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EAN : 9782021380026
240 pages
Seuil (11/01/2018)
3.9/5   82 notes
Résumé :
« Je n’ai pas prononcé son nom pendant des années. Tout ce temps-là le mot maman est resté tapi au fond de ma gorge, comme une couleuvre qui refuse de sortir… J’étais la Revenue. Je m’exprimais dans une autre langue et j’ignorais à qui me rattacher. »

À treize ans, la narratrice apprend brutalement qu’elle n’est pas la fille de ceux qui l’ont élevée. Enfant unique, choyée, étés à la plage et cours de danse, elle doit quitter la ville où elle a grandi ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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.
Une famille pauvre et nombreuse de la campagne italienne va "donner" un bébé à une cousine qui n'a pas d'enfant .
Les parents adoptifs offrent à la petite fille une vie aisée, plaisante et elle se sent aimée jusqu'au jour où, à 13 ans , son père la ramène dans sa famille biologique .
Le choc est immense . D'abord , la différence de milieu est extrême . Etrangère dans cette famille , elle se raccroche comme elle peut à cette nouvelle vie , à cette fratrie .
L'ambiguïté des sentiments la bouleverse . Mais surtout , on la laisse dans l'ignorance absolue : elle croit sa mère adoptive , sa maman , très malade et cherche à la revoir .

Le roman est écrit à la première personne . Il offre une analyse fine et fouillée des divers sentiments qui assaillent la jeune fille . Elle n'a pas de prénom ; on l'appelle " La revenue " .
Ecartelée , souvent très éprouvée par les abandons successifs , son instinct de survie nourri par son intelligence va développer des mécanismes de défenses salutaires au prix d'un combat quotidien .
Une héroïne touchante , émouvante et charismatique .

Le récit est jalonné de flashforwards , des sauts en avant qui donnent la parole à la narratrice adulte .
C'est un roman qui interroge sur la nature et la force des liens du sang et des liens du coeur .
Il évoque aussi les droits de l'enfant bafoués et l'absence totale de considération .
Sans jugement aucun , on comprend par ce récit le poids des traditions :
ce procédé a toujours cours ici et là dans le monde mais dans le roman , c'est surtout la brutalité , la veulerie ou l'ignorance qui rendent cet acte si abject et l'absence totale de psychologie élémentaire laisse pantois .

La narration est belle , claire et juste , tout empreinte de délicatesse .
Voilà une auteure que je découvre par son premier roman et que je suivrai . Je remercie chaleureusement notre amie lectrice Bookycooky pour ce bon conseil de lecture .

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La Revenue, c'est la narratrice, peut-être que je me trompe mais jamais je n'ai trouvé son prénom tout au long de ce court roman.
Pourquoi la Revenue ? le roman commence par ces mots : « A treize ans je ne connaissais plus mon autre mère. »
Effectivement, elle a été élevée jusqu'à 13 ans par un cousine « éloignée » de ses parents, une cousine qu'elle appelait maman elle croyait que ce couple était ses vrais parents.
Mais pourquoi au bout d'aussi longtemps, cette mère adoptive, Adalgisa la rend-elle à ses parents ?
Elle ne comprend pas très bien ce qui lui arrive, elle qui était gâtée, entourée d'affection, bien habillée et ne manquait de rien, du jour au lendemain, sans aucune explication, elle change de famille, de qualité de vie.
Bien sûr livrée à elle-même. Elle découvre son entourage, c'est sa famille biologique mais elle s'y sent étrangère : une mère inattentive, un père souvent absent, un petit frère retardé mental, des frères plus âgés qui l'acceptent difficilement, seuls Vincenzo, son frère aîné et Adriana, sa cadette lui apportent un peu d'affection. La famille est pauvre, les enfants sont tous entassés dans la même chambre, la promiscuité, la saleté que de choses à supporter.
Que va devenir cette Revenue ? Comment va-t-elle vivre cette nouvelle séparation ? Va-t-elle s'en sortir ? Comment va-t-elle supporter un tel changement de train de vie ? Elle paraît intelligente et il faut espérer que ça va l'aider à aller de l'avant.
C'est un très bon roman, elle a une belle plume cette auteure italienne Donatella di Pietrantonio. Elle fait passer avec beaucoup d'adresse tous ces événements de la vie quotidienne dans un petit village italien pauvre mais aussi la détresse de la Revenue face à cette énigme qui la tracasse et qu'elle va essayer d'élucider.
Pendant cette lecture on est confronté à la pauvreté, la violence, le manque d'hygiène, le rejet, l'abandon. C'est un roman très prenant, plein d'émotions, de questionnements !
Une lecture que j'ai beaucoup appréciée.
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L'Arminuta
Traduction : Nathalie Bauer

ISBN : 9782021380026

Nous remercions les Editions du Seuil qui, par l'intermédiaire de l'une des Opérations "Masse Critique" organisées par le site Babelio, nous a expédié un exemplaire de cet ouvrage à titre gracieux.


En ces temps frappés de folie - folie dont l'Italie fut et reste l'une des premières victimes actuelles, le résultat des dernières élections dans ce pays vient encore de le prouver avec éclat à ceux qui refusaient de le reconnaître - "La Revenue" fera peut-être réfléchir les personnes qui considèrent l'enfant comme un jouet sans âme qu'on peut échanger, manipuler physiquement comme émotionnellement, transbahuter d'un monde à un autre, tout cela, bien sûr, en lui mentant à longueur de journées, de minutes, de secondes et en ayant, malgré tout, la certitude d'être un bon, voire un excellent parent. Et peut-être renonceront-elles à tendre l'oreille aux sirènes de la GPA et autres trucs-en-A du même sinistre acabit, qu'une mondialisation intégralement économique, qui ne repose sur aucune base sociale et ne profite qu'à un petit cercle bien délimité leur garantit comme prêts à leur offrir des enfants sur mesure - au QI de génie, cela va de soi.

Je vous rassure : "La Revenue" ne parle ni de mondialisation, ni d'enfants "commandés", voire "programmés" avec tel ou tel gène. Mais, irrésistiblement, le drame qu'y dépeint l'auteur ne peut manquer de faire songer le lecteur à cette actualité aussi tapageuse que marquée par la tentative d'incarnation du Big Brother d'Orwell à laquelle nous assistons. En même temps, je signale tout de suite qu'il est très difficile d'évoquer ce roman, qui émeut par son authenticité, sans révéler quelques morceaux de son intrigue. Nous essaierons cependant d'en dévoiler le minimum.

Tout tourne autour d'une fillette, la narratrice qui, à l'âge de treize ans, se voit réexpédiée par ceux que, jusque là et depuis le berceau - ce n'est pas une image - elle a tenus pour ses parents biologiques, chez sa "vraie" mère, Adalgisa, une paysanne de l'intérieur du pays, laquelle vit depuis toujours dans une très modeste (et très miteuse) maison, auprès d'un mari maçon (le père de la narratrice) et entourée d'un nombre impressionnant de rejetons dont l'aîné, le beau et charmeur Vincenzo, bien qu'indéniablement courageux, lui cause bien des soucis.

C'est pourtant avec cet aîné âgé de dix-huit ans et avec Adriana, sa soeur un peu plus jeune, malicieuse et pleine de bon sens, que la "Revenue" noue ses seuls liens fraternels. Encore cette relation se révèle-t-elle assez ambiguë avec Vincenzo, et aurait-elle presque certainement tourné à l'inceste s'il n'était mort en pleine jeunesse, dans un stupide accident de moto. Signalons aussi qu'elle finit par se lier avec le dernier membre de cette famille attachée à la misère comme les tiques le sont au chien, le petit Giuseppe, qu'elle aperçoit pour la première fois bébé entre les bras d'Adalgisa et que, bien plus tard, car la pauvreté et une nourriture carencée, sans compter les grossesses trop rapprochées de la mère, auront fait de lui un enfant, puis un adulte "différent", elle aidera à trouver sa place dans la société, même s'il ne s'agit que d'un centre spécialisé mais de très bonne réputation.

Avec une délicatesse incroyable et une netteté sans défaut, qui mieux est sans aucun apitoiement empestant le pathos, Donatella di Pietrantonio nous brosse un double portrait : celui de l'Italie urbaine, relativement aisée, à laquelle appartient d'abord sa jeune narratrice, à qui ceux dont elle n'a aucune raison de douter qu'ils sont bel et bien ses parents paient les meilleures écoles, les meilleurs cours de natation, de piano et, de façon générale, sans en faire une enfant gâtée, tout ce qu'elle désire dans la limite du raisonnable ; et, à l'opposé de ce monde insouciant (quoique les années de Plomb soient clairement mentionnées par l'écrivain pour faciliter l'identification du lecteur et souligner l'effarante différence qui existe encore à cette époque entre la ville et la campagne italiennes), la maison poussiéreuse, arthrosée, dont les planchers craquent à chaque pas et où les enfants, garçons et filles, dorment tous dans la même chambre, qui s'élève dans les boues de l'Italie rurale, plus souvent sous une pluie maussade que sous l'éclat d'un soleil caressant les moissons.

De même, la narratrice, si jeune qu'elle soit et à un âge où, justement, l'on recherche son identité véritable, se sent comme dédoublée. Est-elle réellement la fille d'Adalgisa, cette femme sèche et épuisée, qui n'a jamais pour elle que des paroles banales et même dures, mais qui sombrera dans la dépression à la mort de Vincenzo ? Et celle qui l'a élevée jusque là, si loin désormais, en ville, n'est-elle que sa tante, laquelle a proposé à une soeur accablée par les soucis matériels de nourrir pour elle la nouvelle petite bouche qui était née treize ans auparavant, à la condition cependant qu'Adalgisa acceptât qu'elle se fît passer pour la véritable mère de l'enfant ?

Et pourquoi cette séparation si soudaine, quasiment du jour au lendemain ? Sa mère "adoptive" semblait malade, c'est vrai, la dernière fois qu'elle a pu la voir. Est-elle morte ? Sinon, pourquoi l'a-t-elle abandonnée, comme cela, sans aucune explication, sans aucun regard en arrière - avec cette lâcheté terrible dont les adultes peuvent faire preuve envers les enfants et les animaux ?

Pourquoi, surtout, ne jamais lui avoir parlé de ses origines véritables, ne pas l'avoir habituée à cette idée qu'elle n'était pas sa vraie mère ? Pourquoi avoir délégué "le sale boulot" à cette Adalgisa qu'elle voulait soi-disant soulager ?

Peu à peu, la Revenue s'adapte. Mais elle va sur ses quatorze ans et comprend déjà que cette enfance faussée qu'elle a vécue, même si elle y a connu le luxe, ne fut pas SA véritable enfance. C'est maintenant, dans cette campagne indifférente dont elle est issue, qu'elle recueille les miettes de ce qui aurait dû être, des miettes souvent aigres et rassises, et quelquefois, grâce à Vincenzo et Adriana, et même, en deux occasions, à Adalgisa, savoureuses et presque moëlleuses parce qu'elles ont le goût de la Vérité et d'une étrange tendresse.

On lui a volé son enfance, on lui a volé certaines forces pour lui en conférer d'autres, c'est certain. Mais le pire, comme elle l'apprend à la fin du roman, c'est que ce n'était pas par amour pour elle, considérée, du début jusqu'à la fin, comme une espèce de talisman nécessaire, une sorte de prière silencieuse adressée à quelque saint mystérieux pour obtenir ce que l'on désirait tant - un peu comme si sa "mère" de la ville avait passé un marché avec Dieu ("J'élèverai et aimerai cette enfant comme ma fille si seulement Vous ...") ou, plus vraisemblable avec le Diable car, nul ne l'ignore, on ne passe jamais de marché avec Dieu.

La consolation du lecteur est de constater que la narratrice, enfant particulièrement douée sur le plan intellectuel, s'est brillamment sortie de ce bourbier imposé par le Destin. Mais l'amertume de cette enfance gâchée et plus encore l'horreur de voir, si délicatement, si simplement, si naturellement décrite, la tendance de certaines personnes à ne considérer les enfants qu'ils font ou qu'on met à leur disposition, que comme des objets sans âme ni sentiments, demeurent et vous donnent la nausée.

L'héroïne de cette histoire mélancolique portait en elle suffisamment de force et d'intelligence pour se recréer par le biais de l'écriture. Sinon, sans doute eût-elle basculé. Peut-être dans la simple marginalité, peut-être dans bien pire ... Et c'est à ce moment précis qu'on se dit que, finalement, Vincenzo a eu bien de la chance de mourir dans la gloire de sa jeunesse et de son indépendance toute neuve.

"La Revenue" : un roman à lire. Donatella di Pietrantonio : un nom à retenir. ;o)
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Voilà un magnifique roman italien qui me poursuit depuis que je l'ai lu.
Le livre commence ainsi « A treize ans, je ne connaissais plus mon autre mère ».

Née dans le sud de l'Italie au sein d'une famille nombreuse pauvre, la narratrice est arrachée à celle-ci en très bas âge pour vivre chez des cousins aisés sans enfant qui l'élèvent comme leur propre fille. Mais un jour, la mère adoptive tombe malade et, sans réelle explication, la jeune héroïne de treize ans change brutalement de cadre de vie et retrouve sa famille d'origine avec laquelle elle avait perdu tout lien.

« La revenue », comme l'appellent les villageois, est accueillie sans chaleur par ses parents, elle semble juste une bouche de plus à nourrir. La mère est sèche, frustre, laborieuse, le père taiseux, souvent absent. Les deux frères ainés sont différents : Sergio, mauvais garçon, se montre hostile mais l'autre frère Vincenzo, beau et bon garçon qui rêve de partir avec ses amis gitans, ne reste pas longtemps indifférent à cette nouvelle soeur. le plus jeune frère n'est encore qu'un bébé attendrissant mais attardé.

Mais surtout, et heureusement , il y a la petite Adriana, qui engage dès le premier instant de leur rencontre une relation intense avec cette soeur tombée du ciel, si différente et si proche à la fois.

Le livre montre bien toute la tristesse de l'héroïne coupé brutalement de son ancien cadre de vie, sans explication plausible. Elle se plie à sa nouvelle vie rude et campagnarde mais repense sans cesse à sa vie d'avant, en ville, beaucoup plus douce, à sa meilleure amie perdue, à son lycée où elle était fort bonne élève. Elle ne cesse d'être assaillie par des bribes de souvenirs très imagés et colorés.

A juste titre, elle ne comprend pas pourquoi ses parents adoptifs ne lui donnent aucune nouvelle tout en continuant de subvenir à ses besoins et lui payer ses études. Retournée en ville pour une journée, elle découvre que son ancienne maison semble abandonnée, sa mère est-elle morte, emportée par sa maladie ?

Les questions sans réponses taraudent la jeune héroïne qui finit tout de même par prendre sa place au sein de sa nouvelle famille qui vit dans une misère et une promiscuité auxquelles elle n'est pas accoutumée. Des relations se nouent peu à peu avec la mère, les frères et surtout Adrianna. Les sentiments entre l'héroïne et son frère Vincenzo deviennent de plus en plus ambigües. Puis un drame terrible survient qui change tout dans cette famille déjà à la peine.

Parallèlement, la vérité sur le père et la mère adoptifs finit par se faire jour. Cette vérité que nul n'ignorait sauf la principale intéressée.

J'ai adoré ce livre qui raconte dans un style littéraire et poétique une belle histoire et dresse de très beaux portraits de femmes.

D'abord, il y l'héroïne, jeune fille intelligente et sensible, déchirée entre ses deux mères, se sentant longtemps comme un paquet que l'on ballotte de l'une à l'autre, victime d'un double abandon.
Quant aux deux mères, elles sont à l'exact opposé, l'une riche, coquette et instruite tandis que l'autre est pauvre et inculte. Mais le portrait de ces deux femmes n'est ni manichéen ni caricatural ; au contraire, ces deux figures maternelles sont décrites tout en nuances. Toutes deux imparfaites, elles ont leurs failles et leurs blessures. Leur attachement à cette fille qu'elles se partagent est réel bien qu'empêché par le destin. Cet attachement contrarié donne lieu à des scènes très émouvantes.
Et puis surtout il y a Adriana, belle petite personne pleine d'amour, lucide, audacieuse et si dégourdie. Ce personnage est si beau, si vrai et intense que l'on du mal à l'oublier. Pour moi, c'est d'ailleurs un des plus beaux personnages de roman que j'ai eu à découvrir depuis très longtemps.

Le lien extraordinaire qui lie les deux soeurs est au coeur de ce roman qui évoque aussi la maternité, le lien mère-fille. Ce livre décrit aussi le contraste entre l'Italie rurale et urbaine dans les années 70, les conditions de vie misérables d'une partie de la population dont les enfants sont les premières victimes.

En conclusion, « la revenue » est un magnifique roman, sensible et intelligent, d'une beauté sobre, très émouvant et prenant. J'ai appris qu'il avait une suite, j'ai hâte de la lire dès qu'elle sera traduite.
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A treize ans, la narratrice doit démarrer une nouvelle vie et tout oublier de son passé. Ceux qu'elle prenait pour ses parents ne le sont pas, et elle doit retourner vivre dans sa vraie famille qu'elle ne connaît pas.
Enfant unique jusque-là, adorée par "ses parents adoptifs", elle a été élevée dans un station balnéaire à une cinquantaine de kilomètres de là. Elle qui fréquentait un cours de danse, le club de natation de la ville et la plage, doit se rendre à l'évidence. Sa véritable famille est pauvre. le père n'a pas de travail. Personne n'attendait son retour. Elle est une étrangère dans sa propre famille.
Tous les habitants au village la surnomment, "La Revenue".
Naïve, ne sachant rien de la vie parce qu'elle a été super protégée, ne connaissant pas non plus le système D, elle va devoir tout accepter : le partage du lit avec sa jeune soeur Adriana, les repas sans rien à manger, la mère mutique et la vie avec trois frères dont un bébé attardé et un autre, Sergio, empli de rancoeur et de jalousie.
Il va lui falloir survivre au cruel manque d'amour et à l'éloignement de Patrizia, sa meilleure amie de toujours...
Ne sachant plus qui elle est, la narratrice est envahie par l'angoisse, croyant que sa mère adoptive est gravement malade et va mourir.
Seul l'amour d'Adriana, sa soeur cadette et de Vincenzo son frère aîné, mettra un peu de baume dans son coeur d'adolescente meurtrie. Sa réussite scolaire et le soutien de son institutrice seront aussi d'un grand secours...
Elle va chercher à trouver sa place avec beaucoup de courage et de détermination, et tentera en parallèle d'en savoir plus sur les raisons de son éloignement, espérant toujours que ceux avec qui elle a vécu tant d'années de bonheur, vont venir la récupérer. Mais elle cherchera aussi à comprendre pourquoi ses propres parents l'ont abandonné à la naissance.
Elle se reconstruira peu à peu en tentant de juxtaposer ces (ses) deux vies, ces (ses) deux familles, ces deux modèles...
Car finalement à qui appartient-elle ?
Comment se fait-il que tout le monde semble au courant de ce qu'elle ignore ?
Arrivera-t-elle à savoir pourquoi ses parents adoptifs l'ont abandonnée ?
Le mystère est d'autant plus insoutenable qu'Adalgisa, sa mère adoptive veille de loin et aide discrètement la famille financièrement tout en restant parfaitement invisible et silencieuse...

J'ai découvert avec ce roman une écriture d'une grande finesse et une fresque sociale poignante qui nous permet de pénétrer dans l'histoire des années 70, en Italie.
L'auteur que je ne connaissais pas, dépeint avec beaucoup de réalisme mais beaucoup de délicatesse, le fossé creusé entre les classes sociales, tant au point de vue de la vie quotidienne que de la vie culturelle, des croyances ou des usages, de l'emploi ou pas du dialecte local ou de l'italien. Les différences entre la vie à la ville et à la campagne apparaissent encore plus clivantes.
En dressant ce portrait d'une jeune fille totalement déracinée, hypersensible et intelligente qui va découvrir grâce à sa jeune soeur un autre monde, fait de bruit, de faim, de manque d'hygiène et de violence, c'est la pauvreté qu'elle nous dépeint et les injustices qui s'y rattachent...
Ce roman est largement autobiographique car, au coeur de l'histoire, des années après, la narratrice nous raconte comment elle a survécu à cette année-là qu'elle considère comme la plus longue de sa vie.
Les chapitres sont courts et faciles à lire. L'écriture fluide et le ton très réaliste. Les mots sont précis et les silences en disent long...c'est ce qui rend ce roman si touchant et si authentique, car l'auteur ne tombe jamais dans la caricature et ne cherche pas à attirer la pitié du lecteur.
La pauvreté y reste digne et modeste. Et l'indifférence aux maux des enfants est la seule façon pour les parents d'avancer dans leur vie misérable.
L'auteur dit elle-même avoir été inspirée par des souvenirs de son enfance. Elle entendait dire que certains parents qui ne pouvaient pas avoir d'enfants, allaient en adopter dans des familles pauvres, ayant du mal à nourrir les leurs.
J'ai lu ce roman avec un grand intérêt et je dois dire qu'il a su me toucher...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
19 mars 2018
Donatella Di Pietrantonio donne voix à une adolescente déchirée entre deux mères.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Avec le temps, j’ai perdu même cette idée confuse de normalité, et aujourd’hui encore je ne sais trop quel lieu représente une mère. Cela me manque comme peuvent manquer la santé, un refuge, une certitude. C’est un vide permanent que je connais mais ne dépasse pas. À trop y penser, la tête m’en tourne. Un paysage désolé, qui ôte le sommeil la nuit et ne laisse que des cauchemars dans les instants épargnés. La seule mère que je n’ai jamais perdue est celle de mes peurs.
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Je me suis rendu compte que c'était Noël à cause des vacances scolaires et des cloches qui, à minuit, ont sonné à toute volée. Je les ai entendues de mon lit : nos n'étions pas allés à la messe, n'avions pas fait de réveillon à base de poisson.
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Au moment de pénétrer dans la salle où aurait lieu la remise des diplômes, j'avais senti la main de ma mère me parcourir le dos et s'immobiliser sur mon omoplate. J'avais rentré la tête dans les épaules, tel un chien craintif et heureux de la première caresse après un long abandon. Mais je m'étais bien vite écartée d'un mouvement brusque. J'avais honte d'elle, de ses doigts gercés, du deuil décoloré qu'elle portait, du manque d'instruction que déversait sa bouche à chaque mot. Je n'ai jamais cessé d'avoir honte de sa langue, de son dialecte ridicule chaque fois qu'elle s'appliquait à s'exprimer convenablement.
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Après la messe dans l'église la plus proche, la flotte tout enguirlandée de fleurs s'est éloignée avec la statue du saint et le curé, précédant la flottille des bateaux de pêche, également ornés de petits drapeaux multicolores qui flottaient au vent. Pat et moi les avons suivis au milieu de la foule sur le quai, avant de les laisser continuer vers le nord, le long de la plage. Ils jetteraient à l'eau une couronne de lauriers en mémoire des disparus en mer. Les femmes des pêcheurs vendaient des fritures de petits poissons, Patrizia en a acheté un cornet pour chacune, et les minuscules arêtes des harengs nous ont chatouillé la langue.
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Le père l'a frappé froidement, sans un mot. Vincenzo a perdu l'équilibre. Dans sa chute, il a posé la main dans l'assiette de pâtes dont la sauce était faite des tomates qu'il avait gagnées à la campagne, les jours précédents. Par terre, il s'est recroquevillé en une attitude de défense et a attendu que ça s'arrête, les yeux fermés. Lorsque les pieds de l'autre se sont éloignés, il a roulé un peu à l'écart, puis il est resté là, à plat ventre, se ressaisissant sur le carrelage frais.
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