Si vous avez le pied marin, venez, entrez dans ce beau roman de Luca di Fulvio, sinon, à vos risques périls. On quitte souvent la terre ferme pour voguer en caraque (ah, oui, je ne vous ai pas dit, on est au 16ème siècle), en barque ou en gondole…
Nous faisons la connaissance de Mercurio, un jeune escroc qui s'enfuit de Rome vers Venise avec Benedetta et Zolfo, deux autres gamins aussi livrés à eux-mêmes que lui dans ce monde d'adultes sans bienveillance.
Nous rencontrons également Isacco da Négroponte, faux médecin, mais vrai brave type, et sa fille Giuditta. Ils voyagent eux aussi vers Venise pour pouvoir vivre sans être inquiétés. Ils sont juifs, et déjà à cette époque, être juif inspire la haine et l'intolérance.
Mercurio va croiser le regard de Giuditta…
Mais quoi ?
Lui, est un orphelin, spécialisé dans l'escroquerie en tout genre, elle, est fille de médecin (d'accord c'est un faux, mais bon...), ils n'ont même pas la religion en commun !
Et puis les menaces planent, le mal guette, épie, traque, cherche et trame contre eux.
Luca di Fulvio nous entraîne dans ce Venise de l'après Marignan, une ville fastueuse, pleine de palais, de robes colorées et de diamants. Mais il nous pousse aussi dans des endroits plus inquiétants, on respire alors les remontées de vase, d'égouts, la chair amputée qu'il faut à tout prix cautériser. On visite le quartier des prostituées, le Castellito et on est impuissant face au mal qui les ronge. On pénètre également dans l'Arsenal (mais chuuuuut, nous n'avons logiquement pas l'autorisation d'être là).
Il sait créer devant nos yeux des personnages tous plus vivants, humains que vous et moi. Shimon Baruch le juif crédule qu'on a trop piétiné, Scavamorto le fossoyeur qui exploite les enfants sans famille mais qui, finalement, a un coeur aussi, le capitaine Lanzafame de retour de Marignan, Anna del Mercato la veuve inconsolable, Frère Amadéo, Donnola, Scarabello…
Il est question d'amitié, d'amour(s), d'angoisse, de jalousie, de haine aussi…
Allez, laissez-vous tenter, si vous aimez les histoires qui ne vous laissent pas tranquille, chaussez vos bottes en caoutchouc et partez, vous aussi, rencontrer
Les enfants de Venise !