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EAN : 9782070164936
Gallimard (06/06/1962)
4.06/5   9 notes
Résumé :
" La paresse c'est la vie la plus haute qui soit. Cela va beaucoup plus loin que n'importe quel sommeil. Et comment subsister dans un bourg abandonné comme Charlieu si on ne se laisse pas quelquefois voguer au niveau des buses qui se promènent sans penser à rien ? Alors on s'intéresse à des choses minimes, à la vie des mouches par exemple. Les buses voient les oiseaux comme des mouches. Elles ne cherchent pas tellement à les attraper. Elles les regardent pour s'amus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
André Dhôtel, né en 1900 à Attigny (Ardennes) et mort en 1991 à Paris, est un écrivain français, à la fois romancier, conteur, poète et scénariste. Connu du grand public par le roman le Pays où l'on n'arrive jamais, prix Femina 1955, il est l'auteur d'une oeuvre abondante comptant une quarantaine de romans, des nouvelles, des poèmes et des essais. Les Mystères de Charlieu-sur-Bar est un roman de 1962.
Charlieu-sur-Bar est un petit bourg des Ardennes, entouré de bois et de marais dangereux. Un beau matin un voleur dérobe une statuette en or qui orne la salle des mariages de la mairie. Tout le monde se souvient alors qu'une jeune fille, Mathilde Porin, qui s'est perdue il y a deux ans dans les marais, ressemblait à la statuette. Dans le village, la question n'est plus « qui a volé l'objet ? » mais « qui a tué Mathilde ? » Les rumeurs vont bon train, les suspicions aussi…
Si ce roman paraissait aujourd'hui, il pourrait se glisser dans la catégorie des « thrillers » tant il est inquiétant et mystérieux, comme le laisse prévoir son titre. Ce vol incompréhensible – car nous sommes dans un bled, à une époque où le simple fait d'aller dans le village voisin relevait de l'expédition à l'étranger – libère des ressentiments et des accusations gratuites (le terreau des futurs Réseaux Sociaux !). D'un côté il ya les notables, Mr Armand le maire, Onégan l'antiquaire et Janrèze le notaire qui cherchent à trouver un voleur vite fait pour étouffer l'affaire ; de l'autre, nous avons Alain, un gosse qui vient de quitter l'école, apprenti-couvreur, flemmard et qui vient de s'accuser lui-même du vol, ce qui faciliterait le boulot du maire, car une bêtise de gamin ce ne serait rien….
Sauf que l'affaire va se compliquer grave. le garde-champêtre a cru voir ou entendre des choses étranges, de petits vols son commis, les notables reviennent sur leur attrait trouble pour Mathilde et puis il y a Félix Borne, un éleveur de chiens qui rôde dans le marais, lui aussi semblait très attiré par Mathilde, sans parler d'Yvonne une autre gamine, soeur de Mathilde…. Les notables de leur côté et Alain du sien mènent l'enquête, dans des décors de marais embrumés, de village de nuit (« Entre les étoiles c'était une paix immense, et entre les maisons une menace qui semblait énorme »), d'ombres louches dans les rues qui ricanent, de soi-disant réapparition du fantôme de Mathilde… brrr !
Le roman peut se découper en trois parties, la première et la plus longue, n'est que mystères. Pour vous donner une vague idée, je m'adresse aux cinéphiles, il y a des airs des Disparus de Saint-Agil (film de Christian Jacques, 1938), du Corbeau (Henri-Georges Clouzot, 1943) ou même de Garde à vue (Claude Miller, 1981). Cette partie est carrément sensationnelle.
Hélas, il y a la suite, la seconde partie, quelques dizaines de pages qui enclenchent le processus d'explications et de dénouement. Là, ça devient franchement laborieux, long et compliqué, voire peu crédible ou niais, avec révélations d'ordre familial. Alain découvrira le pot-aux-rose, et les trois pages finales, terminent le roman de manière honorable, sans plus.
Un bon roman se doit d'avoir une bonne entame pour inciter le lecteur à poursuivre, et une bonne fin pour qu'il en garde un bon souvenir. Ici nous n'avons qu'une seule de ces règles… et c'est vraiment dommage. Zut !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La paresse c'est la vie la plus haute qui soit. Cela va beaucoup plus loin que n'importe quel sommeil. Et comment subsister dans un bourg abandonné comme Charlieu si on ne se laisse pas quelquefois voguer au niveau des buses qui se promènent sans penser à rien ? Alors on s'intéresse à des choses minimes, à la vie des mouches par exemple. Les buses voient les oiseaux comme des mouches. Elles ne cherchent pas tellement à les attraper. Elles les regardent pour s'amuser d'abord, en se berçant sur les airs.

[André DHÔTEL, "Les mystères de Charlieu-sur-Bar", éd. Gallimard, collection "Blanche", 1962 – page 7]
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Les marais. Saleté de marais, dit Alain.
Il recula et chercha à contourner cette jungle. Il buta à des arbres morts qui semblaient avoir été apportés par une inondation énorme. Les arbres avaient échoué sur des plages de vase qui bordaient une colline encombrée de framboisiers sauvages mêlés à de l'épine-vinette. Alain monta à travers les broussailles de la colline, et bientôt il put apercevoir derrière lui, par dessus les végétations, une étendue qui était éblouissante. A perte de vue, entre deux promontoires de la forêt, s'ouvrait un golfe couvert de rares flaques d'eau. Où coulait la Bar dans cette immensité ?

[André DHÔTEL, "Les mystères de Charlieu-sur-Bar", éd. Gallimard, collection "Blanche", 1962 – page 140]
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La paresse c'est la vie la plus haute qui soit. Cela va beaucoup plus loin que n'importe quel sommeil. Et comment subsister dans un bourg abandonné comme Charlieu si on ne se laisse pas quelquefois voguer au niveau des buses qui se promènent sans penser à rien? Alors on s'intéresse à des choses minimes, à la vie des mouches par exemple. Les buses voient les oiseaux comme des mouches. Elles ne cherchent pas tellement à les attraper. Elles les regardent pour s'amuser d'abord, en se berçant dans les airs.

[André DHÔTEL, "Les mystères de Charlieu-sur-Bar", Gallimard, 1962 -- page 7]
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– Ah, mon fils, par ici les gens se taisent, ils se taisent à perte de vue.

[André DHÔTEL, "Les mystères de Charlieu-sur-Bar", éd. Gallimard, collection "Blanche", 1962 – page 156]
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Il n’y a qu’une chose : certaines nuits les volailles de Goldonet font un terrible tintamarre. Cela les prend tout d’un coup et rien ne les arrête. On ne sait pas de quoi il s’agit. D’ailleurs, il ne faut pas en parler. Il ne faut pas… Il ya toujours au fond des temps, comme il arrive en n’importe quel lieu, des évènements dont on n’a pas idée, des journées qui ont pu être bizarres et n’ont laissé aucune trace, parce qu’on aura oublié tel ou tel détail, parce qu’on aura eu le bon sens d’oublier pour tâcher de certifier que cette sacrée vie est une vie positive avec des douleurs et des satisfactions, mais rien d’autre, vous m’entendez, rien d’autre… Oubliée cette journée, dont personne n’a jamais parlé d’ailleurs…
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Videos de André Dhôtel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Dhôtel
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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