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EAN : 9782360135493
176 pages
Riveneuve éditions (20/06/2019)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Quand un grand philosophe africain analyse un grand intellectuel, poète et homme d'Etat sénégalais comme Senghor pour aller bien au-delà de la "Négritude" et exploré son rapport à l'art africain, vecteur essentiel de "l'être africain". Un poche essentiel.
- Le petit texte d'un grand philosophe africain et universitaire aux Etats-Unis
- Un traité sur l'analyse très pertinente de Senghor sur l'art africain et ce qui reste quand les dieux ont quitté les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Souleymane Bachir Diagne est né à Saint Louis du Sénégal en 1955 , ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, philosophe et mathématicien, professeur à Columbia. A l'occasion de la Masse Critique de Babelio j'avais lu le Fagot de ma Mémoire essai autobiographique que j'avais apprécié. CLIC

A la suite de l'Exposition Senghor au Quai Branly CLIC

Et de ma visite au Mémorial Acte de Pointe-à-Pitre j'ai eu envie de revenir à Senghor et à Césaire avec le concept de négritude par ailleurs décrié. il n'est pas indifférent que la citation de Wolé Soyinka figure en première place dans les deux expositions et dans le livre de Diagne:

Ainsi lorsque l'écrivain nigérian Wole Soyinka s'est gaussé de l'affirmation de soi qu'est la négritude en
déclarant que le tigre ne se pavanait pas en proclamant sa tigritude mais manifestait celle-ci en sautant sur sa
proie, il a eu, bien évidemment, les rieurs de son côté. le bon sens philosophique, quant à lui, était dans la
réponse que lui fit Senghor : le tigre est une bête.

Cette lecture L'Art Africain comme philosophie de Diagne m'est devenue évidente. Problème : Diagne est philosophe et quand il écrit de la philosophie il est extrêmement pointu, et la philo pour moi se résume à mon année de Terminale (1967-68), souvenir extrêmement lointain. J'ai donc fait une lecture superficielle de cet essai en sautant délibérément les notes de fin de chapitre, incapable de saisir les finesses concernant Bergson, Lévy-Bruhl, Teilhard de Chardin ou les différences entre les idées de  jeunesse et de maturité de  Marx . 

"Cette intuition première que l'art africain est une philosophie et une philosophie humaniste, Senghor n'a jamais cessé de l'exprimer toute sa vie dans ses textes théoriques."

L'Art Africain comme philosophie, l'Art comme instrument politique de gouvernement .

"Pour Senghor, certainement, la preuve de la négritude c'est l'art nègre."




Chronologiquement il faudrait commencer par la visite au musée du Trocadéro en 1907 de Picasso, celle d'Apollinaire et les écrits de Paul-Guilllaume et de Malraux. Sortir les masques africain des collections d'ethnologie, leur accorder une place dans les grands musées comme Le Louvre.

Sartre a aussi joué un rôle important (quoique ambivalent) avec son Orphée noir, préface au Manifeste poético-politique de la Négritude. Dans la perspective de l'Existentialisme, en miroir avec ses écrits sur la condition juive. La stature de Sartre peut aussi faire de l'ombre aux causes qu'il soutient. 

Nombreuses critiques viennent des communistes. Dès 1949, d'Arboussier dénonce la négritude comme "une dangereuse mystification", 

"En réalité l'attaque vise l'existentialisme lui-même en ce qu'il semble engagé, avec Orphée noir et la négritude
comme son avatar poétique, dans l'entreprise d'introduire le leurre et la confusion de la race dans l'arène de la lutte contre la domination capitaliste et impérialiste."

Césaire, également fondateur du concept de Négritude : 

Lettre à Maurice Thorez où, en 1956, Aimé Césaire fit de sa démission du Parti communiste français, outre une
protestation contre l'alignement du pcf sur l'Union soviétique, le geste d'affirmer la réalité d'un particulier dont le destin n'est pas de se fondre dans l'universel

Il est dans ce livre beaucoup question de masques africains avec le questionnement de leur statut comme oeuvre d'art à part entière. Il est aussi question de poésie. Senghor est avant tout un poète!

Masques et poésie sont porteurs de Rythmes. Rythme est le titre de tout un chapitre.  Diagne s'attarde sur cette notion très originale de Rythme. 

"Seul le rythme provoque le court-circuit poétique et transforme le cuivre en or, la parole en verbe". Senghor




"Le rythme, c'est le choc vibratoire, la force qui, à travers les sens, nous saisit à la racine de l'être. Il s'exprime par les moyens les plus matériels, les plus sensuels : lignes, surfaces, couleurs, volumes en architecture, sculpture et peinture ; accents en poésie et musique ; mouvements dans la danse. Mais, ce faisant, il ordonne tout ce concret vers la lumière de l'Esprit.




En nos temps actuels de Cancel culture, de racialisation et autres recherches de particularismes, il est essentiel de noter que la Négritude  comme la pensait Senghor est indissociable de Métissage et de Créolité, les différences ayant pour finalité l'humanisation

Faire « une terre totale » : cette magnifique expression pourrait servir de cri de ralliement à ceux qui oeuvrent à
une autre mondialisation et elle donne contenu à ce qui a été appelé plus haut « mondialité Unesco ». Ces lignes
de Pierre Teilhard de Chardin, Léopold Sédar Senghor les a citées avec ferveur comme annonçant « la ‘véritable union' qui ne confond pas, mais différencie en enrichissant mutuellement »

Cette "terre totale" s'opposant à la mondialisation comme circulation des biens et des marchandises. la "Mondialité UNESCO" opposée à OMC

Pour cette mondialisation-là, qui s'identifie au projet de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) de faire marchandise de tout, il y a le produit culturel d'un côté, ses consommateurs potentiels de l'autre. Et il s'agit que la liberté, entendue comme le libre accès du produit au consommateur, ne soit empêchée par rien. Que sur ce marché ne se retrouvent guère les oeuvres culturelles qui ne sont pas portées pas de solides puissances d'argent, cela est dans l'ordre naturel – autrement dit darwinien – des choses.

[...]
Pour faire pièce au rouleau compresseur, il y a ce que l'on pourrait appeler, par contraste, la mondialité Unesco3.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Je remercie Masse critique et les éditions Riveneuve. J'ai choisi ce livre parce que je commence à m'intéresser à la notion de Négritude et à ceux qui l'ont initiée, comme Senghor en fait partie je me suis dit que c'était une bonne porte d'entrée. J'avoue que ce livre m'a donné un peu de fil à retordre avec ses notions de philosophie que je ne connais pas vraiment. Ce qui ressort de cette lecture et ce que j'ai appris de Senghor m'a passionnée, j'ai aimé le fait qu'il ait préféré une voie plus pacifiste que Césaire pour faire entendre sa voix et faire admettre que le peuple Africain a bien une Histoire et une culture contrairement à ce que certains voudraient faire croire. On ne peut oublier le discours insultant de Nicolas Sarkozy qui disait que l'homme Noir n'était pas assez entrer dans l'Histoire.
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Cet essai de Souleymane Bachir Diagne, "Léopold Sédar Senghor, l'art africain comme philosophie", met en avant l'analyse ou plutôt les analyses de Senghor sur l'art africain comme philosophie humaniste et la pensée senghorienne comme herméneutique de l'art africain.
Il est certain que cet essai n'est pas aisé à lire et j'avoue n'avoir saisi qu'une partie du propos, mes notions en philosophie étant bien maigres. Toutefois, cette lecture m'a été très intéressante notamment par rapport au développement de la philosophie des cultures africaines engendrant une reconnaissance des identités culturelles ; cette négritude vue comme un royaume par Senghor mais comme un exil pour Sartre ; cette affirmation de soi en réponse à la domination coloniale. Enfin, je terminerai par une citation de l'auteur qui reprend une pensée du Président-Poète : "le métissage est à la fois fondement et finalité de la civilisation". Une phrase riche de sens pour tout un chacun...
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Voici un essai intéressant. Il développe l'idée de Léopold Sedar Senghor que l'art africain est bien le reflet d'une philosophie africaine, d'une négritude. Il s'appuie sur des philosophes tels Sartre et Bergson pour éclairer la pensée de Senghor et la questionner.
Malheureusement, j'ai trouvé cet essai assez difficile d'accès de par le vocabulaire utilisé et j'ai regretté qu'il ne soit pas plus grand public. Il est plutôt destiné selon moi à des lecteurs ayant des bonnes notions de philosophie.
Malgré tout, il nous rappelle deux points essentiels : les masques africains sont bien de l'art et sont à considérer sous un angle esthétique et non ethnologique comme cela a été le cas dans le passé ; et l'Afrique n'a pas attendu les européens pour développer une forme d'art issue de sa propre culture et de sa philosophie.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La négritude à mes yeux n'est pas une philosophie. La négritude n'est pas une métaphysique. La négritude n'est pas une prétentieuse conception de l'univers. C'est une manière de vivre l'histoire dans l'histoire:l'histoire d'une communauté dont l'expérience apparaît... singulière avec ses déportations de population, ses transferts d'hommes d'un continent à l'autre, les souvenirs de croyances lointaines ,ses débris de culture assassinées.
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Videos de Souleymane Bachir Diagne (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Souleymane Bachir Diagne
La dixième édition des "Rencontres Recherche et Création" organisées par l'Agence nationale de la recherche, dont Philosophie magazine est partenaire, s'est tenue les 10 et 11 juillet dans le cadre du Festival d'Avignon.
Durant deux jours, des chercheuses et des chercheurs de différentes disciplines sont intervenus pour présenter en une quinzaine de minutes leurs travaux, et ils ont dialogué avec les artistes programmés au Festival autour du thème retenu cette année : "La fabrique des sociétés".
Parmi eux, deux philosophes ont répondu face à la caméra aux questions de Cédric Enjalbert, rédacteur en chef adjoint de Philosophie magazine qui a pris part à ces rencontres. Il s'agit de Souleymane Bachir Diagne et de Kate Kirkpatrick.
Professeur de philosophie à Columbia University, à New York, Souleymane Bachir Diagne est un spécialiste des question de traduction et d'interculturalité. Contre les égoïsmes qui fracturent nos sociétés à l'heure où nos destins sont liés, il propose d'apprendre à agir en tant qu'espèce humaine et défend ce qu'il appelle une "politique de l'humanité". Retrouvez son entretien en vidéo.
Et pour voir la vidéo de Kate Kirkpatrick, c'est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=JenrxcqnD6o
Journaliste : Cédric Enjalbert Réalisation : Sébastien Cotterot Montage : Ariane Nicolas
Retrouvez toutes les vidéos des Rencontres Recherche et Création, et les ouvrages des éditions précédentes en libre accès sur : https://www.recherche-creation-avignon.fr
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