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EAN : 9782070146284
192 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.82/5   30 notes
Résumé :
On est au Mali, dans un sanglant bouillon d'intolérance, sous la férule des islamistes conduits par le calife Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almorbidonne, et aux prises avec la férocité des gamins imams. Un artiste peintre, par ailleurs ancien condisciple du faux calife, est pris dans les nasses de l'obscurantisme. On détruit sa famille, on détruit son atelier, ses tableaux et ses sculptures partent en fumée. Seule lui reste encore sa tête pleine d'iro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Peut-on rire de tout ? Si je pose la question, ce n'est pas que je repasse l'épreuve du bac de philo, mais c'est parce que je me demande s'il est possible de rire, ou tout du moins, de trouver amusant, un livre portant sur la montée de l'intégrisme dans un pays, évoquant aussi bien l'enrôlement d'enfants soldats, la perte des repères familiaux, sociétaux, et bien sur religieux, mais aussi la perte de la liberté et du libre arbitre, l'absurdité des combats, des viols et violences qui s'ensuivent.
En tout cas, La route des clameurs, qui traite un peu de ces sujets et de bien d'autres, n'est pas un livre triste ! Ousmane Diarra a choisi la voix d'un enfant (dont on ne connait pas l'âge), pour raconter la prise de pouvoir des intégristes au Mali, enfant dont le grand frère est général des armées du Calife, dont la mère et les soeurs sont retenues comme otage par le même calife, et dont le père est a peu près le seul à résister à la folie intégriste ambiante, continuant son art (il est peintre et internationalement reconnu) en guise de contestation !
Nous découvrons au travers du regard gentiment naïf de notre narrateur les exactions, l'hypocrisie, la violence, la passivité d'un peuple également, et cet angle de vue nous scotche à notre lecture, qui donne à la fois envie de sourire, se révolter, et bien sur, s'indigner.
Notre narrateur étant jeune et naïf, le style du roman est souvent enlevé et rythmé, à la limite du langage parlé.
Pour ma part, si l'ensemble m'a beaucoup amusé au départ, je me suis un peu lassée sur la fin... D'abord, de lire le nom du Calife en entier à chaque fois qu'il était évoqué (très très souvent), Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almordibonne. de même, j'ai eu l'impression que la naïveté du narrateur était parfois un peu forcée. Enfin, au vu de toutes les horreurs évoquées, je me dis qu'on aurait pu se passer des relations forcées évoquées à la fin du roman.
Ceci dit, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce livre qui porte bien son nom : la route des clameurs est celle des supplices éternels. Et je plains sincèrement tout pays soumis à la dictature intégriste !
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Une vraie claque, ce livre ! Et pourtant, j'ai eu du mal à rentrer dedans.
Au Mali, ce jeune garçon qui pleure sur sa famille brisée son père et lui d'un côté, sa mère, son frère ainé et ses deux soeurs de l'autre. Un nouveau régime islamiste monte, un qui n'autorise presque rien, le frère se laisse embrigader, la mère et les soeurs sont prises en otage. le jeune garçon, lui, reste avec son père, sinon il sera tout seul, il doit le protéger. Ce qu'il veut plus que tout c'est réunir sa famille et sauver son père.
Le garçon est d'une grande intégrité et pourtant, sous les menaces, il plie doucement au calife, Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almordibonne. Il fait des choses contre son gré mais reste lui-même dans sa tête. Dur de rester de marbre face à tous ces massacres, ces viols, ces horreurs. Comment peut-on se servir de la religion pour justifier tant d'horreur ? le trait est peut-être exagéré à certains moments mais il est nécessaire de dénoncer ce genre de régime extrémiste. Bravo à Ousman Diarra pour son roman.
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"Les djihadistes ont envahi les deux tiers du territoire malien, menaçant Bamako, et installé une situation chaotique dans tout le pays depuis le nord. Nous étions menacés de mort en tant que nation." le troisième roman d'Ousmane Diarra, La route des clameurs, a été écrit dans l'urgence, courant 2013, pour dénoncer la barbarie et les forces de l'obscurantisme, déguisées sous la forme d'un Islam soi disant pur et venu pour chasser les pratiques impies. le livre de Diarra est l'oeuvre d'un conteur qui use de toutes les armes à sa disposition, en premier lieu l'ironie et la dérision. Son narrateur est un enfant qui avec ses mots naïfs découvre simultanément l'oppression et la révolte au côté d'un père dont la résistance passive tourne en ridicule l'imposture et l'hypocrisie des fanatiques. La prose de l'auteur est moqueuse, sertie de trouvailles stylistiques y compris pour évoquer les pires horreurs. Un rythme à part, vif et débordant de toutes parts qui égare parfois quand on est habitué à un langage plus sage et posé. Mais c'est avant tout le livre d'un homme en colère qui se bat avec l'énergie du désespoir. Un roman à rapprocher du magnifique film Timbuktu qui sera sur les écrans en décembre.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai entamé ce roman d'un auteur malien avec curiosité ; cela fait quelques temps que je m'intéresse de plus en plus à la littérature francophone et africaine.

La route des clameurs est le récit d'un jeune homme qui voit son monde s'écrouler lorsque des djihadistes s'installent dans sa région pour y instaurer la charia. Trop hébétés pour réagir, les habitants de la région se font peu à peu à cette nouvelle loi, excepté le père du jeune homme, qui clame sa liberté de penser en poursuivant son travail de peintre, et qui refuse de se soumettre aux injonctions des djihadistes.

Le ton du récit à la première personne m'a surpris : les phrases sont répétées ; le protagoniste principal n'a que des certitudes, qu'il exprime avec force et sans détour ; cette dimension orale ne manquera pas de perturber le lecteur, ce qui est dommage, car l'intrigue pose elle des questions clefs, notamment celle de la peur pour ses proches, qui pousse à subir les pires sévices et à accepter, du moins de façade, une situation que l'on exècre.

La route des clameurs ne manque pas de souligner le chaos ambiant et les paradoxes de cette mainmise des djihadistes sur la population, ce qui complexifie le rapport du lecteur au personnage principal, très en colère contre son frère et ceux qui retiennent son père, mais en même temps passionné par son enseignement au maniement des armes et à la théologie, et excité à l'idée de faire ses preuves dans la bataille...

Finalement, on retient surtout le caractère intime du conflit : opposition entre deux anciens camarades d'école, retournement de voisins amicaux envieux, conversion forcée par la destruction du mariage et du noyau familial, et bien sûr ce qu'une personne est prête à faire subir à ses proches au nom de son égo, de ses valeurs.

Mon avis est mitigé : si je n'ai pas du tout apprécié le style d'écriture et trouvé l'histoire un tantinet fugace, cet ouvrage n'en demeure pas moins très éclairant sur les mécanismes de radicalisation d'une région, et sur l'impact psychologique pour ses habitants, loin d'être systématiquement des victimes.
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En 2013 Ousmane Diarra voit son pays le Mali à feu et à sang. Il décide alors d'abandonner tout travaux pour écrire sur le Djihadisme qui pullule dans sont pays. C'est dans ces conditions que né « La route des clameurs ». le roman raconte à travers les yeux d'un enfant les terreurs de l'obscurantisme. Il observe sont environnement et les rouages des dirigeants Djihadiste pour convertir le peuple. Il voit les personnes de son entourage changer à cause de la peur de l'enfer qu'on injecte en eux. Ce livre est essentiel. D'autant plus qu'il a été écrit par un malien. Très réussi.

Challenge Multi-défis 2021.
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critiques presse (1)
LePoint
19 février 2020
Ici, Jara s'engage à chaque page dans une écriture portée par la révolte, mais qui garde une ironie distante, salutaire et ouvre la perspective historique. Sa prose malgré tout joyeuse et à la portée de tous saura parler aux quatre coins du continent et de la planète, rapprochera les uns des autres, dans cette résistance propre que figure l'artiste de La Route des clameurs.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Eh Allah, que j'avais mal ! Mais cette fois, je n'allais pas crier, wallahi ! Je n'allais pas leur donner ce plaisir de m'entendre hurler de douleur et appeler leur Allah au secours. On ne partageait d'ailleurs plus le même Allah ! Ils avaient le leur, au nom duquel ils massacraient les gens comme des mouches. J'avais le mien, qui me dictait d'être gentil avec tout le monde et seulement très méchant avec les méchants.
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Mais à chaque fois que je me fachais et brandissais mon sabre étincelant et mon kalach pour bousiller tous ces misérables, il me disait, mon papa, de rengainer mes armes tout de suite, et le répétait que c'est dans les sociétés arrierées que la moquerie et les méchancetés sont les plus développées, de même que la peur et les superstitions.
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Les oeuvres de mon papa voyageaient dans le monde entier et se vendaient comme des petits pains. Notre famille était riche et généreuse. Et tous les parents proches et lointains, ils venaient chez nous, mangeaient chez nous, dormaient chez nous. Et même que certains se débrouillaient pour venir crever chez nous. Mon papa était alors obligé de rapatrier leur corps jusqu'à Bazana et environs où, dans la pure tradition, leurs dépouilles recevaient tous les honneurs.
Mon papa, il distribuait son argent à tout le monde, comme s'il le ramassait par terre. Et c'était peut-être pourquoi tout le monde lui foutait la paix. Même nos voisins de quartier, ils venaient chez nous pour s'approvisionner en riz, mil, thé, sucre, argent de poche et prix de condiments et d'ordonnance médicale... Il donnait toujours, mon papa. De même que ma mère qui ne se fatiguait jamais de voler au secours de qui frappait à nos portes.
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«Comme la mémoire de l'oralité est fêlée et mensongère! Elle ne retient de l'histoire que sa coquille vide. Et au bout de deux ou trois générations, l'essentiel est oublié au profit de la légende!»
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Quand les griots de chez nous s'en mêlèrent en déformant notre histoire et nos cultures, le vacarme devint si fort dans nos têtes que tout le monde perdit le sommeil, en même temps que la mémoire, en plus de l'intelligence. C'est ce qu'attendaient les gamins imams qui en profitèrent pour gaver nos consciences orales fatiguées avec les peurs et les ignorances qu'ils avaient patiemment amassées dans les quatre coins du monde.
Et Allah ! Et nous, désormais démunis d'esprit et de conscience, et pauvres cons devenus, on a accepté bêtement que les autres nous refilent ainsi leurs peurs revenues du fond des âges !
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