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EAN : 9782070297009
Gallimard (05/05/1977)
4.27/5   13 notes
Résumé :
On a tout dit sur Dhôtel ; sa modernité absente, sa merveilleuse particularité au sein de la littérature française et la lumineuse simplicité de son écriture.
S’il reste ici l’écrivain de l’enchantement et des lisières que l’on connaît, ces onze récits permettent de (re)découvrir un Dhôtel nouvelliste hors pair, sans concession, instruit des choses de la vie, explorateur de l’âme et souvent aussi âpre qu’inattendu.
En inscrivant ses personnages aux mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'irai crier Dhôtel sur tous les toits de la ville mais le mien d'abord pour apprivoiser ma peur du vide,
j'en frôlerai deux miaous aux chats qui aiment à se cacher derrière des livres jaunis,
je le hurlerai à la face du monde à commencer par mes voisins polonais qui parlent pas français,
je le clamerai à mes CP qui commencent à peine à lire et m'écoutent à peine aussi,
je le martèlerai à papa aussi lui qui n'a jamais ouvert un roman de sa vie,
je le murmurerai au vent pour que les oiseaux colportent ces 11 nouvelles au ciel,
je taguerai son nom sur la façade de toutes les auberges parce qu'il n'y en a qu'un (Dhôtel),
je le ferai savoir oui, finie la réserve, ça vous change un homme une telle révélation littéraire, il faut le scander quand on découvre une perle injustement ignorée, qu'on a noté sur le calendrier un après.
Ça, c'était ce que je pensais avant de l'avoir lu. À trop traîner sur internet pour se renseigner sur un auteur qu'on ne connait pas en attendant l'arrivée du livre (merci Babélio et masse critique), on peut se mettre à délirer, surtout s'il est autant adulé, l'auteur. Je me contenterai finalement d'une banale critique ici-même. En plus ça m'arrange bien, vu que les toits et moi...

le facteur a donc fini par passer, retour sur terre. Un livre de très belle facture éditoriale se retrouve dans ma boite (merci beaucoup à « La clé à molette » aussi), un ouvrage de 11 étages où j'ai donc rendez-vous avec Mr André Dhôtel et ses nouvelles. Ascenseur, siouplait (j'aime bien monter sans faire trop d'effort).
Premier étage, bien le bonjour Mr Meurtiaux le professeur de lettres, qui court après la première fois où il croisa Jeanne à Véziers, instant d'émoi à la fois surnaturel et banal. Je reste avec des habitants de Véziers au deuxième, deux cousins rivaux en héritage qui s'embarquent vers un piège, sur un cours d'eau en voie de dégel. Encore l'amour, quand au troisième temps de la valse de jeunes fiancés s'éloignent pour mieux se retrouver dans l'élément naturel.
Au revoir les tourtereaux et au revoir l'ascenseur aussi, problème de rythme peut-être mais je sens que je suis pas prêt de croiser Mr Dhôtel si je continue comme ça. J'y vais par les escaliers, c'est sûrement par là qu'il doit passer.
Et là miracle au quatrième, ça y est je reconnais enfin sa silhouette sur le palier, l'homme dont Henri Thomas a dit qu'il fallait se méfier, « … méfiez-vous de sa redoutable simplicité ». Me suis peut-être pas assez méfié jusque là, moi. L'entrée en matière de ce « conte d'hiver » se fige dans mes rétines, implacable : « ....L'affaire étrange c'est que la neige, bien loin de confondre les lieux, affirme le caractère unique de chacun d'eux. Plus loin la place du village avec la poste et l'église, les bâtiments de la petite gare et la courbe de la voie ferrée entre les haies devaient plus que jamais garder en profondeur le dessin d'une irremplaçable existence ». Mais elle est fugace la silhouette, elle se dérobe entre Émilie et Bertrand et leur histoire de rencontre qui bégaie, pour réapparaître furtive au détour d'un couloir ou derrière une porte entrebâillée.
J'accélère quatre à quatre la montée pour la retrouver cette silhouette, je bouscule les habitants, barrez-vous, rien à foutre de vos histoires, j'ai rendez-vous avec Mr Dhôtel moi. Me retrouve au 6ème sans l'avoir vraiment revu. Stop. Repos, j'ai le palpitant trop exalté. Il doit falloir être au calme pour rencontrer Mr Dhôtel, première règle.
Je reprends l'ascenseur et mon rythme cardiaque. Je descends, je remonte au hasard. A tous les étages ou presque, encore des affaires de coeur aux scenarii assez proches, un poil surannées. Bonjour Mme Bonjour Mr, oui je sais vous avez une histoire à partager, allez-y je suis tout ouïe. Et parfois la silhouette de Mr Dhôtel se redessine furtivement dans le décor. Mais j'ai quand même fini par le trouver au 7ème, bien installé chez les Brintart, « sur la route de Montréal ». Encore une histoire de rencontre bégayée, cette fois 20 ans après, entre Mathilde et Thierry, pourtant promis à Justine.
Je crois deviner la teneur de tout ça, la rencontre effective avec Mr Dhôtel ne peut avoir lieu que sous certaines conditions. Au delà de son style pur, le format court de ces nouvelles aux histoires peu captivantes à mon goût n'étaient peut-être pas l'idéal pour une entrée dans son domaine. Reste à savoir quelles conditions le sont vraiment, et pour cela la découverte de quelques uns de sa centaine d'ouvrages m'y aideront peut-être un jour.

N'empêche, j'avais peut-être pas complètement tort à envisager de grimper sur tous les toits. Allez, j'irai quand même en murmurer deux mots au vent, on sait jamais trop, avec les oiseaux.
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Onze nouvelles, dont neuf sur le thème de la rencontre amoureuse.
En toile de fond: villages des Ardennes, petites villes provinciales, bals du samedi soir, des fermes, des champs...
Des personnages qui cherchent , sans toujours savoir quoi, se laissant guider au gré du hasard, et souvent un événement, une sensation, un détail -"l'expression d'un visage infiniment heureux"(Ce soir...)-,change radicalement le cours de leurs vies, le destin?
On dirait des contes, plus que des histoires.A part, "le débâcle du printemps" et "Ferdinand qui est mort", nouvelles que j'ai bien aimé,et trouvé,bien que tragiques, loufoques, les neufs autres, toutes, histoires d'amour, toutes ,construites avec la même chute, rappelant les films muets du début du siècle dernier,avec des fins à la Bolywood,je dirais,à la longue sont lassantes, surtout que pour moi , le point culminant d'une nouvelle est sa chute.
Cette conception de "L'Amour" chez Dhôtel est assez étrange, un fantasme qui aboutit au bonheur, un bonheur trés vague.Le top est la nouvelle, "La route de Montréal ", un type veut épouser une femme qu'il ne connaît pas,vaguement connu lorsqu'elle était une gamine de quinze ans(épris de ses yeux),des années auparavant.La dite femme refusant de l'épouser sous prétexte qu'il est devenu riche, il se ruine...
La prose est simple et agréable,rien à dire,mais les textes des dialogues "d'amoureux", là ,je ne sais comment les qualifier sans fâcher les inconditionnels de Dhôtel .
Pour faire bref, je suis déçue,peut-être n'aurais-je pas dû commencer ma découverte de Dhôtel avec ces nouvelles, que je trouve désuètes.
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Comment évoquer un livre dont chaque phrase pourrait être une citation qui prendrait sens même en ayant perdu tout son contexte.
Ici la phrase de Dhôtel est magique, les personnages sont ... dhôteliens, c'est à dire, à la recherche pour les uns d'une vie rangée, pour les autres ayant la rage de vivre à même la peau, y compris malheureux.

Après des rencontre improbables qui d'ordinaire ne se produisent que dans la réalité (les scénaristes les jugeant bien trop peu plausibles) et des péripéties où les moindres pièces du réel ont un pouvoir terrible, tous finissent par se retrouver, s'aimer d'amitié ou d'amour et, loin de tout bonheur paisible, par vivre à la recherche de ces instants secrets qui illuminent l'existence ... pour un temps.

Il y a dans les livres de Dhôtel une conception du bonheur et de l'amour tout à fait originale, à l'opposée de la satisfaction des besoins de sécurité matérielle et affective.
Étrangement, alors qu'on dit souvent qu'il n'a écrit qu'un seul roman (son oeuvre) ce recueil de nouvelles offre une grande variété de parcours.

Mon exemplaire bien usé est souvent ouvert au hasard sur une page, et c'est toujours avec ... bonheur.


(Merci à dourvach qui m'a signalé le mauvais adressage - de ma part - de cette critique dans les citations)
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Un soir… est un recueil de nouvelles sur le thème de la rencontre amoureuse. Au point de départ de chaque texte, se croisent deux êtres banals, modestes, deux regards (« la petite énigme du regard »). En toile de fond : villages des Ardennes, petites villes provinciales, bals du samedi soir, campagne et champs de pommes de terre. Un détail déclenche une passion, si infime parfois qu'il est oublié jusqu'à ce que l'évidence surgisse. « A vrai dire, dans n'importe quelle histoire, si commune soit-elle, il y a un moment prodigieux qu'il est difficile de saisir et qui met en jeu les évènements. le moment fut peut-être celui où Thierry aperçut par la fenêtre le ciel déchiré jusqu'à l'horizon. »
Les personnages d'André Dhôtel se laissent mener par le hasard – on peut appeler cela destin. Ils flottent, s'égarent, reviennent sur leurs pas des années plus tard. Ils flottent mais ne doutent pas, patients et placides, cherchent sans toujours savoir quoi, se heurtent à des obstacles, se trompent d'objet, poursuivent encore, oublient une femme pendant trente ans et la retrouvent vieillie mais la même. Et leur amour intact. Ils prennent des chemins buissonniers, sans urgence, dégagés de toute introspection comme de tout jugement. La narration, tout en détours et croisements, en errances, prend parfois, dans sa sinuosité et ses rebonds, des allures de fable.
Plaisir de se perdre pour mieux se retrouver et quête émouvante. Parce ce que l'objet ne s'en dessine qu'une fois qu'il est atteint et qu'il n'y a pas lieu de s'étonner ou de s'émouvoir des multiples et improbables coïncidences qui mènent au but. A la lisière du fantastique parfois (maison hantée, phénomènes météorologiques surnaturels, personnages inquiétants), la narration digresse, les protagonistes dérivent, mais Dhôtel nous mène, dans une langue limpide et une construction sûre, à la révélation. Seul le lecteur s'en émerveille (le personnage qui s'en étonne, lui, est vite « remis en place » par de plus aguerris que lui), et savoure ce contraste entre un monde ordinaire – ils sont fonctionnaires, employés de bureau, elles circulent en motocyclette et servent dans des cafés – et le fantasque ou la fantaisie de la vie qui se déroule sous ses yeux. Mieux vaut laisser tomber le bon sens. Seul le coeur gouverne, envers et contre tout. Chacun sortira de la confusion par la confiance dans ses sentiments et dans la vie. En ce sens, les nouvelles qui composent Un Soir… constituent l'envers exact de la tragédie : il y a une fatalité, mais elle est nécessairement heureuse.
La Clé à Molette, grâce à un précieux travail de réédition de textes devenus introuvables, nous invite à redécouvrir André Dhôtel. le plaisir de lecture est intact. Dhôtel nous peint avec tendresse et optimisme des anti-héros, un peu perdus, un peu vagabonds, un monde aussi envoutant que familier. Chez le même éditeur paraîtra en fin d'année La Route inconnue. D'autres titres devraient ensuite voir le jour en 2015.
Frédérique Germanaud
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Je découvre André Dhôtel avec ce recueil de nouvelles.
Quelle belle écriture !
Onze nouvelles, courtes bribes de vie, histoires de rencontres, souvent entre deux personnes qui semblent attirées par une force qui les dépasse, sans vraiment les surprendre.
Une douce et étrange atmosphère teintée d'onirisme se dégage de ces nouvelles et donne la sensation d'avoir effectué un court voyage hors du commun à la fin de leur lecture.

J'ai particulièrement aimé La débâcle du printemps, La maison de campagne et La route de Montréal.

Pour ne rien gâcher le livre est un bel objet. J'aime beaucoup la couverture et la qualité du papier.
Bravo et merci, donc, aux éditions de la clé à molette et à l'opération Masse critique de Babelio pour cette nouvelle découverte.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Elle tendit la main vers un bourdon qui passait et qui vira deux fois autour de ses épaules.

- Il y a des abeilles, dit-elle, il y a des mouches qui ne font rien, il y a des bourdons qui pillent, tout est beau.

Bizarre fille. Arthur avait le désir de la secouer afin de savoir ce qu'elle avait dans la tête.
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Il y avait dans l'air un repos plein de fraîcheur qui donnait une vie nouvelle aux moindres fibres du corps.
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Son visage avait une beauté singulière, non pas des traits parfaits mais une gentillesse timide et insouciante, comme une clarté.
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Il vous faut avoir des chats. Vous faites boire un chat avant vous. Trois sont déjà morts chez moi quatre dans cette maison.
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Chacun a lu des livres, et Meuriaux était suf­fi­samment cultivé pour émettre l’hypothèse qu’il s’agissait d’une histoire d’amour.

[André DHÔTEL, "Un soir...", 1977, Gallimard, 248 pages]
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Videos de André Dhôtel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Dhôtel
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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