Sans être un inconditionnel de DiCamillo, j'ai aimé retrouver son écriture singulièrement déjantée. Comme à son habitude, ses personnages intenses et éclatés savent se démarquer! On dirait en fait qu'ils sont toujours un peu « trop » quelque chose… Louisiana est trop gamine, Beverly trop corrosive, la mère de Raymie trop triste, une autre trop folle, une autre trop fine, etc. Cela a au moins la qualité d'offrir des scènes colorées! Si l'auteure n'approfondit pas beaucoup les motivations de ses protagonistes secondaires bien particuliers, elle explore cependant davantage celles de Raymie, cette préadolescente qui tente d'accepter la fuite de son père et de comprendre le monde, qui est plus complexe qu'elle ne l'imaginait. le lecteur découvre en elle un personnage plus équilibré aux réflexions tantôt naïves, tantôt étonnamment délurées, mais toujours amusantes et accrocheuses. Ses dialogues avec les autres sont par ailleurs remplis de non-dits savoureux, qui laissent place à des interprétations souvent cocasses!
Le roman se démarque aussi par la quantité de détails que le narrateur fournit sur la vie et les pensées de Raymie. le lecteur s'y perd d'abord un peu avec tous ces morceaux. Ce qui devient ensuite surprenant, c'est que chacune des pièces semble trouver ultérieurement sa place dans le casse-tête et ainsi éclairer le cheminement de vie de la jeune fille, comme si « rien n'arrivait pour rien »! Cette particularité littéraire, bien sentie chez cette écrivaine, contribue à faire débouler les évènements du roman, que le lecteur termine avec les yeux un peu secs, faute de ne les avoir pas assez clignés.
Somme toute, Raymie Nightingale est un amusant et beau roman sur les surprises de l'amitié.
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