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EAN : 9782021507584
176 pages
Seuil (19/08/2022)
3.5/5   116 notes
Résumé :
Entre Paname et sa banlieue : un quartier, un parking, une friche, des toits, une dalle. Des coffres de voitures, chaises de camping, selles de motocross et rebords de fenêtres, pour se poser et observer le monde en train de se faire et de se défaire. Une pyramide, comme point de repère, au beau milieu de tout ça.

Astor, Chérif, Issa, Demba, Nil et les autres se connaissent depuis toujours et partagent tout, petites aventures comme grands barbecues, e... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,5

sur 116 notes
C'est une soirée banale, « presque chiante ». Chérif fête ses partiels universitaires avec ses copains Astor, Issa et Demba autour d'un barbecue improvisé au pied des tours de leur quartier, sur la dalle où trône la pyramide emblématique de la cité, un bâtiment où l'on se rassemble en sous-sol pour la musique et la fête. Mais soudain tout bascule. Un énième contrôle d'identité en surface et une évacuation, à coups de gaz lacrymogène, de la teuf souterraine en cours, tournent au drame et à la bavure policière : Samy, le petit frère de Chérif, est abattu d'une balle. Pour les jeunes du quartier habitués au harcèlement des « gens en bleu », c'est la goutte de trop : entre douleur et colère, ils préparent une sédition collective, pour le moins explosive.


Issue des banlieues, Diaty Diallo est aujourd'hui une militante antiraciste, une fidèle des « trop nombreux événements de commémoration et marches qui ponctuent [les] années de lutte ; des mères, pères, frères, soeurs, ami·es qui à la suite de la perte de l'un.e des leurs ont été forcé·es de s'engager au combat. » Ce roman crie sa rage et sa révolte, au fil d'une écriture incandescente et vibrante, pleine d'une oralité brute, sans fard ni artifice, qui ne le rend que plus percutant. Dans un crescendo enflammé dépeignant des quartiers de plus en plus encerclés, par la pression immobilière qui grignote inexorablement friches et espaces encore libres, par le harcèlement policier qui, sempiternellement, force les habitants à justifier d'une existence invalidée « par principe », s'appesantit une atmosphère de cocotte-minute, que chaque nouvelle humiliation, chaque injustice supplémentaire, rendent dangereusement plus explosive.


C'est donc assez logiquement, qu'après avoir créé l'empathie pour ses personnages endeuillés après des années d'iniquité et d'impuissance, après avoir partagé leur sentiment de révolte grossi depuis des profondeurs qui ne suffisent plus à le contenir, le récit s'achemine vers sa déflagration finale, une insurrection collective qui retentit comme une prémonition crédible et un véritable acte politique de la part de l'auteur engagée.


Résolument manichéen dans sa colère et dans sa détermination à se faire entendre, ce livre est un véritable cri de guerre, un brûlot qui n'a que faire du politiquement correct et met les pieds dans le plat pour crier à la face du monde l'urgence, la révolte, la peur aussi : « Faut pas nous plier, faut pas nous plier, faut pas nous pourchasser, arrêtez de nous faire courir, faut pas nous tabasser, nous violer, nous flinguer. Faut arrêter s'il vous plaît. » C'est aussi un premier roman admirablement maîtrisé.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Musical, entêtant, ce premier roman suit Astor et ses amis, les mouvements de leur corps alors que la musique retentit, le balancement de leurs membres, leur démarche, jusqu'à la déflagration et l'envie de soulèvement. A la fois hachées et mélodieuses, rythmées et aqueuses, les phrases de Diaty Diallo envoûtent, fascinent et défendent son message, son manichéisme assumé (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/24/deux-secondes-dair-qui-brule-diaty-diallo/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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"Deux secondes d'air qui brûle" est le premier roman de Diaty Diallo bien qu'elle pratique depuis l'adolescence différentes formes d'écriture dont la tenue d'un Skyblog et surtout la composition de chansons, ce qui n'est pas surprenant car les références musicales de ce livre sont nombreuses.
Cela commence par une soirée parking en banlieue décrite par Astro, le narrateur. On est vite en immersion dans une cité où tout ce qui est organisé (barbecues dehors, motos cross sur un terrain, rodéos urbains, fêtes arrosées, drogues...) est interdit et surtout violemment sanctionné par la police. Je dirais que, même lorsqu'ils ne font rien de particulier (ce qui arrive souvent), les jeunes de la cité sont souvent contrôlés voire harcelés, ce qui crée une tension permanence jusqu'au drame, la mort de Samy.

Si le sujet est passionnant puisque l'on vit les événements à l'échelle humaine, ce roman n'est pas entièrement convaincant.
Il y a un côté factuel qui laisse un peu perplexe sur les raisons du drame comme si les jeunes devaient subir la guerre avec la police, comme une fatalité. Il n'y a aucune tentative d'explication ou d'analyse.
La particularité de ce livre est le langage qui est celui des cités. Je le connais un peu pour vivre en banlieue depuis longtemps et cette partie-là est assez réussie. Mais je trouve qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien parce que la narration est variable : il y a des échanges avec un langage parlé et une narration parfois trop classique qui ne colle plus à l'histoire.
Pour autant, il y a de bons passages et j'aime beaucoup les titres des chapitres qui correspondent aux lieux ou aux personnes même si je trouve qu'elles ne sont pas suffisamment incarnées.
Dommage qu'avec ce sujet grave et important (Diaty Diallo a raison de dénoncer les violences policières dans les quartiers pauvres) elle n'arrive pas à rendre ce premier roman plus palpitant.

J'ai eu la chance de lire ce livre en avant-première en tant que jury du 21ème Prix du roman Fnac pour la rentrée littéraire 2022.


Challenge Riquiqui 2022
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Diaty Diallo place son récit au coeur d'une cité de banlieue où les jeunes, livrés à eux-mêmes s'ennuient en été. le soir ils se regroupent pour faire la fête. Lors d'un contrôle de police tourne mal, un gamin de 15 ans qui faisait du rodéo à moto est abattu. La mort d'un jeune abattu par un policier est inacceptable. Ce roman relate une triste réalité qui ne peut être cautionnée. Les grands frères sont atterrés et prépare une revanche.
J'ai aimé l'actualité du sujet. Diaty Diallo dénonce les violences policières considérées comme une fatalité et le désoeuvrement des jeunes dans les cités mais ce récit est de parti pris, sans nuance avec des personnages caricaturaux. le sujet est traité de manière factuel, sans profondeur. J'ai été agacée par les personnages, alors que j'aurais dû être émue.
Je vais faire ma snobe, j'ai horreur des textes écrit en langage jeunes de banlieue. Forme d'expression qui plaît pourtant à un certain parisianisme, des textes similaires ayant reçu des prix. En plus il y a plein de mots que je ne connais pas ! le langage est souvent très pauvre avec des phrases courtes et vraiment sans intérêt telles : "Quoi, il demande en arrivant" (p 27). Et pourtant, de temps à autre, l'auteure se lâche et écrit des pages entières dans une jolie langue avec un vocabulaire choisi.
Ce roman n'était pas pour moi.
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Lu dans le cadre de la dernière masse critique, merci beaucoup de m'avoir sélectionnée !

Malheureusement aucun plaisir ressenti à la lecture de ce premier roman. Je l'ai trouvé très brouillon. Les personnages ne sont absolument pas développés donc aucun attachement ni empathie pour eux. L'intrigue ne tient qu'à un fil. Quant à l'écriture on a vu mieux, même si par moment elle s'avère assez poétique. Un livre plat, heureusement court ce qui m'a permis de rapidement en achever sa lecture.

J'ai lu mieux dans les mêmes registre et sujet, beaucoup mieux. Tanpis !
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critiques presse (6)
Elle
04 janvier 2023
Le style, tendu comme un arc, annonce dès les premières pages le drame qui couve. Un quartier indéterminé, un barbecue organisé à la va-vite sur un toit, une bande de copains, des filles, des petits frères, et la police qui vient mettre son nez dans tout ça, avec sa violence et ses préjugés.
Lire la critique sur le site : Elle
LePoint
19 décembre 2022
Diaty Diallo frappe fort et s'il faut conseiller un livre à offrir à des « jeunes », ou à ceux qui ont envie de faire un tour dans la vraie vie de banlieue, voici un premier roman à la langue détonante, bien construit et bien envoyé, une vraie découverte
Lire la critique sur le site : LePoint
LaCroix
13 octobre 2022
Un premier roman flamboyant investit les friches d’une cité, où une interpellation policière aboutit à une tragédie, puis une sédition collective. Chaos littéraire garanti.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Bibliobs
14 septembre 2022
Le premier roman de Diaty Diallo met le feu aux idées reçues sur les quartiers et devrait enflammer la rentrée littéraire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
07 septembre 2022
Avec son premier roman, “Deux secondes d’air qui brûle”, la jeune écrivaine de 33 ans invente une langue de combat pour canaliser sa colère face aux violences policières. Une sensibilité brute que Diaty Diallo pourrait bien déployer dans d’autres arts.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
29 août 2022
La révélation de la rentrée à 33 ans et signe “Deux Secondes d’air qui brûle”, le roman juste et contemporain de la vie d’un groupe de jeunes gens en banlieue jusqu’à l’interpellation policière de trop. Un mix de poésie et de rythmes rap qui pulse et qu’on n’oublie pas.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Le cœur du roman est la mort d'un jeune homme, tué par la police, dans une "cité".

Malgré la dureté du thème, la dureté de la vie des jeunes que nous présente Diaty Diallo, j'ai trouvé ce roman d'une grande sensibilité. Certainement parce que l'autrice ne nous embarque pas dans un misérabilisme facile mais choisit au contraire de nous dépeindre des jeunes remplis de vie, d'émotions, de rêves, de doutes. Ils ne sont pas des saints, ni des diables, ils sont. Le côté "tourbillonnant" de l'écriture est un beau parallèle avec le tourbillonnement de sentiments des personnages. Très vite, on est entrainé.
L'écriture ne cède, là aussi, à aucune facilité. Le "parler banlieue" côtoie une langue poétique, tout autant travaillée. Comme une manière de dire que peu importe la manière dont on parle, dont on performe son langage, les vies intérieures restent, elles, remplies de poésie.

Plus qu'un "roman sur les violences policières" j'ai eu le sentiment de lire un roman sur ceux qui vivent ses violences. Leur rendre un peu de leur vie, loin des chiffres, statistiques et explications simplistes des plateaux de chaines d'info en continue. Mais aussi loin du discours parfois un peu froid, analytique, des sociologues.

Le roman laisse une grande place également au lieu, à l'endroit, qui centralise l'action ; ce lieu ne pouvant être détaché des événements qui s'y jouent. Elle donne ainsi une autre dimension à "ces territoires" que certains aiment dépeindre comme "perdus", où, pourtant, percent les fleurs au travers du bitume.

Petit point négatif, j'ai trouvé que le milieu du roman se perdait un peu. Le rythme s'essouffle, on manque de précisions. On ne sait plus trop où on va.

Cela étant dit, l'ensemble donne un très beau roman, d'une grande richesse, qui m'a beaucoup émue.
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Et en boucle j'étais depuis, et je suis frénétiquement. Faut pas arracher les cheveux des noirs. Faut pas baisser les caleçons, faut nous croire quand on dit qu'on est nous-mêmes et pas grand-chose d'autre de plus que sur une carte d'identité. Faut pas nous plier, faut pas nous plier, faut pas nous pourchasser, arrêtez de nous faire courir, faut pas nous tabasser, nous violer, nous flinguer. Faut arrêter s'il vous plaît. On est blasés.
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Peine. Période qui ne possède pas d’instruments de mesure. Ni sablier ni clepsydre ni bougie ni horloge. Personne n’aura l’autorisation de venir s’asseoir et de lui expliquer ce qu’il vit, ni de donner de noms à son épouvante, ni de formes à ses larmes. S’il veut en pleurer des froides, il pleurera des perles de glace, et s’il ne veut pas parler, il ne parlera pas.
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Les petits frères ont le rire et l’apostrophe faciles – ou ils ont l’air borné et arrogant selon le point de vue –, et ils se promènent toujours par grappes d’une dizaine. Mais dans les faits chacun est souvent accaparé par un truc noir, insondable. Une affaire bien à lui qu’il tente de chasser, en bande et en allant plus vite que le vent. Solitaires entre eux. T’as des problèmes chez toi ? Fais de la bécane.
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Les premiers instants qui suivent la nuit ou le jour durant lequel commence un deuil ont des couleurs qui n’apparaissent qu’à celles et ceux qui pleurent leurs morts. Des couleurs au-dessus des sens. Des couleurs et du goût, une odeur, denses. Quelque chose situé au départ du nez, là où les yeux se touchent presque. (...)
Les premiers instants de la nuit ou du jour durant lequel commence un deuil sont un secret qu’on découvre sans volonté, émergeant des entrailles du vivant. Et on l’apprend avec le temps, d’ailleurs, qu’il ne faut rien creuser. Les premiers jours on reste à la surface et o éponge ce qu’il y a à absorber. On apprend à partager l’oxygène avec celles et ceux dont les poumons sont vides. On apprend à se forcer à ça. Car la douleur des autres est insupportable.
(p. 61-62, “Chérif”).
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Vidéo de Diaty Diallo
Lecture par l'auteure accompagnée par Oret Papé
Entre Paname et sa banlieue : un quartier, un parking, une friche, des toits, une dalle. Des coffres de voitures, chaises de camping, selles de motocross et rebords de fenêtres, pour se poser et observer le monde en train de se faire et de se défaire. Une pyramide, comme point de repère, au beau milieu de tout ça.
Astor, Chérif, Issa, Demba, Nil et les autres se connaissent depuis toujours et partagent tout, petites aventures comme grands barbecues, en passant par le harcèlement policier qu'ils subissent quotidiennement.
Un soir d'été, en marge d'une énième interpellation, l'un d'entre eux se fait abattre. Une goutte, un océan, de trop. le soulèvement se prépare, méthodique, inattendu. Collectif.
À lire – Diaty Diallo, Deux secondes d'air qui brûle, Coll. « Fiction & Cie », Seuil 2022.
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