Mamma Roma

quelle déception que ce roman ! après avoir savouré le gang des rêves, j'ai embarqué dans celui là avec enthousiasme. la chute a été brutale : tout sonne faux, les personnages comme l'intrigue. tout n'est que postures, scènes édifiantes censées nous éclairer sur la nature héroïque des personnages, absurdités historique (se trimballer un appareil photo pour prendre des photos "sur le vif" en... 1870), et résolution magique de toutes les difficultés rencontrées sur le chemin par les protagonistes... bref, si je mets 2 étoiles, c'est que j'ai voulu coûte que coûte finir ce livre, histoire de nourrir le maigre plaisir de suivre l'intrigue et de savoir "comment ça finit" (spoiler : tout est bien qui finit bien, les gentils sont récompensés et les méchants punis). mais ça c'est parce que je suis bon public.

A bien des égards, il existe de fortes similitudes entre Mama Roma et Les enfants de Venise.

En apparence, les différences sont pourtant de taille. L'histoire se déroule ici au XIXème siècles dans les dernières heures de la construction de l'unité italienne. L'histoire se déroule essentiellement à Rome et cette fois-ci la question juive ne sera pas évoquée. Mais tout cela n'est qu'illusion…

Luca di Fluvio semble ici, à nouveau, hésiter entre le roman historique, d'apprentissage, d'aventures et la romance. Comme de coutume, il lui faudra beaucoup de pages avant de faire son choix. Malgré une grande variété d'histoires secondaires, c'est finalement l'histoire d'amour qui va prendre la place la plus importante et servir de fil rouge.

Il faudra donc accepter cette décision, avant de partir pour un peu plus de huit cents pages… Les histoires secondaires sont certes intéressantes, se laissent suivre mais ne parviennent pas à nous ôter l'impression de faire du remplissage en attendant que l'histoire principale se décante.

Il va également être question d'aventures… mais là il faudra remercier les personnages qui font tout le travail. Fidèle à ses habitudes, l'auteur nous régale avec des personnalités qui ne laissent pas indifférent. S'ils sont, une nouvelle fois, la force de l'ouvrage, un certain nombre d'eux seront toutefois particulièrement stéréotypés.

le style est fluide, et en langue française, il faut saluer le travail de traduction particulièrement réussi et apprécié. Ce pavé se lira rapidement, de manière fluide, sans difficulté ni temps mort. du moins pour ce qui concerne la lettre, parce que sur le fonds c'est une autre paire de manches.

Les points positifs peinent toutefois à contrebalancer les nombreuses déceptions que suscite cette lecture. L'orientation roman historique est ici clairement inversée : l'histoire sert à l'intrigue et non l'inverse. Les explications historiques sont absentes et il faudra être à l'aise avec cette période pour comprendre les enjeux, notamment de la présence des soldats français à Rome. le manque de perspective est ici particulièrement troublant… comme si tout cela est au final n'est pas si important que cela.

Pour de rien arranger, les approximations historiques sont nombreuses et visibles. L'auteur en reconnaît une, de taille qui plus est, mais il ne s'agit pas de la seule. de manière générale, il est difficile de croire un seul instant que tout cela ait pu arriver, ôtant à peu près tout crédit à cette lecture.

Les intrigues sont cousues de fil blanc et franchement prévisibles. Il n'y aura donc ici pas vraiment de surprises, ce qui est particulièrement décevant pour un roman aussi long. L'auteur suit sa trajectoire, sans explorer d'autres sentiers, bien plus intéressants.

Enfin, et sans en dévoiler plus que nécessaire, l'orientation générale de l'oeuvre, ne surprendra guère les habitués de l'auteur, malgré un dénouement qui se laisse désirer trop longuement.

Finalement, malgré de nombreuses bonnes volontés, voici un roman qui devient trop rapidement ennuyeux et prévisible. A réserver aux adeptes de l'auteur.

Après un début presque prometteur, l'écriture devient rapidement "fleur bleue", pleine de redites et de redondance dans les descriptions des différents personnages, leur sentiments intimes (colères, pleures, etc..), Hormis une certaine connaissance dans la description de Rome (assez superficielle cependant) et de l'histoire de l'avènement de la République Italienne, ce roman est destiné à une lecture en salle d'attente et n'a franchement rien d'une "saga haletante"