Leban"]

" Chez les bouquinistes, je cherchais les romans épuisés de Dhôtel. Certains m'ont donné beaucoup de mal, car ils étaient introuvables et pourtant très cités dans les thèses et les essais que je lisais pour mes recherches : "Les Rues dans l'aurore", par exemple, je ne l'ai jamais trouvé. Aujourd'hui, avec internet, ce serait plus facile sans doute. Mais des ouvrages comme "Ce Lieu déshérité", "Campements", "La Route inconnue", sont de véritables captures de guerre. "
Lien : http://www.laprecaritedusage..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le Siourd est vraiment curieux en plein été, lorsque les sentiers deviennent durs comme du marbre, et que la poussière blanchit les herbes plus rares. On voit se répandre dans des lieux indéterminés, où personne ne vient à passer, certaines gentianes d’un bleu profond (une variété de la gentiane d’Allemagne). Parfois il se produit aussi une invasion de coquelicots qui fleurissent jusqu’au milieu d’août. Les graminées les plus étranges, comme la digitaire sanguine, poussent contre la pierre des seuils, tandis que les terres surchauffées d’alentour prennent une valeur éblouissante, où les détritus des légumes sont aussi simples et purs que des morceaux d’images. La chaleur en vérité reste intolérable, mais les habitants paraissent ne se soucier guère d’étouffer dans leurs maisonnettes ou d’être aveuglés par la lumière de leurs pistes. Ils vivent avec la plus impitoyable obstination dans l’inconfort où la fortune les place. […]
En hiver, dès que la neige s’étend partout, le Siourd revêt encore une beauté plus intense que sous le soleil de la canicule. Toutes les cheminées y fument, car les gens ne sont pas en peine de trouver du bois dans la forêt ou dans les chantiers de Casteaux, et le fin brouillard de ces fumées se détache au seuil de la plaine entièrement blanche. C’est alors qu’on s’aperçoit combien le faubourg est vaste : les passées des chemins ne sont que de minces accidents au sein de l’énormité des neiges. Vous retrouveriez certainement dans ces lieux la reproduction exacte des cartes postales d’une fausseté absolue qu’on vend pour Noël. Vous verriez ces toits de travers, chargés de glace et dix fois plus vastes que le corps de logis, mais surtout ces morceaux de haie, ces mares étroites qu’éclaire la violente et providentielle indifférence d’un ciel large. On rencontre beaucoup d’enfants tirant des traîneaux, mais ils parlent peu, et ils passent sans vous regarder. Ils doivent connaître l’immense valeur d’un bâton de nougat enveloppé de papier d’argent : des joies de ce genre suffisent à leur besoin de vérité, même si le froid leur glace le cœur.

[André DHÔTEL, "Les rues dans l'aurore ou les aventures de Georges Leban", éditions NRF/Gallimard (Paris), 1945 ; réédition aux éd. Sous le Sceau du Tabellion, (Caluire et Cuire), 2020]
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Rien en vérité ne changeait jamais dans Verziers, où les semaines se distinguaient seulement par les anomalies atmosphériques de certains de leurs jours, comme cette étrange après-midi précocément orageuse. Aucun événement n'aurait pu faire dévier des habitants qui semblaient enchantés par la douceur de leurs allées et venues entre les magasins d'alimentation, le lieu de leur travail et leur logis. [...] Cette tranquillité urbaine était décidément l'expression d'une profonde obscurité qui pesait sur un monde d'années indéfini. A moins qu'une transformation monte soudain un jour (sans signe extérieur d'un "déclanchement") comme de la profondeur même des pavés.

[André DHÔTEL, "Les Rues dans l'aurore, ou les aventures de Georges Leban", 1945, (incipit) pages 7-8] (extrait choisi par Jean-Yves Debreuille en son article "Les apprentissages d'André Dhôtel" de l'ouvrage collectif "Lire Dhôtel", pages 63-81, sous la direction de Christine Dupouy, Presses Universitaires de Lyon, 2003, 190 p.)
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Georges arriva bientôt à la route de Bourcq. Il s'accouda un instant au parapet du pont et regarda son image dans l'eau. Il y avait sur ce parapet une pierre abandonnée là par quelque enfant. Il prit la pierre et la laissa tomber par jeu contre le reflet de son visage. L'eau se bouleversa, alla clapoter sous les rives, puis dansa doucement et redevint lisse. Le soir baissait. Georges vit réapparaître son visage. Il se trouva beau, comme si c'était celui d'un étranger, ou une image féminine — en tout cas paisible, et semblant appartenir à un autre monde.

[André DHÔTEL, "Les rues dans l'aurore ou les aventures de Georges Leban", éditions Gallimard/NRF (Paris), 1945 ; réédition aux éd. Sous le Sceau du Tabellion, (Caluire et Cuire), 2020]
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Indiscutablement cette appréciation des professeurs : élève moyen. Cela n'empêche pas de travailler, de rire, de patiner sur les mares gelées, de mépriser l'avenir, de connaître d'indépendantes sensualités, et tout ce qui va de travers vous emporte aussi dans la beauté de l'inconnu.

[André DHÔTEL, "Les Rues dans l'aurore, ou les aventures de Georges Leban", 1945, éditions Gallimard, 352 pages]
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Videos de André Dhôtel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Dhôtel
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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